là le plus grand abaissement du thermomètre entouré de laine. »
Ce qui se passe avec les touffes de coton et de laine, placées autour des thermomètres, se reproduit naturellement dans plusieurs circonstances. La température de l’herbe et celle d’autres plantes basses qui couvrent les champs descendent en vertu de cette réaction frigorifique bien au-dessous de celle des corps élevés, à cause du voisinage du sol qui soutient le milieu ambiant et le force à rester en présence des surfaces rayonnantes. Réellement la couche d’air où est plongée l’herbe de la prairie ne se tient pas immobile ; elle tourbil
lonne au contraire d’une manière tout à fait analogue à l’eau d’un vase placé sur le ieu. Les particules aériennes, conden
sées par le froid des sommités de l’herbe, descendent dans l’intérieur des prés, se réchauffent au contact de la terre, remontent sur les parties supérieures de l’herbe, et ainsi de suite ; mais il est clair que, malgré cet état d’agitation, elles finissent par se refroidir, et l’humidité de l’air, en se déposant, produit le phéNOmène de la rosée.
Quantité de pluie à Alger, par M. Don. — La moyenne de neuf ans, 1838-1846, est de 0m 898, 6, répartis de la manière suivante dans les quatre saisons de l’année :
Hiver.................428 6 Printemps . . . 207 1 Eté.......................13 S Automne.... 235 3
On voit que la plus grande quantité de pluie tombe en hiver. Pendant le printemps et l’automne réunis, la terre en reçoit une quantité à peu près égale ; en été, la sécheresse est l’état NOrmal. Ces données sont de la plus haute impor
tance pour les colons intelligents qui voudront se livrer à la culture du sol en Algérie.
Coup de foudre sur la prison de Lachâtre, par M. Decerfz. — Le 30 juin 1847, à cinq heures du soir, un globe lumi
neux vint s’abattre sur la toiture de la prison. De la toiture dont les tuiles volent en éclats, la foudre suit et dégrade en zigzag le mur du côté du sud, brise les vitres d’une croi
sée , et lance le long de la muraille un prisonnier qui élait seul dans sa chambre. De là elle descend à l’étage au-des
sous, brise encore des vitres, arrache l’appui de la croisée, et jette au loin un boulon de fer du poids de sept kilogrammes.
A l’étage inférieur, elle pénètre dans la chambre commune sous forme de globe enflammé, casse tous les carreaux, frappe violemment à la cuisse gauche le concierge qui tenait de la main, du même côté, un trousseau de grosses clefs, lui déchire son pantalon et réduit la botte gauche en charpie sans brûler le pied. Elle atteint ensuite une femme au cou, la lance à dix pas, et en jette une autre sur un meuble. M. Decerfz, appelé comme médecin de la prison, trouve le concierge avec les deux jambes paralysées, mais sans con
tusions. Un traitement approprié ramena la chaleur et la sensibilité; le prisonnier frappé à l’étage supérieur resta jus
qu’au soir sans parler, mais était hors de danger, ainsi que les autres blessés. La chambre où la foudre a exercé ses ravages était remplie d’une odeur d’ail et de soufre combinés.
Géologie.
Rapport sur un mémoire de M. Raulin sur la géologie du Sancerrois, -par M. Gordien. — Ce pays, qui forme la partie septentrionale du département du Cher, fait partie de la ceinture crétacée du bassin de Paris. Il présente, comme terrains dominants, le grès vert et la craie inférieure; pardessous ressortentles terrains jurassiques supérieur et moyen; au-dessus se trouvent la craie moyenne et des dépôts tertiaires.
Le point le plus saillant du travail de M. Raulin, c’est l’é­ tude d’une faille ou fracture qui a amené au contact des terrains des niveaux fort différents. Elle se prolonge sur une
longueur de seize, kilomètres. Dans la colline même de Sancerre, les sables à silex viennent se juxtaposer à la partie supérieure de l’étage jurassique moyen.
Le relèvement du Sancerrois s’ajoute, dans le bassin de Paris, à ceux du pays de Bray et du bas Boulonnais, les seuls connus jusqu’à présent; mais il en diffère essentielle
ment et par sa direction, qui est presque perpendiculaire, et par son âge, car il a affecté presque tous les dépôts tertiaire-, du bassin de Paris, tandis qu’on admet que les deux autres sont antérieurs à tous les terrains tertiaires.
Zoologie.
Zerrs entomologiques des Pyrénées, par M. Léon Dufour. — Quoique les insectes occupent dans les montagnes des stations moins fixes en apparence que les plantes, l’auteur est cependant parvenu, après des voyages répétés, à déter
miner les zones qu’ils habitent. Ses observations ont porté principalement sur les espèces sédentaires, et NOn sur celtes telles que les papillons, qui se transportent rapidement d’une région à l’autre. L’existence des insectes étant subordonnée à celle des végétaux, on conçoit qu’il existe une dépendance étroite entre les régions botaniques et les régions entomolo
giques. Mais comme chaque espèce d’insecte n’est pas liée invariablement à une espèce de plante unique, il en résulte que cette dépendance n’est pas aussi étroite qu’on serait tenté de le croire a priori.
Il existe dans les Pyrénées trois régions végétales bien distinctes : celle du hêtre, celle du sapin, et enfin celle du rhododendron. Néanmoins M. Dufour n’admet que deux régions entomologiques : la région sous-alpine et la région alpine. La première comprend les forêts de hêtres et de sa
pins, et les pelouses, les éboulis, tout le sol en un mot qui est au niveau de ces forêts. Cette région se divise en deux zones secondaires. L’inférieure, comprenant les collines etles
vallées basses, présente une foule d’inseetes qui leur sont communs avec les plaines que parcourent les Gaves et l’A- dour. L’énumération de ces insectes formerait un volume. Les insectes de la zone supérieure sont plus montagnards. Les uns vivent sous les pierres ouïes galets, les autres dans
les vieilles souches, sous les écorces et même dans le bois des hêtres et des sapins. Un certain NOmbre cherche sa NOur
riture sur les fleurs. Le NOmbre total est de cent soixantedix espèces que l’auteur a réparties suivant les trois genres de vie dont NOus veNOns de parler.
Larégionentomologiquealpinecommence au rhododendron. Ses limites sont comprises entre 1,800 et 2,300 mètres. La plupart des insectes de cette région sont dépourvus d’ailes, par conséquent sédentaires. On les trouve sous les pierres, dans les trous : ils sont carnassiers. Leur mode d’existence est encore très-peu connu. Leur NOmbre total ne s’élève qu’à trente-et-une espèces, et des investigations réitérées
autorisent l’auteur à penser qu’il y a bien peu à ajouter à ce NOmbre.
Botanique.
Sur le parasitisme des Rhinanthacées, par M. Decaisne.— Depuis longtemps les horticulteurs avaient remarqué qu’il est impossible de cultiver les Rhinanthacées. Si l’on sème des graines de mélampyre, d’euphraise, de pédiculaire, elles germent parfaitement ; mais peu de temps après elles dé
périssent et meurent. Il en est de même si on les transplante des champs dans des jardins; elles se dessèchent, NOircis
sent, et deviennent friables comme si elles avaient été sou
mises à l’action du teu. Frappé de ces faits, M. Decaisne s’est demandé si ces plantes rebelles à la culture ne se trou
vaient pas dans la catégorie des plantes parasites. Leur mort rapide et leur action délétère sur les autres végétaux auto
risaient ce soupçon. En effet, les agriculteurs savent depuis longtemps que les mélampyres sont préjudiciables aux cé
réales et les rhinanthus aux prairies. M. Decaisne s’est assuré que les mélampyres et les euphrasies sont parasites sur les racines des céréales auxquelles elles tiennent par des su
çoirs déliés. Il a remarqué ensuite que toutes ces plantes sont privées de rayons médullaires comme la clandestine, plante dont le parasitisme est déjà connu depuis longtemps,
Les botanistes se rappelleront que ces plantas ont toutes la fâcheuse propriété de devenir complètement NOires par la dessiccation, et ils penseront avecM. Decaisne que lesDrosera qui habitent NOs marais sont peut-être dans le même cas.
Revue Agricole.
A qui se fier dans ce bas-monde? Chaque jour qui s’é­ coule emporte avec lui une de NOs illusions. Dans laquelle de NOs sciences humaines la vérité daignera-t—elle donc élire domicile ? L’austère statistique, la science chère aux écrivains exacts et probes, la science que M. Lalanne vient tout récemment, dans le beau livre Patria, de doter de si utiles abaques, de ces abaques avec lesquels on envisage d’un coup d’œil la population sous les rapports d’âge, de sexe, de professions, de fortunes urbaines ou rurales, etc.,
l’austère statistique elle-même est prise en flagrant délit d’erreur. Cependant, Dieu NOus garde de l’accuser d’intention perverse et d’avoir agi méchamment.
Voici le fait. Depuis un demi-siècle chacun a crié à l’excessif morcellement de la propriété en France. NOus avouons avoir fait NOus-même NOtre modeste partie dans ce concert.
Il est peu d’agroNOmes qui n’ait établi que, par sa division poussée à l’extrême, la propriété n’en soit aujourd’hui ré
duite à l’état d’impuissance. Dans un récent traité sur l Agriculture en France d après des documents officiels, MM. Mounier et Rubichou ont donné à cette thèse plus de développements qu’elle n’en avait encore eu. Eh bien! après toutes ces voix, la voix d’un homme remarquable par son savoir et sa logique s’élève pour protester que le mal n’est
pas aussi grand qu’on le suppose, et qu’on l’a exagéré par suite du manque d’éléments d’une appréciation exacte : les demi-ténèbres et la brume changent toutes les proportions des objets.
« Pour établir la division de la propriété, NOus dit M. Briaune dans un remarquable article du Journal de l’A­
griculture pratique, on prend le NOmbre des cotes foncières, c’est-à-dire le contingent qu’un propriétaire paye dans une même commune. On suppose que les propriétaires, les uns dans les autres, en payent deux, et l’on conclut qu’il se trouve près de cinq millions de propriétaires en France.
Or, 1° le relevé des cotes foncières comprend les bâtiments et les fonds de terre. Pour apprécier la division du sol, il
faudrait déduire les cotes des maisons qui ne font pas partie d’une exploitation rurale, et nul document ne permet de le faire.
2° Le NOmbre des propriétaires ruraux (à supposer qu’il répondît eu effet au NOmbre des cotes purement rurales di
visé par deux) ne suffirait même pas pour établir la division de la propriété ; car une très petite partie du territoire pour
rait être divisée en une très-grande quantité de mains, et une très-grande partie possédée par un NOmbre beaucoup plus restreint. Il est même aisé d’entrevoir qu’il en est ainsi.
Prenant le NOmbre moyen des cotes divisées en neuf classes de 5 francs à 1,000 francs et au-dessus , et calculant ce que chaque classe verse dans le chiffre général de l’impôt foncier, M. Briaune a dressé le tableau suivant, :
Les cotes au-dessous de 20 francs payent en NOmbre rond............................................... 52,400,000
Celles de 20 à 30. . . . 18,100,000
30 à 50. . . . 26,400,000 50 à 100. . . . 39,400,000 100 à 300. . . 57,000,000 300 à 500. . . 22,700,000 500 à 1,000. . . 23,300,000
1,000 etau-dessus. 24,000,000
La première conclusion qu’il tire de ce document, c’est que les cotes au-dessous de 100 francs ne forment qu’environ la moitié de l’impôt foncier. La seconde, c’est que les cotes au-dessus de 300 francs forment plus du quart de cet
impôt, tandis que les cotes au-dessous de 20 francs n’en forment que le cinquième.
D’où l’on peut accepter comme un fait très-probable que la grande et la moyenne propriété réunies doivent s’étendre sur plus de la moitié du sol.
Cette probabilité, ajoute-t-il, prend une NOuvelle force, si l’on réfléchit que la cote étant la part de l’impôt_ qu’on paye dans une seule commune, il n’y a guère de petits proprié
taires qui en payent plus d’une, et qu’au contraire la plupar
des grands et des moyens propriétaires en payent deux ou un plus grand NOmbre. En outre, si l’on déduisait les cotes toncières applicables aux maisons de ville et de campagne, on verrait que le chiffre des petites cotes en serait le plus dimi
nué, ee qui augmenterait la proportion de territoire que l’impôt attribue aux cotes les plus élevées.
Enfin, chacun sait que la plupart des petites propriétés sont en vigne, jardins, muraies, oseraies, cultures diverses près des villes ; que cette nature de propriété supporte un impôt plus lourd que les terres labourables, les prairies et les bois ; et cette NOuvelle considération réduit encore l’é­
tendue du sol possédé par la petite propriété au-dessous de ce que semblerait indiquer la répartition de l’impôt.
De la question de la division du sol entre les propriétaires, M. Briaune passe à la question du morcellement de ces pro
priétés, lequel est regardé comme un obstacle très-grave à la formation des prairies naturelles, des pâturages et à la culture alterne.
La statistique donne le chiffre de 123,360,538, comme le chiffre général des parcelles.
Ici, M. Briaune est le premier écrivain, que je sache, qui ait signalé une source d’erreurs assez remarquable. Pendant longtemps les géomètres du cadastre ont été payés à la parcelle. Il était de leur intérêt de les multiplier; dès lors
les moindres traces de. fossés, de chemins, les . vides de forêt, les divisions mêmes momentanées de culture, leur de
venaient des prétextes de morceler le sol. Aujourd’hui ils sont payés à l’hectare, et le NOmbre de parcelles diminue presque partout où le cadastre se reNOuvelle.
Ajoutons que, le cadastre ayant pour but la répartition de l’impôt, il est dès lors indispensable qu’il tienne compte des diverses espèces de propriétés, lors même qu’elles ne for
meraient qu’un morceau d’ensemble. M. Briaune cite un plan cadastral bien fait dans lequel une maison, une cour, un jardin et un verger, d’un seul clos, forment quatre parcelles; une prairie bordée de bouquets d’arbres NOn con
tinus, d’un en forme sept; une ferme de cinquante hectares,
d’un seul tenant, cadastrée en 1854, traversée par un seul chemin, forme dix-huit parcelles.
D’où l’on voit que le cadastre, dont le but spécial est de constater la nature des cultures sur lesquelles, l’impôt doit se répartir, est, même en éloignant les vices des premières
opérations, insuffisant pour déterminer le morcellement de la propriété.
En homme consciencieux et de sens, M. Briaune conclut ainsi :
«On peut éNOncer d’une manière générale que, dans plusieurs parties de la France, NOtamment dans l’Est, la propriété est morcelée, que dans d’autres parties les divers genres de culture sont trop multipliés; mais jusqu’à ce que des chiffres spéciaux à ia culture soient établis, il faut savoir igNOrer ce que rien ne précise. »
— La Grande-Bretagne est, en ce moment, iNOndée de brochures que publient, les sociétés agricoles pour propager la méthode de M. Warmes, relativement à l’engraissement du bétail. Cette méthode est décidément celle qui réunit le plus de suffrages en Angleterre et aussi en Belgique. NOus avons attendu prudemment pour en parler qu’elle ait reçu la sanction de l’expérience parmi quelques-uns de NOs grands cultivateurs.
De tout temps on avait employé le tourteau résultant de la fabrication de l’huile de lin par expression. Avant les ex
périences de M. Warmes, on avait constamment considéré la graine de lin NOn exprimée comme un aliment trop cher pour qu’il tût posible de l’employer avec avantage dans la production de la viande et de la graisse. M. Warmes a dé
montré le premier que la culture du lin, devenue peu profi
table depuis la baisse de prix des produits textiles de cette plante, pouvait devenir lucrative lorsque l’on considérait la
graine comme le produit principal, et qu’au lieu de la vendre en nature, on la convertissait en viande et en engrais, en la
laissant servir à l alimentation du bétail. Outre l’avantage d’abréger sensiblement le temps de l’engraissement, l’huile et le mucilage, que la graine de lin renferme en si grande abondance, servent à merveille à compenser le défaut de principe graisseux dans les fourrages de qualité inférieure, et que le bétail refuserait de consommer.
Chez M. Warmes, dans la belle exploitation de Trimingham, un coupe-racines, hache-paille, tranche et mélange ensemble du foin de qualité inférieure, des têtes deturneps,
des épluchures de racines et d’autrés débris, que partout ailleurs on jetterait dans la cour sous les pieds des animaux ou sur le tas de fumier. Ces substances bien hachées sont portées dans un tube qui communique avec une chaudière contenant de l’eau et de la graine de lin moulue. Lorsque la farine grossière de lin a bouilli dans l’eau pendant un bon quart d’heure, on ia retire de la chaudière, que l’on remplit de fourrages hachés, et l’on répand par-dessus la bouillie de graine de lin cuite. Le tout est exactement mélangé dans la chaudière au moyen d’une fourche à dents plates.
On foule alors le mélange au moyen d’un pilon en bois, long d’un mètre environ, muni d’une poignée qui permet de s’en servir avec les deux mains. Par cetle pression le mé
lange remonte dans le tube ; on continue d’opérer jusqu’à ce que le tube soit à peu près plein. Comme pendant cette ma
nipulation la chaudière est toujours restée sur le feu, le fourrage a subi une demi-coction. C’est dans cet état qu’on distribue le mélange au bétail, qui le mange tiède, avec avi
dité, sans laisser perdre la moindre parcelle. A l’aide d’une