attraction r. fléchie par l’intermédiaire de la terre. En effet, en comparant les corrections calculées aux corrections observées par les astroNOmes, il y a concordance presque par
faite, les excès du calcul sur les observations changeant plu
sieurs fois de signes et n’excédant une seconde qu’une seule fois.
Mouvement propre des étoiles, par M. Laugier. — Sur divers points du ciel on distingue des taches lumineuses de iorme plus ou moins régulière, dont quelques-unes rappel
lent d’une manière frappante la constitution de NOtre voie lactée. Quelques nébuleuses sont résolubles, c’est-à-dire qu’on y distingue des amas d’étoiles. Du reste, le NOmbre des nébuleuses résolubles augmente à mesure que les in
struments d’observation se perfectionnent. M. Laugier a cherché à déterminer le mouvement propre de quelquesunes de ces nébuleuses résolubles. Il a choisi, pour champ d’observations, trois amas d’étoiles du catalogue de Messier. L’un de ces amas contient, au dire d’Herschel, plus de mille étoiles de la onzième grandeur et au-dessous. En comparant les positions moyennes de ces trois amas tirées du catalogue et réduites, au 1er janvier 1847, avec les positions moyennes qu’il a lui-même observées, M. Laugier a constaté des diffé
rences qui ne peuvent être attribuées, suivant lui, qu’aux déplacements de ces nébuleuses. Il compte, du reste, présen
ter bientôt un catalogue de nébuleuses observées à l’aide de l’équatorial de Gambey.
Mécanique appliquée.
Dépense d’eau, par M. Boileau. — Les NOuvelles expériences entreprises par M. Boileau ont eu pour but de déterminer la dépense des orifices alimentaires des roues hy
drauliques à aubes courbes sous l’influence du mouvement de ces roues. Déjà les expériences de M. Morin et la théorie des récepteurs donnée par M. Poncelet avaient appris l’in
fluence que peut exercer la force cenlrifuge sur la dépense des orifices qui alimentent les turbines. Il y avait à recher
cher si 1 écoulement de l’eau n’était pas modifié parles roues placées presque immédiatement en aval des pertuis qui les alimentent et sur les organes récepteurs desquels la veine liquide prend un mouvement ascensionnel. Pour cela, M. Boileau expérimenta sur une roue à aubes en tôle mince,
tournant dans une portion de coursier circulaire, précédée d’un plan incliné et alimentée par un orifice incliné à deux de hauteur sur un de base. On jaugeait successivement le volume d’eau écoulé par l’orifice libre, puis accompagné de la roue. En résultat, le coefficient de la dépense théorique s’est toujours trouvé diminué par la présence de la roue, et le déchet de cette dépense paraît atteindre son minimum quand le rapportée la vitesse des aubes à celle du courant moteur prend la valeur qui correspond au maximum relatif d’effet utile. De là M. Boileau déduit cette conséquence remarquable, que la plupart des roues verticales à aubes courbes établies dans l’industrie rendent un effet utile propor
tionnel NOtablement plus grand que celui qu’on a pu évaluer en ne tenant point compte de la diminution de la dépense. Ainsi une roue avec aubes en tôle, qui présenterait un rendement de 0,6 en calculant la dépense d’eau à la manière or
dinaire, donnerait eu réalité un effet utile égal au moins à 0,67 du travail moteur effectif.
Jaugeage par les déversoirs. — M. Boileau, dans une belle série d’études expérimentales sur les cours d’eau, qui em
brasse plusieurs années, s’est appliqué à déterminer les élé
ments du jaugeage des cours d’eau à section peu étendue qui alimentent les usines ; ses expériences l’ont conduit à une formule qui donne la dépense des barrages pour le cas d’un canal rectangulaire.
Appareil pour exécuter sous l eau l’extraction des rochers, par M. de La Gournerie. — Rapport, parM. Morin. — M. de L,a Gournerie, ingénieur des ponts et chaussées, chargé d’exécuter au port du Croisic d’importants travaux, imagina, pour recevoir les ouvriers et leur permettre de travailler sous l’eau à l’extraction des rochers qui obstruent la passe de ce port, un appareil qu’il NOmma bateau à air. Cet appareil avait été indiqué par Coulomb en 1799, mais il n’avait jamais été mis en pratique, et il présentait d’ailleurs des difficultés d’exécution et de manœuvre qui le rendaient impropre au service auquel Coulomb le destinait. Sans donner ici la description du bateau de Coulomb, et sans NOus arrêter à indi
quer les changements qu’il a dû subir, pour passer de la théorie à la pratique, NOus dirons en peu de mots ce qu’est l’appareil de M. de La Gournerie.
Le bateau est en tôle et divisé en trois compartiments : celui du milieu forme une chambre à air partagée, par une, grille horizontale, en chambre de travail et chambre d’attente.
Sa capacité est de 44 mètres cubes, sa hauteur de 3 mètres 45 centimètres. Seize ouvriers peuvent y travailler. Aux deux extrémités du bateau sont deux chambres, appelées chambres des lesls, exactement fermées en dessus et en dessous ; elles reçoivent le lest fixe qui donne au bateau son ti
rant d’eau et la stabilité convenable pour naviguer, et le lest variable, formé par l’eau que l’on introduit à volonté pour échouer le bateau, ou que l’on tait évacuer en partie par écoulement naturel dans la chambre à air, et en partie à la mer par l’action des pompes. Dans une de ces chambres est une machine à vapeur de deux chevaux, qui sert à refouler l’air dans la chambre du milieu ou à retirer l’eau.
Maintenant voici commenta lieu la manœuvre. A la marée descendante, le bateau chargé de son lest fixe est conduit et amarré au point où il doit stationner. Les ouvriers, par une ouverture que l’on referme sur eux, entrent dans la partie supérieure de la chambre à air, appelée chambre d’attente, qui contient alors de l’air à la pression ordinaire. On ouvre alors des soupapes, qui permettent à l’eau de la mer de pé
nétrer dans les chambres .de lest : le bateau s’enfonce, et vient reposer sur le rocher par un rebord arrondi qui règne tout autour delà chambre à air. Les pompes refoulent l’eau, et les ouvriers descendent dans la chambre de travail éclairée le jour par seize verres de hublot, fixés au plafond de la
chambre à air. Les déblais sont remontés ou suspendus à la grille par des chaînes. Quand le travail est terminé, les ouvriers remontent : l’eau des chambres de lest s’écoule à la mer par la chambre à air, le bateau est remis à flot et ramené au mouillage avec tous les déblais qu’il transporte.
La commission dontM. Morin était rapporteur a été d’avis que M. de La Gournerie, en réalisant dans des circonstances difficiles et avec succès l’idée ingénieuse émise par Cou
lomb, qu’il a complétée et perfectionnée par l’exécution, a rendu un véritable service à l’art, de l’ingénieur, et par suite à la navigation. L’Académie a décidé, en accordant sa haute approbation au bateau à air, que le mémoire de M. de La Gournerie, accompagné de dessins et contenant l’étude ap
profondie de la marche à suivre pour établir de semblables appareils serait imprimé dans le Recueil des savants étrangers.
Appareil de sauvetage, par M. Delvigne. — On a tenté bien des efforts pour établir de loin une communication entre un bâtiment naufragé et la terre, ou de bâtiment à bâtiment.
En dernier lieu, on avait essayé de lancer un cordage au moyen d’une bombe, mais ce moyen réussit difficilement.
M. Delvigne a imaginé un projectile, qu’il NOmme porteamarre, formé du cordage même, roulé en bobine allongée et d’un cylindre en bois qui lui sert d’enveloppe. Celte bo
bine, lancée par une bouche à feu, se dévide très-rapidement dans sa course, et l’enveloppe creuse en bois va porter l’ex
trémité du cordage au point où il s’agit de porter secours. Si le but est manqué, ce cylindre creux devient une petite bouée et flotte près du navire. Dans les expériences qui ont été faites à Lorient, le porte-amarre, pesant 7 kilogrammes
S centigrammes, a été porté à 250 mètres par un mortier de 24, incliné à 250 et avec une charge de poudre de 160 grammes. Avec une caronade de 30, la portée a été de 320 mè
tres sous l’angle de 14°, et de 385 mètres sous celui de 19 degrés. M. Delvigne espère, avec les caNOns à la Paixhanset le mortier de 22 centimètres, obtenir une portée de 500 mè
tres. Un fait remarquable, c’est que le vent n’exerce pres
que aucune action nuisible sur la direction du projectile;
car lorsqu’il agit sur la corde, celle-ci produit une légère action sur la bobine, qui tourne alors sa pointe vers le vent, d’où naît une espèce de compensation.
Technologie.
NOus n’avons pas souvent l occasion d’inscrire le mot tech­ NOlogie en tête de NOs articles, car l’Académie s’occupe principalement des sciences au point de vue théorique ; et ce
pendant NOus aimerions à entretenir quelquefois NOs lecteurs des progrès réalisés dans la pratique des diverses industries qui relèvent directement du développement des sciences, La techNOlogie, suivant la définition claire et exacte qu’en donne M. Ch. Laboulaye dans l’introduction du Dictionnaire des Arts et Manufactures, la techNOlogie est la science des pro
cédés suivant lesquels l’homme emploie les forces et agit sur les matières premières fournies par la nature, pour utiliser ces forces et approprier ces matières premières à la satisfac
tion de. ses besoins et de ses désirs. Quel champ immense n’aurions-NOus donc pas à parcourir si l’Académie recevait plus souvent des communications techNOlogiques, et de quel intérêt plus profond ne seraient pas NOs comptes rendus pour la plupart des lecteurs de l Illustration! mais NOus en som
mes réduits à glaner çà et là une communication égarée dans le sanctuaire de la docte Académie, à NOus contenter de ce que les savants ne regardent que comme les miettes du fes
tin académique. Aujourd’hui, par exemple, sans M. Stanislas Julien, dont la patiente érudition a été chercher en Chine les procédés mis en usage pour craqueler la porcelaine et pour faire les gongs et ies tam-tams, NOus n’aurions rien à vous apprendre en fait de techNOlogie. Grâces en soient rendues à M. Stanislas Julien et aux ChiNOis, ses prédécesseurs,
Craquelage des porcelaines en Chine. — On appelle vases craquelés les vases à fond blanc ou grisâtre dont l’émail est fendillé de. mille manières, soit en dehors, soit en dedans et en dehors. En France, on sait très-bien que le craquelage,
qui donne tant de prix aux vases, provient de ce que l’émail n’a pas au feu le même retrait que la pâte du vase ; mais on
ne l’obtient que d’une manière accidentelle, sur deux ou trois vases dans une tournée de trois ou quatre cents vases,
tandis qu’en Chine on l’obtient à volonté et sur toute une fournée. Pour cela, il suffit de combiner de la stéatite avec la matière de l’émail. Au feu, cet émail se divise en un NOmbre infini de raies légères; on prend ensuite de l’encre grossière ou de la sanguine, et l on en remplit les fentes du cra
quelé, puis on essuie et l’on nettoie le vase. Il y a des vases ainsi fendillés sur le fond uni desquels on dessine des fleurs bleues. — Avis aux manufacturiers français.
Gongs et tam-tams. — Pour que le cuivre soit propre à la fabrication des instruments de musique, on y mêle un al
liage d’étaim (20p. 0/0). Ces sortesd’instrumentssefont d’une seule pièce et sans soudure. Pour fabriquer un gong ou tam-tam à fond plat, il n’est pas nécessaire de fondre d’a­ vance le métal sous une forme arrondie ; on peut le bat
tre immédiatement, sans autre préparation. Mais pour des cymbales ou le tam-tam ordinaire, on fond d’abord le mé
tal sous forme de plaque arrondie, puis on le bat au mar
teau. On ne se sert pas pour cela d’une enclume; on étend sur le sol la masse ou la feuille de métal autour de laquelle se placent les ouvriers qui la frappent à coups redoublés. Lorsque le centre du tam-tam a été relevé en bosse, un ou
vrier habile lui donne graduellement, en le battant à froid,
la qualité de son requise : on peut lui donner à volonté, soit le son aigu ou femelle, soit le son grave ou mâle. Mais il faut calculer à un centième et même à millième près le de
gré de saillie ou de pression de la bosse centrale. C’est par un grand NOmbre de coups de marteau qu’on détermine te son mâle.
Sciences physiques.
Vibrations soNOres de l’eau, par M. Wertheim. — Les li
quides propagent le son ; des sons peuvent naître dans l’intérieur de l’eau lorsqu’un cotps solide lui imprime une série de chocs réguliers. «Mais, dit M. Wertheim, on ne con
naît ni les sons propres à un certain volume de liquide, ni la détermination de la vitesse du son, ni la vérification des lois de ces vibrations, telles qu’elles ont été trouvées par l’analyse. » C’est pour combler cette lacune que M. Wertheim a entrepris des recherches et des expériences. Ii a anNOncé à l’Académie, en lui communiquant ses premières études, qu’il serait incessamment en mesure d’aborder la question dans son ensemble.
Sympiezomètres, par M. Gaudin. — Le mercure des baromètres, par son inertie et ie changement de longueur que subit la colonne sous l’influence de la température, n’est pas de nature à donner, sans percussion ni calcul, les légères oscillations de la pression atmosphérique; aussi a-t-on cherché à construire des baromètres à réservoir d’air (dits sympiezomètres) permettant l’emploi de liquides plus fluides et moins denses que le mercure et par suite jouissant d’une plus grande sensibilité. M. Gaudin a trouvé plusieurs moyens de construire des sympiezomètres indépendants de la température. 11 observe deux de ces NOuveaux instruments depuis plus d’un an, et il a acquis la conviction qu’ils rempli
ront toujours bien leur destination, qui sera de fournir à la météorologie des données qui lui avaient manqué jusqu’à présent; on en pourra faire, à ce qu’espère M. Gaudin,
pour la marine et l’agriculture, des baromètres usuels ou baroscopes, pouvant indiquer, du premier coup d’œil, les coups de vent et le moment précis des phases barométriques.
Dans la séance suivante, M. Vidi a présenté un baromètre construit sur un NOuveau principe, et qu’il désigne sous le NOm de baromètre anéroïde. Cet instrument se compose d’une boîte métallique dans laquelle on lait le .vide, La paroi supérieure est assez mince pour céder sensiblement à la pression atmosphérique : en se rapprochant ou s?éloignant de la paroi opposée, suivant que cette pression augmente ou diminue, elle met en mouvement un index dont les divisions, déterminées expérimentalement, correspondent à celles de l échelle des baromètres ordinaires.
Eclairage oblique des microscopes, par M. Nacbet. — Lorsqu’on examine des objets au microscope, il est important de pouvoir ies éclairer obliquement; car alors on peut distin
guer les stries et ies lignes très-fines qui, soüs la lumière di
recte, ne présentent pas d’ombres sensibles Mais tous les microscopes ne se prêtent pas également bien à ce genre d’éclairage, et les moyens employés jusqu’à présent pour le produire présentaient des inconvénients, soit parce que la
platine n’était pas solidement fixée, soit parce que le miroir perd la lumière quand on le change de position pour éclairer l’objet de différents côtés, ce qui ne permet pas de suivre les effets successifs de cette variation d’éclairage, soit enfin
parce que le miroir est inaccessible et n’ènvoie que de la
lumière directe. M. Nachet propose un petit.appareil qui se . compose d’un prisme analogue à une chambre claire et, se place immédiatement sous l’objet dans le tube qui sert à supporter les diaphragmes ordinaires. Cet éclairage oblique, combiné avec le mouvement de rotation de la platine, donne lieu à de très-beaux effets!; il a d’ailleurs l’avantage d’être applicable à tous les microscopes.
Télégraphe électrique, par M. Breguet. — Dans une lettre à M. Arago, M. Breguet a rendu compte des effets produits par la foudre sur les fils du télégraphe électrique du chemin de fer de Saint-Germain. Pendant un orage, une détonation semblable à celle d’un tort coup de pistolet se fit entendre
dans la cabane de t’employé, et une vive lumière se montra le long des conducteurs fixés à la paroi de cette cabane : ces conducteurs tombèrent en morceaux présentant des tra
ces de fusion, et l’employé reçut une forte secousse dans tout le corps. De plus on aperçut trois aigrettes persister pen
dant quelques secondes au sommet des fils, qui, en sortant
de la cabane, se relèvent brusquement à la hauteur de, six à sept mètres à angle droit. Un poteau à deux cents
mètres de là fut fendu, et un aiguilleur et plusieurs ouvriers reçurent des commotions violentes. M. Breguet pense que l’explosion est partie du chemin de fer, à cause cîe la quantité éNOrme de métal qui le compose, et il propose, pour prévenir la ruine des appareils et mettre ies employés des télé
graphes à t’abri du danger, d’arrêter les gros fils à cinq ou six mètres des cabanes, et de les mettre en communication avec les appareils au moyen de fils très-fins. Alors it n’arriverait aux postes télégraphiques que la quantité d’électri
cité que pourrait transmettre ce fil à très-petite section, et en cas de décharge, ce fil se fondrait, se romprait, NOn plus en dedans, mais en dehors des cabanes occupées par les em
ployés. — L’Académie a encore reçu dans le cours de ce trimestre un assez grand NOmbre de communications physi
ques intéressantes. Ainsi, M. Matlhiessen, d’Âltona, a envoyé un mémoire sur la détermination exacte de la dispersion de l’œil humain par des mesures directes. — M. Meîloni a continué le cours de ses intéressantes recherches sur la for
mation de la rosée, dont NOus avons précédemment entretenu NOs lecteurs. — M. Pouillet a lu un mémoire sur la théorie des fluides élastiques et sur la chaleur latente des vapeurs. — M. de Haldat a présenté un mémoire sur l’attraction magné
tique à l’appui de la théorie de l’universalité du magnétisme établie dans un piécédent mémoire. Une des parties de ce mémoire est destinée à éclairer la pratique dans la fabrica
tion des aimants à force constante. Les expériences qu’il a faites l’ont conduit à cette conclusion, que la pureté du fer
est la condition essentielle de la disposition à acquérir l’état magnétique, comme la disposition à conserver cet état con
siste dans les proportions exactes entre les principes qui constituent ce métal à l’état d’acier.
La chimie a vu également ses adeptes descendre bien des fois dans la lice académique, mais le défaut d’espace NOus force à passer sous silence aujourd’hui leurs brillants faits d’arines.