SOMMAIRE.
Texte : Histoire de la semaine. — Courrier de Paris, par M. Philibert Audebrand —Nos gravures : Evénements d Espagne; —
La corbeille ed mariage; — L’ancienne bannière de la ville de Strasbourg; —La vente des chiens à la Fourrière;—Le royaume
de Dakar (suite). — Hiyotoko, nouvelle japonaise, par M. Peyremal (suite). — Un nouvel Observatoire à Paris. — Le Décaméron d’Offenbach. — Revue financière de la se
maine. — Rudetin bibliographique. — Faits divers. — l.a France pittoresque. — Echecs.
Gravures : La corbeille de mariage. — Le général Martinez Campos, auteur du pronunciamiento du 29 décembre; — Le général Campos proclamantia royauté d’Alphonse XII au camp (le Sagunto (province de Valence); — Embarquement du roi Alphonse à Marseille.—Don Alphonse chargeant M. Hernandez y Gorrita de remet rc à sa mère le drapeau de Castillle arboré sur la Navas cle Tolosa. - L’ancienne bannière de Strasbourg.—Une ventedcchiens à la fourrière.—Le royaume de Dakar; - Un coin de la baie de Dakar; — Les baobabs. —La France pittoresque : le pas Latour, entre Ubaye et le Lauzet (Basses-Alpes); — Lac et village du Lauzet. — Rébus.
FRANCE
Dans l’élection législative du département des Hautes-Pyrénées, c’est le candidat bonapartiste,
.M. Cazeaux, qui l’a définitivement emporté. Voici comment les suffrages se sont répartis : M. Cazeaux, 2!)76!) voix; M. Alicot, scptennaliste, 23115.
Ce résultat a surpris bien des gens, non sans raison. En effet, Jl. Brauhauban, candidat républicain centre gauche, s’étant, après le premier tour de scru
tin, désisté en laveur de M. Alicot, il y avait tout lieu de croire que ce dernier triompherait à une assez forte majorité. Comment donc expliquer sa défaite, le nombre des votants étant resté, à moins de 2000 voix près, le même, 51 101 voix au premier tour, 52884 au second?
Au premier, M. Cazeaux avait obtenu 19 743 suffrages; M. Alicot. 10412; M. Brauhauban 13 158, et
M. de Puy-Ségur 1788. Si nous ajoutons aux 19 743suffrages de M. Cazeaux les 1783 votants nouveaux et les 1788 voix de IL île Puy-Ségur, nous obtenons un total de 23 314 voix seulement. C’est donc 0155 voix
que le candidat bonapartiste, pour arriver au chiffre de 29 709 voix obtenues par lui au second tour de scrutin, a dû nécessairement enlever soit à JL Brau
hauban, ^oit à M. Alicot, et plutôt à celui-ci qu’à celui-là, car il est peu vraisemblable que les électeurs républicains aient voté pour le candidat bonapartiste. Serait-ce donc les royalistes, nuance centre droit et droite modérée, qui auraient assuré le succès de M. Cazeaux ? Il y a apparence. Aussi bien le Journal de Paris le dit. en toutes lettres, attribuant à l’appui du parti républicain l’abandon de M. Alicot, par ses électeurs. Ce Français ne parle pas autrement. « Des conservateurs qui, au premier tour, dit-il, avaient voté pour M. Alicot. seplennaliste, se présentant sous les auspices d’une polilique conservatrice, se sont écartés de M. Alicot républicain, patronné par les journaux radicaux et pour une partie candidat des radicaux... » El la même feuille, se tournant vers le centre gauche, conclut de là, avec assez d’habileté, (lue ce n’est pas en s’appuyant sur les radicaux et. en arborant le drapeau de la république qu’il lui sera possible de faire échec à l’empire, mais seulement en s’unissant au centre droit et à la droite modérée « pour former avec eux à la fois contre l’empire et la démagogie révolutionnaire un grand parti de résistance conservatrice et libérale ».
Quoi qu’il en soit, le résultat du scrutin des llautes- Dyrénées n’en reste pas moins curieux, surtout après
la nomination hostile de la commission d’enquête sur tes agissements bonapartistes et l’élection de la N:èvre. En effet, voir les conservateurs libéraux ici
tomber sur l’empire à poings fermés et. là se jeter dans ses bras, quel spectacle fait pour surprendre, s’il nous était encore permis de nous étonner de quelque chose! Nous enverrons sans doute bien d’autres, et pour les prochaines élections comptons sur quel
que surprise nouvelle. On le sait, les électeurs des départements des Côtes-du-Nord et de Seine-et-Oise viennent d’être convoqués pour le 7 février prochain.
Il s’agit de remplacer, dans le premier de ces dépar
tements, JL Flaud, et dans le second, M. de Pourfalès, décédés, l’un, le 13 août dernier, l’autre le 4 sep
tembre. M. Flaud appartenait au centre droit et M. de Pourtalès au centre gauche. Trois candidats se sont jusqu’ici portés dans les Côtes-du-Nord , M. le contreamiral de Kerjégu, légitimiste; M. Foucher de Careil, ancien préfet du département, républicain; et M. de Feltre, bonapartiste. En Seine-ot-Oise, nous trouvons : JJ. de ffératry, (jui a posé sa candidature dans
une circulaire ou il se déclare en même temps partisan du septennat, de l’appel au peuple et de la répu
blique; M. de Padoue, bonapartiste, qui a échoué à la dernière élection faite dans ce même département ; enfin M. Valentin, républicain, ancien représentant, prétet, du Bas-Rhin sous le gouvernement du 4 septembre, puis préfet du Bliône sous celui deM. Tliiers.
Nous venons de parler de la commission d’enquête sur 1 élection de la Nièvre. Elle se compose de deux membres de l’extrême droite, M. Dezanneau et M. de Cornulier-Lueinière, le même qui présidait la souscommission de l’ancien 5e bureau, dont les conclu
sions pour la nomination d’une commission d’enquête ont été adoptées;- de quatre membres du centre droit, MM. Decazes, Joubert, de Ségur etSavary; de deux membres du centre gauche, M. Tribert et JL de Choiseul, qui a présenté, au nom de l’ancien 5° bureau, le rapport, concluant à la nomination de la commission ; enfin de sept membres de la gauche : MM. Cherpin, Latrade, Testclin, Jules Ferry, Albert Grévy, B né Goblet et Girerd. C’est ce dernier qui, on se le rap
pelle, a porté à la tribune la fameuse lettre trouvée dans un wagon et indiquant l’existence d’un Comité de l’appel au peuple. Tous ces commissaires ont été nommés à une grande majorité, par suite d’un accord avoué ou tacite établi, entre les droites et les gauches,
sur le terrain antibonaparliste, et presque tous ont demandé une enquête aussi large que possible, nonseulement sur les faits relatifs à l’élection de la Nièvre,
mais encore sur les « menées bonapartistes ». Lacommission a nommé pourson président M. Albert Grévy, et décidé dans sa deuxième séance qu’elle n’insiste
rait pas pour obtenir communication du dossier de l’instruction judiciaire à laquelle a donné lfeu l’affaire du Comité de l’appel au peuple, mais qu’elle se met
trait elle-même en mesure de faire une instruction complète.
Pendant ce temps, à l’Assemblée nationale, la discussion de la loi sur les cadres a suivi son cours, mais beaucoup plus lentement qu’on ne pouvait s’y attendre. Du moins la grosse question est vidée et, malgré un
amendement de M. Keller, qui ne tendait à rien moins qu’à réduire le projet de loi aux articles relatifs à la fixation de l’effectif minimum et à supprimer tous les autres, l’Assemblée étant, selon lui, incompétente, la
fixation des effectifs et la composition du bataillon ont été votées comme le demandait la commission. Mais s’il ne doit plus y avoir que quatre compagnies par bataillon, en revanche il y aura deux capitaines par compagnie : un capitaine commandant et un capitaine en second. Celui ci ne servira peut-être pas à grand chose en temps de paix, mais du moins pourra-t-il être employé utilement en temps de guerre. L’article (i a encore donné lieu à une discussion intéressante.
Cet article énumère les troupes qui doivent composer le génie. Le projet de loi y faisait entrer les régiments de pontonniers ; mais l’Assemblée a adopté un amen
dement du général Mazure maintenant ces régiments à l’artillerie. Les hommes du métier, qui ont combattu pour l’article (i île la commission, regrettent beau
coup ce vote. « Un service risque beaucoup d’ètre mal fait, disent-ils, lorsqu’il est divisé, et c’est le cas pour le service des ponts. Qu’on le donne à l’artillerie ou au génie, peu importe ; mais le donner à l’un et, à l’autre, voilà ce qui ne se comprend plus. » Nous avouons que cette manière de voir nous semble assez raisonnable. Mais quoi, c’est, chose jugée, n’en parlons plus.
Au moment où nous traçons ces lignes, l’Assemblée aborde le chapitre III de la loi, relatif au personnel
de l’état-major général et aux services généraux de l’armée. On voit qu’elle n’est pas au bout de sa lâche, n’ayant voté qu’une trentaine d’articles, sur soixante
sept que compte le projet. Les lois constitutionnelles sont donc menacées d’attendre quelque temps en
core ; mais nous croyons que personne à la Chambre
ne songe à s’en plaindre, attendu que les partis n’ont pu jusqu’ici se mettre d’accord, soit pour les adopter,
soit pour les repousser, malgré toutes les tentatives faites eu vue de cette bienheureuse entente, qui per
mettrait enfin au pouvoir exécutif de mpttre, dans un sens ou dans l’autre, un terme à la crise ministérielle qui menace de s’éterniser.
Plusieurs conciliabules ont eu lieu, en effet, qui tous ont été sans résultat. La plus importante de ces réunions, s’est tenue, il y a quelques jours, dans un des bureaux de la Chambre, entre les membres du
centre droit et. de la droite modérée. Celle-ci s’y est montrée très-irritée d’un discours prononcé récem
ment par M. d’Audiffret-Pasquier à une réunion du centre droit, et dans lequel se trouvait affirmée h nécessité d’une république de six ans; et elle a trésnettement déclaré que, bien qu’elle soit, restée con
stamment unie au centre droit depuis le 24 mai, elle n’hésiterait pas, s’il s’engageait dans la voie ouverte
par M. d’Audiffret, à se séparer de lui, ne voulant, elle, que le pouvoir purement, personnel du maréchal de Mac Mahon, sans règlement de la transmission, même avant. 1880.
I! y a donc, à droite, trois programmes parfaitement distincts et. inconciliables : celui de l’exlrême droite,
qui sc refuse à toute organisation du septennat; celui de la droite modérée qui se retranche dans le sep
tennat personnel; enfin celui du centre droit qui concède la république septennale avec transmission,
mais seulement jusqu’au 20 novembre 1880. Cette concession faite par ce dernier groupe au centre gauche est-elle de nature à toucher ce dernier et à l’amener à une dernière transaction? Nous ne le croyons pas; mais cela fût-il, on ne serait pas plus avancé qu’au para van t, attendu que sans la droite mo
dérée, le centre droit et le centre gauche réunis ne formeraient point une majorité, qui ne peut exister qu’à la condition que le centre droit incline résolu
ment cl définitivement à gauche, ce sur quoi, semblet-il. on ne peut plus guère compter.
Ou le voit donc, à mesure que l’on avance, il devient de moins en moins probable que les lois consti
tutionnelles soient votées. Si elles sont repoussées, et il est à peu près sûr qu’elles le seront, sans doute il sera possible de reconstituer l’ancienne majorité, mais l Assemblée se trouvera en présence d’un autre danger : celui auquel ne peut manquer de l’exposer l’aveu public de sou impuissance à donner un gouvernement au pays, même pour six années.
P. S. — La deuxième délibération sur le projet de loi des cadres est terminée. L’Assemblée s’apercevant qu’elle s’était un peu attardée, a tout à coup fait un pas de géant. Elle a adopté quarante articles en une seule séance. La première délibération de la loi relative à l’organisation des pouvoirs aura donc été abordée quand paraîtra ce numéro.
ALLEMAGNE.
Après l’archevêque do Posen, Mgr Ledochowski, la haute Cour ecclésiastique de Berlin a destitué, il y a quelques jours, l’évèque de Paderborn, Mgr Martin, pour désobéissance aux lois de mai 1873 et 187,4. Le gouvernement de Berlin ne s arrêtera sans doute pas dans celte voie, mais il pourra bien se trouver forcé,
pour avoir le dernier mot, de recourir à de nouvelles mesures législatives.
Dans les diocèses privés de leur chef, les chapitres ne veulent pas, en effet, admettre la vacance du siège et ne proposent pas de successeurs aux prélats des
titués. C’est un délégué apostolique, dont le nom est soigneusement, dissimulé, qui dirige tout dans ces diocèses, et, malgré les efforts de la police, malgré les poursuites exercées contre nombre de prêtres qui ont refusé de le trahir, ce nom reste inconnu.
Déjà il a été demandé par la presse officieuse que les membres des chapitres fussent privés de traite
ment et obligés ainsi de faire un choix et d’obéir à l’Etat. Il ne serait pas étonnant que cette mesure fût proposée et adoptée.
ESPAGNE.
Le jeune roi d’Espagne a fait son entrée le 14 à Madrid, où il a reçu de la population un accueil qui, paraît-il, a été vraiment enthousiaste. Mais il est sage d’attendre les événements pour savoir à quoi sVn tenir sur la disposition réelle des esprits. Alphonse Xlf semble d ailleurs plein des meilleures intentions. Après les premières heures de fête, il s’est mis courageusement au travail avec ses ministres. D’impor
tantes résolutions ont déjà été prises dans le conseil des ministres qu’il préside et où il vient de contre
signer le décret relatif à l’arrangement onciu pour le payement des coupons de la dette ex., ri ure, ainsi qu’un décret régularisant ia situation budgétaire du clergé. Le roi a déclaré que le clergé catholique au
rait son respect et son appui,mais,dit Y Agence Havas,
il a exprimé avec fermeté son intention de maintenir en Espagne la liberté des cultes. Il a également fait connaître son désir de voir les généraux rester désormais étrangers à la politique, ce que nous lui souhai
tons d’obtenir, sans l’espérer trop. Il a montré enfin beaucoup de désintéressement dans la question relative à la fixation du chiffre de sa liste civile.
Après avoir pris toutes ces excellentes mesures, Alphonse XII est-parti pour l’armée du Nord, empor
tant la satisfaction de voir arrangée une première difficulté extérieure à lui créée par les carlistes avec
l’Allemagne. Il s’agissait, d’un brick allemand, le Gustave, dont les Carlistes s’étaient emparés sur les côtes de Biscaye dans les derniers jours du gouverne
ment du maréchal Serrano, et dont ils avaient vendu la cargaison. Le cabinet de Berlin demandait répara
tion au nouveau gouvernement. On parlait d’une des
Texte : Histoire de la semaine. — Courrier de Paris, par M. Philibert Audebrand —Nos gravures : Evénements d Espagne; —
La corbeille ed mariage; — L’ancienne bannière de la ville de Strasbourg; —La vente des chiens à la Fourrière;—Le royaume
de Dakar (suite). — Hiyotoko, nouvelle japonaise, par M. Peyremal (suite). — Un nouvel Observatoire à Paris. — Le Décaméron d’Offenbach. — Revue financière de la se
maine. — Rudetin bibliographique. — Faits divers. — l.a France pittoresque. — Echecs.
Gravures : La corbeille de mariage. — Le général Martinez Campos, auteur du pronunciamiento du 29 décembre; — Le général Campos proclamantia royauté d’Alphonse XII au camp (le Sagunto (province de Valence); — Embarquement du roi Alphonse à Marseille.—Don Alphonse chargeant M. Hernandez y Gorrita de remet rc à sa mère le drapeau de Castillle arboré sur la Navas cle Tolosa. - L’ancienne bannière de Strasbourg.—Une ventedcchiens à la fourrière.—Le royaume de Dakar; - Un coin de la baie de Dakar; — Les baobabs. —La France pittoresque : le pas Latour, entre Ubaye et le Lauzet (Basses-Alpes); — Lac et village du Lauzet. — Rébus.
HISTOIRE DE LA SEMAINE
FRANCE
Dans l’élection législative du département des Hautes-Pyrénées, c’est le candidat bonapartiste,
.M. Cazeaux, qui l’a définitivement emporté. Voici comment les suffrages se sont répartis : M. Cazeaux, 2!)76!) voix; M. Alicot, scptennaliste, 23115.
Ce résultat a surpris bien des gens, non sans raison. En effet, Jl. Brauhauban, candidat républicain centre gauche, s’étant, après le premier tour de scru
tin, désisté en laveur de M. Alicot, il y avait tout lieu de croire que ce dernier triompherait à une assez forte majorité. Comment donc expliquer sa défaite, le nombre des votants étant resté, à moins de 2000 voix près, le même, 51 101 voix au premier tour, 52884 au second?
Au premier, M. Cazeaux avait obtenu 19 743 suffrages; M. Alicot. 10412; M. Brauhauban 13 158, et
M. de Puy-Ségur 1788. Si nous ajoutons aux 19 743suffrages de M. Cazeaux les 1783 votants nouveaux et les 1788 voix de IL île Puy-Ségur, nous obtenons un total de 23 314 voix seulement. C’est donc 0155 voix
que le candidat bonapartiste, pour arriver au chiffre de 29 709 voix obtenues par lui au second tour de scrutin, a dû nécessairement enlever soit à JL Brau
hauban, ^oit à M. Alicot, et plutôt à celui-ci qu’à celui-là, car il est peu vraisemblable que les électeurs républicains aient voté pour le candidat bonapartiste. Serait-ce donc les royalistes, nuance centre droit et droite modérée, qui auraient assuré le succès de M. Cazeaux ? Il y a apparence. Aussi bien le Journal de Paris le dit. en toutes lettres, attribuant à l’appui du parti républicain l’abandon de M. Alicot, par ses électeurs. Ce Français ne parle pas autrement. « Des conservateurs qui, au premier tour, dit-il, avaient voté pour M. Alicot. seplennaliste, se présentant sous les auspices d’une polilique conservatrice, se sont écartés de M. Alicot républicain, patronné par les journaux radicaux et pour une partie candidat des radicaux... » El la même feuille, se tournant vers le centre gauche, conclut de là, avec assez d’habileté, (lue ce n’est pas en s’appuyant sur les radicaux et. en arborant le drapeau de la république qu’il lui sera possible de faire échec à l’empire, mais seulement en s’unissant au centre droit et à la droite modérée « pour former avec eux à la fois contre l’empire et la démagogie révolutionnaire un grand parti de résistance conservatrice et libérale ».
Quoi qu’il en soit, le résultat du scrutin des llautes- Dyrénées n’en reste pas moins curieux, surtout après
la nomination hostile de la commission d’enquête sur tes agissements bonapartistes et l’élection de la N:èvre. En effet, voir les conservateurs libéraux ici
tomber sur l’empire à poings fermés et. là se jeter dans ses bras, quel spectacle fait pour surprendre, s’il nous était encore permis de nous étonner de quelque chose! Nous enverrons sans doute bien d’autres, et pour les prochaines élections comptons sur quel
que surprise nouvelle. On le sait, les électeurs des départements des Côtes-du-Nord et de Seine-et-Oise viennent d’être convoqués pour le 7 février prochain.
Il s’agit de remplacer, dans le premier de ces dépar
tements, JL Flaud, et dans le second, M. de Pourfalès, décédés, l’un, le 13 août dernier, l’autre le 4 sep
tembre. M. Flaud appartenait au centre droit et M. de Pourtalès au centre gauche. Trois candidats se sont jusqu’ici portés dans les Côtes-du-Nord , M. le contreamiral de Kerjégu, légitimiste; M. Foucher de Careil, ancien préfet du département, républicain; et M. de Feltre, bonapartiste. En Seine-ot-Oise, nous trouvons : JJ. de ffératry, (jui a posé sa candidature dans
une circulaire ou il se déclare en même temps partisan du septennat, de l’appel au peuple et de la répu
blique; M. de Padoue, bonapartiste, qui a échoué à la dernière élection faite dans ce même département ; enfin M. Valentin, républicain, ancien représentant, prétet, du Bas-Rhin sous le gouvernement du 4 septembre, puis préfet du Bliône sous celui deM. Tliiers.
Nous venons de parler de la commission d’enquête sur 1 élection de la Nièvre. Elle se compose de deux membres de l’extrême droite, M. Dezanneau et M. de Cornulier-Lueinière, le même qui présidait la souscommission de l’ancien 5e bureau, dont les conclu
sions pour la nomination d’une commission d’enquête ont été adoptées;- de quatre membres du centre droit, MM. Decazes, Joubert, de Ségur etSavary; de deux membres du centre gauche, M. Tribert et JL de Choiseul, qui a présenté, au nom de l’ancien 5° bureau, le rapport, concluant à la nomination de la commission ; enfin de sept membres de la gauche : MM. Cherpin, Latrade, Testclin, Jules Ferry, Albert Grévy, B né Goblet et Girerd. C’est ce dernier qui, on se le rap
pelle, a porté à la tribune la fameuse lettre trouvée dans un wagon et indiquant l’existence d’un Comité de l’appel au peuple. Tous ces commissaires ont été nommés à une grande majorité, par suite d’un accord avoué ou tacite établi, entre les droites et les gauches,
sur le terrain antibonaparliste, et presque tous ont demandé une enquête aussi large que possible, nonseulement sur les faits relatifs à l’élection de la Nièvre,
mais encore sur les « menées bonapartistes ». Lacommission a nommé pourson président M. Albert Grévy, et décidé dans sa deuxième séance qu’elle n’insiste
rait pas pour obtenir communication du dossier de l’instruction judiciaire à laquelle a donné lfeu l’affaire du Comité de l’appel au peuple, mais qu’elle se met
trait elle-même en mesure de faire une instruction complète.
Pendant ce temps, à l’Assemblée nationale, la discussion de la loi sur les cadres a suivi son cours, mais beaucoup plus lentement qu’on ne pouvait s’y attendre. Du moins la grosse question est vidée et, malgré un
amendement de M. Keller, qui ne tendait à rien moins qu’à réduire le projet de loi aux articles relatifs à la fixation de l’effectif minimum et à supprimer tous les autres, l’Assemblée étant, selon lui, incompétente, la
fixation des effectifs et la composition du bataillon ont été votées comme le demandait la commission. Mais s’il ne doit plus y avoir que quatre compagnies par bataillon, en revanche il y aura deux capitaines par compagnie : un capitaine commandant et un capitaine en second. Celui ci ne servira peut-être pas à grand chose en temps de paix, mais du moins pourra-t-il être employé utilement en temps de guerre. L’article (i a encore donné lieu à une discussion intéressante.
Cet article énumère les troupes qui doivent composer le génie. Le projet de loi y faisait entrer les régiments de pontonniers ; mais l’Assemblée a adopté un amen
dement du général Mazure maintenant ces régiments à l’artillerie. Les hommes du métier, qui ont combattu pour l’article (i île la commission, regrettent beau
coup ce vote. « Un service risque beaucoup d’ètre mal fait, disent-ils, lorsqu’il est divisé, et c’est le cas pour le service des ponts. Qu’on le donne à l’artillerie ou au génie, peu importe ; mais le donner à l’un et, à l’autre, voilà ce qui ne se comprend plus. » Nous avouons que cette manière de voir nous semble assez raisonnable. Mais quoi, c’est, chose jugée, n’en parlons plus.
Au moment où nous traçons ces lignes, l’Assemblée aborde le chapitre III de la loi, relatif au personnel
de l’état-major général et aux services généraux de l’armée. On voit qu’elle n’est pas au bout de sa lâche, n’ayant voté qu’une trentaine d’articles, sur soixante
sept que compte le projet. Les lois constitutionnelles sont donc menacées d’attendre quelque temps en
core ; mais nous croyons que personne à la Chambre
ne songe à s’en plaindre, attendu que les partis n’ont pu jusqu’ici se mettre d’accord, soit pour les adopter,
soit pour les repousser, malgré toutes les tentatives faites eu vue de cette bienheureuse entente, qui per
mettrait enfin au pouvoir exécutif de mpttre, dans un sens ou dans l’autre, un terme à la crise ministérielle qui menace de s’éterniser.
Plusieurs conciliabules ont eu lieu, en effet, qui tous ont été sans résultat. La plus importante de ces réunions, s’est tenue, il y a quelques jours, dans un des bureaux de la Chambre, entre les membres du
centre droit et. de la droite modérée. Celle-ci s’y est montrée très-irritée d’un discours prononcé récem
ment par M. d’Audiffret-Pasquier à une réunion du centre droit, et dans lequel se trouvait affirmée h nécessité d’une république de six ans; et elle a trésnettement déclaré que, bien qu’elle soit, restée con
stamment unie au centre droit depuis le 24 mai, elle n’hésiterait pas, s’il s’engageait dans la voie ouverte
par M. d’Audiffret, à se séparer de lui, ne voulant, elle, que le pouvoir purement, personnel du maréchal de Mac Mahon, sans règlement de la transmission, même avant. 1880.
I! y a donc, à droite, trois programmes parfaitement distincts et. inconciliables : celui de l’exlrême droite,
qui sc refuse à toute organisation du septennat; celui de la droite modérée qui se retranche dans le sep
tennat personnel; enfin celui du centre droit qui concède la république septennale avec transmission,
mais seulement jusqu’au 20 novembre 1880. Cette concession faite par ce dernier groupe au centre gauche est-elle de nature à toucher ce dernier et à l’amener à une dernière transaction? Nous ne le croyons pas; mais cela fût-il, on ne serait pas plus avancé qu’au para van t, attendu que sans la droite mo
dérée, le centre droit et le centre gauche réunis ne formeraient point une majorité, qui ne peut exister qu’à la condition que le centre droit incline résolu
ment cl définitivement à gauche, ce sur quoi, semblet-il. on ne peut plus guère compter.
Ou le voit donc, à mesure que l’on avance, il devient de moins en moins probable que les lois consti
tutionnelles soient votées. Si elles sont repoussées, et il est à peu près sûr qu’elles le seront, sans doute il sera possible de reconstituer l’ancienne majorité, mais l Assemblée se trouvera en présence d’un autre danger : celui auquel ne peut manquer de l’exposer l’aveu public de sou impuissance à donner un gouvernement au pays, même pour six années.
P. S. — La deuxième délibération sur le projet de loi des cadres est terminée. L’Assemblée s’apercevant qu’elle s’était un peu attardée, a tout à coup fait un pas de géant. Elle a adopté quarante articles en une seule séance. La première délibération de la loi relative à l’organisation des pouvoirs aura donc été abordée quand paraîtra ce numéro.
ALLEMAGNE.
Après l’archevêque do Posen, Mgr Ledochowski, la haute Cour ecclésiastique de Berlin a destitué, il y a quelques jours, l’évèque de Paderborn, Mgr Martin, pour désobéissance aux lois de mai 1873 et 187,4. Le gouvernement de Berlin ne s arrêtera sans doute pas dans celte voie, mais il pourra bien se trouver forcé,
pour avoir le dernier mot, de recourir à de nouvelles mesures législatives.
Dans les diocèses privés de leur chef, les chapitres ne veulent pas, en effet, admettre la vacance du siège et ne proposent pas de successeurs aux prélats des
titués. C’est un délégué apostolique, dont le nom est soigneusement, dissimulé, qui dirige tout dans ces diocèses, et, malgré les efforts de la police, malgré les poursuites exercées contre nombre de prêtres qui ont refusé de le trahir, ce nom reste inconnu.
Déjà il a été demandé par la presse officieuse que les membres des chapitres fussent privés de traite
ment et obligés ainsi de faire un choix et d’obéir à l’Etat. Il ne serait pas étonnant que cette mesure fût proposée et adoptée.
ESPAGNE.
Le jeune roi d’Espagne a fait son entrée le 14 à Madrid, où il a reçu de la population un accueil qui, paraît-il, a été vraiment enthousiaste. Mais il est sage d’attendre les événements pour savoir à quoi sVn tenir sur la disposition réelle des esprits. Alphonse Xlf semble d ailleurs plein des meilleures intentions. Après les premières heures de fête, il s’est mis courageusement au travail avec ses ministres. D’impor
tantes résolutions ont déjà été prises dans le conseil des ministres qu’il préside et où il vient de contre
signer le décret relatif à l’arrangement onciu pour le payement des coupons de la dette ex., ri ure, ainsi qu’un décret régularisant ia situation budgétaire du clergé. Le roi a déclaré que le clergé catholique au
rait son respect et son appui,mais,dit Y Agence Havas,
il a exprimé avec fermeté son intention de maintenir en Espagne la liberté des cultes. Il a également fait connaître son désir de voir les généraux rester désormais étrangers à la politique, ce que nous lui souhai
tons d’obtenir, sans l’espérer trop. Il a montré enfin beaucoup de désintéressement dans la question relative à la fixation du chiffre de sa liste civile.
Après avoir pris toutes ces excellentes mesures, Alphonse XII est-parti pour l’armée du Nord, empor
tant la satisfaction de voir arrangée une première difficulté extérieure à lui créée par les carlistes avec
l’Allemagne. Il s’agissait, d’un brick allemand, le Gustave, dont les Carlistes s’étaient emparés sur les côtes de Biscaye dans les derniers jours du gouverne
ment du maréchal Serrano, et dont ils avaient vendu la cargaison. Le cabinet de Berlin demandait répara
tion au nouveau gouvernement. On parlait d’une des