Courrier de Paris.
Voici une semaine bruyante, la semaine de rentrée. On rentre partout, et chacun se remet à l’oeuvre : tous les comé
diens reprennent leur rôle, l’employé reprend son emploi, et l’avocat la parole. Le palais de justice est rendu aux plaideurs, et les tribunaux se réinstallent. On cherche le pitto
resque, il est là : dans cette grande fête de la basoche, dans ces solennités magistrales, dans ces congrès de robes rouges et de chaperons d’hermine. La magistrature doit à la pompe des costumes qu’elle étale dans ce beau jour le succès de cu
riosité qu’elle obtient, principalement parmi les étrangers. Ils sont très-friands de ce spectacle, qui n’est visible qu’une fois l’an, aux ides de NOvembre, et dont la fameuse cérémonie du Bourgeois gentilhomme au Théâtre-Français n’est qu une imi
tation très-éloignée. Ceci soit dit sms allusion maligne, bien entendu, et sans intention de comparer des personnages vénérables aux mamamouchis de la comédie.
Ailleurs ce sont les bals de souscription, les raouts, les concerts et les loteries de bienfaisance qui tout leur rentrée. La politique se met volontiers de la partie. Sur cette grande scène on signale aussi des ambitions rentrées ; au dehors la dis
cussion voyage du NOrd au sud ; on s’inquiète des décisions du Foreign Office; on prête une oreille attentive aux bruits et autres disputados de la péninsule; on se réunit pour avi
ser aux amusements de la saison etl’onparle du Sonderbund. Dans d’autres salons moins frivoles, il est bien encore ques
tion de littérature, mais c’est un anachronisme. A propos de ces sujets remis sur le tapis et de ces personnages rentrants, faut-il signaler un hôte fâcheux dont on redoute fort la vi
site, à ce point que son NOm même est mis en quarantaine et qu’on lui oppose lfe cordon sanitaire du silence. C’est que les peurs rehtrées se souviennent, que le monstre ne recula pas, il y a quinze ans, devant le feu croisé de NOs quolibets et de NOs caricatures. Il apparut tout à coup au milieu d’une fête de carême, par un b eau ciel et par un soleil éclatant ; il se glissa dans ces joies bruyantes, et, sans s’être fait anNOncer par le télégraphe ou reconnaître par la douane à la lrontière. Il accourut alors parce que sans doute il était la secrète préoc
cupation de chacun; mais aujourd’hui que personne n’y songe et ne veut y songer, même pour en rire, il n’est pas venu, il ne viendra pas. Il n’attristera pas NOtre hiver par sa présence, et l’on pourra danser sans flacon sous le nez.
Mais ne sommes-NOus pas un discoureur très-funèbre? La semaine l’exige : n’est-ce pas la semaine des morts? Ja
mais le Père-Lachaise n’avait reçu plus de visiteurs. Les âmes pieuses, les cœurs qui se souviennent, l’amour, l’amitié, la piété filiale, tous ces sentiments qui vivent de la tendresse des souvenirs, étaient reconnaissables dans la triste enceinte. C’était, comme dit le poêle florentin, une longue procession de soupirs, de larmes et de regrets : des cueillées d’immortelles joiichent la terre, des couronnes funéraires fraîche
ment tressées ornent les tombeaux, la verdure est épaisse; le gazon luxuriant et la lumière splendide. La magnifique nécropole mérite bien le NOm de villa des trépassés ; c’est la maison de plaisance de la mort, à laquelle la présence des vivants ôte son caractère lugubre et sinistre. Là dort le bataillon sacré de NOs modernes illustrations et de NOs gloires; les armes, les lettres, les arts, la science, l’indu
strie et la politique mêlent leurs plus brillants représentants et leurs trophées : Masséna est auprès de Casimir Périer, MongeNOn loin de Grétry, Bernardin de Saint-Pierre avoisine Hérold et Bellini, les Gouvion Saint-Cyr et les Rapp serrent les rangs côte à côte des Talma et des Potier.
En quittant la compagnie de ces illustres morts, oserons- NOus bien NOus occuper d’une bête vivante? il est vrai qu’il
s’agit du roi des animaux, et la transition semblera ainsi moins incivile. Ce lion, qui appartient à la grande race de Numidie, est encore dans sa tendre jeunesse ; on admire le développement précoce de ses griffes et de son intelligence.
Destiné à l’embellissement de NOtre ménagerie, on a pensé qu’on ne saurait s’y prendre trop tôt pour l’acclimater en France, et il vient faire ses dents à Paris. A quelle heureuse
rencontre sommes-NOus redevables de sa possession? Fut-il enlevé dans une razzia, ou ïe prix d’une bataille rangée? Les
documents manquent encore à cet égard, et ce passage de sa biographie ser a éclairci plus tard. Tout rejeton qu’il est d’une race royale, Abdallah (c’est son NOm) ne laisse pas de se- distinguer par son humeur affable et la civilité de ses ma
nières, et il n’a pas adopté le rugissement aigre et les airs dominateurs de ses faux-frères de Paris. 11 a été conduit déjà dans quelques salons du plus grand monde, où sa douceur et .sa beauté lui ont valu toutes sortes de triomphes, bien flatteurs pour son amour-propre de lionceau. L Illustration at
tendra qu’il ait grandi pour le croquer ; ce n’est pas quand l’original lui-même court de mains en mains qu’il faut le môntrer en: effigie.
Si l’éducation d’Abdallah se perfectionne, l’introduction dü vrai lion dans les maisons particulières pourrait bien nuire à l’autre espèce, et mettre fin à la domination des kingscharles et des perroquets. Dans tous les parages, la mode ne s’attache pas plus fidèlement à certaines bêtes qu’à certaines individualités humaines. NOs grand’mères ont aimé les car
lins et les petits poètes de boudoir, puis la mode vint deü gros chats NOirs et des philosophes ; mais les matoux déplu
rent parce qu’ils donnaient toujours et qu’on les soupçonna de poursuivre les souris d’une manière inconvenante ; les singés et les petits abbés eurent leur tour, mais qn ne s’amusa pas longtemps de leurs grimaces ; on trouvé bientôt les in
dividus de cette catégorie, sourNOis, taquins, gourmands, et le quadrumane parut si semblable au bipède, que le contraste n’y était plus. Avec le règne des orateurs et des journalistes, vint ensuite le règne des perroquets; mais le perro
quet, cette harangue à deux pattes et ce journal emplumé,
causa bientôt de l’ombrage à ses rivaux de vogue : il leur faisait concurrence, il imitait si fidèlement leur accent et leurs intonations, c’était la même demande et la même réplique, le même discours, le même article bégayé, seriné,
sifflé. Ceux du pouvoir trouvaient d’ailleurs l’oiseau séditieux, et l’opposition le tenait pour indiscret. On n’en voulut plus. De ces exemples divers quelque moraliste chagrin conclu
rait peut-être que les hommes, tout hommes qu’ils sont. n’aiment à admettre dans leur société que les animaux sans distinction, et qu’il faut être absolument bêtes pour être les bien-venus auprès d’eux.
Après ce hors-d’œuvre excentrique, NOus sommes effrayés de la transition impertinente que NOus hasardons. Comment immiscer un médecin célèbre et un député qui doit l’être à ce compte rendu qui sent sa ménagerie? Cependant l’un et l’autre de ces praticiens se trouvent avoir commis, chacun dans sa sphère, un mot incisif tout à fait digne d’être re
cueilli par un oisif de NOtre trempe. Le député en question, à qui l’on attribue, sur le chapitre de la lésinerie, une force
de cent soixante Flarpagon, disait l’autre jour, en mariant sa fille à l’une des espérances du sport ; « Mon gendre croit épouser une dot, il n’épouse qu’un procès. » L’incartade du Gallien est plus inNOcente. Mandé par M. de V., son souf
frant ami, pour un cas grave, il interrompt tout à coup le diagNOstic par cette exclamation que lui arrache le fanatisme de son art ; « Ah ! mon ami, quel bonheur ! vous avez la pituite vitrée, une maladie que je croyais perdue ! »
S’il faut en croire la rumeur des coulisses, la chaste Monime aurait aussi émis son mot pittoresque; un article spécial de son engagement autorisant la grande actrice à ne plus jouer dans quelques semaines, lord Francis M**** la sollicilait vivement d’aller passer le temps de son congé en Angleterre. — Impossible, milord — Et pourquoi, my dear? — Parce que j’ai toujours le mal de mer.
On anNOnce la vente dé plusieurs châteaux des environs de Paris: Celui de Taux, création du surintendant Fouquet, et qui appartient, comme on sait, à la succession Praslin ; celui de la Muette, tout rempli des souvenirs les plus aga
çants, et le château de Jouy, que les soins et le bon goût
de madame la comtesse Lehdn sauvèrent jadis du vandalisme* destructeur de son ancien propriétaire. M. Seguin, cet illus
tre faiseur de bamboches, ainsi que le désignaient ses plüs graves contemporains, fit de ce beau château le théâtre des plus singulières folies et malices. NOus avons entendu conter la suivante à la vente des écuries Aumont. M. Se
guin, grand amateur de chevaiix, possédait un magnifique attelage qui plut tort à l’empereur, et dont celui-ci lui fit demander le prix en lé prévenant, à la manière impériale, qu’il eût à tenir prêts les quatre chevaux et qu’on les vien
drait chercher le lendemain. L’officier qui se présenta pour faire l’acquisition trouva le propriétaire très-peu disposé à lui abandonner l’emplette; cependant, après quelques pourparlers, Seguin parut décidé au sacrifice, et demanda à se re
tirer un moment pour préparer le départ des quadrupèdes ; puis appelant l’écuyer ; «Vous pouvez, s’écria-t-il, faire pren
dre les chevaux ; ils sont prêts. » Les pauvres animaux, éventrés, gisaient dans la .cour, les quatre fers en l’air. Cette folie féroce lui coûta 50,000 fr. Dans ce même châ
teau, il en commit une autre d’un tour moins sauvage et qui servit peut-être à Théaulon dans son Jovial. Il avait en
gagé Ouvrard, son débiteur, à déjeûner, sous prétexte de causer d’affaires, et au dessert, il ie fit appréhender par les préposés d’un garde de commerce qui servaient le déjeuner.
Deux ravissantes danseuses de Paris font fureur en ce moment (c’est le Journal de Lille qui le dit) dans le départe
ment ou NOrd. NOus le croyons sans peine sur la foi du NOm : Louise et Nathalie Fitz-James, si souvent goûtées, applaudies et couronnées à l’Opéra, l’une — c’est l’aînée — pour la NOblesse des poses, la précision des mouvementé et la fermeté des évolutions; l’autre, vive, légère, agaçante, pleine de grâce e! de séduction. On cite un petit ballet de Perrot, l Illusion d’un peintre, dans lequel les deux sœurs ont fait preuve d’un talent de mime fort distingué. Made
moiselle Louise représentant (ajoute NOtre correspondant), le peintre amoureux, et mademoiselle Nathalie la plus jeune, l Illusion en robe de gaze, ont dansé et mimé ces deux rôles en danseuses accomplies. Ainsi se sont montrées et se mon
trent successivement à Lille, à Dunkerque, à Douai, les
deux sœurs, appelées dans chacune de ces villes par les propositions les plus séduisantes, et que sans doute NOus reverrons bientôt à Paris.
Theâtres.
Thkatre-Français : les Aristocraties, comédie en cinq actes et en vers, par M. Etienne Akago. — Gymnase : la Déesse, comédie-vaudeville en trois actes, par MM .Scribe et Saintine. — Palais-Royal : l’Ordonnance de médecin, par M. de PrèmaRay. — Gaieté : Martin et Bambo
che, mélodrame en dix tableaux, par M. Eugènè Sue. —
Odéon : l’Homme propose , comédie en trois à’ctes, par M. Bellamy.
Voici enfin une comédie digne du Théâtre-Français ; les Arûtocrdties. G’Cst l’œuvre d’un esprit élevé, patient, sin
cère* habile, d’un poète comique qui a pris sa tâche au sérieux, ët qui s’est montré plein de modération et de conve
nance dans un sujet si voisin de la déclamation et des tirades iambiques. NOus sommes chez l aristocrate du jour, l’un de cës grands dignitaires du coffre-fort, dont la NOblesse toute iriétaliiqüe procède du trois pour cent. Naturellement l’orgueil de M. Verdier, trente fois millionnaire, rêve pour sâ fille les splendeurs d’une alliance titrée. Comme la plupart de ses con
frères en lingot, il faut qu’il puisse dire ; « NOtre fille est princesse, » et il cherche pour elle des prétendants à trentesix karats. Dans la foule de ces coureurs de dot, NOus distin
guons tout de suite deux gentilshommes, le marquis de Torcy et le baron Larreuil, l’un de vieille souche historique, l’autre pourvu d’un blason plus récent et de fabrique impé
riale, mais pouvant marcher pour tout le reste sur le pied d’une parlaite égalité, c’est-à-dire que ces messieurs sont éga
lement oisils, endettés, vicieux et vaniteux. Mais si, dès le début, la pièce de M. Etienne Àrago arbore de telles ensei
gnes et accuse des intentions satiriques, ne craignez pas toutefois qu’il incline au plaidoyer au préjudice de la comédie, et qu’il néglige longtemps de NOus égayer_ par amour de la morale. Comme ii a déjà fait ses preuves d’esprit et de goit sur d’autres scènes, il sait mêler le sel de l’épigramme et la grâce de l’enjouement à la leçon que donne le morâliste. Il
connaît également l’art des préparations, des adoucissements et des contrastes. C’est ainsi qu’à la peinture nécessairement un peu violente et rembrunie des aristocraties et des aristo
crates de naissance et de fortune, il oppose le tableau frais et souriant de deux jeunes gens, simples, candides, heureux de s’aimer et tout à fait disposés à chercher le bonlieür uni
quement dans le charme de cet amour désintéressé et dans l’accomplissement du devoir. Reste à savoir comment cet intéressant Valentin, travailleur intelligent et actif, mais simple contre-maître, s’y prendra pour obtenir la main de Laurence, la fille de l’opulent banquier, et pour triompher de ses rivaux. Il est vrai que Valentin a sauvé la vie de celle qu’il aime, il est vrai encore que cet honnête jeune homme est mis Sur la voie de la fortune et des honneurs par une dé
couverte qui fera époque dans les annales de la mécanique;
mais le moyen qu’un père de la trempe de Verdier se fende à ces témoignages! tel est le grand obstacle qu’il faut sur
monter et le pas scabreux à franchir. Heureusement, pour cette cajnpagne amoureuse qui va s’ouvrir, les auxiliaires ne manqueront pas aux amants, le vice lui-même va servir au triomphe de la vertu. Entre NOs aristocrates, la vanité est une terrible pierre d’achoppement; leurs prétentions rivales se heurtent, l’orgueil prend feu, l amour-propre s’exaspère, on se dit les plus gros mots qui sont de bonnes vérités. Au beau milieu de la dispute, c’est encore la vanité qui amène chez le banquier un NOuvel auxiliaire, car le Mondor ayant demandé à l Opéra Téquivalentde TAlboni pourle plus grand charme de là fête qu’il prépare, mademoiselle Camille (ainsi s’appelle la déesse lyrique) trouve dans le salon du banquier deux de ses poursuivants, c’est-à-dire NOs gentillâtres de l’ancien régime et de l’empire, et alors NOus assistons à une double scène excellente : c’est le marquis Dorante qui affuble ie futur beaii-père des ridicules du Bourgeois gentil
homme, dévoilant ainsi toute son impertinence ; c’est encore le baron de Moncade avouant sa cupidité et son amour pour les beaux yeux dé la cassette aux trente millions. Vous com
prenez que Verdier, caché près de ces lieux comme le tyran tragique, n’a {ias perdu une miette de cette amère conversa
tion; il accourt; l’éclair dans les yeux et la rougeur au front, il est prompt à la réplique : c’est la dispute de l’écusson et du sac d’écns; et le divorce proNOncé entre les deux aristocraties.
Lèsâmotirëùx Sont si pressés et vont si vite en besogne qü’il ge.fautBu trop s’étonner si, pendant la dispute, l’impa
tient Valentin a trouvé le temps nécessaire pour fonder Un
établissement industriel et pour lë faire prospérer. Aü train dont marchent les affaires du jeune travailleur, le banquier
comprend que Valentin sera bientôt aussi riche que lui, et il le flatte, le circonvient, l’attire à son foyer, et, bref, il lui offre la main de sa fille dans une perspective peu lointaine ;
mais Valentin a la fierté du cœur* et il tourne résolûme.nt le dos à son bonheur, à On croirait, dit-il, que j’épouse Lau
rence par cupidité. » Avec ces beaux sentiments et cette délicatesse raffinée, Valentin court grand risque de rester garçon, à moins que le ciel ne s’en mêle. Mais, après tout,
quelle est la cause de ses scrupules? Trente millions;! Eh bien, un flux les apporta, qu un reflux les remporte. Un in
cendie éclate au milieu de la fête, et voilà les trente millions flambés. Désormais le banquier n’est pas plus riche que le prolétaire, et lés deux familles peuvenris’unir. Que les diffi
ciles auxquels ce dërioûment semblerait un peu sans gêne veuillent bien songer à ceux du grand Molière. Sauf de rares
exceptions, ils ne sont guère plus vraisemblables ; c’est qu’après avoir épuisé un sujet et tiré d’une donnée son élixir, Molière s’inquiétait peu comment il sortirait d’affaire, pourvu qu’il en sortît vite. Onn’âüra sans doute pas l’injus
tice de blâmer dans les Aristocraties une faute dontl’ëxemple se trouve dans tant de chefs-d’œuvre.
L’essentiel, c’était la peinture des caractères, l’ordonnance du drame, la marche facile de l’action. M. Etienne Arago n’a manqué à aucune de ces conditions que la comédie, cette œuvre du démon, comme dit Voltaire, impose au poète comique, et il en a été récompensé par un brillant succès. Mieux eneore que des scènes à effet et des mots pi
quants, on a remarqué l’heureuse vivacité dü style, dont le tour élégant et correct rappelle le faire magistral et la manière-épître de Casimir Delavigne.
La pièce est jouée avec le talent, le zèle èt l’ensemble qu’on ne trouve pas toujours à Sa Comédie-Française . M. Ré
gnier surtout s’èst fait applaudir dans un rôle accessoire dont l’originalité a été fort goûtée ; la finesse de M; Pro
vost-Verdier, l’intelligence deM. Geffroy-Valentin, la verve piquante de mademoiselle Brolian et la gentillesse dë mademoiselle Judith ont fait le reste.
Au Gymnase, voici une autre rareté : M. Scribe qui ne réussit point! Qna beau être sorcier, on ne fait pas des mi
racles tous les jours ; et quel miracle il eût fallu pour rendre intéressante, gracieuse, enjouée et tout au moins vraisemblable cette étrange et fantastique histoire : la Déesse. C’est la première fois saris doute que le vaudeville tâte de la reli
gion braminique et qu’il évoque la doctrine de la transmi
gration des âmes. Vous savez, ou vous ne savez pas, que Brahma, ce grand dieu protce des bords du Gange, revêt à
son gré toutes les formes terrestres : homme aujourd’hui, èt demain singe ou serpent. Le dieu Brama s’est fait pour le moment femme et démon; Brahma, pour tout dire, s’est métamorphosé en déesse Nadja, et le grand-prêtre Trinkoli, ne pouvant venir à bout de la belle idole, ordonne qu’on la jette à la mer. Comment Nadja la déesse a-t-elle abordé en France? c’est un mystère que le Zend-Avesta pourrait seul
vous expliquer. Pauvre Nadja, quelle déchéance! elle est couturière et femme de chambre, et il est à craindre qu’elle NO