NOS GRAVURES
J. F. Millet
Le peintre J.-F. Millet, qui vient de mourir à Barbison, où il s’était depuis longtemps re
tiré, était né le 8 octobre 1815, à Gréville, près de Cherbourg, dans le département de la Manche.
Fils d’un cultivateur, il avait montré dès son enfance un pen
chant prononcé pour les arts.
On le trouvait souvent, seul sur quelque falaise déserte, en con
templation devant les beautés de la nature qu’il devait si bien peindre en leur grandeur sim
ple, ou bien, un morceau de charbon à la main, s’essayant à donner, sur le premier mur ve
nu, une forme aux fantômes qui déjà hantaient son jeune cerveau.
Vers l’âge de vingt ans, il entra dans l’atelier d’un peintre de Cherbourg, nommé Mouchel, qui fut tout de suite frappé des étonnantes dispositions de son nouvel élève, et ne tarda pas à l’engager à aller achever ses études à Paris. En conséquence, J.-F. Millet vint frapper à la porte de l’école de Paul Delaroche qui, lui aussi, ayant vite reconnu la puissante personna
lité du jeune artiste, le laissa suivre ses propres inspirations, qu’il sut savamment diriger sans les gêner jamais.
J.-F. Millet débuta au Salon de 1844. Il avait alors vingtneuf ans. Ses premiers envois étaient des tableaux de genre
historique. C’est à partir de 1849 seulement qu’il s’ouvrit la voie nouvelle qui lui appartient abso
lument ; qu’il prit la vie rustique pour objet de ses méditations et qu’avec un sentiment d’une in
croyable profondeur, il com
mença à en retracer les misères et les gloires. Depuis lors, il ex
posa successivement, en 1850 :
Paysanne assise, Semeurs, Batteleurs; en 1853: Moissonneurs, Bergers, Tondeurs de moutons; en 1855 : Paysan greffant un arbre-, en 1857 : Les Glaneuses, son premier grand succès; en 1859 : Femme faisant paître sa vache; en 1861 : La Tondeuse de moutons, Femme faisant man
ger son enfam, l’Attente; en 1863 : Le Berger, Femme cardant de la laine, Paysan ap
puyé sur sa houe; en 1864 : Bergère avec son troupeau, Pay
sans portant un veau né aux champs; en 1868 : Novembre.
Jean-François Millet avait toujours désiré être chargé de la décoration d’une chapelle; et l’été dernier, il exprimait encore ce désir à un jeune peintre de province qui venait d’obtenir une commande de cette nature. Cette commande il devait cependant l’obtenir lui-même. On sait que dernièrement le directeur des
beaux-arts l’avait chargé de la décoration de la chapelle de Sainte-Geneviève, au Panthéon. Il était donc au comble de ses vœux; mais, cruelle ironie du sort qni semble s’être acharné à le poursuivre jusqu’au bout ! c’est précisément ce moment-là que la mort a choisi pour le frapper!
J.-F. Millet était âgé de soi
xante ans seulement.
J.-F. MILLET.
La maison de Millet a Barbison.