L’EXPÉDITION SCIENTIFIQUE DE L҆ILE SAINT-PAUL. — Vue générale de l installation a l’entrée du cratère de lîle.
D’après les dessins et photographies communiqués à l’Illustration par M. le commandant Mouchez, directeur de l’expédition.
NOS GRAVURES
L’expédition scientifique de l’île Saint
Paul
Les différentes missions astronomiques envoyées par les corps savants des diverses nations du monde
pour observer le passage de la planète Vénus de
vant l’astre du jour ont accompli leur œuvre. Les unes ont été favorisées du ciel, et ont pu prendre leurs mesures au sein d’une atmosphère calme et pure. Les autres ont eu sur leur tête un ciel nua
geux qui ne leur a permis d’observer le soleil en temps utile qu’à travers des éclaircies. D’autres,
moins favorisés encore, se sont trouvés justement ce iour-là sous un ciel abso
lument couvert, et mèm - au milieu de la pluie et de la tempête. Mais, en somme, lès deux tiers des stations ont été dans de bonnes conditions de réus
site, et, grâce surtout à la photographie, ont vu réaliser le but de leur établissement.
Nous nous occuperons aujourd’hui des travaux de l’expédition de l’île Saint-Paul, dirigée par le commandant Mouchez ; et dans un prochain article de ceux des cinq autres stations choisies par la commission française.
L’île Saint-Paul, bien située pour le calcul de la parallaxe du soleil et choi
sie à cause de cela pour une station astronomique, était dans de mauvaises
MÉLINGUE.
conditions au point de vue météorologique. Elle s’é­
lève isolée, déserte, sau
vage, au milieu d’une mer perpétuellement agitée,
tourmentée par des ra/ de-marée qui ne permet
tent d’aborder qu’à de rares intervalles, non pas seulement à un navire, mais même à de simple.-, chaloupes ne tirant pas plus de 1 mètre à 1 mètre 50 centimètres d’eau. O i se trouve alors dans h- fond d’un ancien cratèiv où l’on jouit d’un calme relatif.
Après de très-grande. difficultés, la mission de Saint-Paul, dirigée par h
commandant Mouchez, est cependant parvenue à dé
barquer sur son île, avec la partie la plus importante de son matériel, dans un premier mouil
lage, le 23 septembre.
Mais le temps était si gros que la Dives avait perdu successivement trois an
cres en trois jours. Les chaînes ayant rompu sous l’effort des rafales, la troi
sième a cédé au moment où éclatait une très-forte tempête, qui a duré qua
rante-huit heures et a chassé les employés de la mission à cinquante lieues sous le vent de Pile ; on n’avait pu débarquer en
core qu’une très-minime partie du matériel, à cause
de l’état de la mer sur la barre qui déferlait fré
quemment. M. Gazin n’ayant pu rentrer à bord, et la chaîne ayant rompu pendant la nuit, il est resté quatre jours seul