M. WALLON
La vie parlementaire est pleine de hasards et, dans aucune autre carrière, les coups du sort ne sont aussi soudains. Nulle part on ne voit d’élévations plus su
bites, ni de chutes plus rapides.
Le caractère et le talent peuvent donner l’estime et la considération. On peut acquérir la répu
tation par le travail et la pa
tience; mais la célébrité ne pro
cède point par mesure; elle veut des coups d’éclat et procède, pour ainsi dire, par explosions.
Dans la confusion des mêlées politiques, alors que les plus rudes jouteurs sont hors de com
bat et que les plus clairvoyants tâtonnent, l’homme qui, par une inspiration subite, saisit le joint delà situation, ou bien celui qui, placé par les événements dans une situation favorable, frappe le coup décisif, celui-là, presque toujours, donne son nom à la victoire et conquiert une célé
brité proportionnée à l’importance de l’événement.
L’événement du 30 janvier est, sans contredit, le plus considé
rable qui se soit produit depuis quatre ans; et c’est pourquoi l’honorable M. Wallon a conquis, le 30 janvier, une célébrité uni
verselle. Il sera, dans l’histoire, le parrain de la République.
Nul ne convenait mieux à cette fonction : et l’on peut dire qu’entre l’homme et l’événe
ment auquel il a présidé, il y a une sorte de ressemblance, presque une identité parfaite de caractère.
L’honorable M. Wallon, dé
puté du Nord, est l’un des hom-M. Wallon, député du Nord a l’Assemblée nationale. — D’après la photographie de M. Truchelut.
mes ies plus sympathiques que possède l’Assemblée. Libéral mais conservateur, il touchait au centre droit et avoisinait le centre gauche ; aux deux groupes il inspirait confiance et personne mieux que lui ne pouvait servir de trait d’union.
C’est un savant et un philanthrope. En 1848, il fut secrétaire de la commission pour l’abolition de l’esclavage. A la Législa
tive de 4849, il protesta contre la mutilation du suffrage uni
versel et donna sa démission à propos de la loi du 34 mai. Pro
fesseur d’histoire et historien de grand mérite, il a écrit l His
toire de saint Louis et celle de Jeanne d’Arc. Erudit et cher
cheur infatigable, il a donné une traduction des Evangiles, toute composée de textes tirés de Bossuet.
M. Wallon est un homme de taille moyenne, qui porte bien ses soixante-trois ans ; très-simple d’allures, mais non sans une certaine distinction. La célébrité qui tout d’un coup s’est attachée à lui l’étonne un peu ; il semble en être gêné beaucoup plus qu’enorgueilli ; même au lende
main de son premier succès,
quand il parut à la tribune, sa timidité semblait s’augmenter encore, et on eût dit qu’il vou
lait se faire pardonner son triomphe.
Personne d’ailleurs, même parmi les plus rancuniers des vaincus, ne saurait lui en vou
loir. Il respire la douceur et commande la bienveillance. C’é
tait bien l’homme qu’il fallait pour se fairel’introducteurd’une république ouverte à tous et qui n’effrayât personne.
LF GRAND BAL DE BIENFAISANCE AU NOUVEL OPÉRA. — L’orchestre.
La vie parlementaire est pleine de hasards et, dans aucune autre carrière, les coups du sort ne sont aussi soudains. Nulle part on ne voit d’élévations plus su
bites, ni de chutes plus rapides.
Le caractère et le talent peuvent donner l’estime et la considération. On peut acquérir la répu
tation par le travail et la pa
tience; mais la célébrité ne pro
cède point par mesure; elle veut des coups d’éclat et procède, pour ainsi dire, par explosions.
Dans la confusion des mêlées politiques, alors que les plus rudes jouteurs sont hors de com
bat et que les plus clairvoyants tâtonnent, l’homme qui, par une inspiration subite, saisit le joint delà situation, ou bien celui qui, placé par les événements dans une situation favorable, frappe le coup décisif, celui-là, presque toujours, donne son nom à la victoire et conquiert une célé
brité proportionnée à l’importance de l’événement.
L’événement du 30 janvier est, sans contredit, le plus considé
rable qui se soit produit depuis quatre ans; et c’est pourquoi l’honorable M. Wallon a conquis, le 30 janvier, une célébrité uni
verselle. Il sera, dans l’histoire, le parrain de la République.
Nul ne convenait mieux à cette fonction : et l’on peut dire qu’entre l’homme et l’événe
ment auquel il a présidé, il y a une sorte de ressemblance, presque une identité parfaite de caractère.
L’honorable M. Wallon, dé
puté du Nord, est l’un des hom-M. Wallon, député du Nord a l’Assemblée nationale. — D’après la photographie de M. Truchelut.
mes ies plus sympathiques que possède l’Assemblée. Libéral mais conservateur, il touchait au centre droit et avoisinait le centre gauche ; aux deux groupes il inspirait confiance et personne mieux que lui ne pouvait servir de trait d’union.
C’est un savant et un philanthrope. En 1848, il fut secrétaire de la commission pour l’abolition de l’esclavage. A la Législa
tive de 4849, il protesta contre la mutilation du suffrage uni
versel et donna sa démission à propos de la loi du 34 mai. Pro
fesseur d’histoire et historien de grand mérite, il a écrit l His
toire de saint Louis et celle de Jeanne d’Arc. Erudit et cher
cheur infatigable, il a donné une traduction des Evangiles, toute composée de textes tirés de Bossuet.
M. Wallon est un homme de taille moyenne, qui porte bien ses soixante-trois ans ; très-simple d’allures, mais non sans une certaine distinction. La célébrité qui tout d’un coup s’est attachée à lui l’étonne un peu ; il semble en être gêné beaucoup plus qu’enorgueilli ; même au lende
main de son premier succès,
quand il parut à la tribune, sa timidité semblait s’augmenter encore, et on eût dit qu’il vou
lait se faire pardonner son triomphe.
Personne d’ailleurs, même parmi les plus rancuniers des vaincus, ne saurait lui en vou
loir. Il respire la douceur et commande la bienveillance. C’é
tait bien l’homme qu’il fallait pour se fairel’introducteurd’une république ouverte à tous et qui n’effrayât personne.
LF GRAND BAL DE BIENFAISANCE AU NOUVEL OPÉRA. — L’orchestre.