en repoussant la victime avec le bout de sa canne.
G. DE CHERVILLE. ( La suite prochainement. )
NOS GRAVURES
Le matin
Rien n’est bon, le malin, après une nuit de repos, — et, mieux encore, après les longues heures d’insomnie, — rien n’est sain et reposant comme d’ou
vrir à l’air frais du jour qui se lève la fenêtre close jusque-là. Les bouffées de vent entrent dans la poitrine en même temps que les rayons de soleil éclai
rent les yeux et réchauffent la joue. C’est alors vraiment qu’on se sent vivre. Le matin, c’est l’inconnu,
c’est l’espérance, une journée nouvelle, des bonheurs nouveaux !
Comme elle est charmante, la brune soubrette qui écarte, de ses jolies mains de reine, les volets de la fenêtre ! Elle lève la tête, curieuse, et interroge le ciel. Le ciel est bleu. Il fera beau. Le soleil caresse les antiques sculptures du logis ou de la villa, car c’est à Rome, ou dans les environs, sans nul doute, que se passe cette scène, quoique le costume de la jeune fdle n’accuse ni une nation ni une époque. M. Recker a élégamment transporté sur la toile cette
vision matinale : une jeune fdle et un matin, — deux aurores. Il y a là comme la trace du pinceau d’un Compte-Calix, avec plus de vigueur dans la couleur, plus de solidité, plus de force et autant de grâce.
Ouvrez votre fenêtre, la bLdle enfant, le ciel est doux, comme vos yeux sont purs, un vrai ciel d’Italie,
et les oiseaux chantent le beau matin de mai comme vos lèvres doivent, tout bas, chanter l’amour !
J. C.
L’École normale de gymnastique de
Nous n’aurors pas la prétention d’apprendre aux lecteurs de l’i (ration quelle eslT au point de me militaire, l’.ïnp .. tance de la gymnasthp.. et de l es
crime; mais ce que beaucoup d’entre eux ignorent peut être, c’est ; existe tout près de Paris, aux environs des deux redoutes de la Faisanderie et de Gravelle, sur le territoire de Joinville-le-Pont, une école normale militaire de gymnastique, dont les élèves exécutent des prodiges de force et d’adresse à faire envie aux plus renommés des acrobates de cirque.
Cet établissement a été fondé par un décret du 2 mai 1852, le maréchal de Saint-Arnaud étant ministre de la guerre. Il a peur but de former des pro
fesseurs de gymnastique et d’escrime devant en
seigner cet art dans les corps de troupe. Pour la gymnastique, chaque régiment ou bataillon de toutes
armes, la cavalerie exceptée, envoie un sous-officier ou caporal, celui que des exercices préliminaires ont fait reconnaître comme le plus agile, le plus adroit, le mieux préparé par conséquent à profiter de l’ensei
gnement donné. Pour l’escrime, tous les corps sans exception doivent diriger sur l’école deux ou trois élèves; enfin trente officiers, choisis à tour de rôle dans les corps d’infanterie, sont tenus de suivre les cours. De son côté, la marine, pour ses troupes de mer comme pour son infanterie, compte également un certain nombre d’élèves à l’école de gymnastique. Tel est le personnel enseigné. Le personnel ensei
gnant se compose de quatre ou cinq officiers et d’un certain nombre de sous-officiers professeurs, répéti
teurs et moniteurs. Le matériel, modeste à l’origine, est devenu des plus complets.
Les exercices auxquels son.t soumis les élèves pendant les cours, dont ta durée est de six mois, sont tout d’abord ceux que la plupart d’entre nous ont suivi dans les lycées : exercices de marche et de
course, de sauts en hauteur et en longueur, ascension le long de mâts, d’échelles de cordes, etc.; puis viennent les manœuvres et les exercices qui ont plus particulièrement en vue l’objectif militaire : traversée des fossés, escalade des murs et des talus, courses avec fourniment complet, ouverture de tranchées sous le feu de l’ennemi, etc.
Quant à l’escrime, elle comprend toutes les ressources de cet art, non-seulement pour l’épée, le
sabre ou la baïonnette, mais aussi pour la boxe, la savate, la lutte corps à corps, etc. A la fin de chaque cours, des médailles sont distribuées aux plus méri
tants des élèves, et tous, devenus des professeurs,
rentrent à leur corps respectif pour enseigner a leurs camarades ce qq’j s ont appris gymnastique.
Cette institution est peu bruyante sans doute, mais elle est éminemment utile, caries instructeurs qu’elle forme au point de vue de l’armée d’abord, deviennent par la suite d’excellents professeurs civils, des pom
piers d’une hardiesse, proverbiale, quelquefois aussi, ne craignons pas de le dire, des acrobates dont les exercices vertigineux font tressaillir d’effroi les beautés qui les dévorent des yeux. P. L.
Bapteme des cloches de Péglise Saint-Joseph
Le 18 mars dernier a eu lieu la cérémonie du baptême des cloches de la nouvelle église Saint- Joseph.
Cette église, située rue Saint-Maur, a été commencée en 1867, d’après les dessins et sous la direc
tion de M. Ballu, le savant architecte à qui l’on doit la Trinité, Saint-Ambroise et nombre de beaux monu
ments. Au moment de la guerre, les travaux, déjà fort avancés, avaient dû être interrompus, et ils n’avaient été repris qu’après la Commune. L’église Saint-Joseph, qui a été livrée au culte il y a quelques mois seulement, est un fort bel édifice du style roman le plus pur.
Pour la solennité du 18 mars, l’intérieur en avait été décoré, avec beaucoup de goût, de plantes vertes et de fleurs.
Les quatre cloches, chargées de rubans, étaient, suspendues à un échafaudage recouvert de velours
rouge frangé d’or. L’église était comble. Il y avait là toutes les notabilités du monde industriel et commer
cial du quartier, et nombre de personnes appartenant à l’administration et au monde officiel.
Mme de Mac-Mahon est arrivée un peu avant deux heures, accompagnée de son fils, de Mlle de Chaumont-Qnitry et de quelques autres personnes de sa famille. Peu après est survenu Mgr Guibert, cardinalarchevêque de Paris, suivi de ses vicaires-généraux. Comme Mme de Mac-Mahon, il a été reçu à la porte de l’église par M. l’abbé Sibon, curé de la paroisse, entouré de S a clergé et des membres de la fabrique.
Le cortr.v e s’t st aussitôt rendu jusqu’au chœur, et cérémonie du imptéme a commencé.-.Mgr l arche
vêque Guibert a béa* des floches, et fait à chacune d’elles, à l’intérieurœOà r.-.Mc.-icur, mm onction avec le Saint-Chrême. Pus il a étendu la main et dit : « Je te bénis et souhai y-.pie pendant de longues aimée.! la voix sonore appelle les fidèles pour chanter les louanges de Dieu et pour le repos de l’âme des trépassés. Ainsi soit-il ! »
C’est M. Emmanuel de Mac-Malwn, fils du président de la République, et M ° de Chaumont-Quilry, qui ont été le parrain et la marraine de la grosse cloche. Les trois autres ont été tenues sur les fonts baptismaux : la première, par M. Delpire, ancien maire du XP arrondissement., et Mmo Delpire; la deuxième par M. de Brissac et. Mm“ Haslauer ; la troisième par M. et Mm“-de Margerie.
La.chronique raconte que parrains et marraines ont fait à la nouvelle église des dons princiers. Mme de Mac-Mahon a offert à M. Sibon un ornement de drap
d’or qui sera étrenné le dimanche de Pâques; M. et Mme Delpire, un autre ornement en moire blanche brodée d’argent ; Mm8 Haslauer, un dais de moire blanche Rangée d’argent ; M. de Brissac, un orne
ment or et argent de grande valeur ; Mme de Margerie,
une lampe en bronze doré ; et M. de Margerie, un ornement d’église en satin, avec broderies moyen âge.
Après le baplême, Mgr Guibert est monté au maîtreautel et a donné à l’assistance la bénédiction du Saint- Sacrement. Puisie prélat et les parrains et marraines sa sont rendus dans la chapelle des catéchismes pour signer sur le registre des baptêmes. La cérémonie était terminée.
Sénégal s le combat de Boumdou
Depuis nos revers de 1870, un marabout, jouissant d’une grande influence au Sénégal, A.madou-Sékou, prêchait une croisade contre la France et attisait contre elle le fanatisme des indigènes. Son but était « l’extermination des blancs », à commencer par la garnison française de la colonie, qu’il comptait pou
voir écraser sous le nombre, malgré la supériorité de son armement.
Ces prédications avaient porté leur fruit ; un grand nombre d’adeptes s’étaient groupés autour du mara
bout, qui en avait fait d’audacieux soldats, à la tète desquels il désolait le Qayor qui, par suite, devenant désert, n’offrait plus dé productions pour alimenter nos transactions.
Un tel état de choses, si compromettant pour notre prestige, ne pouvait se prolonger sans danger, Aussi
prit-on la résolution d’agir vigoureusement cont marabout, et, le 4 février, une colonne forte de
hommes d’infanterie, 65 spahis sénégalais et 2 pif de montagne quittait Saint-Louis, sous le comman ment du lieutenant-colonel Bégin, ralliait bin l’armée alliée de Lat-Dior, et, dans la nuit du
11, campait à Pété, village situé à 11 kilomètres nord de Coki. C’est sur ce point qu’Amadou-Sé s’était établi depuis longtemps, et il l’occupait avec toutes ses troupes.
Le 11 au matin, la colonne, éclairée par sa c lerie, se mit en marche pour Coki, l’armée de
Dior flanquant la queue de la colonne à gauche, s’avançait sur un terrain couvert; débroussaillés
que la cavalerie signala l’ennemi. On se forme an tôt en carré et le combat s’engage. Les troupes
nombreuses d’Amadou-Sékou gagnent du terr, dessinent un mouvement tournant, qu’elles parvi nent à exécuter, malgré le feu terrible des chasse; et des canons, et engage une vive fusillade avec, gens de Lat-Dior, placés sur les derrières de la
lonne, et qu’elles menacent de rejeter sur elle, ce eût pu avoir les conséquences les plus graves.
En cette extrémité un mouvement offensif pouv seul nous dégager. En conséquence, le colonel
sonner la charge, et aussitôt les spahis et les tira
leurs sénégalais, entraînant avec eux les disci pi naires, s’élancent à travers les broussailles. C’est en
double charge que représente nos deux dessins, fai sur des croquis envoyés à Y Illustration par son co respondant, qui a assisté au combat.
L’effet de cette charge fut irrésistible. Les treup du marabout, attaquées à la baïonnette ou sabréi ne tardèrent pas à tourner les talons, n’offrant pi
qu’une proie facile aux gens de Lat-Üio , qui
mirent à leur poursuite sur la roule de Dj .lo!, et coi sommèrent leur défaite.
La victoire était complète. La question grosse d menaces de la domination du marabout dans le Cayr était vidée en trois quarts d’heure. Amadou-Séko était tué, et son armée anéantie. Mais ce résultat im portant n’avait pas été obtenu sans pertes sensible.1 Nous comptions en effet 88 hommes blessés dont
officiers, et 14 hommes tués dont 1 officier. Ma
l’audace inaccoutumée de l’attaque, le courage op; niâtre déployé par les troupes du marabout sous
Il y a environ quinze mois, le gouvei brésilien posait à la Compagnie des forges et cbaifhers de
la Méditerranée le problème de construire deux ff nitors de première puissance sous le rapppft du blin
dage et de l’armement, mais d’un tirant èau assez faible pour leur permettre de naviguer à la vitèsse ’
dix nœuds, soit dix-huit à dix-neuf kilomètres a l’heure
Le délai de livraison assigné aux constructeurs était assez court, surtout si l’on lient compte des nom
breuses études que nécessitait la création d’un type complètement nouveau; la Compagnie des Forges et Chantiers de la Méditerranée devait livrer le premier monitor en seize mois et le second en dix-huit. Cependant ce délai, déjà si réduit, ne devait pas être at
teint. A peine, en effet, les travaux étaient-ils com
mencés que le gouvernement brésilien demandait aux constructeurs de faire tous leurs efforts pour de
vancer la date de livraison. Confiante dans l’habileté de ses ingénieurs et la puissance de son outillage, la Compagnie se mit résolument à l’œuvre, et, douze mois après, les chantiers de la Seyne, près de Tou
lon, terminaient le monitor Solimôes, et ceux du Havre achevaient en quatorze mois le Javary, son frère ju
meau. Les constructeurs avaient ainsi devancé de quatre mois la date fixée pour la livraison de chaque monitor.
Constatons en passant que si les chantiers de la Seyne sont depuis longtemps en activité, ceux de Graville, près du Havre, ont à peine deux ans d’existence. Fondés
sur uu terrain en contre-bas de la mer, il a fallu tout d’abord remblayer, consolider les terres rapportées,
et enfin, qu’on nous permette cette expression, le meubler des nombreux et vastes bâtiments, ateliers, forges,, magasins, cales, etc., nécessaires à un pareil établissement.
Le mercredi, 10 mars, avaient lieu les essais définitifs et officiels du Javary, et, pour marquer ce que la Compagnie des Forges et Chantiers considère avec raison comme un triomphe de l’énergie et de l’acti
vité de ses ingénieurs, M. Armand Bébic, président,
G. DE CHERVILLE. ( La suite prochainement. )
NOS GRAVURES
Le matin
Rien n’est bon, le malin, après une nuit de repos, — et, mieux encore, après les longues heures d’insomnie, — rien n’est sain et reposant comme d’ou
vrir à l’air frais du jour qui se lève la fenêtre close jusque-là. Les bouffées de vent entrent dans la poitrine en même temps que les rayons de soleil éclai
rent les yeux et réchauffent la joue. C’est alors vraiment qu’on se sent vivre. Le matin, c’est l’inconnu,
c’est l’espérance, une journée nouvelle, des bonheurs nouveaux !
Comme elle est charmante, la brune soubrette qui écarte, de ses jolies mains de reine, les volets de la fenêtre ! Elle lève la tête, curieuse, et interroge le ciel. Le ciel est bleu. Il fera beau. Le soleil caresse les antiques sculptures du logis ou de la villa, car c’est à Rome, ou dans les environs, sans nul doute, que se passe cette scène, quoique le costume de la jeune fdle n’accuse ni une nation ni une époque. M. Recker a élégamment transporté sur la toile cette
vision matinale : une jeune fdle et un matin, — deux aurores. Il y a là comme la trace du pinceau d’un Compte-Calix, avec plus de vigueur dans la couleur, plus de solidité, plus de force et autant de grâce.
Ouvrez votre fenêtre, la bLdle enfant, le ciel est doux, comme vos yeux sont purs, un vrai ciel d’Italie,
et les oiseaux chantent le beau matin de mai comme vos lèvres doivent, tout bas, chanter l’amour !
J. C.
L’École normale de gymnastique de
Nous n’aurors pas la prétention d’apprendre aux lecteurs de l’i (ration quelle eslT au point de me militaire, l’.ïnp .. tance de la gymnasthp.. et de l es
crime; mais ce que beaucoup d’entre eux ignorent peut être, c’est ; existe tout près de Paris, aux environs des deux redoutes de la Faisanderie et de Gravelle, sur le territoire de Joinville-le-Pont, une école normale militaire de gymnastique, dont les élèves exécutent des prodiges de force et d’adresse à faire envie aux plus renommés des acrobates de cirque.
Cet établissement a été fondé par un décret du 2 mai 1852, le maréchal de Saint-Arnaud étant ministre de la guerre. Il a peur but de former des pro
fesseurs de gymnastique et d’escrime devant en
seigner cet art dans les corps de troupe. Pour la gymnastique, chaque régiment ou bataillon de toutes
armes, la cavalerie exceptée, envoie un sous-officier ou caporal, celui que des exercices préliminaires ont fait reconnaître comme le plus agile, le plus adroit, le mieux préparé par conséquent à profiter de l’ensei
gnement donné. Pour l’escrime, tous les corps sans exception doivent diriger sur l’école deux ou trois élèves; enfin trente officiers, choisis à tour de rôle dans les corps d’infanterie, sont tenus de suivre les cours. De son côté, la marine, pour ses troupes de mer comme pour son infanterie, compte également un certain nombre d’élèves à l’école de gymnastique. Tel est le personnel enseigné. Le personnel ensei
gnant se compose de quatre ou cinq officiers et d’un certain nombre de sous-officiers professeurs, répéti
teurs et moniteurs. Le matériel, modeste à l’origine, est devenu des plus complets.
Les exercices auxquels son.t soumis les élèves pendant les cours, dont ta durée est de six mois, sont tout d’abord ceux que la plupart d’entre nous ont suivi dans les lycées : exercices de marche et de
course, de sauts en hauteur et en longueur, ascension le long de mâts, d’échelles de cordes, etc.; puis viennent les manœuvres et les exercices qui ont plus particulièrement en vue l’objectif militaire : traversée des fossés, escalade des murs et des talus, courses avec fourniment complet, ouverture de tranchées sous le feu de l’ennemi, etc.
Quant à l’escrime, elle comprend toutes les ressources de cet art, non-seulement pour l’épée, le
sabre ou la baïonnette, mais aussi pour la boxe, la savate, la lutte corps à corps, etc. A la fin de chaque cours, des médailles sont distribuées aux plus méri
tants des élèves, et tous, devenus des professeurs,
rentrent à leur corps respectif pour enseigner a leurs camarades ce qq’j s ont appris gymnastique.
Cette institution est peu bruyante sans doute, mais elle est éminemment utile, caries instructeurs qu’elle forme au point de vue de l’armée d’abord, deviennent par la suite d’excellents professeurs civils, des pom
piers d’une hardiesse, proverbiale, quelquefois aussi, ne craignons pas de le dire, des acrobates dont les exercices vertigineux font tressaillir d’effroi les beautés qui les dévorent des yeux. P. L.
Bapteme des cloches de Péglise Saint-Joseph
Le 18 mars dernier a eu lieu la cérémonie du baptême des cloches de la nouvelle église Saint- Joseph.
Cette église, située rue Saint-Maur, a été commencée en 1867, d’après les dessins et sous la direc
tion de M. Ballu, le savant architecte à qui l’on doit la Trinité, Saint-Ambroise et nombre de beaux monu
ments. Au moment de la guerre, les travaux, déjà fort avancés, avaient dû être interrompus, et ils n’avaient été repris qu’après la Commune. L’église Saint-Joseph, qui a été livrée au culte il y a quelques mois seulement, est un fort bel édifice du style roman le plus pur.
Pour la solennité du 18 mars, l’intérieur en avait été décoré, avec beaucoup de goût, de plantes vertes et de fleurs.
Les quatre cloches, chargées de rubans, étaient, suspendues à un échafaudage recouvert de velours
rouge frangé d’or. L’église était comble. Il y avait là toutes les notabilités du monde industriel et commer
cial du quartier, et nombre de personnes appartenant à l’administration et au monde officiel.
Mme de Mac-Mahon est arrivée un peu avant deux heures, accompagnée de son fils, de Mlle de Chaumont-Qnitry et de quelques autres personnes de sa famille. Peu après est survenu Mgr Guibert, cardinalarchevêque de Paris, suivi de ses vicaires-généraux. Comme Mme de Mac-Mahon, il a été reçu à la porte de l’église par M. l’abbé Sibon, curé de la paroisse, entouré de S a clergé et des membres de la fabrique.
Le cortr.v e s’t st aussitôt rendu jusqu’au chœur, et cérémonie du imptéme a commencé.-.Mgr l arche
vêque Guibert a béa* des floches, et fait à chacune d’elles, à l’intérieurœOà r.-.Mc.-icur, mm onction avec le Saint-Chrême. Pus il a étendu la main et dit : « Je te bénis et souhai y-.pie pendant de longues aimée.! la voix sonore appelle les fidèles pour chanter les louanges de Dieu et pour le repos de l’âme des trépassés. Ainsi soit-il ! »
C’est M. Emmanuel de Mac-Malwn, fils du président de la République, et M ° de Chaumont-Quilry, qui ont été le parrain et la marraine de la grosse cloche. Les trois autres ont été tenues sur les fonts baptismaux : la première, par M. Delpire, ancien maire du XP arrondissement., et Mmo Delpire; la deuxième par M. de Brissac et. Mm“ Haslauer ; la troisième par M. et Mm“-de Margerie.
La.chronique raconte que parrains et marraines ont fait à la nouvelle église des dons princiers. Mme de Mac-Mahon a offert à M. Sibon un ornement de drap
d’or qui sera étrenné le dimanche de Pâques; M. et Mme Delpire, un autre ornement en moire blanche brodée d’argent ; Mm8 Haslauer, un dais de moire blanche Rangée d’argent ; M. de Brissac, un orne
ment or et argent de grande valeur ; Mme de Margerie,
une lampe en bronze doré ; et M. de Margerie, un ornement d’église en satin, avec broderies moyen âge.
Après le baplême, Mgr Guibert est monté au maîtreautel et a donné à l’assistance la bénédiction du Saint- Sacrement. Puisie prélat et les parrains et marraines sa sont rendus dans la chapelle des catéchismes pour signer sur le registre des baptêmes. La cérémonie était terminée.
Sénégal s le combat de Boumdou
Depuis nos revers de 1870, un marabout, jouissant d’une grande influence au Sénégal, A.madou-Sékou, prêchait une croisade contre la France et attisait contre elle le fanatisme des indigènes. Son but était « l’extermination des blancs », à commencer par la garnison française de la colonie, qu’il comptait pou
voir écraser sous le nombre, malgré la supériorité de son armement.
Ces prédications avaient porté leur fruit ; un grand nombre d’adeptes s’étaient groupés autour du mara
bout, qui en avait fait d’audacieux soldats, à la tète desquels il désolait le Qayor qui, par suite, devenant désert, n’offrait plus dé productions pour alimenter nos transactions.
Un tel état de choses, si compromettant pour notre prestige, ne pouvait se prolonger sans danger, Aussi
prit-on la résolution d’agir vigoureusement cont marabout, et, le 4 février, une colonne forte de
hommes d’infanterie, 65 spahis sénégalais et 2 pif de montagne quittait Saint-Louis, sous le comman ment du lieutenant-colonel Bégin, ralliait bin l’armée alliée de Lat-Dior, et, dans la nuit du
11, campait à Pété, village situé à 11 kilomètres nord de Coki. C’est sur ce point qu’Amadou-Sé s’était établi depuis longtemps, et il l’occupait avec toutes ses troupes.
Le 11 au matin, la colonne, éclairée par sa c lerie, se mit en marche pour Coki, l’armée de
Dior flanquant la queue de la colonne à gauche, s’avançait sur un terrain couvert; débroussaillés
que la cavalerie signala l’ennemi. On se forme an tôt en carré et le combat s’engage. Les troupes
nombreuses d’Amadou-Sékou gagnent du terr, dessinent un mouvement tournant, qu’elles parvi nent à exécuter, malgré le feu terrible des chasse; et des canons, et engage une vive fusillade avec, gens de Lat-Dior, placés sur les derrières de la
lonne, et qu’elles menacent de rejeter sur elle, ce eût pu avoir les conséquences les plus graves.
En cette extrémité un mouvement offensif pouv seul nous dégager. En conséquence, le colonel
sonner la charge, et aussitôt les spahis et les tira
leurs sénégalais, entraînant avec eux les disci pi naires, s’élancent à travers les broussailles. C’est en
double charge que représente nos deux dessins, fai sur des croquis envoyés à Y Illustration par son co respondant, qui a assisté au combat.
L’effet de cette charge fut irrésistible. Les treup du marabout, attaquées à la baïonnette ou sabréi ne tardèrent pas à tourner les talons, n’offrant pi
qu’une proie facile aux gens de Lat-Üio , qui
mirent à leur poursuite sur la roule de Dj .lo!, et coi sommèrent leur défaite.
La victoire était complète. La question grosse d menaces de la domination du marabout dans le Cayr était vidée en trois quarts d’heure. Amadou-Séko était tué, et son armée anéantie. Mais ce résultat im portant n’avait pas été obtenu sans pertes sensible.1 Nous comptions en effet 88 hommes blessés dont
officiers, et 14 hommes tués dont 1 officier. Ma
l’audace inaccoutumée de l’attaque, le courage op; niâtre déployé par les troupes du marabout sous
Il y a environ quinze mois, le gouvei brésilien posait à la Compagnie des forges et cbaifhers de
la Méditerranée le problème de construire deux ff nitors de première puissance sous le rapppft du blin
dage et de l’armement, mais d’un tirant èau assez faible pour leur permettre de naviguer à la vitèsse ’
dix nœuds, soit dix-huit à dix-neuf kilomètres a l’heure
Le délai de livraison assigné aux constructeurs était assez court, surtout si l’on lient compte des nom
breuses études que nécessitait la création d’un type complètement nouveau; la Compagnie des Forges et Chantiers de la Méditerranée devait livrer le premier monitor en seize mois et le second en dix-huit. Cependant ce délai, déjà si réduit, ne devait pas être at
teint. A peine, en effet, les travaux étaient-ils com
mencés que le gouvernement brésilien demandait aux constructeurs de faire tous leurs efforts pour de
vancer la date de livraison. Confiante dans l’habileté de ses ingénieurs et la puissance de son outillage, la Compagnie se mit résolument à l’œuvre, et, douze mois après, les chantiers de la Seyne, près de Tou
lon, terminaient le monitor Solimôes, et ceux du Havre achevaient en quatorze mois le Javary, son frère ju
meau. Les constructeurs avaient ainsi devancé de quatre mois la date fixée pour la livraison de chaque monitor.
Constatons en passant que si les chantiers de la Seyne sont depuis longtemps en activité, ceux de Graville, près du Havre, ont à peine deux ans d’existence. Fondés
sur uu terrain en contre-bas de la mer, il a fallu tout d’abord remblayer, consolider les terres rapportées,
et enfin, qu’on nous permette cette expression, le meubler des nombreux et vastes bâtiments, ateliers, forges,, magasins, cales, etc., nécessaires à un pareil établissement.
Le mercredi, 10 mars, avaient lieu les essais définitifs et officiels du Javary, et, pour marquer ce que la Compagnie des Forges et Chantiers considère avec raison comme un triomphe de l’énergie et de l’acti
vité de ses ingénieurs, M. Armand Bébic, président,