imposante. Les délégués de l’Académie étaient M. Patin et M. Dupaty. Ce dernier a proncé uri discours.
— Lundi 29, Mirza-Mohamed-Ali-Khan , l’ambassadeur extraordinaire du shah de Perse, a quitté Paris, où ce personnage laissera des souvenirs fort horables de son pas
sage. Pendant les deux mois qu’a duré son séjour, on l’a vu dans tous s établissements publics, devant tous s mo
numents, dans les hôpitaux, dans les prisons, dans les musées, dans les bibliothèques, dans les grandes fabriques, par
lant partout la langue de chacun, étonnant par l’élévation de son esprit et l’étendue de ses lumières, et recueillant pour son pays des armes, des modèles d’équipements, des instru
ments de chirurgie, des plans de maison, des objets d’art par-dessus tout. Il va s’embarquer à Marseille pour Constantiple, où il est chargé d’opérer l’échange des ratifications du traité entre la Perse et la Turquie.
Angleterre. — Ce n’est que cette semaine que les débats du parlement auront commencé à offrir quelque intérêt. Jusque-là le discours de la reine seul avait mérité attention.
Elle fait connaître qu’elle s’est entendue avec ses alliés pour travailler amicalement au rétablissement de la paix en Suisse.
Il faut reconnaître que le général Dufour n’y a pas moins efficacement travaillé de son côté. Mais, quoi qu’il en soit, ce mot eût été la condamnation et en quelque sorte l’inter
diction de toute intervention armée, s’il en eût été temps encore. — us ne devons pas omettre toutefois qiie les
communes, sur la proposition du chancelier de l’échiquier, ont voté la prise en considération d’un bill ayant pour objet de prolonger le terme pour l’acquisition des terrains et l’a­
chèvement des travaux par les compagnies de chemins de fer. C’est un moyen de soulager les plaies financières.
Espagne. — Le 19 vembre, jour de la fête de la reine,
il y a eu un grand baise-main à la cour. — Le général Serra a donné à celle occasion un grand bal à Grenade,
où il est relégué comme capitaine général. — Le général Concha, qu’on avait, sans le consulter, enlevé à la capitai
nerie géné- ale de Catalogne pour lui confier l’ambassade de France, refuse ce dernier poste.
L adresse en réponse au discours du trône se discute. Il se trouvait dans le projet un paragraphe renfermant une cen
sure contre les deux cabinets précédents. M. Escosura Cortazar en a proposé la suppression. Le général Narvaez, pré
sident du conseil, a fait un long exposé de la politique que le cabinet se propose de suivre, et qui, d’après l’orateur, se résumerait ainsi : Stricte légalité, oubli du passé, tolérance pour tous les partis. M. Escosura a repris la parole pour appuyer son amendement et défendre l’administration à laquélle il a appartenu (le cabinet Salamanca). us donnerons
dans notre prochain numéro le résultat de cette discussion.
Portugal. — Ce pays a, comme nous l’avons dit, été bercé de l’espoir d’une crise ministérielle; mais elle n’a pas abouti, et le cabinet est resté aux affaires. Seulement la reine a consenti à signer les destitutions de plusieurs hauts fonctionnaires qui, dévoués au parti cabraliste, contrariaient les moindres tentatives dé réforme de la part du gouverne
ment. Les gouverneurs de Lisbonne, Oporto, Braga et Bragance, ont été changés. On ignore jusqu’à quel point ces mo
difications dans le personnel administratif influeront sur la marche des affaires publiques.
Deux-Siciles. — La peine de mort avait été prononcée par les commissions, militaires du royaume des Deux-Siciles contre quatorze personnes impliquées dans les derniers trou
bles. La Gazette officielle de Naples du 13 annonce que le roi leur a fait grâce. Une correspondance postérieure dit : « La nouvelle officielle do l’acte qui faitgrâce de la peine de mort aux chefs des insurgés a excité une satisfaction générale.
nous espérons que cet acte de clémence sera suivi d’une amnistie générale. Toutefois, comme beaucoup de chefs, et notamment Plotin, qui a une grande influence, n’ont pas encore fait leur soumission au gouvernement et n’ont pu être atteints, on croit que cette amnistie se fera encore attendre. Le choix fait dernièrement de quelques nouveaux conseillers d’Etat a été accueilli favorablement. »
Etats pontificaux. — nous avons dit quelle solennité avait marqué l’ouverture de la consulte à Rome. Le cardinal Antonelli, président de l’assemblée, présenta les vingt-qua
tre députés au pape. Le saint père a prononcé une allocution où l’on a cru entrevoir quelque dépit contre le mou
vement accéléré des idées et contre l’importance même que le peuple romain attachait à la création de la consulte. Quoi qu’il en soit, l’assemblée s’est constituée. Quelques mem
bres voulaient qu’il fût répondu à l’allocution du pape par une sorte d’adresse à la manière des assemblées constitu
tionnelles. Il a été décidé qu’on ne porterait aux pieds du saint père que l’expression des remercîments des députés.
Le soir, toute la ville a été illuminée, et cette journée a été couronnée par une fête qu’a donnée le prince Torlonia.
La police avait publié, le jour même de l’ouverture de la consulte, l’ordre portant que les drapeaux des autres Etats
d’Italie et des pays étrangers ne pourraient pas être joints au cortège. La population a voulu prendre sa revanche le soir. Tous ces drapeaux, ayant en tête le drapeau aux trois cou
leurs italiennes, vert, blanc et rouge, ont été promenés par la ville à la lueur des torches et salués des hymnes patrioti
ques. La foule s’est portée devant le palais des ministres de Sardaigne et de Toscane et devant l’hôtel de lord Minto. On a partout crié: Vive l Italie! vive l union italienne! Lord Minto a paru sur le balcon et a crié : Vive l’indépendance italienne ! Les journaux de Rome se taisent absolument sur le rôle qu’a joué dans ces fêtes M. le comte Rossi et sur la part qu’il y a prise.
Duchés de Toscane et de Modène. — L’animation ne fait que s’accroître en Toscane, et, de son côté, le duc de
Modène prépare ses troupes à la résistance. Il a pris de sérieu-es précautions : les environs de Porta sont fortifiés, et la consigne est des plus sévères parmi tous les avant-postes de cette localité. Le fort du Ginquale, devenu modenais par suite des traités de 1844, est bien pourvu de munitions de
toute espèce. Du reste, le grand-duc de Tospane reçoit des preuves de sympathie. On lisait dans le journal officiel de Florence du 20 novembre : «nous sommes heureux d’annon
cer que, par suite d’une disposition spéciale et bienveillante du gouvernement de S. M. Louis-Philippe, notre gouverne
ment a obtenu qu’on nous enverrait cinq mille fusils tirés des arsenaux du royaume de France, aux mêmes conditions aux
quelles on en a déjà envoyé au gouvernement pontifical. »
D’un autre côté, le roi de Piémont aurait accordé au duc de Toscane la permission de faire passer sur le territoire génois des troupes destinées à occuper Pontremoli. Les troupes toscanes débarqueront au fond du golfe de la Spezzia. Les feuil
les italiennes voient dans ce fait le premier acte politique de la confédération italienne proclamée en principe dans le traité d’union douanière.
La Patria annonce que le peuple de Pise a brise à coups de pierres les vitres du palais de l’archiduc Maximi
lien, oncle du duc de Modène. La Patria blâme sévèrement ces excès, qui peuvent jeter de la défaveur sur la plus juste,
sur la plus belle des causes. Des désordres ont également eu lieu à Livourne.
Suisse. _ La prise de Lucerne, la capitulation des cantons primitifs sont venues compléter la tâche de la diète, de l’ar
mée fédérale et de son digne commandant. Le général Dufour s’est montré aussi humain qu’habile stratégiste, et il a prouvé qu’il était aussi intrépide contre les calomnies des diplomates honteux et confus que contre les balles de pauvres soldats donton avait surpris la religion et égaré le courage. Nul plus que lui n’est propre à l’œuvre de la réconciliation comme il
s est montré propre à soumettre les résistances. — Le Times nous a appris que les cinq grandes puissances étaient tom
bées d’accord sur une proposition du cabinet anglais modificative de la proposition primitive de M. Guizot, dé faire re
mettre une note collective au président de la diète et de nommer des plénipotentiaires pour une conférence sur les moyens de rétablir la paix en Suisse.
Hesse électorale. — Un journal allemand dit que des troubles ont éclaté à Gassel à l’occasion du changement de règne. On assure que l’électeur a refusé de signer l’acte qui maintient la constitution ; mais la Gazette universelle de Cassel ne fait aucune mention de ce fait. Elle contient unique
ment, dans son numéro du 24 novembre, la proclamation de l’avènement au trône de Frédéric-Guillaume Ier, par suite de la mort de l’électeur Guillaume II, son père. On dit que les dernières dispositions faites parle défunt, concernant sa for
tune personnelle, sont contenues dans quatre codicilles dont le plus ancien est de 1843 et le dernier de 1846. Ces codi
cilles ont été ouverts le soir même du jour de la mort de l’électeur. Le prince, par sa fortune personnelle, était un des plus riches souverains de l’Europe. Il laisse, dit-on, plus de cent millions de francs ; l’empereur d’Autriche est nomme premier exécuteur testamentaire et arbitre, dans le cas où il s’élèverait des contestations.
Une lettre de Francfort-sur-Mein, du 27, ajoute : «nous allons être témoins d’un mariage qui présente des circonstances singulières et peut-être tout à fait neuves. Made
moiselle de Reichenbach, fille de feu le grand-duc de Hesse- Cassel et de sa femme morganatique, et qui avait épousé en premières noces M. le comte de Luktner, avec qui elle a di
vorcé, et en secondes noces M. le conseiller d’Etat de Wolzdorff, mort il y a environ deux ans, va épouser de nouveau son premier mari, M. Luktner, duquel elle ne s’était séparée que par suite d’opinions politiques, qui maintenant n’ont plus de base. Ce mariage, dont on vient de publier les bans, sera célébré dans l’église réformée de Francfort. »
Prusse. — D’après des renseignements officiels, le nombre des personnes qui ont émigré de la Prusse s’est élevé, depuis le 1er octobre 1844 jusqu’au 30 septembre 1843, à 9,239, qui ont emporté avec elles un capital de 1 million 681,033 tbalers ; et dans la période de 1843-1846 l’émigration a été de 16,662 personnes, emportant en valeurs 2 mil
lions 313,937 tbalers. Ainsi, en deux années environ, 23,901 personnes ont quitlé la Prusse, emportant avec elles un ca
pital de 4 millions 196,992 thalers. Dans le cours de cette année, l’émigration a été, dit-on, encore plus considérable.
Hongrie. —A la diète de Hongrie, la chambre des Etats a résolu de former une commission pour s’occuper de l’élabo
ration d’un projet de loi sur la presse. Tous les orateurs, y compris ceux des rangs conservateurs, de même que les dé
putés ecclésiastiques, se sont prononcés en faveur du système répressif et de l’abolition de la censure.
Le 22 novembre, l’archiduc palatin a donné aux membres de la diète un grand banquet à l’occasion de son élection.
Autrefois il était d’usage de faire rôtir un bœuf en plein air et de le partager entre le [peuple ; cette fois-ci (et probable
ment pour toujours) cet usage a été abandonné, mais on a observé rigoureusement toutes les autres cérémonies : ainsi,
lorsque le palatin venait d’être élu, les quatre premiers chefs des comitats l’ont élevé sur leurs épaules dans un fauteuil, comme pour le montrer au peuple.
Suède. — Le 13, le bruit des fanfares a annoncé aux habitants de Stockholm l’ouverture de la diète. Le comte de Sparre, nommé maréchal de la diète, a déjà prêté serment.
Les quatre ordres s’occuperont d’abord de leur organisation intérieure. La séance royale n’a dû avoir lieu que le 22.
Etats-Unis et Mexique. — Le Courrier des Etats-Unis a donné des détails sur des événements qui se sont accomplis à Puebla :
« nous avons dit naguère qu’après avoir renoncé à défendre la capitale, Santa-Anna s’était porté sur Puebla; il y arriva le 23 septembre, et fit aussitôt sommer le colonel Childs, retiré dans la citadelle, d’évacuer cette position,
s’engageant à le laisser libre d’opérer sa jonction, soit avec le général Scott, soit avec le général Lane, à Perote, mais le menaçant de l’attaquer avec 8,000 hommes s’il se refusait de se retirer Le commandant américain répondit qu’il se croyait parfaitement en état de défendre sa position ; qu’on ni avait fait l’honneur de lui confier ce poste, et qu’il ne
consentirait eertes à l’abandonner qu’à la dernière exlrémité.
«En conséquence, le 27 septembre, les batteries mexicaines de San-Juan-de-Dios, de Santa-Rosa et de Santa- Monica, ouvrirent le feu sur les retranchements américains. Le colonel Childs y répondit en lançant sur la ville des bou
lets, des grenades et des bombes, qui firent beaucoup de mal. Vers huit heures du soir, le feu cessa de part et d au
tre, mais pour recommencer le lendemain au point du jour. Santa-Anna voulut faire établir des parapets de défense avec des balles de coton ; mais l’artillerie ennemie devint tellement meurtrière pour les travailleurs, tellement destructive pour les propriétés, que les habitants vinrent prier le généralis
sime de suspendre la canonnade. Santa-Anna y consentit, et le reste de la journée du 29, ainsi que celle du 30, se pas
sèrent assez tranquillement; quelques grenades seulement furent échangées entre les batteries américaines et une bat
terie nouvelle que le général Rea fit établir dans le couvent de Santa-Rosa, après avoir fait retirer les religieuses.
« Le 1er octobre, Santa-Anna changea de plan, et sortit de Puebla avec deux mille hommes et trois pièces de canon pour marcher à la rencontre des forces américaines qui s’avan
çaient par Jalapa et Perote. Mais, arrivé à Tepeyahualco, il se vit tout à coup arrêté dans sa marche par la détection de ses troupes. Officiers et soldats se soulevèrent en 1 accusant d’être l’auteur de tous les maux, de tous les revers du Mexi
que ; quelques-uns même le déclarèrent hautement traître à la patrie et indigne d’avoir aucun grade dans Tarmée mexicaine. Cent trente hussards seulement restèrent fidèles au généralissime, et ce fut avec cette escorte qu il entra dans Tepeyahualco.
« Là il trouva un ordre du gouvernement de Queretalo qui lui enjoignait de se rendre dans cette ville avec toutes ses troupes. Hors d’état d’obéir, il se dirigea sur Oajaca en dé
clarant qu’il allait tâcher de lever une nouvelle armée. Au dire de quelques-uns, ce ne serait là qu’un prétexte pour colorer sa retraite vers les frontières de Guatemala, où il se proposerait de chercher un reluge. Suivant d’autres, il au
rait un sauf-conduit du général Scott; mais les journaux mexicains admettent en général la bonne foi de ses intentions et de ses promesses.»
Désastres et accidents. — Le paquebot à vapeur le Dée, arrivé vendredi à Southamplon, après une courte traversée, apporte les nouvelles des Antilles jusqu’à la fin d’octobie. Un effroyable coup de vent, dont la marche dévastatrice pa
raît avoir épargné nos colonies, a causé de grands ravages dans quelques-unes des îles du Sud, telles que la Barbade,
les Grenades, la Trinité et Tabago. Cette dernière surtout a été sévèrement visitée par le fléau : il a détruit la moitié des récoltes, démoli cinq cent dix maisons, y compris l’église et les chapelles méthodistes de Charlotteville et Betsy-shope. Sept personnes ont été tuées; il y a beaucoup de blessés. Six bâtiments ont fait naufrage.
Les casernes ayant étéptesque entièrement détruites, il a fallu envoyer les troupes blanches à la Trinité. Les pertes, à Scarborough, qui compte 1,300 âmes, ont été très-consi
dérables. Dans la campagne, à Chiffort, Golden-Grove et même Gomery, des arbres ont été cassés et déracinés, des cottages enlevés et balayés par le vent en furie. Les cannes à sucre, qui promettaient beaucoup, étaient couchées comme si un torrent dévastateur avait courbé leurs têtes et arraché leurs feuilles.
Plusieurs propriétaires, n’ayant pas fui assez tôt, ont été surpris et écrasés par les toitures qui s’éboulaient avec fra
cas. L’hôtel du gouvernement à été si fort en danger, que le lieutenant-gouverneur et sa famille ont été obligés de demander asile dans une maison voisine. Le gouverneur a con
voqué un conseil et publié une proclamation dans laquelle il demande instamment le compte rendu le plus fidèle de tous les détails de cet effroyable sinistre.
— Trente-sept ouvriers du chemin de fer que Ton construit de Dresde à Prague (Bohême) s’embarquèrent le 19 au soir sur l’Elbe, près du village de Sebousei, district d’Aussei, pour traverser le fleuve. A peine se furent-ils éloi
gnés du rivage que leur frêle embarcation a chaviré, et tous sont tombés dans l’eau et se sont noyés. Le 24, on n’avait repêché les cadavres que de dix-sept d’entre ces infortunés ouvriers, au nombre desquels se trouvaient plusieurs pères de famille.
Nécrologie. — Le lieutenant général du génie d’Hennin vient de mourir à Lille dans un âge avancé. —On annonce également la mort de M. de Saintenac, ancien député de l’Ariége. — M. de Tschann, chargé d’affaires de Suisse en France depuis quarante ans, est mort à Paris. — A Gênes, le 14 novembre, est décédé le cardinal archevêque Tadin, un des plus zélés soutiens des jésuites;—à Prague (Bohême),
le même jour, à l’âge de soixante-quinze ans, le célèbre slaviste Joseph Jungmann, dont les travaux ont puissam
ment contribué à raviver la langue bohème et qui en avait composé le dictionnaire.
— Deux des voyageurs blessés à la catastrophe du chemin d’Orléans ont succombé.
L’Union douanière italienne.
La formation d’une union douanière italienne est assurément un fait considérable, et qui doit d’autant plus attirer notre attention, que si la France ne Ta pas provoquée, elle Ta du moins merveilleusement préparée, quoique d’une ma
nière indirecte. L’empire, par la fusion des peuples, et en
créant le royaume d’Italie, avait, pour ainsi dire, commencé l unité entre ces populations qui vont vivre bientôt sous la même législation commerciale. D’un autre côté, les relations nombreuses que la France a de tout temps entretenues avec l’Italie ne pourront que gagner à voir se créer à ses portes un marché de 8 millions de consommateurs, où l’abolition