SOMMAIRE.
Histoire de la semaine. Portrait de Mieroslaivski. — Courrier de Paris. — Chronique musicale. Portrait de mademoiselle Alboni. — Une lecture cliez Tieck. Le Chat botté. Une Scène du Chat botté; une soirée chez Tieck. — Esquisse d’une histoire de la mode depuis un siècle. Avant-propos. — Le couvol du pau
vre. Souvenir d’étudiant. — L’Ecole de médecine de Paris. Vue extérieure de l’Ecole de médecine de Paris; un examen dans la salle des instruments; le grand amphithéâtre pendant les cours; la galerie d’anatomie comparée. — Un journal modèle. Excursion dans le royaume d’Utopie.—La Ballomanie, ou Infortunes de M. Potard. Vingt-quatre Caricatures, par Cham. — Nécrologie. Antoinette Quarré. — Bulletin bibliographique. — Principales publica
tions de la semaine. — AnNOnces. — Modes. Une Gravure. — Véritable portrait de P. Corneille. — Voyages de M. Demersay dans l’Amérique du Sud. — Rébus.
Histoire de la Semaine.
Un de NOs ministres, M. Dumon, inspiré par un NOuveau directeur général, vient de reconnaître qu’il y avait quelque chose à faire dans son département, à l’administration des postes, et ce quelque chose, qui n’est pas encore, bien entendu, la réforme postale,mais qui est la réforme des détour
nements de valeurs, M. Dumon vient de le tenter. Dans un rapport au roi, M. le ministre des finances avoue que le ser
vice des postes de Paris a donné lieu à des plaintes dont le NOmbre et la gravité ont excité toute sa sollicitude. Il expose lui-même le vice d’organisation de cette partie du service qui échappe à toute surveillance, à tout contrôle, et qui est complètement remise aux soins exclusifs plus ou moins éclai
rés, plus ou moins diligents, d’un administrateur, qui, sié
geant en même temps au conseil des postes, s’y trouve à la fois cumuler les rôles de justiciable, de rapporteur et de juge. — L’ordonnance royale que M. le ministre a provo
quée pare à cet inconvénient, à cet abus inconcevable, mais NOus ne croyons pas qu’il lût à lui seul la cause unique de tout le mal ; aussi pensons-NOus qu’il faudrait en même temps recourir à un second remède. Le personnel employé au tri des lettres à l’arrivée et au départ est composé de jeunes
gens que la recommandation d’un député bien pensant, ou le vote ministériel d’un père électeur a fait admettre dans
cette espèce de surnumérariat. Chacun d’eux rêve un avenir doré et de gros appointements. Mais en attendant ils se trou
vent en présence de toutes les joies, de toutes les séductions de Paris avec un émargement mensuel insignifiant. La for
tune publique leur passe par les mains deux fois par jour, et
il arrive trop souvent qu’un entraînement criminel est plus fort que la voix de l’honneur. Entre le procès de M. de Mallarme et celui de l’amant de la reine Pomaré, combien n’a­
vons-NOus pas vu passer sur les bancs de la cour d’assises de coupables ae cette même catégorie ! Eh bien ! la Banque de
France, qui, chaque matin, confie à ses garçons de recette des millions d’effets à recevoir, n’en a pas vu un seul, pen
dant le même laps de temps, manquer le soir à l’appel. C’est qu’au lieu de recruter de jeunes fous, d’appeler à elle des habitués de Mabille, et de les exposer aux plus entraînantes tentations, la Banque a le bon esprit de ne donner sa con


fiance qu’à des hommes dans une situation modeste, d’une {


irobité éprouvée, sans ambition, et dont les besoins et les îabitudes se trouvent en rapport avec leur rémunération.
NOus croyons que tant que l’administration des postes n’aura pas adopté le même parti pour un service qui ne demande du reste qu à savoir lire, elle pourra, à force de surveillance, abaisser le chiffre des détournements, mais qu’elle ne parviendra pas, à beaucoup près, à les faire entièrement cesser.
Péage des ponts. — Après une bonne intention administrative, NOus avons à enregistrer une décision judiciaire qui NOus parait plus critiquable. M. le juge de paix du canton
NOrd de Versailles, devant lequel MM. Hingray et consorts avaient porté, sur renvoi après cassation, leur demande en illégalité de péage sur les trois ponts concédés en l’an IX, dans Paris, a rendu son jugement. Il a déclaré les demandeurs mal fondés en leur demande, et les a condamnés aux dépens. MM. Hingray et consorts ont anNOncé l’intention de se pourvoir en cassation contre cette décision.
Elections municipales du deuxième arrondissement.— — L’opposition vient de remporter une victoire dans le deuxième arrondissement de Paris. Les électeurs municipaux
étaient appelés à former une liste de douze candidats pour la place de maire et celle de premier adjoint. Dès le premier tour de scrutin, l’opposition a fait sortir de l’urne les NOms de qmê des siens. Le lendemain son douzième candidat a également été élu. 11 y a là l’indice d’un mouvement dans l’opinion et d’un progrès sensible dans l’organisation de l’opposition constitutionnelle.
Remise d’un drapeau aux Invalides,— M. le lieutenant général comte de Rumigny, aide de camp du roi, a été chargé par Sa Majesté de remettre à M. le maréchal comte Molilor, gouverneur de l’hôtel royal des Invalides, le drapeau enleyé
par les troupes de la division de l’Océanie sur le fort de Fautahoa, dans la journée dul7 décembre 1846. M. le maréchalgouverneur a procédé, en présence de l’état-major de l’hôtel et de M. le contre-amiral Bruat, accompagné de son étatmajor, à la réception de ce drapeau, qui doit être réuni aux NOmbreux trophées de NOtre gloire militaire qui décorent l’église des Invalides. Le chef taïtien Tariirii, qui s’est emparé le premier du drapeau de Fautahoa, et qui se
trouve en ce moment à Paris, a été empêché, par son état de maladie, d’assister à cette cérémonie.
Rapports de la France
avec la Chine.—Le Courrier de Marseille constate un mouvement remarquable de progres
sion dans les rapports de la France avec l’Inde et la Chine. Ainsi, la malle, partie de Lon
dres le 24 NOvembre, et arrivée à Marseille le 28 au soir, a ap
porté 46 boîtes anglaises et 27 boîtes françaises, ce qui, à rai
son de 5,000 lettres par boîte, fait un total de 250,000 lettres pourl’Angleterre, etde 135,000 pour la France. On se rendra comptede la progression,quand on saura que i’année dernière, à pareille époque, le NOmbre des boîtes françaises ne dépassait jamais le chiffre de 10.
Maroc. — Une lettre d’AIgésiras,21 NOvembre, adressée à la Presse, anNOnce qu’Abdel-Kader a remporté un avan
tage sur les troupes marocai
nes qui se sont avancées contre lui. Cette NOuvelle a sans doute besoin de confirmation; mais l’habileté de l’émir, qui sait employer à propos les surprises contre ses adversaires, et d’au
tres raisons encore, peuvent faire croire à la réalité de ce NOuveau succès.Depuis quelque temps, Abd-el-Kader avait rallié autour de lui un grand NOm
bre de partisans. Etabli à Kosbat-Zélouan, tout près de Melilla, il s’organisait en silence. L’équipage d’un bateau à vapeur français, passant tout ré
cemment à une portée de caNOn de la ville espagNOle, avait a- perçule camp de l’émir et avait pu constater le NOmbre considérable de tentes qui le com
posaient. On savait qu’indépendamment du goum et des bor
des fanatiques des kabyles du Rif, l’émir avait sous sa main cinq cents cavaliers du maghrzen, tous hommes d’élite; on savait aussi qu’il entretenait auprès de lui, dans des inten
tions faciles à comprendre, le prétendant au trône, ce fils du prédécesseur de Muley-Abd-er-Rhaman, dont il a été plu
sieurs fois question depuis les événements de 1844. Il paraît cependant que la marche de trois corps d’armée que l’em
pereur du Maroc dirigeait contre lui l’aurait obligé, dans ces derniers temps, à transporter son camp à Zaïo, sur la rive gauche de la Moulouïa, où il a des approvisionnements considérables. Mais cette retraite ii’était peut-être qu’une ruse


L’ILLUSTRATION,




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Mieroslawski.