NOS GRAVURES
Tombeau gallo-romain découvert à Séguret (Vaucluse)
Le musée gallo-romain de Saint-Germain possède une pierre tumulaire trouvée en 1869 à Séguret, à l’endroit où vient d’être déterrée celle que nous donnons aujourd’hui.
Le village de Séguret est situé dans la partie septentrionale du département de Vaucluse,
à la distance de 7 kilomètres de la petite ville de Vaison (l’ancienne Vasio, ville impor
tante du pays des Voconses), endroit bien connu des antiquaires et des artistes, et d’où l’on a tiré des masses d’objets d’antiquité ro
maine recueillis, autant qu’on a pu le faire, dans le musée d’Avignon.
Dans cet intervalle d’environ six ans qui se sont écoulés entre la découverte de la pierre du musée de Saint Germain et celle de la pierre
qui nous occupe, plusieurs autres tombes ont été mises à jour dans la même localité, ce qui fait présumer l’existence d’une nécropole dont des fouilles subséquentes pourraient amener des résultats intéressants. A la connaissance que peut donner notre dessin du dernier de ces monuments, il y a nécessité d’ajouter les indica
tions suivantes pour en donner une connaissance assez complète :
1° Le côté dessiné n’est qu’une des quatre surfaces à peu près égales en dimension d’un paralléllipipède ayant 1 mètre 25 de hauteur.
Cette surface a 68 centimètres de l’extrémité d’un chapiteau à l’autre.
2° La qualité de la pierre est du calcaire tendre.
3° La figure est sculptée en haut relief et placée comme dans une niche ayant 12 centimètres de profondeur.
4° Le côté opposé est creusé à une profondeur au moins double et constitue ainsi une espèce de caisse à double fond.
5° La pierre a été trouvée pour ainsi dire renversée. c’est-à-dire le côté sculpté touchant la partie la plus profonde de la terre.
Monument funéraire antique récemment trouvé a Séguret (Vaucluse).
6° Enfin il y a des dégradations et des parties assez frustes pour faire penser que le tom
beau était resté très-longtemps à l’air avant d’être enfoui dans la position où on l’a découvert maintenant, et c’est lorsqu’on s’en est servi comme sarcophage qu’on l’a probablement creusé par derrière.
De toutes ces particularités et de l’examen atentif de notre dessin, il nous paraît résulter tque le monument qu’il représente est un cippe posé, vers le me ou iv“ siècle, à l’endroit où était enseveli un individu sachant manier le maillet du sculpteur et la flûte de Pan ou syrinx ; que plus tard, après les dévastations des barbares et lorsque l’introduction du christianisme eut voué à l’indifférence et au mépris les monuments de la civilisation païenne, on s’est servi, comme en tant d’autres en
droits desdits monuments pour les usages les plus vulgaires, du cippe dont nous nous occu
pons pour le transformer en un sarcophage pour un enfant.
Nous profiterons de l’occasion pour faire connaître l’inscription que porte la pierre acquise pour le musée de Saint-Germain :
D. 51.
VALERI MAXIMI. FIL. DEFVNCT. ANN. XLII
PRAEF. VIGENTI VIRORV5I V PAGI BEORENSIS VALERIA MATER ET CASS. EROS 5IARITVS EJVS.
Après la lecture de cette inscription, l’on se demande ce qu’était un préfet de vigentivirs et le bourg Deob, dont il ne reste, dans le pays, ni même trace matérielle ni connaissance du nom.
Dans ce coin de la France où tant de restes de la civilisation gallo-romaine ont intéressé les antiquaires, les géologues et les paysagistes trouveraient de grandes satisfactions.
Le groupe de montagnes qui constituent les contreforts du mont Venloux leur offrirait une mine inépuisable d’études et de recherches, ainsi que peut le faire pressentir notre dessin, pris à Séguret.
J.-B. Laurens.
Le village de Séguret (Vaucluse).