SOMMAIRE.
Histoire de la semaine. — Courrier de Paris, par M. Plii- Audebrand. — Le Chaudron du diable, nouvelle, par . de Chenille. — Nos gravures : Le matin; — L’école
nale de gymnastique de Joinville; — Baptême des cloches église Saint- Joseph ; — Sénégal : le combat de Boumdou ; Le monitor brésilien le Jai anj : ses essais en rade du ie ; — Joigny et la maison de l’arbre de Jessé; — La he-Pozay. — Les Théâtres. — Bulletin bibliographique. — unique du Sport. — Revue comique du mois, par Bertall. levue financière de la semaine. — Faits divers.
res : Le matin, d’après Becker. — L’école de gymnastique taire de Joinville-le-Pont. — Paris : la bénédiction des
lies de l’église Saint-Joseph. — Colonies françaises : le fiat de Boumdou (Sénégal), 2 gravures. — Le monitor cuié à tourelles le Javartj. — La France pittoresque : la
FRANCE
Assemblée nationale est partie, mais pour quel- semaines seulement. Comme elle a assez bien oyé son temps durant la session quivientde finir,
a appris à en connaître la valeur et à ne plus le
iiler. Elle a rompu, comme on voit, avec ces les et chères habitudes qui l’induisaient à passer .initié. de sa vie à se reposer et l’autre à ne rien v. Même, dans l’ardeur qui la transporte, elle enrendrait volontiers aujourd’hui les douze travaux.
du moins ce que M. le vice-président du conseil ne à entendre. Mais il s’abuse sur les forces de semblée comme sur son âge : l’été de la Saintlin n’est plus le printemps. Aussi les jours qu’elle
t encore employer utilement pour le service du ys sont-ils comptés. Nous reviendrons sur ce sujet. attendant, disons uii mot de ses derniers tra
il’abord elle a tranché la question des pensions .tes, qu’elle discutait quand a paru notre dernier
uéro. Discussion aussi intéressante que brillante,
.t M. René Goblet a eu tout l’honneur, et au cours laquelle le jeune député de la Somme a démontré,
vies en main, que la catégorie de pensionnaires t il s’agissait n’est à aucun litre créancière de at.
Eu effet, sous l’empire de la législation actuelle, il deux catégories de pensions parfaitement distinctes,
s unes constituent un véritable droit, parce qu’elles ut payées par les fonctionnaires qui les reçoivent,
moyen d’une retenue qui s’opère sur leur traiteeut. Encore ce droit n’est-il acquis qu’aulant que s fonctionnaires ont subi la retenue pendant un cer
ni nombre d’années et qu’ils présentent ces deux uditions : un âge déterminé et un certain nombre années de service. En dehors de cette double coudou, le droit cesse peur faire place à la faveur.
C’est dans cette seconde catégorie de pensionnés ie se trouvent les fonctionnaires en question ; pré
Is, sous-préfets, ministres, sous-secrétaires et eonillers d’Elat, qui ne subissent pas de retenue et en peuvent subir, attendu qu’ils sont fonctionnaires un ordre politique, et que les nécessités changeantes
i la politique doivent permettre de les déposséder ms que l’Etat ait contracté envers eux d’obligations.
1 is n’acquièrent donc pas de véritables droits à la refaite. Ils restent sous l’application de la loi de 1790 et peuvent réclamer une pension, sans doute, mais à certaines conditions d’âge, de service ou d’infirmilés c mlractées au service de l’Etat, et sous la réserve expresse qu’ils soient dans le besoin.
Partant de là, M. Goblet a soutenu qu’on était fondé à examiner les titres de celle catégorie de pensionnés au nom desquels un crédit était demandé, et à décla
rer au besoin qu’elle n’en avait aucun qui fut valable;
que par conséquent l’obligation souscrite au compte de l’Etat par le minisire en donnanteespensions pou
vait être annulée, s’il y avait eu dol, fraude, erreur,
ou violence. L’assemblée a donné gain de cause à M. René Goblet en adoptant une proposition de M. Tirard ainsi conçue : « L’Assemblée invite le gouverne
ment à soumettre à un nouvel examen la liquidalion des pensions, » plus un article additionnel proposé par la commission, et relatif aux garanties qui seront exigées pour l’avenir.
L’Assemblée a voté ensuite le projet qui proroge la loi du 10 septembre 1871, relative au conseil géné- ral de la Seine; la loi concernant la conversion de l’emprunt Morgan ; la proposition de prorogation et la loi portant approbation de la convention signée à
Rome, le 10 décembre 1874, entre la France et l’Ita- ! lie, pour la délimitation de la frontière des deux pays -
à l intérieur du tunnel des Alpes. Elle a de plus pris en considéralion le projet de loi de M. Courcelle, re
latif aux élections partielles, qu’il a pour objet de supprimer dans les départements, à moins que ia députation ne s’y trouve réduite de plus d’un quart.
La discussion de ce dernier projet a été vive et même passionnée. C’est qu’il ne s’agissait pas en réalité de savoir s’il était à propos de suspendre les élections partielles, mais avant tout de décider si la disso
lution définitive aurait lieu avant la fin de l’année ou si elle serait remise à une date indéterminée. Si elle était prochaine, on pourrait voter la prise en considé
ration du projet, sinon, non. M. Gambetta a même invité une « parole autorisée » à s’expliquer sur ce point. Mais le gouvernement a gardé le sdence, d’a
bord parce qu’il y a dans le cabinet, sur la queslion, deux opinions contraires, l’une favorable, l’autre con
traire à la dissolution dans un délai prochain, ensuite parce que c est la Chambre seule qui a autorité pour
trancher la question, comme l’a fort justement, fait remarquer M. Langlois en proposant devoter la prise en considération sous la condition que la commission,
chargée d’étudier le projet, le rédigerait ensuite de manière à le lier à la dissolulion et à le rendre ainsi acceptable pour tout le monde.
La prise en considération a donc été volée, et le chef du cabinet désirait vivement que l’assemblée adoptât le projet avant sa séparation, sans toutefois faire de cette adoption une question ministérielle. Mais la majorité de la commission, nommée pour exami
ner la proposition, après avoir entendu M. Buffet, s’est prononcée pour l’ajournement après les vacan
ces. C’est un échec pour ie vice-président du conseil, qui devra eu conséquence convoquer un collège élec
toral avant l’époque de la reprise des travaux de l’As
semblée. En effet, le délai légal de six mois expirera le 30 mai pour la première élection partielle, celle du Lot. C’est donc le 10 mai, la veille de la rentrée de la Chambre, que le décret devra être rendu. Resteront encore ouzo sièges vacants, dont voici la liste : Cher,
M. Jaubert, décédé le 5 décembre 1874; Rhône, M. Ranc, déclaré déchu de son mandat le 9 décembre ; la Guadeloupe, M. Melvil-Bloncourt, déclaré dé
chu à la même date; Nièvre, M. Lebas, décédé le 18 décembre; Vaucluse, M. Ledru-Rollin, décédé le 31 décembre; Orne, M. de Portail, décédé ie 14 jan
vier 1875; Constantine, M. Colas, démissionnaire le 22 janvier; Tarn, M. deBermond, décédé le 2 février; Morbihan, M. Daliirel, décédé le 5 du même mois; Alger, M. Warnier, décédé le 15 mars; Ariége, M. Roquemaurel de Saint-Cernin, décédé le 18 mars. Parmi ces élections à faire, les quatre premières sui
vent presque immédiatement celle du Lot. Aurontelles lieu en même temps que celle-ci? Mieux encore, complétera-t-on d’un seul coup, pendant qu’on y sera, la représentation nationale ? Il y aurait là pour M. Buffet une belle occasion de prendre son parti et sa re
vanche en homme d’esprit qu’il est, et de faire oublier le fâcheux effet de son programme. Cependant
nous gagerions presque qu’il se gardera bien de la saisir.
M. Buffet ne cède pas volonliers. Quand il avance, ce n’est qu’en résistant, et en cherchant le moyen de faire un pas en arrière. En arrivant au pouvoir, quelle a été sa première pensée ? De faire reculer la majorité du 25 février en y changeant certains éléments. Il a tenté d’en faire sortir l’Union républicaine pour y faire entrer la droite modérée. Son programme n’a vait évidemment pas d’autre but. Mais, peine perdue !
La droite modérée n’a pas voulu venir, et l’Union n’a pas voulu s’en aller, ni ne s’en ira, à ce qu’il paraît,
il faut que M. le vice-président du crnscil eu fasse son deuil. Le centre gauche vient de ,e lui signifier indirectement par la bouche de son nouveau prési
dent, M. Labouiaye. « Nous sommes heureux et fiers de nos nouveaux alliés, a-t-il dit, parlant du centre droit, nous comptons sur la durée de celte alliance,
mais nous n’oublions pas, nous ne pouvons oublier
nos compagnons de lutte. C’est à la modération, c’est à l’abnégation des différents groupes de la gauche que nous devons d’avoir pu former une minorité assez compacte et assez considérable pour que, sans trop de peine, elle ait pu attirer à elle des députés indé
pendants et se transformer en majorité. Nous savons ce que vaut notre accord ; nous avons été unis dans le combat, nous ne nous séparerons pas après la victoire. »
Voilà qui est clair et ne permettait pas le doute. Cependant, comme s’il eut été nécessaire d’appuyer encore, M. Labouiaye a posé au ministère du 10 mars une double condition de concours : d’abord le rappel des lois d’exception, ensuite le choix d’une adminis
tration sincèrement républicaine. Il lui a soumis de plus un desideratum, c’est qu’il sc tienne prêt pour une dissolution qui ne peut tarder.
M. Buffet a certainement compris. Maintenant, que fera-t-il? Nous ne savons, mais ses actes ne peuvent tarder de nous ie dire. Espérons qu’il se décidera à marcher dans le sens de la nouvelle majorité, sans qu’il soit besoin de le pousser par derrière. Mais n’y comptons qu’à demi.
ALLEMAGNE
La Chambre des députés de Prusse vient d’adopter le projet de loi relatif à la suppression de la dotation
des évêques catholiques, projet présenté à la suite de la publication de l’encyclique du 5 février. Ce n’est pas tout. M. de Bismark a adressé, paraît-il, à l’ambassadeur d’Allemagne à Rome une dépêche dans laquelle il l’engage à agir auprès du gouvernement ita
lien pour l’amener à examiner s’il ne conviendrait pas d’exiger du successeur de Pie IX l’engagement de ne s’immiscer en aucune manière dans la politique intérieure des Etats. Si le futur pape s’y refusait, son élection ne serait pas reconnue.
On assure même que cette communication, dont il a été tant parlé ces jours derniers, n’a pas été faite à l’Italie seule, mais encore à l’Autriche, et qu’on se prépare à la faire à d’autres puissances. On voit que le chancelier de l’empire d’Allemagne est bien décidé à poursuivre la lutte jusqu’au bout. Mais il a affaire à forte partie.
Le pape a répondu aux attaques de M. de Bismark par la nomination de onze cardinaux, parmi lesquels figure M. Ledochowski, archevêque de Gnesen et Posen, en ce moment tenu en prison par la Prusse.
Parmi ces onze cardinaux, ajoutons qu’il en est cinq dont ie saint-père a réservé les noms in petto,
pour les divulguer quand il le jugera convenable. Mais ces cinq cardinaux n’en sont pas moins investis dès à présent du droit d’élection dans le futur conclave, et si l’on songe à i’intcrèt politique qui s’attachera à la nomination du prochain pape, on comprendra la gravité d’une mesure qui crée d’un seul coup onze électeurs.
ESPAGNE
Le général don Ramon Cabrera vient d’engager les carlistes à accepter le convenio ou traité que leur propose Alphonse XII. II y a déjà quelque temps que cet événement était annoncé. Exercera-t-ii une grande influence sur la situation des partis? C’est peu probable. L’ancien guérillero de 1839 était resté étran
ger à la guerre actuelle, et il est douteux que sa défection en entraîne beaucoup d’autres.
ITALIE
Avec l’affaire des garanties pontificales dont nous parlions tout à l’heure et la récente promotion des onze cardinaux, ce qui préoccupe en ce moment l’at
tention publique eu Italie, c’est l’entrevue qui doit avoir lieu à Venise dans les premiers jours d’avril entre l’empereur d’Autriche et le roi Victor-Emmanuel. On attache une certaine importance à cette en
trevue qui, en effet, n’est point sans signification. La Prusse a pu s’eu émouvoir, on comprend pourquoi ;
mais partout ailleurs on ne peut que se féliciter d’une démonstration qui contribuera certainement à la consolidation de la paix et à la sécurité générale.
Giroflée au printemps,— viens orner la tourelle, — et que ta fleur nouvelle — ramène le beau temps. — Ce sont des vers que l’on attribue à la reine Marguerite de Navarre. Les petites filles les chantent en dansant en rond autour des arbres, dans le jardin des Tuileries. Mais cette année, le 21 mars, le ciel était noir, le vent aigre, tout chargé de givre. Il n’y avait pas une seule feuille aux marronniers. Les petites filles sont demeurées au coin du feu. Ceux des pro
meneurs qui ont osé mettre le pied dehors se sont arrêtés, saisis d’effroi, au grand bassin. 11 leur semblait y voir en raccourci la mer de glace.
Quelqu’une eu l’idée de caresser l’un des deux cygnes ; le cou lui est resté dans la main comme s’il eût été en sucre candi. Il était gelé. Un pro
meneur disait à un autre, tout en secouant les cendres de son cigare :
— Tu vois bien que l’almanach a encore une fois menti ; ce n’est pas le printemps, puisqu’on ne voit pas même une hirondelle.
En fait d’hirondelle, il y aurait pourtant une musicienne d’une allure bizarre; c’est la
Courrier de Paris
Histoire de la semaine. — Courrier de Paris, par M. Plii- Audebrand. — Le Chaudron du diable, nouvelle, par . de Chenille. — Nos gravures : Le matin; — L’école
nale de gymnastique de Joinville; — Baptême des cloches église Saint- Joseph ; — Sénégal : le combat de Boumdou ; Le monitor brésilien le Jai anj : ses essais en rade du ie ; — Joigny et la maison de l’arbre de Jessé; — La he-Pozay. — Les Théâtres. — Bulletin bibliographique. — unique du Sport. — Revue comique du mois, par Bertall. levue financière de la semaine. — Faits divers.
res : Le matin, d’après Becker. — L’école de gymnastique taire de Joinville-le-Pont. — Paris : la bénédiction des
lies de l’église Saint-Joseph. — Colonies françaises : le fiat de Boumdou (Sénégal), 2 gravures. — Le monitor cuié à tourelles le Javartj. — La France pittoresque : la
HISTOIRE DE LA SEMAINE
FRANCE
Assemblée nationale est partie, mais pour quel- semaines seulement. Comme elle a assez bien oyé son temps durant la session quivientde finir,
a appris à en connaître la valeur et à ne plus le
iiler. Elle a rompu, comme on voit, avec ces les et chères habitudes qui l’induisaient à passer .initié. de sa vie à se reposer et l’autre à ne rien v. Même, dans l’ardeur qui la transporte, elle enrendrait volontiers aujourd’hui les douze travaux.
du moins ce que M. le vice-président du conseil ne à entendre. Mais il s’abuse sur les forces de semblée comme sur son âge : l’été de la Saintlin n’est plus le printemps. Aussi les jours qu’elle
t encore employer utilement pour le service du ys sont-ils comptés. Nous reviendrons sur ce sujet. attendant, disons uii mot de ses derniers tra
il’abord elle a tranché la question des pensions .tes, qu’elle discutait quand a paru notre dernier
uéro. Discussion aussi intéressante que brillante,
.t M. René Goblet a eu tout l’honneur, et au cours laquelle le jeune député de la Somme a démontré,
vies en main, que la catégorie de pensionnaires t il s’agissait n’est à aucun litre créancière de at.
Eu effet, sous l’empire de la législation actuelle, il deux catégories de pensions parfaitement distinctes,
s unes constituent un véritable droit, parce qu’elles ut payées par les fonctionnaires qui les reçoivent,
moyen d’une retenue qui s’opère sur leur traiteeut. Encore ce droit n’est-il acquis qu’aulant que s fonctionnaires ont subi la retenue pendant un cer
ni nombre d’années et qu’ils présentent ces deux uditions : un âge déterminé et un certain nombre années de service. En dehors de cette double coudou, le droit cesse peur faire place à la faveur.
C’est dans cette seconde catégorie de pensionnés ie se trouvent les fonctionnaires en question ; pré
Is, sous-préfets, ministres, sous-secrétaires et eonillers d’Elat, qui ne subissent pas de retenue et en peuvent subir, attendu qu’ils sont fonctionnaires un ordre politique, et que les nécessités changeantes
i la politique doivent permettre de les déposséder ms que l’Etat ait contracté envers eux d’obligations.
1 is n’acquièrent donc pas de véritables droits à la refaite. Ils restent sous l’application de la loi de 1790 et peuvent réclamer une pension, sans doute, mais à certaines conditions d’âge, de service ou d’infirmilés c mlractées au service de l’Etat, et sous la réserve expresse qu’ils soient dans le besoin.
Partant de là, M. Goblet a soutenu qu’on était fondé à examiner les titres de celle catégorie de pensionnés au nom desquels un crédit était demandé, et à décla
rer au besoin qu’elle n’en avait aucun qui fut valable;
que par conséquent l’obligation souscrite au compte de l’Etat par le minisire en donnanteespensions pou
vait être annulée, s’il y avait eu dol, fraude, erreur,
ou violence. L’assemblée a donné gain de cause à M. René Goblet en adoptant une proposition de M. Tirard ainsi conçue : « L’Assemblée invite le gouverne
ment à soumettre à un nouvel examen la liquidalion des pensions, » plus un article additionnel proposé par la commission, et relatif aux garanties qui seront exigées pour l’avenir.
L’Assemblée a voté ensuite le projet qui proroge la loi du 10 septembre 1871, relative au conseil géné- ral de la Seine; la loi concernant la conversion de l’emprunt Morgan ; la proposition de prorogation et la loi portant approbation de la convention signée à
Rome, le 10 décembre 1874, entre la France et l’Ita- ! lie, pour la délimitation de la frontière des deux pays -
à l intérieur du tunnel des Alpes. Elle a de plus pris en considéralion le projet de loi de M. Courcelle, re
latif aux élections partielles, qu’il a pour objet de supprimer dans les départements, à moins que ia députation ne s’y trouve réduite de plus d’un quart.
La discussion de ce dernier projet a été vive et même passionnée. C’est qu’il ne s’agissait pas en réalité de savoir s’il était à propos de suspendre les élections partielles, mais avant tout de décider si la disso
lution définitive aurait lieu avant la fin de l’année ou si elle serait remise à une date indéterminée. Si elle était prochaine, on pourrait voter la prise en considé
ration du projet, sinon, non. M. Gambetta a même invité une « parole autorisée » à s’expliquer sur ce point. Mais le gouvernement a gardé le sdence, d’a
bord parce qu’il y a dans le cabinet, sur la queslion, deux opinions contraires, l’une favorable, l’autre con
traire à la dissolution dans un délai prochain, ensuite parce que c est la Chambre seule qui a autorité pour
trancher la question, comme l’a fort justement, fait remarquer M. Langlois en proposant devoter la prise en considération sous la condition que la commission,
chargée d’étudier le projet, le rédigerait ensuite de manière à le lier à la dissolulion et à le rendre ainsi acceptable pour tout le monde.
La prise en considération a donc été volée, et le chef du cabinet désirait vivement que l’assemblée adoptât le projet avant sa séparation, sans toutefois faire de cette adoption une question ministérielle. Mais la majorité de la commission, nommée pour exami
ner la proposition, après avoir entendu M. Buffet, s’est prononcée pour l’ajournement après les vacan
ces. C’est un échec pour ie vice-président du conseil, qui devra eu conséquence convoquer un collège élec
toral avant l’époque de la reprise des travaux de l’As
semblée. En effet, le délai légal de six mois expirera le 30 mai pour la première élection partielle, celle du Lot. C’est donc le 10 mai, la veille de la rentrée de la Chambre, que le décret devra être rendu. Resteront encore ouzo sièges vacants, dont voici la liste : Cher,
M. Jaubert, décédé le 5 décembre 1874; Rhône, M. Ranc, déclaré déchu de son mandat le 9 décembre ; la Guadeloupe, M. Melvil-Bloncourt, déclaré dé
chu à la même date; Nièvre, M. Lebas, décédé le 18 décembre; Vaucluse, M. Ledru-Rollin, décédé le 31 décembre; Orne, M. de Portail, décédé ie 14 jan
vier 1875; Constantine, M. Colas, démissionnaire le 22 janvier; Tarn, M. deBermond, décédé le 2 février; Morbihan, M. Daliirel, décédé le 5 du même mois; Alger, M. Warnier, décédé le 15 mars; Ariége, M. Roquemaurel de Saint-Cernin, décédé le 18 mars. Parmi ces élections à faire, les quatre premières sui
vent presque immédiatement celle du Lot. Aurontelles lieu en même temps que celle-ci? Mieux encore, complétera-t-on d’un seul coup, pendant qu’on y sera, la représentation nationale ? Il y aurait là pour M. Buffet une belle occasion de prendre son parti et sa re
vanche en homme d’esprit qu’il est, et de faire oublier le fâcheux effet de son programme. Cependant
nous gagerions presque qu’il se gardera bien de la saisir.
M. Buffet ne cède pas volonliers. Quand il avance, ce n’est qu’en résistant, et en cherchant le moyen de faire un pas en arrière. En arrivant au pouvoir, quelle a été sa première pensée ? De faire reculer la majorité du 25 février en y changeant certains éléments. Il a tenté d’en faire sortir l’Union républicaine pour y faire entrer la droite modérée. Son programme n’a vait évidemment pas d’autre but. Mais, peine perdue !
La droite modérée n’a pas voulu venir, et l’Union n’a pas voulu s’en aller, ni ne s’en ira, à ce qu’il paraît,
il faut que M. le vice-président du crnscil eu fasse son deuil. Le centre gauche vient de ,e lui signifier indirectement par la bouche de son nouveau prési
dent, M. Labouiaye. « Nous sommes heureux et fiers de nos nouveaux alliés, a-t-il dit, parlant du centre droit, nous comptons sur la durée de celte alliance,
mais nous n’oublions pas, nous ne pouvons oublier
nos compagnons de lutte. C’est à la modération, c’est à l’abnégation des différents groupes de la gauche que nous devons d’avoir pu former une minorité assez compacte et assez considérable pour que, sans trop de peine, elle ait pu attirer à elle des députés indé
pendants et se transformer en majorité. Nous savons ce que vaut notre accord ; nous avons été unis dans le combat, nous ne nous séparerons pas après la victoire. »
Voilà qui est clair et ne permettait pas le doute. Cependant, comme s’il eut été nécessaire d’appuyer encore, M. Labouiaye a posé au ministère du 10 mars une double condition de concours : d’abord le rappel des lois d’exception, ensuite le choix d’une adminis
tration sincèrement républicaine. Il lui a soumis de plus un desideratum, c’est qu’il sc tienne prêt pour une dissolution qui ne peut tarder.
M. Buffet a certainement compris. Maintenant, que fera-t-il? Nous ne savons, mais ses actes ne peuvent tarder de nous ie dire. Espérons qu’il se décidera à marcher dans le sens de la nouvelle majorité, sans qu’il soit besoin de le pousser par derrière. Mais n’y comptons qu’à demi.
ALLEMAGNE
La Chambre des députés de Prusse vient d’adopter le projet de loi relatif à la suppression de la dotation
des évêques catholiques, projet présenté à la suite de la publication de l’encyclique du 5 février. Ce n’est pas tout. M. de Bismark a adressé, paraît-il, à l’ambassadeur d’Allemagne à Rome une dépêche dans laquelle il l’engage à agir auprès du gouvernement ita
lien pour l’amener à examiner s’il ne conviendrait pas d’exiger du successeur de Pie IX l’engagement de ne s’immiscer en aucune manière dans la politique intérieure des Etats. Si le futur pape s’y refusait, son élection ne serait pas reconnue.
On assure même que cette communication, dont il a été tant parlé ces jours derniers, n’a pas été faite à l’Italie seule, mais encore à l’Autriche, et qu’on se prépare à la faire à d’autres puissances. On voit que le chancelier de l’empire d’Allemagne est bien décidé à poursuivre la lutte jusqu’au bout. Mais il a affaire à forte partie.
Le pape a répondu aux attaques de M. de Bismark par la nomination de onze cardinaux, parmi lesquels figure M. Ledochowski, archevêque de Gnesen et Posen, en ce moment tenu en prison par la Prusse.
Parmi ces onze cardinaux, ajoutons qu’il en est cinq dont ie saint-père a réservé les noms in petto,
pour les divulguer quand il le jugera convenable. Mais ces cinq cardinaux n’en sont pas moins investis dès à présent du droit d’élection dans le futur conclave, et si l’on songe à i’intcrèt politique qui s’attachera à la nomination du prochain pape, on comprendra la gravité d’une mesure qui crée d’un seul coup onze électeurs.
ESPAGNE
Le général don Ramon Cabrera vient d’engager les carlistes à accepter le convenio ou traité que leur propose Alphonse XII. II y a déjà quelque temps que cet événement était annoncé. Exercera-t-ii une grande influence sur la situation des partis? C’est peu probable. L’ancien guérillero de 1839 était resté étran
ger à la guerre actuelle, et il est douteux que sa défection en entraîne beaucoup d’autres.
ITALIE
Avec l’affaire des garanties pontificales dont nous parlions tout à l’heure et la récente promotion des onze cardinaux, ce qui préoccupe en ce moment l’at
tention publique eu Italie, c’est l’entrevue qui doit avoir lieu à Venise dans les premiers jours d’avril entre l’empereur d’Autriche et le roi Victor-Emmanuel. On attache une certaine importance à cette en
trevue qui, en effet, n’est point sans signification. La Prusse a pu s’eu émouvoir, on comprend pourquoi ;
mais partout ailleurs on ne peut que se féliciter d’une démonstration qui contribuera certainement à la consolidation de la paix et à la sécurité générale.
Giroflée au printemps,— viens orner la tourelle, — et que ta fleur nouvelle — ramène le beau temps. — Ce sont des vers que l’on attribue à la reine Marguerite de Navarre. Les petites filles les chantent en dansant en rond autour des arbres, dans le jardin des Tuileries. Mais cette année, le 21 mars, le ciel était noir, le vent aigre, tout chargé de givre. Il n’y avait pas une seule feuille aux marronniers. Les petites filles sont demeurées au coin du feu. Ceux des pro
meneurs qui ont osé mettre le pied dehors se sont arrêtés, saisis d’effroi, au grand bassin. 11 leur semblait y voir en raccourci la mer de glace.
Quelqu’une eu l’idée de caresser l’un des deux cygnes ; le cou lui est resté dans la main comme s’il eût été en sucre candi. Il était gelé. Un pro
meneur disait à un autre, tout en secouant les cendres de son cigare :
— Tu vois bien que l’almanach a encore une fois menti ; ce n’est pas le printemps, puisqu’on ne voit pas même une hirondelle.
En fait d’hirondelle, il y aurait pourtant une musicienne d’une allure bizarre; c’est la
Courrier de Paris