par un beau temps de mai. De blanc vêtue, coiffée de blanc, de blanc chaussée, la fillette au fin corsage, le sourire aux lèvres et la fleur aux cheveux, s’appuie sur le bras d’un galant qui n’est pas précisément un barbon, mais qui pourrait tout aussi bien être un précepteur ou un oncle. Lui aussi s’est planté au cha
peau des marguerites blanches, il a mis habit bas et il porte dans sa main droite un énorme bouquet — presque une brassée— de fleurettes, de ces folles et jolies fleurettes qui poussent au hasard, parles bois, sans autres jardiniers que le printemps et le soleil. Et
ii tend le mollet, il sourit, il fait l’aimable sous le grand parasol qui protège ces deux visages, l’un de jeune femme et l’autre de mari déjà marqué, comme on d.sait au théâtre.
Cependant, le bois sourit, verdit, fleurit et les fleurs de mai regardent passer par l’étroit sentier ce couple heureux et tout embaumé où lui s’abandonne tout entier à la joie tandis quelle rêve. A quoi ? Les fleurs de mai le savent à coup sûr.
Au loin le ciel est bleu, le tronc blanc d’un bouleau se détache, comme une colonne argentée, sur ce coin d’azur, et les marguerites piquent gaiement l’herbe verte — ces marguerites qu’elle effeuillera, pétale à pétale, en leur adressant d’indiscrètes questions.
Ce qui est certain, c’est que le tableau est joli, frais, élégant, et qu’il fuit honneur au pinceau de M. Pallières. J. C.
Les fêtes de Blois
Tous les dix ans un concours agricole a lieu dans le département de Loir-et-Cher. Cette année là municipalité de Blois a su provoquer une décision ministérielle qui a transformé ce concours en une expo
sition générale de l’agriculture, de l’industrie et des beaux-arts. C’était réaliser le vœu si souvent exprimé par les populations environnantes.
Toute provinciale qu’elle soit, cette exposition n’en excitera pas moins un vif intérêt dans le monde de l’agriculture, des sciences et des arts, car elle répond à de légitimes aspirations locales qui, depuis longtemps, avaient hâte de se produire. Jamais on n’ima
gina un tel concours, une si grande profusion de choses, un pareil déploiement d’activité de la part des exposants. De part et d’autre, l’empressement a été tel qu’il a dépassé de beaucoup les prévisions des inspirateurs d’une si louable entreprise. Quant à nous, nous en avons été surpris et charmé. Toutefois, comme il est impossible, en s’en tenant au cadre restreint d un article, d’entrer dans les détails que com
porterait un examen consciencieux et approfondi de l’exposition tout entière, nous nous bornerons à signaler les divers concours établis à Blois en in
sistant sur ceux qui, selon nous, offrent le plus d’attrait, l’exposition des beaux-arts et celle de l’industrie.
Le concours régional proprement dit comprend de bonnes et utiles productions provenant pour la plu
part de Loir-et-Cher et des départements voisins. Situé sur la place de la République, dans la partie haute de la ville, entre le palais de justice et la halle aux blés, il se trouve circonscrit dans un espace suffisamment spacieux que ceint une rangée de cages symétriquement disposées et contenant les types les plus accomplis des races bovine, porcine et galline. Dans le milieu s’élève un pavillon rustique d’une vé
ritable élégance et portant cette enseigne indicative:
Forêts. On y trouve des échantillons de bois de toute sorte et de provenance locale, tels que les résineux de la Sologne, pins maritimes, pins sylvestres, chênes rouvres. L’un de ceux-ci, âgé de cent vingt années, montre un fut de 7 mètres de hauteur sur 4m50 de circonférence !
Nous y avons également remarqué des échantillons de bois atteints de maladies dites pourriture blanche, rouge, noire, loupe, etc., et la collection si intéres
sante de la célèbre école des Barres, qui comprend les plus curieuses variétés des graines de France, de Corse, d’Algérie et de la Guyane. Mais c’est, sur le germinaleur à gaz que nous appelons surtout l’attention des agronomes. Ce curieux et précieux instru
ment a pour but de vérifier les qualités germinatives des graines livrées à l administration des forêts. Quel
ques résultats acquis y sont joints, tels que l’épicéa,
le pin sylvestre, revenus sur des couches de flanelle. Mentionnons encore le chêne coupé suivant l échan
tillonnage de Paris et replacé sous écorce, la fente des bois les plus durs opérée avec un tel art que les parties d’un tronc ainsi dépecé s’emboitent les unes dans les autres tout comme les pièces d’un jeu de patience. Parmi les ouvriers employés à cet ouvrage, l’un d’eux, Jaumié, est arrivé à une vraie célébrité.
Cette manière de fendre le bois est destinée à rendre de nombreux services à l’industrie.
Quant à l’exposition spéciale des machines agricoles, elle a été installée derrière la caserne, sur le vaste hamp de manœuvres. On y trouve quantité de batteuses, moissonneuses, faucheuses et charrues vignerones dont l’usage est devenu très-général dans le pays. Une bonne note aux machines à vapeur de M. liikkers, de Saint-Denis, à cause de leur simpli
cité et du peu de place qu’elles occupent. L’industrie locale jwest représentée par les pressoirs et pompes de M. Samain, d’une grande utilité pour les agriculteurs et vignerons.
Mais passons à l’exposition des beaux-arts :
Elle a été organisée au château de Blois dans la grande salle des fêt. s, dont nous reproduisons ici le dessin. Cette salle qui, il y a deux mois encore, était composée de trois étages superposés ayant servi de casernement sous l’empire, a été complètement res
taurée pour la circonstance par M. de la Morandière,
dans le style architectural de Mansard, qui est celui de la partie la plus récente du château dite palais de Gaston d’Orléans. Celle-ci fait face, comme on sait, à la partie Louis XII et se joint à celle de François Ier.
M. de la Morandière a su, en un laps de temps relativement court, remettre en état la salle tel que le plan même de Mansard, resté inachevé, avait paru l’indiquer. Mais de quelle heureuse initiative M. l’ar
chitecte du château de Blois n’a-t-il pas fait preuve
en celte occurrence, puisqu’il ne possédait d’autre indication que la charpente même de l’édifice, absolu
ment dépourvue de toute espèce d’ornementation? Tout en conservant le style si pur, si élégant du maître, il a su revêtir le plafond et la galerie circulaire des décorations qui leur étaient propres, donner à la salle le caractère architectural qui lui convenait. De plus il s’en est tenu à une sobriété de reliefs à la
quelle nous ne saurions trop applaudir et qui dénote un sens délicat des choses de l’art. Aussi en est-il ré
sulté, dans l’ordonnance générale, une légèreté, une simplicité qui flattent le regard et vous laissent com
plètement sous le charme. Lorsque le temps aura mis son vernis à cette construction nouvelle, il deviendra malaisé, croyons-nous, de la distinguer de l’ensemble, d’autant que l’escalier provisoirement édifié en bois qui y conduit sera exécuté conformément au plan que Mansard lui même en a laissé.
Nous ne pouvons que mentionner les principales œuvres picturales qui par leur caractère d’authenti
cité s’offrent tout naturellement à l’admiration des visiteurs. Notons d’abord quatre Ribéra, puis deux beaux portraits de Philippe de Champaigne, dont l’un est celui du cardinal de Berulle, qui nous ont plu. Mais nous avons réservé notre admiration pour une tète de jeune fille, de Greuze, d’un charme exquis, d’une grâce incomparable, et pour une Sainte-Cécile, du Do
miniquin, d’une tonalité superbe. Nous devons citer également une des meilleures toiles deLuca Giordano, l Enlèvement des Sabines, un portrait équestre de Napoléon F , de Géricault, des plus remarquables, un Christ tombant sous la croix, du vieux Lucas de Leyde, enfin plusieurs portraits de nos anciens maîtres français Clouet et Janet. Nous en passons et des meilleurs.
Quant aux vieux meubles, bronzes, porcelaines, émaux, bas-reliefs, sèvres, saxe, armures de toutes sortes, la salle en est comble. Les envois de M. Desmottes, de Lille, ceux deM. de Forville, sont merveil
leux. Une vitrine spéciale a été consacrée à l’argen
terie des rois de Pologne, appartenant à M. le comte Braniki de Montrésor.
Comme il ne nous reste que quelques lignes à consacrer à l’exposition de l’industrie organisée à la halle aux blés, nous en ferons seulement connaître le ca
ractère général. Elle a eu surtout pour but de donner l’occasion aux industries locales de se produire et d’engager ainsi la concurrence avec les grandes industries artistiques parisiennes qui y avaient été con
viées. La céramique en constitue l’élément dominant: les faïences bien connues de Deck et de Parvillée riva
lisent avec celles d’Ulysse de Blois, qui commence à jouir d’une notoriété quasi sans égale dans le genre.
Les productions remarquables de Chopin, de Paris, et des fabriques de Nevers, peuvent être avantageuse
ment, opposées à celles de Gien, car les sujets, au lieu d’être imprimés, en sont exécutés à la main par de véritables artistes.
Parmi les vitraux, ceux des Fournier et Clément, de Tours, de Lorain, de Chartres, et de Chabin, de Paris, occupent le premier rang; ces derniers nous ont paru tiors ligne ; divers médaillons de style antique nous ont ravi. Adressons en terminant nos félicitations sincères à M. Arnaud Tizon, l’habile or
ganisateur de cette exposition vraiment exceptionnelle pour une ville de province.
Camille Guymon.
Inauguration de la statue de Berryer à Marseïile
C’est le 25 du mois dernier qu’a eu lieu cette inauguration sur la place du palais de justice.
A deux heures, au son des clairons et des tambours, à travers une haie de pompiers, arrivaient les
autorités qui prirent place sur une estrade élevée à la droite du monument, comme on le voit, dans notre dessin. Au premier rang se trouvaient MM. le général Espivent, commandant le quinzième corps d’armée, l’évêque de Marseille, le président du tribunal de pre
mière instance, et Tournaire, premier adjoint. Derlière les autorités on remarquait MM. de Larcy, ancien ministre, qui fut l’ami intime de Berryer, de La Roehefoucauld-Bisaccia, Boyer, Tarteron, de Rodez- Bénavent, députés, les autres adjoints au maire, e
Gaston de Flotte, vice-président du comité de souscription. Des notabilités de tous genres et. de nom
breux représentants de la presse occupaient les places réservées.
Lorsque tout le morde eut pris place, M. Tournaire découvrit la belle statue de Barre, représentant Berryer à ia tribune dans la pose légendaire qu on lui connaît, la main droite passée dans l’habit^ bou
tonné sur la poitrine et la main gauche appuyée sur la tribune. Sur le piédestal, exécuté sur le dessin de M. Leiz, architecte du département, se lisent ces seuls mots : « A Berryer. »
M. Tournaire, après avoir découvert la statue, étant remonté sur l’estrade, prononça le discours éloquent
dont nous avons cité, dans notre dernière Histoire de la semaine, une phrase qui le résume. Puis 1V1M. Gas
ton de Flotte et de Larcy prirent successivement la parole et furent comme lui fort applaudis.
Dans l’intervalle jouaient alternalivemeni la musique du 58e de ligne et celle des pompiers. A trois heures et demie tout était terminé.
Le paysage au Salon
Le paysage est une des formes où Part moderne s’est montré le plus nouveau, et où apparaît avec le plus d’évidence l’originalité de nos peintres contemporains : dès la première visite au Salon, on re
marque nombre de toiles qui se distinguent par la vérité de l’observation, par la précision du rendu, par la variété de l’imagination, et surtout par un amour sincère et ému de la nature.
Parmi tant de toiles charmantes, nous avons choisi celles qui nous ont paru les plus intéressantes, soit par leur sujet, soit par le nom de leurs auteurs, et nous les avons réunies en une seule page; groupées ainsi, elles ne pourront que se faire valoir les unes les autres et donneront à nos lecteurs une idée de la place plus qu’honorable occupée par nos paysagistes à l’Exposition de cette année. Notre collaborateur,
M. Francion, devant se trouver tout naturellement amené à décrire et à apprécier la plupart de ces ta
bleaux dans sa revue du Salon, nous nous bornons pour aujourd’hui à indiquer le sujet de chacun d’eux, conformément aux indications du livret officiel.
1986. Watelin, Moulina Gamaches. — 293. Brest, Village de Beïcos. — 123. Beauverie, La Saulée,
après midi. — 984. Guiaud, Calvaire de Tronoan (Finistère). — 1235. Lapostolet, Rouen, vu de la pointe de File Rollet. — 2002. Wyld, A Venise. — 1016. Harpignies, les Chênes de Cliateau-Renard. — 170. Bernier, Automne. — 638. Delpy, le Boulevard Rochechouart. — Roux, Vue prise en Bretagne. —
1081. Imer, Bords de la Cteuse. — 1939. Vernier, un bateau de Cancaie. — 2703. M1”8 N. de Roths
child, une vue de Salies-de-Béarn. — Véron, Soleil couchant. — 1226. Lansyer, l Anse de Plomac’h
(Finistère). — 2008. Yon, un bras de la Seine aux environs de Montereau. — 1673. Porcher, bateaux de pêche rentrant au port de Mon finir. — Catheli
neau, Chiens. — 572. K. Daubigny, la vallée de Poi t- ville. — 1606. Pelouze, A Vasomj, près de llonfleur. — 1976, Vuagnat, le Gué. — 1695. Qnost, Fleurs et Bibelots.
Les fêtes d’Arles
C’est à l’occasion de l’inauguration du nouveau pont métallique qui relie les deux rives du Rhône,
sur la route d’Arles à Nîmes, qu’ont eu lieu les fêtes splendides des 24, 25, 26 et 27 avril. Samedi, à deux heures, bénédiction et inauguration du pont par les autorités civiles, militaires et religieuses de la ville.
L’archevêque d’Aix bénit le pont; puis le maire d’Arles et le sous-préfet prononcèrent chacun un discours.
A quatre heures de l’après-midi arrivée des tau
reaux, cinquante magnifiques taureaux venant de la