plante qui le produit avait été appelée, dans le principe, par WildeNOw, elephantusia, du mot qui, en grec, signifie ivoire, et plus tard, NOmmée par Ruiz et Pavon dans leur flore du Pérou, phytelephas macrocarpa, déNOmination qui depuis a été adoptée par tous les botanistes, et NOtamment par Kunt, dans les NOuveaux genres de Humboldt et Bompland. On
aurait pu le NOmmer pins convenablement earpelephas, fruitivoire, mais le NOm de plante-ivoire ou phytelephas, est celui qui est aujourd’hui consacré.
Plusieurs botanistes se sont occupés de cette plante curieuse et l’ont successivement décrite, entre autres Etienne Endlicher, botaniste allemand. Dans le .Généra plantarum, qu’il vient de terminer, on trouve une description complète
de celte plante moNOcotyledone qu’il classe dans la famille qui des pandanées.
NOus ne reproduirons pas ici cette description, qui pourrait paraître par trop technique, et n’aurait d’intérêt réel que pour les botanistes et les savants. Ceux-ci, du reste, la trouveront in extenso dans l’ouvrage de E. Endlicher. NOus préférons parler du fruit. 11 est quadriloculaire, a par consé
quent une semence dans chaque loge, est assez gros, hérissé enferme de tête, ce qui lui a fait donner dans le pays le NOm de tagua ou capeza de neyro, tête de nègre. On ne trouve dans le commerce que le NOyau, ou l’amande renfermée dans une enveloppe ligneuse et recouverte d’une pellicule NOire. Quand le fruit commence à se former, il se remplit, ainsi que NOus l’apprend ia NOtice dont NOus avons déjà parlé, d’une liqueur limpide, et qui, quoique dépourvue de saveur, n’en offre pourtant pas moins un grand secours aux voyageurs altérés. A mesure que le fruit avance vers sa ma
turité, cette liqueur se coagule, devient laiteuse, et acquiert un goût savoureux. Enfin, dans la dernière période de la ma
turité, elle prend plus de consistance encore, se durcit de plus en plus, et finit par acquérir graduellement la dureté de l’ivoire.
Les Anglais, qui sont à l’affût de tout, ont, les premiers, fait connaître et travaillé en Europe cet ivoire végétal. C’est en effet par l’Angleterre que la France a été à même de voir les premiers spécimens d’ouvrages travaillés avec cette substance.
ün peu plus tard, les ouvriers français ont imité les Anglais, et ont fait une foule de jolis petits objets de tabletterie,
tels que pommes de cannes, barillets, nécessaires, pièces d’é- chees, chapelets, boutons de chemises, pièces diverses pour faire des dessins d’incrustation. Cet ivoire végétal se tourne très-bien; aussi dur que l’ivoire lui-même, il a cela de par
ticulier, qu’il se ramollit après un séjour un peu prolongé dans l’eau pour se durcir de NOuveau au contact de l air.
Tout ce qu’on peut lui reprocher, de même, du reste, qu’à l’ivoire véritable, avec lequel il a cela de commun, c’est de perdre un peu, avec le temps, de sa blancheur primitive. Sa
couleur se rapproche assez sensiblement de ce que les Dieppois appellent l ivoire vert, et qui est, comme chacun sait, le cœur de l’ivoire, la qualité supérieure.
Le phytelephas est, depuis l’introduction en France de ce fr’uit singulier, cultivé à Paris, au jardin des Plantes. D’au
tres jardins botaniques, NOtamment celui de Versailles, se proposent d’en essayer prochainement la culture.
Ajoutons, pour terminer cette courte NOtice, que si cette plante est jusqu’à présent peu connue sous son véritable NOm, son fruit commence à l’être davantage sous celui de corosan que le commerce lui a donné. Aussi, bien qu’il soit difficile d’assigner l’origine de cette étymologie, doit-il être conservé par tous ceux qui ne veulent point être exposés au désagrément ou au ridicule de ne pas être compris.
Ieonographie des races humaines.
DEUXIÈME ARTICLE (1).
L’histoire générale des races humaines n’est autre que l’histoire de l’oppression du faible et de la tyrannie du fort. En comparant les types des peuples épars sur tous les points du globe, on constate d’abord que, dans le monde, divers états dé civilisation sont propres aux diverses races : les plus belles sont les plus influentes et les plus policées; les plus laides sont les plus misérables et les plus abruties. Mais en c imparant les familles qui se trouvent juxtaposées ou réunies sur chaqne eonfinent, dans les limites d’un même territoire, sous l’empire des mêmes circonstances, on constate aussi des différences analogues, et dans les types et dans ie rôle res
pectif des populations. L’homme, en un mot, diffère de l homme, NOn-seulement sur les points opposés de la planète, mais dans les mêmes lieux, sous les mêmes climats.
On sait très-bien en quoi la population africaine diffère en général de la population d’Europe. Que l’Européen se trans
porte chez les ChiNOis, chez les naturels de Taïti, ou bien au sein des peuplades errantes d’Amérique, il distingue parfai
tement le caractère comparatif des habitants de ces contrées lointaines. Mais ce que l’on sait moins bien, ce que l’on perd le plus souvent de vue, c’est qu’en Afrique comme en Europe, dans le NOuveau comme dans l’ancien monde, il y a parmi les populations que rapprochent les distances, les guerres, les migrations, la politique, il y a des races très-diverses. Ainsi en Afrique il y a NOn-seulement des populations de type euro
péen, mêlées aux populations nègres, mais il y a encore plu
sieurs classes de nègres, dont chacune a des caractères à part. Dans l’Océanie il y a pareillement des variétés NOmbreuses, parmi lesquelles éclatent surtout deux types bien tranchés. Les Indiens d’Amérique eux-mêmes ne sont pas, sui
vant l’expression d’Uiloa, tellement ressemblants entre eux,
que celui qui en a vu un les ait vus tous ; NOn, loin de là : les peuplades américaines se divisent, comme celles des autres parties du monde, en races très-distinctes, les unes plus ou moins basanées, les autres de couleur plus ou moins claire, ne méritant pas toutes indifféremment l’épithète de peaux
(1) Voir VIllustration du 9 octobre 1847.
rouges. Inutile d’ajouter qu’en Asie, en Europe, il en est encore de même : il suffit de se rappeler combien le ChiNOis diffère de l’Hindou, combien le Lapon diffère du NOrmand et le NOrmand du Kosaque.
Certes, ces appréciations sont plus difficiles, mais NOn moins importantes que celles qui tendent simplement à con
stater les grandes différences qui séparent les peuples de l’un et de l’autre hémisphère. Après avoir, dans NOtre précédent article, montré les rapports généraux des grandes races, NOus allons passer maintenant en revue les principales variétés de chaque partie du monde, telles qu’elles se trouvent en contact sur chaque continent.
1° Afrique. — C’est à tort, disons-NOus, qu’on se représenterait les populations africaines à peu près sous un type uniforme. C’estiàsansdoutequerésidesurtoutce que NOus ap
pelons communément la race NOire; mais ne confondons pas sous ce NOm générique toutes les nuances foncées de la peau. Les nègres aux cheveux crépus se subdivisent en une infinité de famille s, ainsi que les populations de souches différentes, dont le teint est plutôt brun que NOir. LesCafres, par exemple, sont loin de ressembler à leurs voisins les Hottentots. Les Gallas n’ont rien de commun avec les nègres du Soudan. A côté des Abyssins, qui déjà sont en possession d’une sorte de civilisation, et dont les traits physiques, les idiomes, les mœurs, les arts, font un peuple bien différent des nègres, s’agitent les sauvages Shangallas, tristes Ilotes de l’Afrique,
que les premiers capturent ou chassent impitoyablement comme des bêles fauves. NOn loin des Ashantis de la côte occidentale, dont les traits ont quelques rapports avec ceux des Abyssins, et que des voyageurs considèrent comme d’an
ciens émigrants de Méroë, errent les féroces Yem-Yem, que leurs traits et leurs mœurs rapprochent du dernier degré de barbarie. Sur ia côte seule de la Sénégambie, on compte un
grand NOmbre de races qui se distinguent à la fois par une couleur plus ou moins foncée, depuis le NOir de jais du Yoloff jusqu’au teint bronzé du Mandingue, par un état social plus ou moins parfait, depuis la condition misérable des ha
bitants des basses terres, servant d’esclaves à des conquérantsnègres venus des bords supérieurs du Sénégal, jusqu’aux gouvernements et sociétés régulières des Bambarras et des Eyos. Ainsi l’Afrique offre, dans les circonscriptions même les plus étroites, des variétés de peuples au moins aussi NOm
breuses, au moins aussi tranchées que celles qu’on remarque in extenso entre les habitants des diverses contrées du globe.
En formant tout d’abord une même catégorie de toutes les peuplades qui appartiennent au véritable type nègre, on doit comprendre dans cette division des nègres de deux sortes : les uns moins doués de cette faculté d’initiative et de dépla
cement qui caractérise surtout les races blanches ; les autres plus remuants, plus industrieux, opprimant les premiers, îes refoulant, les soumettant à l’esclavage, les vendant aux étrangers ou les exterminant; les uns caractérisés par des traits plus grossiers, d’autant plus éloignés du type européen ; les autres par une physioNOmie plus délicate et par un ensem
ble de formes généralement plus rapprochées de celles des races blanches.
Après ces deux classes de nègres proprement, dits, dont l’une exploite l’autre, la zone supérieure de l’Afrique est occupée par d’autres races qui comportent une subdivision pa
reille, et qui dominent tous les nègres ensemble. La lisière septentrionale du Soudan est occupée par la famille des Foulahs, en qui l’on a voulu voir des étrangers, des émigrants orientaux venus en Afrique dans des temps et par des che
mins inconnus, tant leur figure est distincte de celle du nè
gre ! tant leurs mœurs, leur état social, les séparent des in- digènes NOirs, aux mâchoires saillantes et au nez épaté! Au NOrd de ces Foulahs, auxquels les voyageurs ont donné tour à tour les NOms de Fellatahs, Peuls, Poules, race fellâne, viennent les tribus berbères, en qui i’on croit retrouver les anciens Libyens de l’Afrique septentrionale : tous rattachés par des dialectes d’une même famille, depuis le Maroc jus
qu’aux confins de l’Egypte, ces Berbères, ces Kabyles que la
France apprend à connaître, comme les CarlhagiNOis et les Romains les connurent, sont aujourd’hui tellement mêlés d’Arabes, leurs mœurs NOmades ont d’ailleurs tant de rap
port avec celle de cette race, que souvent on compte, parmi les Arabes les Berbères proprement dits. Sur certains, points aussi, leurs tribus semblent représenter les débris confusé
ment amalgamés des races diverses qui ont tour à tour porté l influence étrangère sur le sol africain.
Ainsi, NOus divisons les populations d’Afrique en quatre grandes classes qui sa fondent pour ainsi dire les unes dans les autres : 1° les nègres an type le plus laid, vivant dans l’é
tat le plus, complet de barbarie ; 2° les: nègres de type plus beau, primant les autres et possédant quelques, éléments de civilisation; 5 les nations fellânes de l’Afrique centrale, au NOrd de l’équateur, qui déjà n’appartiennent plus au véri
table type nègre ; 4° enfin les populations berbères, plus ou moins mêlées de sang maure, dans l’Afrique septentrionale, et se rattachant aux Touaricks et aux Tibbeus qui entourent le Sahara.
NOus ne comptons ni les Arabes, ni les Européens, pour ne considérer en ce moment, que les races qu’on peut considé
rer comme véritablement africaines. Ces types principaux, bien tranchés dans leurs sommités, sont d’ailleurs, par l’ef
fet des croisements, partagés en types intermédiaires ; de sorte qu’il n’y a rien d’absolu dans cette classification, et que NOus reproduisons seulement ici l’aspect général que présente l’ensemble des populations de l’Afrique.
Mais pour donner tout d’abord la mesure de la distance qui sépare, sous le rapport des traits physiques et sous le rapport de la civilisation, ies principales races indigènes d’Afrique, NOus NOus borNOns à opposer ici les Boscbismans aux Abyssins (6g. 1 et fig. 2-3).
Tous les voyageurs elles ethNOlogues s’accordent à placer en quelque sorte au dernier rang de l’humanité la famille des Hottentots, et spécialement les Boschismans, Buchman, «vivant, dit un illustre géographe, sans religion, sacs lois,
sans arts ; ne connaissant, à proprement parler, ni vices, ni vertus. » Ces hommes sont petits de taille, maigres, d’une constitution très-grêle, d’un aspect repoussant, d’un carac
tère perfide. Les frères Verreaux, qui ont dessiné sur les lieux l’esquisse que NOus offrons ici, ont rapporté des obser
vations curieuses sur ia manière de vivre1 de ces sauvages. Tant que les premiers besoins de l’existence ne les forcent pas à sortir de leur apathie, les Boschismans demeurent accroupis derrière leurs buissons, se serrant l’estomac, de manière à résister plus longtemps aux étreintes de la faim ; en cet état ils passent plusieurs jours, jusqu’à cequ’enfin ils soient contraints à se mettre en campagne pour pourvoir à leur sub
sistance. Alors tout leur est bon; tantôt ils se NOurrissent de lézards et de tous les animaux que le sol leur livre sans défense ; tantôt ils vont à la chasse, armés de flèches empoisonnées qu ils portent dans leurs cheveux ; mais dès qu’ils sont abondamment pourvus, ils retombent encore dans l’état de torpeur qui semble leur être naturel. Telle est la triste condition de cette race qui semble le plus différer de toutes ies autres, et dont Cuvier, dans son Mémoire sur la Vénus hottentote, a décrit NOn-seulement les mœurs et les traits extérieurs, mais le système ostéoiogique lui-même, comme présentant le dernier degré d’imperfection de la conformaticn humaine.
Mais leurs voisins, les Cafres, sont d’un type bien différent. Dans NOtre premier article, NOus avons donné le por
trait d’un Kozah dont ies traits s’écartent sensiblement de ceux des nègres, et NOtamment des nègres de la côte de Mozambique. 11 est certain que, de même que la famille hot
tentote appartient à une classe à part, à une classe complè
tement barbare, de même les Cafres constituent une race dont les coutumes et les traits généraux décèlent un degré assez élevé de culture morale. Comme les conquérants NO
mades de NOtre monde antique, les Cafres font de la guerre leur occupation la plus constante ; comme eux ils sont adonnés à la vie pastorale, ce qui ne les empêche point de de
mander des produits à la terre, à l’industrie et au trafic. Ils
ont un gouvernement régulier, quoique despotique. Plusieurs de leurs tribus pratiquent la circoncision de temps immémorial ; plusieurs ont adopté l’islamisme.
Or, sur tous les points du continent, on observe un spectacle analogue : on voit partout plusieurs races juxtaposées , les unes conquérantes et les autres conquises. C’est le fait le plus saillant dont on puisse être frappé en considérant l’état intérieur de l’Afrique.
2° Océanie. — Les premiers voyageurs qui visitèrent ies NOmbreuses îles du monde maritime lurent frappés des dif
férences qui éclatent dans lestyes de leurs populations. Ben
dant compte des observations des grands navigateurs, tels que Bougainville, d’Entrecasteaux, Cook, etc., un publiciste s’écrie : «Là. comme dans tous les Etats d’Europe, avant,la destruction du régime féodal, il existe deux peuples sur chaque ferre : celui qui en fut ie premier possesseur, qui ia dé
fricha et qui la cultive encore, et celui qui, arrivé plus lard, s’empara du sol et des cultivateurs, et qui vit au moyen de ce qu’ils produisent. »
Crawfurd, entreprenant l’histoire de l’archipel indien, commence par ces mots : «Il y a dans les îles de l’océan In
dien deux races aborigènes qui diffèrent autant Furie de l’autre que les deux ensemble diffèrent du reste de l’espèce humaine. L’une peutêtre représentés comme une race brune, aux cheveux plats, et l’autre comme une race NOire, ou plut tôt couleur de suie, aux cheveux laineux et enroulés. Cette race brune et cette race NOire peuvent être considérées, quant à leurs caractères physiques et moraux, comme pré
sentant ici le plus parfait parallèle qu’on puisse concevoir, avec la race blanche et la race NOire de NOtre monde occidental. La première a constamment fait preuve, par rap
port à la seconde, d’une supériorité aussi éminente que celle des blancs sur les nègres. Toute la civilisation indigène de l’archipel a été créée par la première, tandis que la race NOire y est constamment restée dans l’état le plus sauvage. » II n’est aucun voyageur plus récent qui n ait confirmé la vérité de ces observations, NOn-seulement dans les îles de l ar
chipel indien, mais dans toute l’étendue de cette cinquième partie du monde qui embrasse toutes les îles de l’océan Pa
cifique, et dont les populations semblent avoir étendu leurs rameaux jusqu’à Madagascar.
Or, ces deux groupes principaux comportent eux-mêmes des subdivisions. Dans le premier groupe sont compris les Malais, peuple prépondérant de l’Océanie tout -entière ; puis les Polynésiens qui occupent l’espace le plus considérable et semblent s’être propagés de bonne heure sur toutes les îles
du grand Océan ; puis les Carolins ou habitants des lies Carolines et des autres archipels compris dans ia Micronésie de d’Urville. — Au second groupe, au groupe mélanien ou négroocéanien, appartiennent les indigènes de laNOuvelle-Hotlande, ceux de la terre de Diémen, qui forment une variété à part, et ceux de la NOuvelle-Guinée, parmi lesquels NOus distin
guons les Papous de la partie NOrd-ouest, que l’on appelle la Terre des Papous : ces Papous semblent une race hybride,
distincte des Papouas, Pua-Pua, qualification générique qui s applique surtout aux babiiants ae la partie inférieure de
la NOuvelle-Guinée. Enfin, dans ce second groupe sontcomprises toutes les populations NOires disséminées çà et là sur ia plupart des îles de la Polynésie et de la Malaisie, que l’on appelle communément dans les idiomes indigènes Alfourous, Arfours, Haraforas.etc., c’est-à-dire sauvages, les mêmes que Lesson appela Endarnènes, du NOm qui leur est donné à la NOuvelle-Guinée. Ceux-ci sont évidemment les premiers habitants de ces îles, et ont été successivement refoulés par les émigrants polynésiens et malais : on ne les trouve dé
sormais qu’à l’état de tribus isolées, opprimées, confinées dans l intérieur des terres ou réduits à l’état d’esclaves par les conquérants étrangers qui occupent les côtes.
Ainsi, NOus divisons d’abord la population tout entière de cette cinquième, partie du monde en deux groupes : l’un au teint clair, brun-jaune ; l’autre au teint NOir et aux traits
aurait pu le NOmmer pins convenablement earpelephas, fruitivoire, mais le NOm de plante-ivoire ou phytelephas, est celui qui est aujourd’hui consacré.
Plusieurs botanistes se sont occupés de cette plante curieuse et l’ont successivement décrite, entre autres Etienne Endlicher, botaniste allemand. Dans le .Généra plantarum, qu’il vient de terminer, on trouve une description complète
de celte plante moNOcotyledone qu’il classe dans la famille qui des pandanées.
NOus ne reproduirons pas ici cette description, qui pourrait paraître par trop technique, et n’aurait d’intérêt réel que pour les botanistes et les savants. Ceux-ci, du reste, la trouveront in extenso dans l’ouvrage de E. Endlicher. NOus préférons parler du fruit. 11 est quadriloculaire, a par consé
quent une semence dans chaque loge, est assez gros, hérissé enferme de tête, ce qui lui a fait donner dans le pays le NOm de tagua ou capeza de neyro, tête de nègre. On ne trouve dans le commerce que le NOyau, ou l’amande renfermée dans une enveloppe ligneuse et recouverte d’une pellicule NOire. Quand le fruit commence à se former, il se remplit, ainsi que NOus l’apprend ia NOtice dont NOus avons déjà parlé, d’une liqueur limpide, et qui, quoique dépourvue de saveur, n’en offre pourtant pas moins un grand secours aux voyageurs altérés. A mesure que le fruit avance vers sa ma
turité, cette liqueur se coagule, devient laiteuse, et acquiert un goût savoureux. Enfin, dans la dernière période de la ma
turité, elle prend plus de consistance encore, se durcit de plus en plus, et finit par acquérir graduellement la dureté de l’ivoire.
Les Anglais, qui sont à l’affût de tout, ont, les premiers, fait connaître et travaillé en Europe cet ivoire végétal. C’est en effet par l’Angleterre que la France a été à même de voir les premiers spécimens d’ouvrages travaillés avec cette substance.
ün peu plus tard, les ouvriers français ont imité les Anglais, et ont fait une foule de jolis petits objets de tabletterie,
tels que pommes de cannes, barillets, nécessaires, pièces d’é- chees, chapelets, boutons de chemises, pièces diverses pour faire des dessins d’incrustation. Cet ivoire végétal se tourne très-bien; aussi dur que l’ivoire lui-même, il a cela de par
ticulier, qu’il se ramollit après un séjour un peu prolongé dans l’eau pour se durcir de NOuveau au contact de l air.
Tout ce qu’on peut lui reprocher, de même, du reste, qu’à l’ivoire véritable, avec lequel il a cela de commun, c’est de perdre un peu, avec le temps, de sa blancheur primitive. Sa
couleur se rapproche assez sensiblement de ce que les Dieppois appellent l ivoire vert, et qui est, comme chacun sait, le cœur de l’ivoire, la qualité supérieure.
Le phytelephas est, depuis l’introduction en France de ce fr’uit singulier, cultivé à Paris, au jardin des Plantes. D’au
tres jardins botaniques, NOtamment celui de Versailles, se proposent d’en essayer prochainement la culture.
Ajoutons, pour terminer cette courte NOtice, que si cette plante est jusqu’à présent peu connue sous son véritable NOm, son fruit commence à l’être davantage sous celui de corosan que le commerce lui a donné. Aussi, bien qu’il soit difficile d’assigner l’origine de cette étymologie, doit-il être conservé par tous ceux qui ne veulent point être exposés au désagrément ou au ridicule de ne pas être compris.
Ieonographie des races humaines.
DEUXIÈME ARTICLE (1).
L’histoire générale des races humaines n’est autre que l’histoire de l’oppression du faible et de la tyrannie du fort. En comparant les types des peuples épars sur tous les points du globe, on constate d’abord que, dans le monde, divers états dé civilisation sont propres aux diverses races : les plus belles sont les plus influentes et les plus policées; les plus laides sont les plus misérables et les plus abruties. Mais en c imparant les familles qui se trouvent juxtaposées ou réunies sur chaqne eonfinent, dans les limites d’un même territoire, sous l’empire des mêmes circonstances, on constate aussi des différences analogues, et dans les types et dans ie rôle res
pectif des populations. L’homme, en un mot, diffère de l homme, NOn-seulement sur les points opposés de la planète, mais dans les mêmes lieux, sous les mêmes climats.
On sait très-bien en quoi la population africaine diffère en général de la population d’Europe. Que l’Européen se trans
porte chez les ChiNOis, chez les naturels de Taïti, ou bien au sein des peuplades errantes d’Amérique, il distingue parfai
tement le caractère comparatif des habitants de ces contrées lointaines. Mais ce que l’on sait moins bien, ce que l’on perd le plus souvent de vue, c’est qu’en Afrique comme en Europe, dans le NOuveau comme dans l’ancien monde, il y a parmi les populations que rapprochent les distances, les guerres, les migrations, la politique, il y a des races très-diverses. Ainsi en Afrique il y a NOn-seulement des populations de type euro
péen, mêlées aux populations nègres, mais il y a encore plu
sieurs classes de nègres, dont chacune a des caractères à part. Dans l’Océanie il y a pareillement des variétés NOmbreuses, parmi lesquelles éclatent surtout deux types bien tranchés. Les Indiens d’Amérique eux-mêmes ne sont pas, sui
vant l’expression d’Uiloa, tellement ressemblants entre eux,
que celui qui en a vu un les ait vus tous ; NOn, loin de là : les peuplades américaines se divisent, comme celles des autres parties du monde, en races très-distinctes, les unes plus ou moins basanées, les autres de couleur plus ou moins claire, ne méritant pas toutes indifféremment l’épithète de peaux
(1) Voir VIllustration du 9 octobre 1847.
rouges. Inutile d’ajouter qu’en Asie, en Europe, il en est encore de même : il suffit de se rappeler combien le ChiNOis diffère de l’Hindou, combien le Lapon diffère du NOrmand et le NOrmand du Kosaque.
Certes, ces appréciations sont plus difficiles, mais NOn moins importantes que celles qui tendent simplement à con
stater les grandes différences qui séparent les peuples de l’un et de l’autre hémisphère. Après avoir, dans NOtre précédent article, montré les rapports généraux des grandes races, NOus allons passer maintenant en revue les principales variétés de chaque partie du monde, telles qu’elles se trouvent en contact sur chaque continent.
1° Afrique. — C’est à tort, disons-NOus, qu’on se représenterait les populations africaines à peu près sous un type uniforme. C’estiàsansdoutequerésidesurtoutce que NOus ap
pelons communément la race NOire; mais ne confondons pas sous ce NOm générique toutes les nuances foncées de la peau. Les nègres aux cheveux crépus se subdivisent en une infinité de famille s, ainsi que les populations de souches différentes, dont le teint est plutôt brun que NOir. LesCafres, par exemple, sont loin de ressembler à leurs voisins les Hottentots. Les Gallas n’ont rien de commun avec les nègres du Soudan. A côté des Abyssins, qui déjà sont en possession d’une sorte de civilisation, et dont les traits physiques, les idiomes, les mœurs, les arts, font un peuple bien différent des nègres, s’agitent les sauvages Shangallas, tristes Ilotes de l’Afrique,
que les premiers capturent ou chassent impitoyablement comme des bêles fauves. NOn loin des Ashantis de la côte occidentale, dont les traits ont quelques rapports avec ceux des Abyssins, et que des voyageurs considèrent comme d’an
ciens émigrants de Méroë, errent les féroces Yem-Yem, que leurs traits et leurs mœurs rapprochent du dernier degré de barbarie. Sur ia côte seule de la Sénégambie, on compte un
grand NOmbre de races qui se distinguent à la fois par une couleur plus ou moins foncée, depuis le NOir de jais du Yoloff jusqu’au teint bronzé du Mandingue, par un état social plus ou moins parfait, depuis la condition misérable des ha
bitants des basses terres, servant d’esclaves à des conquérantsnègres venus des bords supérieurs du Sénégal, jusqu’aux gouvernements et sociétés régulières des Bambarras et des Eyos. Ainsi l’Afrique offre, dans les circonscriptions même les plus étroites, des variétés de peuples au moins aussi NOm
breuses, au moins aussi tranchées que celles qu’on remarque in extenso entre les habitants des diverses contrées du globe.
En formant tout d’abord une même catégorie de toutes les peuplades qui appartiennent au véritable type nègre, on doit comprendre dans cette division des nègres de deux sortes : les uns moins doués de cette faculté d’initiative et de dépla
cement qui caractérise surtout les races blanches ; les autres plus remuants, plus industrieux, opprimant les premiers, îes refoulant, les soumettant à l’esclavage, les vendant aux étrangers ou les exterminant; les uns caractérisés par des traits plus grossiers, d’autant plus éloignés du type européen ; les autres par une physioNOmie plus délicate et par un ensem
ble de formes généralement plus rapprochées de celles des races blanches.
Après ces deux classes de nègres proprement, dits, dont l’une exploite l’autre, la zone supérieure de l’Afrique est occupée par d’autres races qui comportent une subdivision pa
reille, et qui dominent tous les nègres ensemble. La lisière septentrionale du Soudan est occupée par la famille des Foulahs, en qui l’on a voulu voir des étrangers, des émigrants orientaux venus en Afrique dans des temps et par des che
mins inconnus, tant leur figure est distincte de celle du nè
gre ! tant leurs mœurs, leur état social, les séparent des in- digènes NOirs, aux mâchoires saillantes et au nez épaté! Au NOrd de ces Foulahs, auxquels les voyageurs ont donné tour à tour les NOms de Fellatahs, Peuls, Poules, race fellâne, viennent les tribus berbères, en qui i’on croit retrouver les anciens Libyens de l’Afrique septentrionale : tous rattachés par des dialectes d’une même famille, depuis le Maroc jus
qu’aux confins de l’Egypte, ces Berbères, ces Kabyles que la
France apprend à connaître, comme les CarlhagiNOis et les Romains les connurent, sont aujourd’hui tellement mêlés d’Arabes, leurs mœurs NOmades ont d’ailleurs tant de rap
port avec celle de cette race, que souvent on compte, parmi les Arabes les Berbères proprement dits. Sur certains, points aussi, leurs tribus semblent représenter les débris confusé
ment amalgamés des races diverses qui ont tour à tour porté l influence étrangère sur le sol africain.
Ainsi, NOus divisons les populations d’Afrique en quatre grandes classes qui sa fondent pour ainsi dire les unes dans les autres : 1° les nègres an type le plus laid, vivant dans l’é
tat le plus, complet de barbarie ; 2° les: nègres de type plus beau, primant les autres et possédant quelques, éléments de civilisation; 5 les nations fellânes de l’Afrique centrale, au NOrd de l’équateur, qui déjà n’appartiennent plus au véri
table type nègre ; 4° enfin les populations berbères, plus ou moins mêlées de sang maure, dans l’Afrique septentrionale, et se rattachant aux Touaricks et aux Tibbeus qui entourent le Sahara.
NOus ne comptons ni les Arabes, ni les Européens, pour ne considérer en ce moment, que les races qu’on peut considé
rer comme véritablement africaines. Ces types principaux, bien tranchés dans leurs sommités, sont d’ailleurs, par l’ef
fet des croisements, partagés en types intermédiaires ; de sorte qu’il n’y a rien d’absolu dans cette classification, et que NOus reproduisons seulement ici l’aspect général que présente l’ensemble des populations de l’Afrique.
Mais pour donner tout d’abord la mesure de la distance qui sépare, sous le rapport des traits physiques et sous le rapport de la civilisation, ies principales races indigènes d’Afrique, NOus NOus borNOns à opposer ici les Boscbismans aux Abyssins (6g. 1 et fig. 2-3).
Tous les voyageurs elles ethNOlogues s’accordent à placer en quelque sorte au dernier rang de l’humanité la famille des Hottentots, et spécialement les Boschismans, Buchman, «vivant, dit un illustre géographe, sans religion, sacs lois,
sans arts ; ne connaissant, à proprement parler, ni vices, ni vertus. » Ces hommes sont petits de taille, maigres, d’une constitution très-grêle, d’un aspect repoussant, d’un carac
tère perfide. Les frères Verreaux, qui ont dessiné sur les lieux l’esquisse que NOus offrons ici, ont rapporté des obser
vations curieuses sur ia manière de vivre1 de ces sauvages. Tant que les premiers besoins de l’existence ne les forcent pas à sortir de leur apathie, les Boschismans demeurent accroupis derrière leurs buissons, se serrant l’estomac, de manière à résister plus longtemps aux étreintes de la faim ; en cet état ils passent plusieurs jours, jusqu’à cequ’enfin ils soient contraints à se mettre en campagne pour pourvoir à leur sub
sistance. Alors tout leur est bon; tantôt ils se NOurrissent de lézards et de tous les animaux que le sol leur livre sans défense ; tantôt ils vont à la chasse, armés de flèches empoisonnées qu ils portent dans leurs cheveux ; mais dès qu’ils sont abondamment pourvus, ils retombent encore dans l’état de torpeur qui semble leur être naturel. Telle est la triste condition de cette race qui semble le plus différer de toutes ies autres, et dont Cuvier, dans son Mémoire sur la Vénus hottentote, a décrit NOn-seulement les mœurs et les traits extérieurs, mais le système ostéoiogique lui-même, comme présentant le dernier degré d’imperfection de la conformaticn humaine.
Mais leurs voisins, les Cafres, sont d’un type bien différent. Dans NOtre premier article, NOus avons donné le por
trait d’un Kozah dont ies traits s’écartent sensiblement de ceux des nègres, et NOtamment des nègres de la côte de Mozambique. 11 est certain que, de même que la famille hot
tentote appartient à une classe à part, à une classe complè
tement barbare, de même les Cafres constituent une race dont les coutumes et les traits généraux décèlent un degré assez élevé de culture morale. Comme les conquérants NO
mades de NOtre monde antique, les Cafres font de la guerre leur occupation la plus constante ; comme eux ils sont adonnés à la vie pastorale, ce qui ne les empêche point de de
mander des produits à la terre, à l’industrie et au trafic. Ils
ont un gouvernement régulier, quoique despotique. Plusieurs de leurs tribus pratiquent la circoncision de temps immémorial ; plusieurs ont adopté l’islamisme.
Or, sur tous les points du continent, on observe un spectacle analogue : on voit partout plusieurs races juxtaposées , les unes conquérantes et les autres conquises. C’est le fait le plus saillant dont on puisse être frappé en considérant l’état intérieur de l’Afrique.
2° Océanie. — Les premiers voyageurs qui visitèrent ies NOmbreuses îles du monde maritime lurent frappés des dif
férences qui éclatent dans lestyes de leurs populations. Ben
dant compte des observations des grands navigateurs, tels que Bougainville, d’Entrecasteaux, Cook, etc., un publiciste s’écrie : «Là. comme dans tous les Etats d’Europe, avant,la destruction du régime féodal, il existe deux peuples sur chaque ferre : celui qui en fut ie premier possesseur, qui ia dé
fricha et qui la cultive encore, et celui qui, arrivé plus lard, s’empara du sol et des cultivateurs, et qui vit au moyen de ce qu’ils produisent. »
Crawfurd, entreprenant l’histoire de l’archipel indien, commence par ces mots : «Il y a dans les îles de l’océan In
dien deux races aborigènes qui diffèrent autant Furie de l’autre que les deux ensemble diffèrent du reste de l’espèce humaine. L’une peutêtre représentés comme une race brune, aux cheveux plats, et l’autre comme une race NOire, ou plut tôt couleur de suie, aux cheveux laineux et enroulés. Cette race brune et cette race NOire peuvent être considérées, quant à leurs caractères physiques et moraux, comme pré
sentant ici le plus parfait parallèle qu’on puisse concevoir, avec la race blanche et la race NOire de NOtre monde occidental. La première a constamment fait preuve, par rap
port à la seconde, d’une supériorité aussi éminente que celle des blancs sur les nègres. Toute la civilisation indigène de l’archipel a été créée par la première, tandis que la race NOire y est constamment restée dans l’état le plus sauvage. » II n’est aucun voyageur plus récent qui n ait confirmé la vérité de ces observations, NOn-seulement dans les îles de l ar
chipel indien, mais dans toute l’étendue de cette cinquième partie du monde qui embrasse toutes les îles de l’océan Pa
cifique, et dont les populations semblent avoir étendu leurs rameaux jusqu’à Madagascar.
Or, ces deux groupes principaux comportent eux-mêmes des subdivisions. Dans le premier groupe sont compris les Malais, peuple prépondérant de l’Océanie tout -entière ; puis les Polynésiens qui occupent l’espace le plus considérable et semblent s’être propagés de bonne heure sur toutes les îles
du grand Océan ; puis les Carolins ou habitants des lies Carolines et des autres archipels compris dans ia Micronésie de d’Urville. — Au second groupe, au groupe mélanien ou négroocéanien, appartiennent les indigènes de laNOuvelle-Hotlande, ceux de la terre de Diémen, qui forment une variété à part, et ceux de la NOuvelle-Guinée, parmi lesquels NOus distin
guons les Papous de la partie NOrd-ouest, que l’on appelle la Terre des Papous : ces Papous semblent une race hybride,
distincte des Papouas, Pua-Pua, qualification générique qui s applique surtout aux babiiants ae la partie inférieure de
la NOuvelle-Guinée. Enfin, dans ce second groupe sontcomprises toutes les populations NOires disséminées çà et là sur ia plupart des îles de la Polynésie et de la Malaisie, que l’on appelle communément dans les idiomes indigènes Alfourous, Arfours, Haraforas.etc., c’est-à-dire sauvages, les mêmes que Lesson appela Endarnènes, du NOm qui leur est donné à la NOuvelle-Guinée. Ceux-ci sont évidemment les premiers habitants de ces îles, et ont été successivement refoulés par les émigrants polynésiens et malais : on ne les trouve dé
sormais qu’à l’état de tribus isolées, opprimées, confinées dans l intérieur des terres ou réduits à l’état d’esclaves par les conquérants étrangers qui occupent les côtes.
Ainsi, NOus divisons d’abord la population tout entière de cette cinquième, partie du monde en deux groupes : l’un au teint clair, brun-jaune ; l’autre au teint NOir et aux traits