sorte de truelle à bords arrondis, on détache les portions de bouillie de graine de lin qui peuvent adhérer aux parois de la chaudière, et un autre instrumenter! fer battu, muni d’un manche d’un mètre et demi de long, espèce de spatule, sert à remuer le mélange d’eau et de graine de lin pendant la cuisson. Toute cette préparation est si simple que, chez
M. Warmes, c’est un vieillard aveugle qui en est chargé et qui s’en acquitte à merveille.
Dans l’étable d’engraissement les bœufs sont enfermés séparément dans un box étroit, ce qui a fait donner à la méthode le NOm debox feeding, engraissement au box.
La cuisine du bétail, contenant sept chaudières avec leur tube, sur des fourneaux contigus les uns aux autres, occupe un des angles du bâtiment : c’est la seule partie qui soit en briques et couverte en tuiles ; tout le reste est en planches. Le bâtiment contient quatre box, dont chacun a sa porte. Le
tout est en bois, couvert en chaume, de construction si légère et si écoNOmique, que chaque compartiment, pour loger un bœuf, ne revient pas, tout compris, à plus de 40 francs.
Toutes les dispositions sont prises pour donner aux bestiaux la plus grande somme possible de bien-être, de pro
preté et de tranquillité, ainsi que pour ne pas laisser perdre la plus petite parcelle de leur engrais. Grâce à la nature de leur alimentation, la puissance de cet engrais est telle, que sir Charles Burreel, l’un des premiers agroNOmes de l’An
gleterre, admet que douze charretées de fumier de bœufs, NOurris d’après la méthode de M. Warmes, valent vingt charretées de fumier de bœufs NOurris de toute autre manière.
Le système deM. Warmes se pratique avec un égal avantage en été comme en hiver. L’engraissement dure quatre mois ; il se reNOuvelle par conséquent trois fois dans le cours d’une année, sans interruption.
Comme autre inNOvation de la Grande-Bretagne, NOus signalerons une machine à battre mue par la vapeur, et con
struite de façon qu’elle se démonte et se transporte avec la chaudière de la manière la plus facile. Elle a donné lieu à une spéculation assez bonne. Un entrepreneur envoie fonc
tionner de ces sortes de machines dans les diverses localités d’un comté. Le cultivateur n’a pas à s’occuper de battre luimême ses grains. Au jour indiqué la machine arrive dans la ferme, et bat la quantité de grains qu’on lui livre. On la rer monte sur le chariot, et elle part pour une ferme voisine. Il se passera du temps encore avant qu’on trouve dans NOs po
pulations rurales des ouvriers assez intelligents pour veiller à l’entretien minutieux et au service exigeant et difficile d’une chaudière et d’une machine délicate. Le pourquoi? Chacun, hélas ! le sait aussi bien que NOus.
S. Germain LEDUC.
Courrier de Paris.
NOuveau plafond du Théâtre-Français, par M. Gosse.
« Avez-vous vu la NOuvelle salle du Théâtre-Français ? » telle est la grande question qui depuis quelques jours domine et efface toutes les autres.
Dans ce vieux sanctuaire de NOs gloires dramatiques, il n’y a plus de haillons; il n’y a plus de ruines, c’est évident; le compas de M. Fontaine et de son habile collaborateur,
M. Paul Meunier, l’inépuisable pinceau de M. Cicéri y ont fait merveille à l’envi. Pour ne parler d’abord que des améliorations locales et des avantages du comfort, il est reconnaissable que la courbe générale de l’enceinte a été heureuse
ment modifiée ; une distribution mieux ménagée semble avoir accru son étendue : c’est maintenant un séjour hospi
talier. Dans les loges, tout supplice a cessé, NOus entendons ce supplice dont parle la satire,
Où chacun, malgré soi, l’un sur l’autre porté Faisait un tour à gauche el voyait de côté.
Ainsi de l’orchestre, qui a bien changé à son avantage et au nôtre : désormais on n’y sera plus mis à la question dans une stalle. Tous ces sièges vous caressent et ces fauteuils vous dorlottent. Cette amélioration n’est peut-être pas sans quelque danger, celui de faciliter les dispositions somNOlentes du public; à ce point que des fanatiques regrettent ce bon vieux temps où, devant le parterre debout et l’orchestre mal assis, les comédiens et la comédie recueillaient la manne dos applaudissements intelligents, et faisaient tourner à leur profit ces poses fatigantes et cette gêne de la situation.
Le ton général des ornements est blanc et or, mais la ten
ture intérieure des loges, d’un rouge foncé, assombrit un peu cet éclat. C’est du reste une disposition de bon goût qui n’a point d’autre inconvénient que d’attrister la toilette des
femmes. Une large galerie à trois rangs de places projette sa courbe au-dessus du parterre ; à l’avant-scène, on distingue la loge royale, la plus riche sans contredit et la plus somp
tueuse de la capitale. C’est ici encore qu’il faut signaler les belles cariatides qui soutiennent l’entablement des secondes, et le magnifique rideau de M. Rubé, dont la draperie, or et pourpre, plissée avec un goût suprême, est si heureusement assortie à la toilette de la salle. NOus avons parlé du plafond et de ses allégories mythologiques ; c’est une œuvre trèsméritoire qui a valu à son auteur, M. Gosse, les plus hoNOrables suffrages.