M. Gaston Tjssandier.
D’après la photographie de M. Berihauld.
des expériences était terminée et les aéronautes se sentaient tout joyeux.
Sivel jette du lest, et l’on monte encore, en respirant de l’oxygène, qui produit un effet excellent.
A une heure vingt minutes, on atteint 7000 mètres.
« Sivel et Crocé sont pâles, et je me sens faible, écrit M. Tissandier. Je respire de l’oxygène, qui me ranime un peu. Nous montons encore. Sivel se tourne vers moi et me dit : « Nous » avons beaucoup de lest, faut-il en » jeter ? » Je lui réponds : « Faites ce » que vous voudrez. » Il se tourne vers Crocé et lui fait la même question. Crocé baisse la tête avec signe d’affirmation très-énergique. »
Il y avait dans la nacelle au moins cinq sacs de lest ; il y en avait quatre au moins pendant au dehors par des cordelettes. Sivel saisit son couteau et coupe successivement trois cordes. Les trois sacs se vident et nous montons rapidement.
Je me sens tout à coup si faible que
NOS GRAVURES
La catastrophe du « Zénith »
Nos lecteurs connaissent déjà ce douloureux événement, et savent que deux aéronautes vien
nent de mourir victimes de leur passion pour la science.
L’Illustration a voulu reproduire par le dessin les divers incidents de ce drame, terrible.
Essayons aussi de nous rendre compte des causes qui ont amené la catastrophe.
La plupart des journaux continuent de dire qu’elle est^ due à l’asphyxie des poumons par le manque d’air respirable en ces grandes hau
teurs; mais un examen attentif des faits montre qu’elle est due à une toute autre cause : à l’apo
plexie, à la congestion des tissus sous l’influence de la pression intérieure des gaz et du sang, par le défaut d’équilibre avec la pression atmosphérique ambiante, laquelle diminue dans des pro
portions dont on ne paraît pas avoir jusqu’ici suffisamment compris la gravité.
Mais avant de chercher une explication à ces faits si douloureux, résumons d’abord ces faits eux-mêmes.
On se souvient des termes de la première dépêche de M. Tissandier :
« Avons dépassé, après une heure, l’altitude de 8000 mètres, et sommes tombés dans un état d’anéantissement complet. » Soleil très-chaud.
» Je me suis réveillé un moment, et j’ai vu que ballon descendait, que Crocé jetait aspira
teur ; puis, je me suis évanoui encore, et à trois heures j’ai ouvert les yeux à 6000 mètres.
» Sivel et Crocé avaient la figure noire, la bouche pleine de sang. Ils étaient morts.
» Descente a eu lieu à quatre heures, à Ciron (Indre). Je suppose que dans une deuxième as
cension nous avons atteint une altitude encore plus considérable. »
L’ascension a duré quatre heures : de midi à quatre heures. Nous pouvons en deviner les détails par le récit que_M. Tissandier a pu en don
ner lui-même, quoique son évanouissement ait duré deux heures entières. Essayons d’accor
der ensemble les émouvantes péripéties de ce voyage.
Parti à midi de l’usine à gaz de La Villette, par un magnifique soleil, l’aérostat atteignit vers une heure l’altitude de 5000 mètres. Une partie
M, Crocé-Spinelli.
D’après la photographie de M. Pierre Petit.
M. Sivel.
D’après la photographie de M. Nadar.
Ferme de la Margauderie ou a été recueilli M. Tissandier après l’accident.