NOS GRAVURES
Le docteur Harmand, chef de la nouvelle mission scienti
fique dans l’intérieur de l’indo-Clitne.
Les lecteurs de Y Illustration sont déjà au courant des questions si in
téressantes qui se rapportent à notre colonie de Coehinchine. On se rappelle les voyages de Mouhot, première victime du climat, l’expédi
tion de M. de Lagrée, qui coûta la vie à son commandant et à M. de Carné, la fin héroïque de Francis Garnier et de l’enseigne Balny au Tonking; nous-même, nous racontions ici, il y a sept mois, en étu
diant l art khmer au musée de Compiègne, la dernière exploration de M. le lieutenant de vaisseau Dela
porte, qui faillit payer de sa vie, lui aussi, son courage et son dévouement à la science.
Il avait été ramené presque mourant à Saigon parM. le docteur Har
mand, le seul de ses compagnons qui avait résisté à tant de fatigues et de privations, et qui repartait, quelques jours après, pour rejoin
dre Francis Garnier sous les murs d’Ha-Noï, la capitale du Tonking.
Après la prise d’Ha-Noï, Garnier, qui voulait achever la conquête du pays et qui manquait d’officiers, pria M. Harmand d’accepter le commandement d’un corps expédition
naire : ce corps se composait de vingt-sept hommes ; c’est avec cette armée que M. Harmand arriva :à conquérir et à gouverner une pro
vince de trois millions d’habitants, après avoir pris d’assaut trois villes armées de canons et fortifiées à la Vauban.
M. le docteur Harmand est donc mieux que personne préparé pour entreprendre avec profit une nou
velle exploration de l’intérieur de l’Indo-Ghine : les précédents que nous venons de rappeler, cinq ans passés dans la colonie, la connais
sance de la langue annamite, de longues études spéciales, un ardent patriotisme, une santé éprouvée,
tous les éléments de succès sont pour lui. Son voyage est, d’ailleurs, purement scientifique ; il sera accompagné seulement de quatre sol
dats indigènes et d’un sous-officier de la marine française.
Au point de vue des sciences naturelles, de la zoologie et de l’an
thropologie surtout, l’Indo-Chine est un champ de découvertes en
core inexploré ; au point de vue géographique, d’importantes questions sont demeurées en suspens.
Les marchandises qui viennent du sud de la Chine, du Laos, de la Birmanie, ne pouvant descendre le grand fleuve du Mé-Kong, dont le cours est barré par des rapides in
franchissables, s’écartent de leurs routes naturelles, et au lieu de ve
nir s’échanger à Saigon contre des produits français, prennent une route de lerre pour aller à Bang
kok, au grand détriment de notre colonie.
Or, parmi les rivières qui aboutissent au Grand-Lac, il en est une, celle de Stug, qui présente des pro
fondeurs constantes de 7 et 8 mètres et qui se rapproche à peu de distance du Se-Lampou, un des af
fluents navigables du Mé-Kong, venant s’ouvrir au-dessus des cata
ractes. Si donc il était possible,
comme le croit M. Harmand, de
réunir par un canal ces deux af-LE Dr HARMAND. — D’après la photographie de M. Nadar
LA CAVALCADE DU 7 MARS A ALGER. — D’après les photographies de M. Leroux, à Alger,
Le docteur Harmand, chef de la nouvelle mission scienti
fique dans l’intérieur de l’indo-Clitne.
Les lecteurs de Y Illustration sont déjà au courant des questions si in
téressantes qui se rapportent à notre colonie de Coehinchine. On se rappelle les voyages de Mouhot, première victime du climat, l’expédi
tion de M. de Lagrée, qui coûta la vie à son commandant et à M. de Carné, la fin héroïque de Francis Garnier et de l’enseigne Balny au Tonking; nous-même, nous racontions ici, il y a sept mois, en étu
diant l art khmer au musée de Compiègne, la dernière exploration de M. le lieutenant de vaisseau Dela
porte, qui faillit payer de sa vie, lui aussi, son courage et son dévouement à la science.
Il avait été ramené presque mourant à Saigon parM. le docteur Har
mand, le seul de ses compagnons qui avait résisté à tant de fatigues et de privations, et qui repartait, quelques jours après, pour rejoin
dre Francis Garnier sous les murs d’Ha-Noï, la capitale du Tonking.
Après la prise d’Ha-Noï, Garnier, qui voulait achever la conquête du pays et qui manquait d’officiers, pria M. Harmand d’accepter le commandement d’un corps expédition
naire : ce corps se composait de vingt-sept hommes ; c’est avec cette armée que M. Harmand arriva :à conquérir et à gouverner une pro
vince de trois millions d’habitants, après avoir pris d’assaut trois villes armées de canons et fortifiées à la Vauban.
M. le docteur Harmand est donc mieux que personne préparé pour entreprendre avec profit une nou
velle exploration de l’intérieur de l’Indo-Ghine : les précédents que nous venons de rappeler, cinq ans passés dans la colonie, la connais
sance de la langue annamite, de longues études spéciales, un ardent patriotisme, une santé éprouvée,
tous les éléments de succès sont pour lui. Son voyage est, d’ailleurs, purement scientifique ; il sera accompagné seulement de quatre sol
dats indigènes et d’un sous-officier de la marine française.
Au point de vue des sciences naturelles, de la zoologie et de l’an
thropologie surtout, l’Indo-Chine est un champ de découvertes en
core inexploré ; au point de vue géographique, d’importantes questions sont demeurées en suspens.
Les marchandises qui viennent du sud de la Chine, du Laos, de la Birmanie, ne pouvant descendre le grand fleuve du Mé-Kong, dont le cours est barré par des rapides in
franchissables, s’écartent de leurs routes naturelles, et au lieu de ve
nir s’échanger à Saigon contre des produits français, prennent une route de lerre pour aller à Bang
kok, au grand détriment de notre colonie.
Or, parmi les rivières qui aboutissent au Grand-Lac, il en est une, celle de Stug, qui présente des pro
fondeurs constantes de 7 et 8 mètres et qui se rapproche à peu de distance du Se-Lampou, un des af
fluents navigables du Mé-Kong, venant s’ouvrir au-dessus des cata
ractes. Si donc il était possible,
comme le croit M. Harmand, de
réunir par un canal ces deux af-LE Dr HARMAND. — D’après la photographie de M. Nadar
LA CAVALCADE DU 7 MARS A ALGER. — D’après les photographies de M. Leroux, à Alger,