qu’ils éditèrent en la signant de leur raison sociale, destinée à devenir célèbre, ce fut, si je ne me trompe, un petit acte de M. Charles Narrey. D’autres pièces suivirent, puis des ro
mans, puis des livres d’histoire.
La Collection Michel Lévy s’enrichit peu à peu des œuvres de Lamartine, de George Sand, de Mérimée ; les Scènes de la Vie de Bohème de Mürger rapportèrent aux éditeurs des sommes considérables, puis, peu à peu, au
tour des premiers noms, tout ce qui compte dans la littérature contemporaine vint se grouper chez Michel Lévy, et leur cata
logue voit figurer Yillemain, Gui
zot, Renan, Sandeau, Pontmartin, J. Autran, Dumas fds, Feuil
let, Janin, Ch. de Bernard, etc. Nous renonçons, faute de place, à citer tous les noms célèbres. La publication des œuvres com
plètes d’Alexandre Dumas fut une des meilleures opérations de Michel Lévy. Depuis, les édi
teurs ont acquis la propriété des œuvres complètes de Balzac et, le mois passé, ils achetaient celle des ouvrages de J. Michelet. La librairie avait été transportée, il y a trois ans, rue Auber, n° 3, et cette colossale mai
son est comme le navire dont le magasin du boulevard des Ita
liens, la Librairie nouvelle, est la barque.
Michel Lévy, avec sa prodigieuse activité, voulait que toutes les affaires à la fois lui passassent par les mains. Il ne négli
geait rien. Jusqu’aux plus petits détails, il voulait tout exami
ner, tout contrôler par le menu. Ce travail acharné devait néces
M. Michel Lévy. — D’après la photographie de M. Carjat.
SALON DE 1875. - LA GARDEUSE DE MOUTONS
Tableau de M. Vayson.
Michel Lévy
Voilà un homme qui était vraiment le fils de ses œuvres et qui meurt à l’heure même où il allait jouir d’une fortune con
sidérable, gagnée par un labeur incessant. La vie a de ces dou
loureuses surprises et de ces criantes injustices. « Lorsque la maison est achevée, la mort y entre », dit un proverbe arabe. C’est ce qui est arrivé pour Michel Lévy. Il était né le 19 novembre 1819, dans le départe
ment de la Meurthe, à Phalsbourg, le pays d’Erckmann, le conteur alsacien. Les frères Lévy, dont la maison est depuis de longues années une des plus importantes de France, étaient venus à Paris, résolus à demander au travail, au travail achar
né, la fortune et le succès. Ils étaient trois, Michel Lévy, le plus âgé, Calmann Lévy, qui de
meure aujourd’hui à ïa tête de la maison de librairie, et un troisième frère, plus jeune, au
jourd’hui retiré, qui avait fondé, en 1836, la maison actuelle sous la raison sociale : Michel Lévy frères.
Cette maison, au début, était un simple étalage de livres placé tout justement en face de ce n° 2 bis de la rue Vivienne où la librairie Michel Lévy fut établie pendant si longtemps. Tout d’a
bord, Michel Lévy frères avaient débuté par la publication des pièces de théâtre, soit dans le
format in-18 Charpentier, soit dans le format in-4° des livrai
sons illustrées, si fort à la mode vers 1848. La première pièce
mans, puis des livres d’histoire.
La Collection Michel Lévy s’enrichit peu à peu des œuvres de Lamartine, de George Sand, de Mérimée ; les Scènes de la Vie de Bohème de Mürger rapportèrent aux éditeurs des sommes considérables, puis, peu à peu, au
tour des premiers noms, tout ce qui compte dans la littérature contemporaine vint se grouper chez Michel Lévy, et leur cata
logue voit figurer Yillemain, Gui
zot, Renan, Sandeau, Pontmartin, J. Autran, Dumas fds, Feuil
let, Janin, Ch. de Bernard, etc. Nous renonçons, faute de place, à citer tous les noms célèbres. La publication des œuvres com
plètes d’Alexandre Dumas fut une des meilleures opérations de Michel Lévy. Depuis, les édi
teurs ont acquis la propriété des œuvres complètes de Balzac et, le mois passé, ils achetaient celle des ouvrages de J. Michelet. La librairie avait été transportée, il y a trois ans, rue Auber, n° 3, et cette colossale mai
son est comme le navire dont le magasin du boulevard des Ita
liens, la Librairie nouvelle, est la barque.
Michel Lévy, avec sa prodigieuse activité, voulait que toutes les affaires à la fois lui passassent par les mains. Il ne négli
geait rien. Jusqu’aux plus petits détails, il voulait tout exami
ner, tout contrôler par le menu. Ce travail acharné devait néces
M. Michel Lévy. — D’après la photographie de M. Carjat.
SALON DE 1875. - LA GARDEUSE DE MOUTONS
Tableau de M. Vayson.
Michel Lévy
Voilà un homme qui était vraiment le fils de ses œuvres et qui meurt à l’heure même où il allait jouir d’une fortune con
sidérable, gagnée par un labeur incessant. La vie a de ces dou
loureuses surprises et de ces criantes injustices. « Lorsque la maison est achevée, la mort y entre », dit un proverbe arabe. C’est ce qui est arrivé pour Michel Lévy. Il était né le 19 novembre 1819, dans le départe
ment de la Meurthe, à Phalsbourg, le pays d’Erckmann, le conteur alsacien. Les frères Lévy, dont la maison est depuis de longues années une des plus importantes de France, étaient venus à Paris, résolus à demander au travail, au travail achar
né, la fortune et le succès. Ils étaient trois, Michel Lévy, le plus âgé, Calmann Lévy, qui de
meure aujourd’hui à ïa tête de la maison de librairie, et un troisième frère, plus jeune, au
jourd’hui retiré, qui avait fondé, en 1836, la maison actuelle sous la raison sociale : Michel Lévy frères.
Cette maison, au début, était un simple étalage de livres placé tout justement en face de ce n° 2 bis de la rue Vivienne où la librairie Michel Lévy fut établie pendant si longtemps. Tout d’a
bord, Michel Lévy frères avaient débuté par la publication des pièces de théâtre, soit dans le
format in-18 Charpentier, soit dans le format in-4° des livrai
sons illustrées, si fort à la mode vers 1848. La première pièce