L’ILLUSTRATION,
JOURNAL UNIVERSEL.
Ab. pour Parii, 5 mois, 8 fr.—6 mois,16 fr. — Un an, 50 Tr. Prix de chaque № 75 c. — La collection mensuelle, br., 2 fr. 75.
№ 248. Vol. X. — SAMEDI 27 NOVEMBRE 1847.
Bureaux : rue Rtcbelleu, 60.
SOMMAIRE.
Histoire de la semaine. Portrait de M. Dufour. — I. hrtlel Nesniond. — NOuvelles mœurn administratives. Cinq Gravures.
—Courrier de Paris. Une Scène de Jérôme le maçon ; accident au
chemin de fer d’Orléans. — Perdre pour sauver. NOuvelle, par M. D. Fabre d’Olivet. Suite.; — I.e Bosphore. Trois Gravures. — I.’lnterlrur d’un harem arabe. — Grande valse. Dédiée à madame la princesse de Wurtemberg, par M. ToloNOwska. — Publi
cations utiles — Bulletin bibliographique. — Correspondance. — AiiDonr.es. — Monument élevé dans l’ile de Ca
brera, A la mémoire des prisonniers français. Une Gravure. — Album de I lie Bourbou. — Principales publications de la semaine. — Rébus.
CHANGEMENTS D’ADRESSE. — Les abonnés qui désirent changer la destination de leurjournal sont priés de vouloir bien prévenir l’administration au plus tard le jeudi qui précède la mise en vente des numéros.
Histoire de la Semaine.
Onze parlements sont, à cette heure, en Europe, ouverts ou convoqués : les Etats généraux de Hollande, les cham
bres belges, les Etals de Hongrie, les Etats de Bohême, les chambres grecques, la diète helvétique, les corlès d’Espa
gne, les cortès de Portugal, le parlement d Angleterre, la consulte de Rome, siègent en ce moment. NOs chambres françaises seront réunies le 28 décembre. Cependant, malgré ces discussions parlementaires dont les échos se croi
sent, d’autres faits ont partagé, ont absorbé l’attention cette semaine. NOtre bouderie diplomatique avec la Suisse, les événements qui se poursuivent dans cette république, de déplorables sinistres et une épouvantable catastrophe de chemin.de fer, voilà ce qui a„ému surtout le public, et ce dont il NOus faut parler aujourd’hui.
Toutefois, en dehors, de ce programme, NOus devons dire qu en même temps.que Ton anNOnçait chez NOus l’ouverture prochaine de la session de 4847-48, le bruit se répandait que le conseil des ministres avait sérieusement mis en discussion la question de savoir s’il ne conviendrait pas de faire, par des réformes, quelques concessions à l’opinion publique. La déclaration, de NOuvelles incompatibilités parlementaires, l adjonction aux listes électorales de la seconde liste du jury, voilà pour les;réformes politiques. Quant aux réformes écoNOmiques, on se déterminerait à adopter une NOuvelle
taxe pour les lettres, un impôt plus modéré pour le sel, et enfin on en établirait sur les objets de luxe. Ces diverses concessions, si minimes qu’elles soient, ont, dit-on, rencon
tré dans le cabinet des opposants ; elles ont trouvé, surtout dans le public, beaucoup d’incrédules.
Angleterre. — Le parlement anglais a été ouvert par commissaires le 48.de ce mois. — On s’attend à une levée de boucliers de la part des saints des communes contre l’admission de M. Lionnel de Rothschild, israélite.
Irlande. — Les dernières correspondances de Dublin représentent la situation de l’Irlande comme empirant chaque jour. Plusieurs assassinats NOuveaux viennent encore d’é
pouvanter ce lugubre pays et d’y porter au dernier degré la consternation. Un de ces meurtres surtout a été accompagné
de circonstances horribles. Un soir, à sept heures, deux hommes, la figure NOircie, entrent dans la maison de John Ryan, intendant d’un riche propriétaire du comté de Li
merick. En ouvrant la porte, ils crient à toutes les personnes présentes : « Baissez la tète ! » et anNOncent qu’ils n’en veu
lent qu’au maître de la maison. Le malheureux prend un de ses amis qu’il place devant lui et qu’il tient comme un bou
clier ; mais les meurtiers, après une courte lutte, entraînent ce rempart vivant, et couchent en joue leur victime. Au
même moment, la femme de Ryan se jette au-devant de son mari, et c’est elle qui tombe percée de part en part. La malheureuse femme, une mère de trois enfants, est morte sous
le coup, et les assassins ont disparu après l’accomplissement de leur œuvre de vengeance. — Ailleurs, ce sont deux pro
priétaires qui, passant à cinq heures sur la grande route, en
cabriolet, reçoivent chacun un coup de fusil parti d’une haie : l’un est dangereusement blessé, l’autre légèrement. Ailleurs encore, c’est un entrepreneur de chemins de fer que Ton trouve étendu dans la campagne, la tête brisée à coups de hache. Il avait voulu réduire le salaire de ses ouvriers. Ces meurtres multipliés ont répandu dans le pays une terreur profonde.
Espagne. — La reine en personne a ouvert la session des cortès au palais du sénat, le 46, avec les formalités ordinai
res. Pendant la cérémonie, le roi-époux occupait un fauteuil à la droite de la reine Isabelle. — Avant cette solennité, la Gazette officielle avait fait connaître la NOmination de M. Bravo Murillo au ministère de l’instruction publique et du com
merce, en remplacement du général Ros de OlaNO, et celle du général don Manuel de la Concha à l’ambassade de Paris. —
M. Mon a été élu président du congrès. — Les esprits à Ma drid étaient fort préoccupés de Ja suspension de payements de la banque de l’Union, et des malversations commises dans
cet établissement, par suite desquelles un des directeurs, sur la déNOnciation de son collègue, a été arrêté et gardé à vue. Le passif dépasse, dit-on, 200 millions de réaux (52 millions de francs).
i Portugal. — A Lisbonne, une lutte est engagée entre l’ambassadeur anglais, parlant au NOm de son gouvernement et des gouvernements quiavaient pris partà la dernière interven
tion, et la reine poussée par les Cabrai. Le 30 octobre dernier,
sir Hamilton Seymour a eu avec dona Maria une longue conférence dans laquelle il l’avait sollicitée de former un ca
b;net composé d’hommes modérés, mais d’un caractère in
dépendant , d’hommes assez fermes pour résister surtout à la prépotence toujours crois
sante du parti des Cabrai. Le ministre anglais avait ajouté que si la reine ne se rendait pas à ces conseils, elle ne pourrait plus compter sur l’appui de Ja Grande-Bretagne pour. la tirer des embarras où elle se jette
rait sans doute en suivant une autre ligne de conduite. Il paraît que sir Hamilton Sey
mour eut beaucoup de peine à décider la reine aux conces
sions qu’il lui demandait; il n’y parvint même qu’avec l’aide du roi-époux, qui se montra convaincu de leur opportunité. Les promesses faites ou plutôt arrachées dans cette entre
vue s’étantébruitéeïflesministres donnèrent leur démission dès le lendemain. Elles fu
rent acceptées, mais avec cette réserve, qu’ils resteraient aux affaires jusqu’à la NOmination de leurs successeurs.
Ce qui s’est passé entre la date du 31 octobre et celle du 4 NOvembre, jour où la reine
est accouchée d’un NOuveau prince, n’est pas bièn connu.
Toujours est-il que la solution de la crise a été ajournée -par cet événement. Dans l’inter
valle, les NOtabilités du parti septembriste ont, d’après le conseil de sir H. Seymour, fait une démarche auprès du roiépoux. Le comte de Loulé, M.Aguiaretune douzaine d’autres personnages, se sont rendus chez ceprince, qui lésa reçus de la manière la plus affa
ble, et leur a dit que le moment était arrivé où les hommes hoNOrables de tous les partis devaient s’unir pour sauver le pays d’une ruine imminente.
Le fait suivant donnera une idée de la manière dont la justice est administrée en Portugal : dernièrement, une jbande de cabralistes qui parcourait le quai de Sodre, armée de sa
bres, de baïonnettes et de cannes-assommoirs, se rua, sans
provocation , sur un jeune officier NOmmé Lacerda , qui avait servi sous la junte, et dont le bras droit était en écharpe par suite d’une ancienne blessure ; la police survint,
emmena le battu en prison, et laissa tranquillement circuler les auteurs de cette lâche agression. M. Lacerda est resté
Ab. pour le» dép. — S moi»,9fr. —6 moi», 17 fr. — Un an.SSfr. Ab. pour l’Étranger. — 10 — 20 — 40.
M. Dufour, commandant des troupes federales suisses.