Ainsi qu’il arrive toujours après une déroute, beaucoup de morts du premier juur se retrouvent vivants le lendemain. Plusieurs centaines de fuyards ont regagné le territoire al
gérien par petites bandes ; d’autres sont allés se placer sous la protection du consul général de France à Tanger. La mi
sère de ces émigrés rapatriés cause une profonde pitié dans les tribus qu’ils traversent et prêche bien haut la soumission.
Espagne. —Tout est rentré dans l’ordre moral à la cour de Madrid. La reine et le roi-époux se montrent fréquem
ment ensemble en public, et les baise-mains se succèdent chez la reine Isabelle et chez la reine-mère. On dit que l’on a expédié à l’infant don François de Paule la permission de revenir dans la capitale. — Du reste, le général Narvaez, pour démentir la réputation qui lui est faite de partisan de l’arbitraire et de l’intimidation, vient de taire rendre un dé
cret qui ordonne de surseoir indéfiniment à tous les procès pendants pour délits relatifs à la liberté de la presse.
Portugal. —Le Terrible, écrivait-on le 14 de Lisbonne au Times, est arrivé ayant à bord le comte Bomfin et ses compagNOns d’infortune: le débarquement s’est opéré sans que l’ordre ait été un seul instant troublé, car l’amiral avait pris la précaution de les faire débarquer par groupes séparés ; le public n’a eu connaissance de leur arrivée qu’après. Le gouverneur de Loando n’a fait aucune difficulté de remettre les prisonniers à l’officier commandant le Terrible; les négo
ciants de Loando ont fait urte souscription de 50 dollars cha
cun pour les exilés. On leur a envoyé des vivres à bord. Sur trente-trois proscrits, trente-et-un ont été rendus à leurs familles, grâce à la sollicitude bienveillante du gouvernement anglais; un d’eux est mort, et un autre est resté vo
lontairement dans la colonie. Les chefs septembristes sont vivement alarmés des succès apparents que les cabralistes ont obtenus dans la confection des listes électorales par des moyens hoNOrables ou NOn, et je crois qu’ils s’abstiendront de voter. Jusqu’à présent ils se sont bornés à envoyer une protestation au gouvernement. Mais comme ils sont con. vaincus que si Cabrai l’emporte, ils se trouveront anéantis, il ne serait pas étonnant qu’ils frisent des démonstrations plus
violentes, et même qu’ils eussent recours à la force s’ils parvenaient à foire passer les royalistes de leur côté.
Grande-Bretagne. — Les journaux anglais, qui, dans leurs colonnes consacrées aux affaires intérieures, sont pres
que entièrement remplis par les détails afligeants de la crise qui travaille ce pays et qui ébranle le cabinet, disent quel
ques-uns d’entre eux, donnent une NOuvelle importante de l’Inde. La mère, du jeune maharajah de Lahore, la trop fa
meuse Ranie Chanda, qui a joué un rôle si actif dans les révolutions de ce pays, vient d’être enfermée dans une forteresse par l’ordre des durbas (conseil des chefs) du Pend
jab 11 paraît que cette princesse, furieuse de la nullité à laquelle elle était réduite dans -le gouvernement, avait ourdi un complot contre la vie du premier ministre Feji-Sing. Le pays est d’ailleurs très-calme. On assure que le jeune roi a offert de reNOncer à la couronne et de livrer entièrement ses Etals aux Anglais, pourvu que ceux-ci lui conservent ses honneurs et lui garantissent une pension. Les désordres continuent dans le Nizam.
Etats pontificaux. — S. S. Pie IX vient, par un motu proprio du 15 courant, d’organiser consulta d’Etat décrétée
le 19 avril dernier. Elle se composera d’un cardinal président, d’un prélat vice-président, de vingt-quatre conseil
lers, NOmmés et délégués par les provinces. La consulta se divisera en quatre sections, comprenant : 1° la législation ; 2° les finances ; 5° l’administration intérieure, le commerce et l’industrie ; 4° l’armée, les travaux publics, les prisons et maisons de détention. Elle aura voix délibérative dans les questions concernant le gouvernement de l’Etat et des pro
vinces, la réforme des lois et la rédaction des règlements généraux d’administration, [ établissement de NOuveaux im
pôts, la proposition d’emprunts, la disposition des biens du domaine public, l’établissement de droits de douane et la conclusion des traités de commerce, l’examen des dépenses et l’apurement des comptes relatifs aux budgets de l’Etat et des provinces.
— Les anNOnces successives de l évacuation de la ville de Ferrare par les troupes autrichiennes NOn seulement ne se sont pas confirmées, mais sont complètement démenties par les faits NOuveaux. Les Autrichiens, au contraire, s’y ren
forcent, et on lisait dans la Patria de Florence du 14 au soir, qu’une collision avait eu lieu entre des patrouilles et le peu
ple, et que les Autrichiens ayant fait feu, deux personnes, dont un ecclésiastique, avaient été grièvement blessées. Heureusement le cardinal-légat Ciacchi, qui jouit de la plus grande popularité, et qui a, on se le rappelle, énergiquement protesté contre l’occupation de la ville, est intervenu et est parvenu à conjurer de plus grands malheurs.
Toscane. — Le 11, le marquis Rinuccini, conseiller intime d Etat, commissaire extraordinaire de S. A. I. et R le grand-duc de Toscane, est allé, au NOm de ce prince, pren
dre possession de l’Etat de Lucques etrecevoir le serment des magistrats et fonctionnaires. Les ministres et les conseil
lers d’Etat ont dû cesser leurs fonctions. Le motu proprio qui leur a retiré le pouvoir disposait en outre : « Les lois et règlements qui sont en vigueur sont provisoirement conservés.
Voulant cependant que l’un des principes les plus salutaires de NOtre gouvernement soit sans délai consacré envers NOs bons Lucquois, auxquels NOus voulons donner une preuve de NOtre rigoureuse impartialité, NOus ordonNOns dès aujour
d’hui l’abolition de la peine de mort. On substituera à cette
peine celle qui lui succède immédiatement dans l ordre des peines établies par le code provisoirement conservé. » Cet acté souverain se terminait par la grâce accordée à un trèsgrand NOmbre de coupables.
Le 14, le grand-duc, la grande-duchesse et le prince héréditaire ont fait leur entrée solennelle à Lucques. Les auto
rités civiles et militaires et toute la population sont allées à leur rencontre. Le grand-duc a fait distribuer 12,000 francs
aux pauvres et a fait rendre gratis les effets engagés au montde-piété, dont la valeur ne dépâssait pas 4 francs.
Ceci est le côté riant de la réunion, mais les territoires de Pontremoli et de la Lunigiana toscane, qui, d’après les trai
tés de 1815, devaient passer au duc de Lucques, à la réunion de son duché à la Toscane, et que celui-ci vient, par suite d’un marché, de transmettre au duc de Modène, sont dans un état de désespoir et d’agitation vraiment inquiétant. Ils ont commencé par adresser au grand-duc de Toscane une péti
tion portée par une députation conduite par l’évêque, pétition conçue dans les termes les plus émouvants, pour le supplier de tâcher d’obtenir par des négociations que ces districts ne fussent pas séparés de la Toscane.
Piémont. — A ta suite de la démonstration populaire du 50 septembre, dont NOus avons parlé dans NOtre avant-der
nier numéro, on a vu sortir du ministère M. de Villamarina,
ministre de la guerre, et M. de la Marguerite, ministre des affaires étrangères. Le roi leur a donné pour successeurs des hommes considérés, mais sans couleur politique bien pro NOncée, M. le comte de Broglie et M. de Saint-Marsan.
Suisse. — La diète, réunie le 18, jour auquel elle s’était ajournée, a voulu, avant de recourir aux moyens coercitifs, épuiser toutes tes tentatives de conciliation. En conséquence,
elle a décrété qu’une proclamation serait par elle adressée aux sept cantons de la ligue, et qu’elle leur serait portée par uatorze commissaires fédéraux. Cette proclamation, qui onne l’assurance solennelle que la pensée d’atlenter aux droits, aux libertés, a la loi, à la religion, à ta future posi
tion des cantons séparatistes dans l’alliance fédérale, est tout à fait étrangère à la diète, qui proteste qu’elle ne veut ni op
primer ies confédérés, ni détruire la souveraineté nationale, ni renverser violemment les institutions fédérales existantes, ni établir un gouvernement unitaire, a été votée par la ma
jorité, et n’a pas été combattue par toutes les députations de la ligue.
Hollande. — Le roi de Hollande a ouvert le 18 octobre la session des états généraux. La situation des finances de l’Etat est présentée comme favorable. La partie la plus im
portante du manifeste royal est celle qui anNOnce la proposi
tion d’une réforme dans l’article de la loi fondamentale qui règle le système électoral.
Hongrie. — La diète hongroise, qui commence le 7 NOvembre, sera ouverte par l’empereur en personne comme roi de Hongrie, elle durera, assure-t-on, deux mois.
Etats-Unis et Mexique. — La ville de Mexico vient d’ê tre prise par les Américains. Après deux combats, qui eu
rent lieu le 15 septembre entre ceux-ci et les Mexicains, à Chapultepec, au moulin d’El-Rey, positions situées à trois milles de Mexico, les Américains se portèrent sur la capi
tale. Voici comment une lettre de Mexico même rend compte de la prise de cette ville; c’est la seule relation que renlerment ies journaux de New-York :
« Le général Scott arriva avec son armée, le 14 au matin, aux portes de NOtre ville, qu’il essaya immédiatement de
bombarder. Lé bombardement, qui dura tout le reslant du jour et le jour suivant, NOus causa d’immenses dommages : un grand NOmbre d’hommes, de femmes, d enfants furent tués ou blessés. Ce tableau était effrayant. Mais la ville ré
sistait bravement aux centaines de bombes qui éclataient dans son sein ; elle jetait un défi aux sanguinaires Yankees, et leur donnait la certitude que leurs projectiles ne pouvaient réduire la capitale du Mexique. Alors l’ennemi changea son plan : il prit la détermination d’entrer dans la ville, où NOus étions prêts à le recevoir.
« Après avoir barricadé les rues avec des sacs de sable, on plaça sur les toits et aux fenêtres des maisons toutes les personnes capables de se servir d’armes ou de soulever des pierres, tuiles, etc., pour les faire pleuvoir sur la tête de t’enneini. Le général Scott avait à peine franchi les portes de la ville, que la difficulté de sa position lui était connue : une grêle le balles et de pierres tomba sur ses troupes, et le sol se couvrit de morts et de blessés ; cependant il conti
nua sa marche, et parvint jusqu à l’embouchure de deux rues qui conduisent sur la Plaza. Voyant qu il ne pouvait lutter avec NOs soldats à peu près invisibles, et qu’il perdait ses hommes avec rapidité, le général Scott s’empara du cou
vent de San-Isidoro, qui se trouve placé derrière le centre d’un bloc, et chargea ses mineurs ei ses sapeurs de lui couper un chemin direct à travers les constructions. Dans quel
ques cas on fit sauter des maisons entières pour faciliter ce passage; mais, après plusieurs heures, il déboucha de NOu
veau dans la rue, et atteignil la Plaza après avoir éprouvé de grandes pertes.
« A son entrée sur la Plaza, un feu NOurri fut ouvert sur lui par NOs patriotiques troupes, postées dans le palais et la cathédrale. Pour répondre à cet assaut, l’ennemi rassembla toutes ses forces sur la Plaza, et dirigea sa caNOnnade con
tre le palais et la cathédrale : plus de cent boulets vinrent frapper ces édifices, auxquels ils causèrent de graves dom
mages, et où beaucoup d’hommes furent tués ou blessés.
Toute résistance devenant inutile, NOs soldats cessèrent le feu, et le 15 septembre (jour fatal !) l’ennemi se trouva maître de la capitale du Mexique.
« Bien que les Yankees aient trouvé mort et carnage chez NOus, NOus avons grandement souffert NOus mêmes. Bon NOm
bre ont été tués dans les maisons minées, beaucoup dans le bombardement, mais plus encore dans la confusion qui ré
gnait dans la ville. Le NOmbre des morts ou blessés, ou disparus depuis le commencement de l’action, c’est-à-dire de
puis hier, ne peut être évalué à moins de quatre mille, parmi lesquels il faul compter beaucoup de femmes et d’enfants. L’ennemi avoue une perte de mille hommes; elle est certainementbeaucoupplusgrande. Santa-Anna, avec ses généraux et toutes les troupes qu’il a pu réunir, s’est dirigé sur Guadalupe. Ou dit qu’il est gravement blessé.»
Avant la reprise d’hostilités quiaaboutiàla prise de Mexico, les propositions du plénipotentiaire américain, M. Trist, avaient été rejetées en partie, et le général Santa-Anna avait
déNOncé dès le 7 septembre la cessation de l’amnistie au général Scott. — Le 4 octobre, un conseil de cabinet a été tenu extraordinairement à Washingf et il a été résolu que M. Trist serait immédiatement rappei t que l’on abandonnerait toute NOuvelle tentative de conciliation. — On pré
parait des renforts qui seraient expédiés au général Scott,
dans le but de le mettre à même d’en finir avec les restes de l’armée mexicaine.
Désastres, accidents. — Le chemin de fer de Cologne, par Minden et HaNOvre, à Berlin, qui n’etait ouvert que de la surveille, a été, le 17 octobre, le théâtre d’un déploraole acci
dent. Vers midi, un convoi de wagons venant de Cologne, et chargés de marchandises à destination de Berlin, enlra dans l’embarcadère de Minden, et aussitôt les employés poussèrent ce train sur la section du rail-way allant à HaNOvre. Quelques secondes après, on vit arriver un autre convoi parti de Ha
NOvre et marchant à très grande vitesse. Les personnes qui se trouyaient à l’embarcadère firent signe au conducteur, en agitant leurs chapeaux et leurs mouchoirs, qu’il devait arrêter; mais, soit que le conducteur ne comprît pas le signal, soit qu’il ne pût pas brider sa locomotive, le convoi s’est précipité contre les wagons, et le remorqueur et plusieurs dili
gences ont été broyés. Trente-deux voyageurs ont reçu des
blessures et des contusions très-graves ; quelques-uns d’entre eux étaient même tout couverts de sang. On en a transporté quatorze à l’hôpital de Minden. Une information judiciaire a été commencée contre le conducteur.
— La ville de Kostroma, une des plus industrieuses villes de la Russie, et qui est située au confluent de la Kostroma et du Volga, vient d’être ravagée parun incendie. Plus de cinq cents maisons ont été réduites en cendres, et environ 7,000
personnes se trouvaient sans abri. Le gouvernement a surle-champ envoyé des secours de toute espèce aux incendiés.
— Dans la nuit du 14 au 15, le paquebot le Bonaparte, faisant le service de la Corse, a été abordé par le Comte de Paris. Deux hommes de l’équipage et un passager ont péri
dans ce malheureux événement, qui a eu lieu à la hauteur de Capraïa.
Au milieu de la confusion et du désordre occasionnés par la violence du choc, à la vue du danger imminent qui me
naçait les passagers et l’équipage, un passager corse, qui a montré en cette circonstance leplus admirable dévouement, porta son attention sur les êtres les plus faibles, qui étaient devenus ses compagNOns d’infortune. C’étaient quatre daines anglaises, la mère et ses trois filles.
Il fallait à tout prix les sauver de la mort, et pourtant, sans le concours de circonstances fortuites, une mer calme et la proximité des deux vapeurs, on ne saurait dire s’il y aurait réussi en l’absence d’embarcations suffisantes. Saisir dans ses bras vigoureux chacune de ses pauvres victimes, monter rapidement sur le tambour du Bonaparte, s’élancer sur celui du Comte de Paris, y déposer son fardeau, revenir au point de départ, enlever une autre pauvre femme glacée par la terreur et presque mourante, exécuter ainsi successivement,
à quatre reprises, un semblable sauvetage, tout cela s’est opéré avec plus de rapidité qu’on ne peut en mettre à l’écrire.
U arriva un moment où la distance entre les deux navires devint à peu près impossible à franchir. Le brave Corse tenait-dans ses mains une des trois jeunes personnes. Il n’y avaitpas un instant à perdre,, car le Bonaparte s’emplissait à vue d’œil. L’attention des passagers et de l’équipage du Comte de Paris fut appelée vers le point du va-et-vient, rendu favorable jusqu’alors par le secours inespéré de la Pro
vidence. La jeune fille, lancée à travers l’espace, au-dessous duquel se trouvait l’abîme, par les bras vigoureux de son sauveur, tomba, NOn sans éprouver quelques graves contu
sions, au milieu d’autres libérateurs, et fut déposée dans les bras de sa mère.
Une cinquième épreuve était réservée à NOtre héros, épreuve infructueuse et qui a dû peser douloureusement sur son cœur généreux. Un pauvre idiot gisait dans une cou
chette des secondes places. L’intrépide Corse l’apprend. Il n’hésite pas à s’y élancer. Il l’arrache de force, malgré sa
résistance, le charge sur ses épaules. Déjà il atteignait les dernières marches de l’échelle, lorsque le malheureux fou, se débattant avec violence, se dégagea des bras qui le retenaient et retomba dans le carré qui devait lui servii de tom
beau. Peu de moments après ce dernier et bien triste épisode, il ne restait du Bonaparte, à la surface des flots, que quelques débris épars.
Académie des Sciences.
COMPTE RENDU DU DEUXIÈME TRIMESTRE.
Météorologie.
Sur la théorie de la rosée, par M. Melloni. — Malgré les travaux dont elle a été l’objet, la théorie de la rosée, telle qu’elle est enseignée dans les ouvrages élémenlaires, n’a point été adoptée par l’universalité des physiciens. Un des plus distingués de NOtre époque, M. Melloni, vient de la soumettre à un NOuvel examen.
Wells et Wilson avaient trouvé qu’un thermomètre entouré de laine et placé près du sol pendant une nuit sereine
s’était abaissé de 5 , 5 de plus qu’un autre thermomètre dont la boule était nue. M. Melloni voulut comparer le re
froidissement de ce thermomètre à celui d’un aulre couvert de NOir de fumée, celui de tous les corps de la nature dont le pouvoir émissif est le plus grand. Il trouva que le thermo
mètre environné de laine descendait plus bas que le ther
momètre NOirci. M. Melloni explique cette aNOmalie de la manière suivante : « La laine en rayonnant, dit-il, refroidit l’air qui l’entoure ; celui-ci devenant plus froid devient aussi plus lourd et tombe, mais il reste emprisonné dans les fila
ments de la laine, et il leur forme une atmosphère plus froide que celle qui entoure la boule du thermomètre NOirci. De
gérien par petites bandes ; d’autres sont allés se placer sous la protection du consul général de France à Tanger. La mi
sère de ces émigrés rapatriés cause une profonde pitié dans les tribus qu’ils traversent et prêche bien haut la soumission.
Espagne. —Tout est rentré dans l’ordre moral à la cour de Madrid. La reine et le roi-époux se montrent fréquem
ment ensemble en public, et les baise-mains se succèdent chez la reine Isabelle et chez la reine-mère. On dit que l’on a expédié à l’infant don François de Paule la permission de revenir dans la capitale. — Du reste, le général Narvaez, pour démentir la réputation qui lui est faite de partisan de l’arbitraire et de l’intimidation, vient de taire rendre un dé
cret qui ordonne de surseoir indéfiniment à tous les procès pendants pour délits relatifs à la liberté de la presse.
Portugal. —Le Terrible, écrivait-on le 14 de Lisbonne au Times, est arrivé ayant à bord le comte Bomfin et ses compagNOns d’infortune: le débarquement s’est opéré sans que l’ordre ait été un seul instant troublé, car l’amiral avait pris la précaution de les faire débarquer par groupes séparés ; le public n’a eu connaissance de leur arrivée qu’après. Le gouverneur de Loando n’a fait aucune difficulté de remettre les prisonniers à l’officier commandant le Terrible; les négo
ciants de Loando ont fait urte souscription de 50 dollars cha
cun pour les exilés. On leur a envoyé des vivres à bord. Sur trente-trois proscrits, trente-et-un ont été rendus à leurs familles, grâce à la sollicitude bienveillante du gouvernement anglais; un d’eux est mort, et un autre est resté vo
lontairement dans la colonie. Les chefs septembristes sont vivement alarmés des succès apparents que les cabralistes ont obtenus dans la confection des listes électorales par des moyens hoNOrables ou NOn, et je crois qu’ils s’abstiendront de voter. Jusqu’à présent ils se sont bornés à envoyer une protestation au gouvernement. Mais comme ils sont con. vaincus que si Cabrai l’emporte, ils se trouveront anéantis, il ne serait pas étonnant qu’ils frisent des démonstrations plus
violentes, et même qu’ils eussent recours à la force s’ils parvenaient à foire passer les royalistes de leur côté.
Grande-Bretagne. — Les journaux anglais, qui, dans leurs colonnes consacrées aux affaires intérieures, sont pres
que entièrement remplis par les détails afligeants de la crise qui travaille ce pays et qui ébranle le cabinet, disent quel
ques-uns d’entre eux, donnent une NOuvelle importante de l’Inde. La mère, du jeune maharajah de Lahore, la trop fa
meuse Ranie Chanda, qui a joué un rôle si actif dans les révolutions de ce pays, vient d’être enfermée dans une forteresse par l’ordre des durbas (conseil des chefs) du Pend
jab 11 paraît que cette princesse, furieuse de la nullité à laquelle elle était réduite dans -le gouvernement, avait ourdi un complot contre la vie du premier ministre Feji-Sing. Le pays est d’ailleurs très-calme. On assure que le jeune roi a offert de reNOncer à la couronne et de livrer entièrement ses Etals aux Anglais, pourvu que ceux-ci lui conservent ses honneurs et lui garantissent une pension. Les désordres continuent dans le Nizam.
Etats pontificaux. — S. S. Pie IX vient, par un motu proprio du 15 courant, d’organiser consulta d’Etat décrétée
le 19 avril dernier. Elle se composera d’un cardinal président, d’un prélat vice-président, de vingt-quatre conseil
lers, NOmmés et délégués par les provinces. La consulta se divisera en quatre sections, comprenant : 1° la législation ; 2° les finances ; 5° l’administration intérieure, le commerce et l’industrie ; 4° l’armée, les travaux publics, les prisons et maisons de détention. Elle aura voix délibérative dans les questions concernant le gouvernement de l’Etat et des pro
vinces, la réforme des lois et la rédaction des règlements généraux d’administration, [ établissement de NOuveaux im
pôts, la proposition d’emprunts, la disposition des biens du domaine public, l’établissement de droits de douane et la conclusion des traités de commerce, l’examen des dépenses et l’apurement des comptes relatifs aux budgets de l’Etat et des provinces.
— Les anNOnces successives de l évacuation de la ville de Ferrare par les troupes autrichiennes NOn seulement ne se sont pas confirmées, mais sont complètement démenties par les faits NOuveaux. Les Autrichiens, au contraire, s’y ren
forcent, et on lisait dans la Patria de Florence du 14 au soir, qu’une collision avait eu lieu entre des patrouilles et le peu
ple, et que les Autrichiens ayant fait feu, deux personnes, dont un ecclésiastique, avaient été grièvement blessées. Heureusement le cardinal-légat Ciacchi, qui jouit de la plus grande popularité, et qui a, on se le rappelle, énergiquement protesté contre l’occupation de la ville, est intervenu et est parvenu à conjurer de plus grands malheurs.
Toscane. — Le 11, le marquis Rinuccini, conseiller intime d Etat, commissaire extraordinaire de S. A. I. et R le grand-duc de Toscane, est allé, au NOm de ce prince, pren
dre possession de l’Etat de Lucques etrecevoir le serment des magistrats et fonctionnaires. Les ministres et les conseil
lers d’Etat ont dû cesser leurs fonctions. Le motu proprio qui leur a retiré le pouvoir disposait en outre : « Les lois et règlements qui sont en vigueur sont provisoirement conservés.
Voulant cependant que l’un des principes les plus salutaires de NOtre gouvernement soit sans délai consacré envers NOs bons Lucquois, auxquels NOus voulons donner une preuve de NOtre rigoureuse impartialité, NOus ordonNOns dès aujour
d’hui l’abolition de la peine de mort. On substituera à cette
peine celle qui lui succède immédiatement dans l ordre des peines établies par le code provisoirement conservé. » Cet acté souverain se terminait par la grâce accordée à un trèsgrand NOmbre de coupables.
Le 14, le grand-duc, la grande-duchesse et le prince héréditaire ont fait leur entrée solennelle à Lucques. Les auto
rités civiles et militaires et toute la population sont allées à leur rencontre. Le grand-duc a fait distribuer 12,000 francs
aux pauvres et a fait rendre gratis les effets engagés au montde-piété, dont la valeur ne dépâssait pas 4 francs.
Ceci est le côté riant de la réunion, mais les territoires de Pontremoli et de la Lunigiana toscane, qui, d’après les trai
tés de 1815, devaient passer au duc de Lucques, à la réunion de son duché à la Toscane, et que celui-ci vient, par suite d’un marché, de transmettre au duc de Modène, sont dans un état de désespoir et d’agitation vraiment inquiétant. Ils ont commencé par adresser au grand-duc de Toscane une péti
tion portée par une députation conduite par l’évêque, pétition conçue dans les termes les plus émouvants, pour le supplier de tâcher d’obtenir par des négociations que ces districts ne fussent pas séparés de la Toscane.
Piémont. — A ta suite de la démonstration populaire du 50 septembre, dont NOus avons parlé dans NOtre avant-der
nier numéro, on a vu sortir du ministère M. de Villamarina,
ministre de la guerre, et M. de la Marguerite, ministre des affaires étrangères. Le roi leur a donné pour successeurs des hommes considérés, mais sans couleur politique bien pro NOncée, M. le comte de Broglie et M. de Saint-Marsan.
Suisse. — La diète, réunie le 18, jour auquel elle s’était ajournée, a voulu, avant de recourir aux moyens coercitifs, épuiser toutes tes tentatives de conciliation. En conséquence,
elle a décrété qu’une proclamation serait par elle adressée aux sept cantons de la ligue, et qu’elle leur serait portée par uatorze commissaires fédéraux. Cette proclamation, qui onne l’assurance solennelle que la pensée d’atlenter aux droits, aux libertés, a la loi, à la religion, à ta future posi
tion des cantons séparatistes dans l’alliance fédérale, est tout à fait étrangère à la diète, qui proteste qu’elle ne veut ni op
primer ies confédérés, ni détruire la souveraineté nationale, ni renverser violemment les institutions fédérales existantes, ni établir un gouvernement unitaire, a été votée par la ma
jorité, et n’a pas été combattue par toutes les députations de la ligue.
Hollande. — Le roi de Hollande a ouvert le 18 octobre la session des états généraux. La situation des finances de l’Etat est présentée comme favorable. La partie la plus im
portante du manifeste royal est celle qui anNOnce la proposi
tion d’une réforme dans l’article de la loi fondamentale qui règle le système électoral.
Hongrie. — La diète hongroise, qui commence le 7 NOvembre, sera ouverte par l’empereur en personne comme roi de Hongrie, elle durera, assure-t-on, deux mois.
Etats-Unis et Mexique. — La ville de Mexico vient d’ê tre prise par les Américains. Après deux combats, qui eu
rent lieu le 15 septembre entre ceux-ci et les Mexicains, à Chapultepec, au moulin d’El-Rey, positions situées à trois milles de Mexico, les Américains se portèrent sur la capi
tale. Voici comment une lettre de Mexico même rend compte de la prise de cette ville; c’est la seule relation que renlerment ies journaux de New-York :
« Le général Scott arriva avec son armée, le 14 au matin, aux portes de NOtre ville, qu’il essaya immédiatement de
bombarder. Lé bombardement, qui dura tout le reslant du jour et le jour suivant, NOus causa d’immenses dommages : un grand NOmbre d’hommes, de femmes, d enfants furent tués ou blessés. Ce tableau était effrayant. Mais la ville ré
sistait bravement aux centaines de bombes qui éclataient dans son sein ; elle jetait un défi aux sanguinaires Yankees, et leur donnait la certitude que leurs projectiles ne pouvaient réduire la capitale du Mexique. Alors l’ennemi changea son plan : il prit la détermination d’entrer dans la ville, où NOus étions prêts à le recevoir.
« Après avoir barricadé les rues avec des sacs de sable, on plaça sur les toits et aux fenêtres des maisons toutes les personnes capables de se servir d’armes ou de soulever des pierres, tuiles, etc., pour les faire pleuvoir sur la tête de t’enneini. Le général Scott avait à peine franchi les portes de la ville, que la difficulté de sa position lui était connue : une grêle le balles et de pierres tomba sur ses troupes, et le sol se couvrit de morts et de blessés ; cependant il conti
nua sa marche, et parvint jusqu à l’embouchure de deux rues qui conduisent sur la Plaza. Voyant qu il ne pouvait lutter avec NOs soldats à peu près invisibles, et qu’il perdait ses hommes avec rapidité, le général Scott s’empara du cou
vent de San-Isidoro, qui se trouve placé derrière le centre d’un bloc, et chargea ses mineurs ei ses sapeurs de lui couper un chemin direct à travers les constructions. Dans quel
ques cas on fit sauter des maisons entières pour faciliter ce passage; mais, après plusieurs heures, il déboucha de NOu
veau dans la rue, et atteignil la Plaza après avoir éprouvé de grandes pertes.
« A son entrée sur la Plaza, un feu NOurri fut ouvert sur lui par NOs patriotiques troupes, postées dans le palais et la cathédrale. Pour répondre à cet assaut, l’ennemi rassembla toutes ses forces sur la Plaza, et dirigea sa caNOnnade con
tre le palais et la cathédrale : plus de cent boulets vinrent frapper ces édifices, auxquels ils causèrent de graves dom
mages, et où beaucoup d’hommes furent tués ou blessés.
Toute résistance devenant inutile, NOs soldats cessèrent le feu, et le 15 septembre (jour fatal !) l’ennemi se trouva maître de la capitale du Mexique.
« Bien que les Yankees aient trouvé mort et carnage chez NOus, NOus avons grandement souffert NOus mêmes. Bon NOm
bre ont été tués dans les maisons minées, beaucoup dans le bombardement, mais plus encore dans la confusion qui ré
gnait dans la ville. Le NOmbre des morts ou blessés, ou disparus depuis le commencement de l’action, c’est-à-dire de
puis hier, ne peut être évalué à moins de quatre mille, parmi lesquels il faul compter beaucoup de femmes et d’enfants. L’ennemi avoue une perte de mille hommes; elle est certainementbeaucoupplusgrande. Santa-Anna, avec ses généraux et toutes les troupes qu’il a pu réunir, s’est dirigé sur Guadalupe. Ou dit qu’il est gravement blessé.»
Avant la reprise d’hostilités quiaaboutiàla prise de Mexico, les propositions du plénipotentiaire américain, M. Trist, avaient été rejetées en partie, et le général Santa-Anna avait
déNOncé dès le 7 septembre la cessation de l’amnistie au général Scott. — Le 4 octobre, un conseil de cabinet a été tenu extraordinairement à Washingf et il a été résolu que M. Trist serait immédiatement rappei t que l’on abandonnerait toute NOuvelle tentative de conciliation. — On pré
parait des renforts qui seraient expédiés au général Scott,
dans le but de le mettre à même d’en finir avec les restes de l’armée mexicaine.
Désastres, accidents. — Le chemin de fer de Cologne, par Minden et HaNOvre, à Berlin, qui n’etait ouvert que de la surveille, a été, le 17 octobre, le théâtre d’un déploraole acci
dent. Vers midi, un convoi de wagons venant de Cologne, et chargés de marchandises à destination de Berlin, enlra dans l’embarcadère de Minden, et aussitôt les employés poussèrent ce train sur la section du rail-way allant à HaNOvre. Quelques secondes après, on vit arriver un autre convoi parti de Ha
NOvre et marchant à très grande vitesse. Les personnes qui se trouyaient à l’embarcadère firent signe au conducteur, en agitant leurs chapeaux et leurs mouchoirs, qu’il devait arrêter; mais, soit que le conducteur ne comprît pas le signal, soit qu’il ne pût pas brider sa locomotive, le convoi s’est précipité contre les wagons, et le remorqueur et plusieurs dili
gences ont été broyés. Trente-deux voyageurs ont reçu des
blessures et des contusions très-graves ; quelques-uns d’entre eux étaient même tout couverts de sang. On en a transporté quatorze à l’hôpital de Minden. Une information judiciaire a été commencée contre le conducteur.
— La ville de Kostroma, une des plus industrieuses villes de la Russie, et qui est située au confluent de la Kostroma et du Volga, vient d’être ravagée parun incendie. Plus de cinq cents maisons ont été réduites en cendres, et environ 7,000
personnes se trouvaient sans abri. Le gouvernement a surle-champ envoyé des secours de toute espèce aux incendiés.
— Dans la nuit du 14 au 15, le paquebot le Bonaparte, faisant le service de la Corse, a été abordé par le Comte de Paris. Deux hommes de l’équipage et un passager ont péri
dans ce malheureux événement, qui a eu lieu à la hauteur de Capraïa.
Au milieu de la confusion et du désordre occasionnés par la violence du choc, à la vue du danger imminent qui me
naçait les passagers et l’équipage, un passager corse, qui a montré en cette circonstance leplus admirable dévouement, porta son attention sur les êtres les plus faibles, qui étaient devenus ses compagNOns d’infortune. C’étaient quatre daines anglaises, la mère et ses trois filles.
Il fallait à tout prix les sauver de la mort, et pourtant, sans le concours de circonstances fortuites, une mer calme et la proximité des deux vapeurs, on ne saurait dire s’il y aurait réussi en l’absence d’embarcations suffisantes. Saisir dans ses bras vigoureux chacune de ses pauvres victimes, monter rapidement sur le tambour du Bonaparte, s’élancer sur celui du Comte de Paris, y déposer son fardeau, revenir au point de départ, enlever une autre pauvre femme glacée par la terreur et presque mourante, exécuter ainsi successivement,
à quatre reprises, un semblable sauvetage, tout cela s’est opéré avec plus de rapidité qu’on ne peut en mettre à l’écrire.
U arriva un moment où la distance entre les deux navires devint à peu près impossible à franchir. Le brave Corse tenait-dans ses mains une des trois jeunes personnes. Il n’y avaitpas un instant à perdre,, car le Bonaparte s’emplissait à vue d’œil. L’attention des passagers et de l’équipage du Comte de Paris fut appelée vers le point du va-et-vient, rendu favorable jusqu’alors par le secours inespéré de la Pro
vidence. La jeune fille, lancée à travers l’espace, au-dessous duquel se trouvait l’abîme, par les bras vigoureux de son sauveur, tomba, NOn sans éprouver quelques graves contu
sions, au milieu d’autres libérateurs, et fut déposée dans les bras de sa mère.
Une cinquième épreuve était réservée à NOtre héros, épreuve infructueuse et qui a dû peser douloureusement sur son cœur généreux. Un pauvre idiot gisait dans une cou
chette des secondes places. L’intrépide Corse l’apprend. Il n’hésite pas à s’y élancer. Il l’arrache de force, malgré sa
résistance, le charge sur ses épaules. Déjà il atteignait les dernières marches de l’échelle, lorsque le malheureux fou, se débattant avec violence, se dégagea des bras qui le retenaient et retomba dans le carré qui devait lui servii de tom
beau. Peu de moments après ce dernier et bien triste épisode, il ne restait du Bonaparte, à la surface des flots, que quelques débris épars.
Académie des Sciences.
COMPTE RENDU DU DEUXIÈME TRIMESTRE.
Météorologie.
Sur la théorie de la rosée, par M. Melloni. — Malgré les travaux dont elle a été l’objet, la théorie de la rosée, telle qu’elle est enseignée dans les ouvrages élémenlaires, n’a point été adoptée par l’universalité des physiciens. Un des plus distingués de NOtre époque, M. Melloni, vient de la soumettre à un NOuvel examen.
Wells et Wilson avaient trouvé qu’un thermomètre entouré de laine et placé près du sol pendant une nuit sereine
s’était abaissé de 5 , 5 de plus qu’un autre thermomètre dont la boule était nue. M. Melloni voulut comparer le re
froidissement de ce thermomètre à celui d’un aulre couvert de NOir de fumée, celui de tous les corps de la nature dont le pouvoir émissif est le plus grand. Il trouva que le thermo
mètre environné de laine descendait plus bas que le ther
momètre NOirci. M. Melloni explique cette aNOmalie de la manière suivante : « La laine en rayonnant, dit-il, refroidit l’air qui l’entoure ; celui-ci devenant plus froid devient aussi plus lourd et tombe, mais il reste emprisonné dans les fila
ments de la laine, et il leur forme une atmosphère plus froide que celle qui entoure la boule du thermomètre NOirci. De