sion de travaux simultanés et de longtemps improductifs. Le Moniteur a publié, en exécution de la loi du 50 juin 1840, un document qui emprunte aux circonstances présentes un intérêt particulier; c’est l’état trimestriel de la situa
tion de la Banque au 25 du mois dernier. A cette date, son encaisse métallique était de 150 millions; 94 millions et demi dans les caisses de la Banque, 55 millions et demi dans celles des comptoirs. La circulation de ses billets était de 259 millions : 229 millions de billets de la Banque et envi
ron 10 millions de billets des comptoirs. C’est là assurément une situation excellente.
En comparant ces divers chiffres à ceux des états trimestriels publiés depuis le mois de janvier, voici ce qu’on trouve:
Au 26 décembre 1846, le montant des espèces était de ICO millions 500,000 francs : 72 millions 500,000 francs dans la caisse de la Banque et 28 millions dans celles des comptoirs. Le chiffre de la circulation était de 268 millions : 258 mil
lions de billets de la Banque et 10 millions des comptoirs. Au 25 mars 1847, l’actif de la Banque en espèces s’élevait à 114 millions : 79 millions 500,000 francs dans la caisse de la Banque et 54 millions 500,000 francs dans celles des comp
toirs. La circulation était descendue à 257,500,000 francs :
247,500,000 francs de billets de la Banque et 10 millions de billets des comptoirs. Enfin, au 26 juin, l’encaisse était à
peu près ce qu’il est aujourd’hui, mais la circulation était plus forte d’environ 10 millions. En un mot, la situation de la Banque n’a cessé de s’améliorer depuis le commencement de l’année au point de vue d’une proportion prudente de la réserve métallique et de la circulation d’une proportion telle que peuvent la souhaiter même les esprits un peu timorés.
Le chiffre des escomptes et des prêts pendant le dernier trimestre s’est élevé à 493 millions 868,700 francs. Il n avait été que de 442 millions dans le premier, et se trouvait infi
niment inférieur au 25 septembre 1846. Il n’est pas inutile de faire remarquer que si la Banque de France retire un plus grand profit par le développement de ses opérations, ce profit est encore aujourd’hui augmenté par l’élévation du taux de l’escompte. C’est une lourde charge pour le commerce que cet intérêt de cinq pour cent qui profite gratuitement à la Banque. Elle n’a rien à invoquer pour motiver son maintien. L’exportation du numéraire n’est plus à craindre, l’importa
tion des grains ayant cessé ; la nécessité de limiter les es
comptes n’existe pas, puisque la Banque juge à propos au
contraire de les étendre. La crise provient de la dépréciation des valeurs, et cette dépréciation a été en grande partie pro
duite par l’élévation de l’escompte. En le ramenant au taux NOrmal, on rendrait la confiance, et le crédit renaîtrait.
Faisons remarquer du reste, en terminant, que cet état prospère des affaires de la Banque qui a succédé à la panique qu’elle a éprouvée est dû à la vente de renies qui lui a rendu la disposition d’une grande partie de son capital, et l’a obligée à chercher dans ses opérations d’escompte la compensation
des arrérages qu’elle touchait sans aucun souci des besoins du commerce. C’est .un double avantage pour la circulation; on l’a longtemps Vainement réclamé: à peine cette immobi
lisation de capital a-t-elle cessé, que les heureux effets s’en font sentir. Supposez la Banque privée des 40 ou 50 millions qu’elle a déjà reçus du trésor russe, son encaisse métal
lique descend de 94 millions à 44, et la situation redevient ce qu’elle a été, fort critique.
— M. le maréchal comter Molitor a été NOmmé par le roi gouverneur des Invalides.
Rio de la Plata. —NOtre envoyé plénipotentiaire, M. le comte Waleski, est de retour. Il a débarqué à Toulon. La mission de conciliation qu’il avait reçue du gouvernement français, comme lord Howden du gouvernement anglais, n’a pas réussi, mais du moins M. Waleski, plus heureux que ce dernier, a eu le mérite de se concilier, par sa conduite ferme et bienveillante, la reconnaissance des populations qu’on se proposait de soustraire aux cruautés de Rosas. Une adresse fui a été votée par la colonie française de Montevideo.
Grand-duché de Toscane. —Le grand-duc vient de modifier de NOuveau son ministère. Le marquis Ilidolfi prend la place de M. Paver, ministre de l’intérieur, et le comte Serristori est NOmmé ministre des affaires étrangères. « Ces deux NOminations, c’est le Journal des Débats qui parle, sont favorables aux idées libérales et modérées, et le ministère toscan, tel qu’il se trouve actuellement constitué, NOus paraît tout à fait en mesure de réaliser les réformes que l’opi
nion publique réclame et que le grand-duc Léopold II veut libéralement introduire dans ses Etats. »
Etats-pontificaux. — On écrivait de Rome, le 24 septembre : a Le prince de CaniNO, D. Carlo Bonaparte, soldat dans la garde civique, a été mis hier aux arrêts. Il était arrivé depuis quelques jours de Venise, où il était; allé pren
dre part au congrès scientifique, et d’où il avait été éconduit à la suite d’un discours qu’il avait proNOncé à l’ouver
ture de sa section, et dans lequel, après avoir exalté Pie IN, il avait exprimé des espérances sur la régénération de l’Italie. H a été accompagné par les dragons autrichiens jusqu’à la frontière des Etats du Pape.
« Hier, le comte Pietro Ferretti, frère de NOtre premier ministre le cardinal Ferretti, est parti pour Naples. Il ap
prendra au roi que le Saint-Père se propose d’abolir, dans plusieurs cas, la peine de mort. »
On anNOncé que le gouvernement autrichien a expédie l’ordre à ses troupes d évacuer la ville de Ferrare et de rentrer dans la forteresse.
Principauté de Lucques. — La Gazette privilégiée de Lacques, du 27 septembre, contient la NOuvelle loi sur la presse. Cette loi prétend donner à chacun le droit de pu
blier ses oainions et de discuter les actes du gouvernement ; elle défend toutes les publications contraires à la religion chrétienne, à la morale publique et aux droits du souverain, ainsi que toutes celles qui seraient offensantes pour les gouvernements, les magistrats, les ministres du culte, les prin
ces, étrangers et leurs représentants, en un mot, tous les écrits dangereux pour l’ordre public ou la sûreté de l’Etat. Un co
mité de censure préventive, composé de trois censeurs et de deux substituts, est établi; et au-dessus de celui-là en est établi un autre, composé de cinq membres et de deux substituts, devant lequel on peut en appeler des décisions du premier. Il suffit de l’approbation d’un seul des censeurs pour donner le droit de publier. Toute transgression à cejte loi est punie, pour la première lois, d’une amende de 2o à 200 livres, et d’un emprisonnement dont la durée peut va
rier de quinze jours à six mois. Dans le cas de récidive, 1 a- mende et l’emprisonnement peuvent être doublés.
Duché de Modène. — U y a eu un léger mouvement dans le duché de Modène, à Massa-Carrara. On a expédie de Modène un détachement avec deux pièces d artillerie.
Le gouvernement modénais a envoyé des ordres rigoureux aux frontières, du côté de la Toscane et du côté du Piémont.
Le duc de Modène a institué à Massa un conseil de guerre pour juger, dans l’espace de vingt-quatre heures, tous ceux qui troubleraient l’ordre public et qui seraient pris les armes à la main.
Angleterre. — Le parlement a de NOuveau été prorogé du 11 octobre au 11 NOvembre.
— Londres n’est pas seulement préoccupé des désastres commerciaux ; les embarras financiers du duc de Buckin
gham, qui n’ont guère chez NOus d’autre analogue que la ruine du prince de Guémenée, sont le sujet de beaucoup de conversations et de curieux détails dans les journaux anglais. Eu voici que NOus leur empruntons :
« Les dettes du duc s’élèvent, dit-on, à la somme de 1,800,000 liv. st., environ 45 millions de NOtre monnaie. Ce passif est, on le voit, proportionné au rang du NOble dé
biteur. Pour recouvrer cette somme, les créanciers du duc ont cherché à faire main basse sur tous les objets saisissables qui se-trouvent dans ses NOmbreuses et magnifiques propriétés; les proprié és elles-mêmes se trouvent, par le fait de la loi anglaise, à l’abri de leurs atteintes.
« On pensait que le produit de la vente de ces objets s’é lèverait environ à 100,000 liv., st. ; on établit donc un siège en règle devant ses châteaux de Stowe-Park, dans le Buckinghamshire, et d’Avington, dans le Ilampshire, ainsi que devant les deux hôtels qu’il possède à Londres. Mais en An
gleterre, on le sait, il n’est pas facile pour un créancier d entrer dans la maison de son débiteur, si celui-ci est sur ses gardes; il ne peut s’y introduire que par surprise : la
force lui est interdite. Il en a donc, pour arriver là, coûté beaucoup d’efforts. Le château de -Stowe-Park surtout est celui qui a offert le plus de résistance. En vain les officiers du shériff rôdaient aux alentours; ils n’ont pu de longtemps s’y frayer un accès, en dépit des subterluges à l’usage de ces messieurs. Une fois, l’un d’eux, porteur d’un ordre de sai
sie pour 80,000 livres, était parvenu à se glisser sous le porche par une petite porte qu’un visiteur avait par mé
garde laissée ouverte ; mais, arrivé à la porte principale, un domestique arrivait assez à temps pour la lui fermer au nez.
Uüe autre fois, un second garnisaire avait réussi à démolir une croisée et à s’introduire par cette brèche ; mais le moyen a été trouvé illégal, et la saisie déclarée nulle par le juge auprès duquel les deux parties s’étaient pourvues, et mainte
nant voici que tant d’efforts vont peut-être aboutir à une déclaration de NOn-lieu.
a II paraîtrait, d’après une lettre écrite au Mormng-Post par les hommes d’affaires du duc, que celui-ci aurait, dès le mois de mai dernier, vendu toutes ses propriétés au mar
quis de Chandos, son fils aîné, transaction qui n’a pu être, disent-ils, igNOrée des créanciers, puisque NOtification en a faite aux parties intéressées, ainsi qu’aux shériffs des com
tés où se trouvent les domaines du duc de Buckingham. Le haut shériff, qui s’est trouvé ainsi appelé par ses fonctions à signer l’ordre de saisie exécutée sur les biens d’un Planiagenet, est un banquier israélite, M. Meyer de Rothschild. »
Inde, — Les journaux de Bombay, reçus par la dernière malle de l Inde, anNOncent que l’on ne taisait plus aucun doute, dans cette ville, de la perte corps et biens du steamer Cleopatra, appartenant à la compagnie dès Indes. Ce paque
bot, qui était parti de Bombay pour Singapour, ayant à bord 500 personnes, s’est trouvé en mer pendant les coups de vent du mois d’avril, et depuis cette époque on n’en a plus entendu parler. Le bateau à vapeur l Auckland, expédié à Bornéo, a reçu mission de faire escale sur divers points de la côte, pour s’enquérir du Cleopatra; mais on désespère d’en retrouver aucune trace.
— Le Friend of China anNOnce que le roi de Bokhara a tué d’un coup de hache son ministre, l’infâme Abd Vol-Sumadkan, auteur de la mort du colonel Stoddart, du capitaine CoNOlly et de plusieurs autres voyageurs européens.
Espagne. — L’ox-régeiit Espartero, à l’occasion de l’amnistie dans laquelle il se trouve compris, a adressé à la reine Isabelle et au ministre de l’intérieur deux lettres pu
bliées par les journaux de Madrid, où il proteste de sa reconnaissance envers sa souveraine et de son dévouement.
— Madrid a été mis en émoi par un épisode assez piquant, précur.-eur d’un changement politique. Le principal appui de M.Salamanca, dans les hautes régions du pouvoir, le général Serraiîo, ayant montré, disait-on, de l’hésitation et de la tié
deur dans ces derniers temps, le journal el Faro a prétendu que, pour parer à cet inconvénient, le ministre des finances,
homme d’expédients et de ressources, s’était hâté de créer au palais une NOuvelle influence.
Un militaire de fort bonne mine, le jeune colonel Gandara, partisan déterminé d’Espartero, s’estcru désigné et diffamé par ces insinuations du Faro, et il a demandé une réparation éclatante à la rédaction de ce journal. Après une dis
cussion fort animée entre les divers rédacteurs, el Faro a publié une espèce de rétractation qui a été suivie de la retraite de M. Coello, rédacteur en chef, et de deux de ses col
laborateurs. Mais, soit que cette satisfaction n’ait pas semblé
suffisante au beau colonel, soit pour tout autre motif, M.Tasara, directeur ad intérim du Faro, a relevé le gant jeté d’a bord à M. Coello, et une rencontre a eu lieu le 27, dans la
matinée, entre lui et le colonel Gandara. Deux coups de feu ont été échangés sans résultat ; l’affaire n’a pas été plus loin.
Mais un changement ministériel est brusquement survenu. SerraNO a, dit-on, dicté les choix publiés par a Gazette de Madrid du 4. Le général Narvaez a été appelé à la présidence du conseil et aux affaires étrangères;
M. Sartorius à l’intérieur; M. Orlando aux finances; M. Ros de OlaNO à l’instruction publique, et M. Cordova à la
ë Portugal. — NOus avons déjà mentionné la scission qui a éclaté en Portugal dans le parti chartiste, divisé mainte
nant en cabralistes et en saldanhistes. Le maréchal baldanha que, dans le but de couper court à cette scission, la reine avait NOmmé ambassadeur à Madrid, a déclaré qu’il ne se rendrait à son poste qu’après les élections. D’un autre côté les seplembristes et les miguéhstes se sont coalisés également en vue des élections. Le marquis de Loulé, le comte Das Antas et les autres chefs des septembnstes, ont envoyé à la reine une adresse dont ils ont donné communi
cation aux ministres de France, d’Angleterre et d’Espagne;
ils ont mis en demeure les représentants des trois puissances d assurer la liberté et la sincérité des élections, conformément aux stipulations du protocole de Londres.
L’intention des ministres est, dit-on, de repondre à l a- dresse des septembristes en retardant la réunion des cortès jusqu’au mois de mars prochain, afin de laisser le temps d’apurer les listes électorales et d’attendre que l’effervescence soit un peu calmée avant les élections.
Hollande. — Voici les peines que proNOnce contre le duel le NOuveau code pénal hollandais :
«Pour le défi, un mois d’emprisonnement et une amende de 150 florins (500 fr.); pour l’acceptation du défi, un mois d’emprisonnement et une amende de 25 à 100 florins (50 à 200 fr.) ; pour avoir engagé ou déterminé des personnes à se battre en duel, six mois d’emprisonnement et 100 à 500
florins (200 à 1,000 fr.) d’amende; pour meurtre commis en duel, quatre à sept ans d’emprisonnement ou dix à douze ans d’exil, mais cette pénalité pourra être être diminuée con
sidérablement si l’auteur du meurtre est la personne offensée. Aucune peine n’est appliquée aux témoins du combat. »
Grèce. —Le jour des funérailles de M. Coletti a été un jour de deuil national. Immédiatement après la mort de ce grand citoyen, le roi Othon a voulu être le premier à expri
mer ses regrets. Par une ordonnance rappelant les services rendus à la patrie et au trône par M. Coletti, ses éminentes qualités, son grand caractère, Sa Majesté a proclamé un deuil public. Le lendemain ont eu lieu les obsèques. Outre les corps de l Etat, les hauts fonctionnaires, les représentants des puissances étrangères, les employés des différents ser
vices, les officiers de terre et de mer et les troupes de la garnison, la population s’était portée aux abords de la mai
son mortuaire pour se joindre au convoi, qui, chemin fai
sant, s’augmenta de la population des villages de l’Attique,
venue spontanément pour rendre les derniers devoirs au* grand citoyen enlevé à l’amour, à l’estime de la nation. Les restes mortels de M. Coletti ont été portés à leur dernière demeure par plus de vingt mille personnes de tous rangs, de toutes conditions.
Le roi a gardé le ministère, tel qu’il était sous la présidence de M. Coletti. C’est le général Tzavellas, ministre de la guerre, qui devient président du conseil, et M. Glarakis, ministre de l’instruction publique, est chargé provisoirement des affaires étrangères.
Différend turco-grec. — Les mesures prises pour la cessation des rapports diplomatiques entre la Porte et la
Grèce continuent à être mises à exécution. Les consuls que la Sublime Porte entretenait dans les ports grecs ont tous reçu l’ordre de cesser leurs fonctions, et chaaue jour les jour
naux de ConstantiNOple anNOncent l’arrivée dans celte ville de quelqu’un de ces diplomates. Les consuls grecs se voient, de leur côté, retirer les exequatur, et les sujets de celte puissance sont momentanément placés pour leurs affaires de commerce sous la protection des autorités ottomanes.
On anNOnce, d un autre côté, une NOuvelle qui serait fort grave, si elle se confirmait : lebey deTunisetle vice-roi d’E
gypte, sommés par la Porte, en leur qualité de vassaux du sultan, de s’associer aux mesures prises contre la Grèce et de retirer aux consuls helléniques leur exequatur, auraient for
mellement refusé. Ce refus serait un véritable événement, et cette question, si délicate déjà, se trouverait ainsi compliquée de NOuveau.
Turquie. —On écrivait de ConstantiNOple, le 17 septemtembre : «Dimanche commenceront les fêtes delà Circonci
sion, qui dureront douze jours. Elles auront lieu dans la plaine de Haïdar-Pacha, sur la côte d’Asie, entre Cadikeny et Scutari. Huit mille enfants doivent être circoncis avec les enfants du sultan.
« Du reste, ces réjouissances commencent sous d’assez fâcheux auspices : le choléra est aux portes de Cons
tantiNOple. Après avoir fait d’assez NOmbreuses victimes dans le Tchildir, à Quarz, à Olti et à Erzeroum, il s’est dé
claré à Batoum et enfin à Trébisonde. Le paquebot anglais
de la compagnie péninsulaire orientale, le Sultan, parti le 11 de Tiébisonde et arrivé ici le 13, a dû être mis en qua
rantaine : un des cuisiniers du bord avait éprouvé en route
une forte attaqué de choléra. Le 15, le malade a succombé au lazaret. Le paquebot et les passagers seront soumis à une quarantaine de huit jours.
Lecholéraen Russie.—Dans une desesdernièresséances, l’Académie royale de médecine de Paris a été informée de la présence du choléra asiatique à Riga. C’est M. Prus, le rapporteur de la commission chargée de l’examen des ques
tions relatives à la peste et aux quarantaines, qui a fait cette communication. L’hoNOrable membre a fait remarquer que le choléra aurait ainsi franchi l’espace de 700 lieues en quelques semaines, et qu’il convenait peut-être que, dès à pré
sent, l’Académie se préoccupât des précautions à conseiller soit contre l’invasion du fléau, soit pour en diminuer les ra
tion de la Banque au 25 du mois dernier. A cette date, son encaisse métallique était de 150 millions; 94 millions et demi dans les caisses de la Banque, 55 millions et demi dans celles des comptoirs. La circulation de ses billets était de 259 millions : 229 millions de billets de la Banque et envi
ron 10 millions de billets des comptoirs. C’est là assurément une situation excellente.
En comparant ces divers chiffres à ceux des états trimestriels publiés depuis le mois de janvier, voici ce qu’on trouve:
Au 26 décembre 1846, le montant des espèces était de ICO millions 500,000 francs : 72 millions 500,000 francs dans la caisse de la Banque et 28 millions dans celles des comptoirs. Le chiffre de la circulation était de 268 millions : 258 mil
lions de billets de la Banque et 10 millions des comptoirs. Au 25 mars 1847, l’actif de la Banque en espèces s’élevait à 114 millions : 79 millions 500,000 francs dans la caisse de la Banque et 54 millions 500,000 francs dans celles des comp
toirs. La circulation était descendue à 257,500,000 francs :
247,500,000 francs de billets de la Banque et 10 millions de billets des comptoirs. Enfin, au 26 juin, l’encaisse était à
peu près ce qu’il est aujourd’hui, mais la circulation était plus forte d’environ 10 millions. En un mot, la situation de la Banque n’a cessé de s’améliorer depuis le commencement de l’année au point de vue d’une proportion prudente de la réserve métallique et de la circulation d’une proportion telle que peuvent la souhaiter même les esprits un peu timorés.
Le chiffre des escomptes et des prêts pendant le dernier trimestre s’est élevé à 493 millions 868,700 francs. Il n avait été que de 442 millions dans le premier, et se trouvait infi
niment inférieur au 25 septembre 1846. Il n’est pas inutile de faire remarquer que si la Banque de France retire un plus grand profit par le développement de ses opérations, ce profit est encore aujourd’hui augmenté par l’élévation du taux de l’escompte. C’est une lourde charge pour le commerce que cet intérêt de cinq pour cent qui profite gratuitement à la Banque. Elle n’a rien à invoquer pour motiver son maintien. L’exportation du numéraire n’est plus à craindre, l’importa
tion des grains ayant cessé ; la nécessité de limiter les es
comptes n’existe pas, puisque la Banque juge à propos au
contraire de les étendre. La crise provient de la dépréciation des valeurs, et cette dépréciation a été en grande partie pro
duite par l’élévation de l’escompte. En le ramenant au taux NOrmal, on rendrait la confiance, et le crédit renaîtrait.
Faisons remarquer du reste, en terminant, que cet état prospère des affaires de la Banque qui a succédé à la panique qu’elle a éprouvée est dû à la vente de renies qui lui a rendu la disposition d’une grande partie de son capital, et l’a obligée à chercher dans ses opérations d’escompte la compensation
des arrérages qu’elle touchait sans aucun souci des besoins du commerce. C’est .un double avantage pour la circulation; on l’a longtemps Vainement réclamé: à peine cette immobi
lisation de capital a-t-elle cessé, que les heureux effets s’en font sentir. Supposez la Banque privée des 40 ou 50 millions qu’elle a déjà reçus du trésor russe, son encaisse métal
lique descend de 94 millions à 44, et la situation redevient ce qu’elle a été, fort critique.
— M. le maréchal comter Molitor a été NOmmé par le roi gouverneur des Invalides.
Rio de la Plata. —NOtre envoyé plénipotentiaire, M. le comte Waleski, est de retour. Il a débarqué à Toulon. La mission de conciliation qu’il avait reçue du gouvernement français, comme lord Howden du gouvernement anglais, n’a pas réussi, mais du moins M. Waleski, plus heureux que ce dernier, a eu le mérite de se concilier, par sa conduite ferme et bienveillante, la reconnaissance des populations qu’on se proposait de soustraire aux cruautés de Rosas. Une adresse fui a été votée par la colonie française de Montevideo.
Grand-duché de Toscane. —Le grand-duc vient de modifier de NOuveau son ministère. Le marquis Ilidolfi prend la place de M. Paver, ministre de l’intérieur, et le comte Serristori est NOmmé ministre des affaires étrangères. « Ces deux NOminations, c’est le Journal des Débats qui parle, sont favorables aux idées libérales et modérées, et le ministère toscan, tel qu’il se trouve actuellement constitué, NOus paraît tout à fait en mesure de réaliser les réformes que l’opi
nion publique réclame et que le grand-duc Léopold II veut libéralement introduire dans ses Etats. »
Etats-pontificaux. — On écrivait de Rome, le 24 septembre : a Le prince de CaniNO, D. Carlo Bonaparte, soldat dans la garde civique, a été mis hier aux arrêts. Il était arrivé depuis quelques jours de Venise, où il était; allé pren
dre part au congrès scientifique, et d’où il avait été éconduit à la suite d’un discours qu’il avait proNOncé à l’ouver
ture de sa section, et dans lequel, après avoir exalté Pie IN, il avait exprimé des espérances sur la régénération de l’Italie. H a été accompagné par les dragons autrichiens jusqu’à la frontière des Etats du Pape.
« Hier, le comte Pietro Ferretti, frère de NOtre premier ministre le cardinal Ferretti, est parti pour Naples. Il ap
prendra au roi que le Saint-Père se propose d’abolir, dans plusieurs cas, la peine de mort. »
On anNOncé que le gouvernement autrichien a expédie l’ordre à ses troupes d évacuer la ville de Ferrare et de rentrer dans la forteresse.
Principauté de Lucques. — La Gazette privilégiée de Lacques, du 27 septembre, contient la NOuvelle loi sur la presse. Cette loi prétend donner à chacun le droit de pu
blier ses oainions et de discuter les actes du gouvernement ; elle défend toutes les publications contraires à la religion chrétienne, à la morale publique et aux droits du souverain, ainsi que toutes celles qui seraient offensantes pour les gouvernements, les magistrats, les ministres du culte, les prin
ces, étrangers et leurs représentants, en un mot, tous les écrits dangereux pour l’ordre public ou la sûreté de l’Etat. Un co
mité de censure préventive, composé de trois censeurs et de deux substituts, est établi; et au-dessus de celui-là en est établi un autre, composé de cinq membres et de deux substituts, devant lequel on peut en appeler des décisions du premier. Il suffit de l’approbation d’un seul des censeurs pour donner le droit de publier. Toute transgression à cejte loi est punie, pour la première lois, d’une amende de 2o à 200 livres, et d’un emprisonnement dont la durée peut va
rier de quinze jours à six mois. Dans le cas de récidive, 1 a- mende et l’emprisonnement peuvent être doublés.
Duché de Modène. — U y a eu un léger mouvement dans le duché de Modène, à Massa-Carrara. On a expédie de Modène un détachement avec deux pièces d artillerie.
Le gouvernement modénais a envoyé des ordres rigoureux aux frontières, du côté de la Toscane et du côté du Piémont.
Le duc de Modène a institué à Massa un conseil de guerre pour juger, dans l’espace de vingt-quatre heures, tous ceux qui troubleraient l’ordre public et qui seraient pris les armes à la main.
Angleterre. — Le parlement a de NOuveau été prorogé du 11 octobre au 11 NOvembre.
— Londres n’est pas seulement préoccupé des désastres commerciaux ; les embarras financiers du duc de Buckin
gham, qui n’ont guère chez NOus d’autre analogue que la ruine du prince de Guémenée, sont le sujet de beaucoup de conversations et de curieux détails dans les journaux anglais. Eu voici que NOus leur empruntons :
« Les dettes du duc s’élèvent, dit-on, à la somme de 1,800,000 liv. st., environ 45 millions de NOtre monnaie. Ce passif est, on le voit, proportionné au rang du NOble dé
biteur. Pour recouvrer cette somme, les créanciers du duc ont cherché à faire main basse sur tous les objets saisissables qui se-trouvent dans ses NOmbreuses et magnifiques propriétés; les proprié és elles-mêmes se trouvent, par le fait de la loi anglaise, à l’abri de leurs atteintes.
« On pensait que le produit de la vente de ces objets s’é lèverait environ à 100,000 liv., st. ; on établit donc un siège en règle devant ses châteaux de Stowe-Park, dans le Buckinghamshire, et d’Avington, dans le Ilampshire, ainsi que devant les deux hôtels qu’il possède à Londres. Mais en An
gleterre, on le sait, il n’est pas facile pour un créancier d entrer dans la maison de son débiteur, si celui-ci est sur ses gardes; il ne peut s’y introduire que par surprise : la
force lui est interdite. Il en a donc, pour arriver là, coûté beaucoup d’efforts. Le château de -Stowe-Park surtout est celui qui a offert le plus de résistance. En vain les officiers du shériff rôdaient aux alentours; ils n’ont pu de longtemps s’y frayer un accès, en dépit des subterluges à l’usage de ces messieurs. Une fois, l’un d’eux, porteur d’un ordre de sai
sie pour 80,000 livres, était parvenu à se glisser sous le porche par une petite porte qu’un visiteur avait par mé
garde laissée ouverte ; mais, arrivé à la porte principale, un domestique arrivait assez à temps pour la lui fermer au nez.
Uüe autre fois, un second garnisaire avait réussi à démolir une croisée et à s’introduire par cette brèche ; mais le moyen a été trouvé illégal, et la saisie déclarée nulle par le juge auprès duquel les deux parties s’étaient pourvues, et mainte
nant voici que tant d’efforts vont peut-être aboutir à une déclaration de NOn-lieu.
a II paraîtrait, d’après une lettre écrite au Mormng-Post par les hommes d’affaires du duc, que celui-ci aurait, dès le mois de mai dernier, vendu toutes ses propriétés au mar
quis de Chandos, son fils aîné, transaction qui n’a pu être, disent-ils, igNOrée des créanciers, puisque NOtification en a faite aux parties intéressées, ainsi qu’aux shériffs des com
tés où se trouvent les domaines du duc de Buckingham. Le haut shériff, qui s’est trouvé ainsi appelé par ses fonctions à signer l’ordre de saisie exécutée sur les biens d’un Planiagenet, est un banquier israélite, M. Meyer de Rothschild. »
Inde, — Les journaux de Bombay, reçus par la dernière malle de l Inde, anNOncent que l’on ne taisait plus aucun doute, dans cette ville, de la perte corps et biens du steamer Cleopatra, appartenant à la compagnie dès Indes. Ce paque
bot, qui était parti de Bombay pour Singapour, ayant à bord 500 personnes, s’est trouvé en mer pendant les coups de vent du mois d’avril, et depuis cette époque on n’en a plus entendu parler. Le bateau à vapeur l Auckland, expédié à Bornéo, a reçu mission de faire escale sur divers points de la côte, pour s’enquérir du Cleopatra; mais on désespère d’en retrouver aucune trace.
— Le Friend of China anNOnce que le roi de Bokhara a tué d’un coup de hache son ministre, l’infâme Abd Vol-Sumadkan, auteur de la mort du colonel Stoddart, du capitaine CoNOlly et de plusieurs autres voyageurs européens.
Espagne. — L’ox-régeiit Espartero, à l’occasion de l’amnistie dans laquelle il se trouve compris, a adressé à la reine Isabelle et au ministre de l’intérieur deux lettres pu
bliées par les journaux de Madrid, où il proteste de sa reconnaissance envers sa souveraine et de son dévouement.
— Madrid a été mis en émoi par un épisode assez piquant, précur.-eur d’un changement politique. Le principal appui de M.Salamanca, dans les hautes régions du pouvoir, le général Serraiîo, ayant montré, disait-on, de l’hésitation et de la tié
deur dans ces derniers temps, le journal el Faro a prétendu que, pour parer à cet inconvénient, le ministre des finances,
homme d’expédients et de ressources, s’était hâté de créer au palais une NOuvelle influence.
Un militaire de fort bonne mine, le jeune colonel Gandara, partisan déterminé d’Espartero, s’estcru désigné et diffamé par ces insinuations du Faro, et il a demandé une réparation éclatante à la rédaction de ce journal. Après une dis
cussion fort animée entre les divers rédacteurs, el Faro a publié une espèce de rétractation qui a été suivie de la retraite de M. Coello, rédacteur en chef, et de deux de ses col
laborateurs. Mais, soit que cette satisfaction n’ait pas semblé
suffisante au beau colonel, soit pour tout autre motif, M.Tasara, directeur ad intérim du Faro, a relevé le gant jeté d’a bord à M. Coello, et une rencontre a eu lieu le 27, dans la
matinée, entre lui et le colonel Gandara. Deux coups de feu ont été échangés sans résultat ; l’affaire n’a pas été plus loin.
Mais un changement ministériel est brusquement survenu. SerraNO a, dit-on, dicté les choix publiés par a Gazette de Madrid du 4. Le général Narvaez a été appelé à la présidence du conseil et aux affaires étrangères;
M. Sartorius à l’intérieur; M. Orlando aux finances; M. Ros de OlaNO à l’instruction publique, et M. Cordova à la
ë Portugal. — NOus avons déjà mentionné la scission qui a éclaté en Portugal dans le parti chartiste, divisé mainte
nant en cabralistes et en saldanhistes. Le maréchal baldanha que, dans le but de couper court à cette scission, la reine avait NOmmé ambassadeur à Madrid, a déclaré qu’il ne se rendrait à son poste qu’après les élections. D’un autre côté les seplembristes et les miguéhstes se sont coalisés également en vue des élections. Le marquis de Loulé, le comte Das Antas et les autres chefs des septembnstes, ont envoyé à la reine une adresse dont ils ont donné communi
cation aux ministres de France, d’Angleterre et d’Espagne;
ils ont mis en demeure les représentants des trois puissances d assurer la liberté et la sincérité des élections, conformément aux stipulations du protocole de Londres.
L’intention des ministres est, dit-on, de repondre à l a- dresse des septembristes en retardant la réunion des cortès jusqu’au mois de mars prochain, afin de laisser le temps d’apurer les listes électorales et d’attendre que l’effervescence soit un peu calmée avant les élections.
Hollande. — Voici les peines que proNOnce contre le duel le NOuveau code pénal hollandais :
«Pour le défi, un mois d’emprisonnement et une amende de 150 florins (500 fr.); pour l’acceptation du défi, un mois d’emprisonnement et une amende de 25 à 100 florins (50 à 200 fr.) ; pour avoir engagé ou déterminé des personnes à se battre en duel, six mois d’emprisonnement et 100 à 500
florins (200 à 1,000 fr.) d’amende; pour meurtre commis en duel, quatre à sept ans d’emprisonnement ou dix à douze ans d’exil, mais cette pénalité pourra être être diminuée con
sidérablement si l’auteur du meurtre est la personne offensée. Aucune peine n’est appliquée aux témoins du combat. »
Grèce. —Le jour des funérailles de M. Coletti a été un jour de deuil national. Immédiatement après la mort de ce grand citoyen, le roi Othon a voulu être le premier à expri
mer ses regrets. Par une ordonnance rappelant les services rendus à la patrie et au trône par M. Coletti, ses éminentes qualités, son grand caractère, Sa Majesté a proclamé un deuil public. Le lendemain ont eu lieu les obsèques. Outre les corps de l Etat, les hauts fonctionnaires, les représentants des puissances étrangères, les employés des différents ser
vices, les officiers de terre et de mer et les troupes de la garnison, la population s’était portée aux abords de la mai
son mortuaire pour se joindre au convoi, qui, chemin fai
sant, s’augmenta de la population des villages de l’Attique,
venue spontanément pour rendre les derniers devoirs au* grand citoyen enlevé à l’amour, à l’estime de la nation. Les restes mortels de M. Coletti ont été portés à leur dernière demeure par plus de vingt mille personnes de tous rangs, de toutes conditions.
Le roi a gardé le ministère, tel qu’il était sous la présidence de M. Coletti. C’est le général Tzavellas, ministre de la guerre, qui devient président du conseil, et M. Glarakis, ministre de l’instruction publique, est chargé provisoirement des affaires étrangères.
Différend turco-grec. — Les mesures prises pour la cessation des rapports diplomatiques entre la Porte et la
Grèce continuent à être mises à exécution. Les consuls que la Sublime Porte entretenait dans les ports grecs ont tous reçu l’ordre de cesser leurs fonctions, et chaaue jour les jour
naux de ConstantiNOple anNOncent l’arrivée dans celte ville de quelqu’un de ces diplomates. Les consuls grecs se voient, de leur côté, retirer les exequatur, et les sujets de celte puissance sont momentanément placés pour leurs affaires de commerce sous la protection des autorités ottomanes.
On anNOnce, d un autre côté, une NOuvelle qui serait fort grave, si elle se confirmait : lebey deTunisetle vice-roi d’E
gypte, sommés par la Porte, en leur qualité de vassaux du sultan, de s’associer aux mesures prises contre la Grèce et de retirer aux consuls helléniques leur exequatur, auraient for
mellement refusé. Ce refus serait un véritable événement, et cette question, si délicate déjà, se trouverait ainsi compliquée de NOuveau.
Turquie. —On écrivait de ConstantiNOple, le 17 septemtembre : «Dimanche commenceront les fêtes delà Circonci
sion, qui dureront douze jours. Elles auront lieu dans la plaine de Haïdar-Pacha, sur la côte d’Asie, entre Cadikeny et Scutari. Huit mille enfants doivent être circoncis avec les enfants du sultan.
« Du reste, ces réjouissances commencent sous d’assez fâcheux auspices : le choléra est aux portes de Cons
tantiNOple. Après avoir fait d’assez NOmbreuses victimes dans le Tchildir, à Quarz, à Olti et à Erzeroum, il s’est dé
claré à Batoum et enfin à Trébisonde. Le paquebot anglais
de la compagnie péninsulaire orientale, le Sultan, parti le 11 de Tiébisonde et arrivé ici le 13, a dû être mis en qua
rantaine : un des cuisiniers du bord avait éprouvé en route
une forte attaqué de choléra. Le 15, le malade a succombé au lazaret. Le paquebot et les passagers seront soumis à une quarantaine de huit jours.
Lecholéraen Russie.—Dans une desesdernièresséances, l’Académie royale de médecine de Paris a été informée de la présence du choléra asiatique à Riga. C’est M. Prus, le rapporteur de la commission chargée de l’examen des ques
tions relatives à la peste et aux quarantaines, qui a fait cette communication. L’hoNOrable membre a fait remarquer que le choléra aurait ainsi franchi l’espace de 700 lieues en quelques semaines, et qu’il convenait peut-être que, dès à pré
sent, l’Académie se préoccupât des précautions à conseiller soit contre l’invasion du fléau, soit pour en diminuer les ra