L’ILLUSTRATION,
JOURNAL UNIVERSEL.
Ab. pour Paris, 3 mois, 8 fr. —6 mois, 6 fr. — Un an, 50 fr. Prix de chaque № 73 c. — La collection mensuelle, br., 2 fr. 75
SOMMAIRE.
Histoire de la semaine. Portrait de M. Duveryier de Hauranne, — Académie des Sciences. Compte rendu du troisième trimestre de 1847. — Esu uisse d une histoire de la mode depuis un siècle. Deuxième article. Le marquis; le mousquetaire ; Vabbé; un souper; V intendant; la femme a la mode; le page; la bourgeoise; le valet de chambre. — Chronique musicale. — Le Misogyne. Conte, par M. Al
bert Aubert. Première partie. — Plafond du salon de la Paix, à la chambre des députés. Par M. Horace Vernet. La Paix; le Gé
nie de la science; la Vapeur mettant en fuite les dieux marins. —Vue périscoplque de Bougie, prise du fort Abd-el-Kader, par M. le com
mandant d’artillerie de marine de La Mare. Une Gravure. — Revue agricole. — Courrier de Paris. Une Scène d’Hamlet. — La Phy
siologie du goût. Illustrée par Bertall. Sept Gravures.— Bulletin bibliographique.— AnNOnces.— Èbénisterie. Une Gravure. — Album comique de Cham.— Principales publications de la semaine. — Rébus.
Histoire de la Semaine.
Quand la semaine qui vient de s’écouler aurait été aussi remplie d’événements intérieurs qu’elle en a été vide, NOus serions bien mal venus à en écrire l’histoire dans un mo
ment où toute l’attention est portée vers la semaine où NOus allons entrer. C’est mardi que s’ouvre la session NOuvelle, et que doit être proNOncé ce discours dont chacun d’avance s offre à vous dire les termes et à vous faire connaître les pro
messes. Tout en faisant la part aux faux prophètes, il paraît néanmoins constant qu’on peut raisonnablement s’attendre à quelques engagements qui seront immédiatement convertis en projets de loi, tels qu’une réforme postale, une diminution et une autre assiette de l’impôt sur le sel, et enfin une dota
tion pour le seul survivant des frères de l’empereur, le roi Jérôme Napoléon. La peur, on le voit, n’est pas toujours mau
vaise conseillère, et les craintes que le cabinet a pu concevoir pour son existence, la nécessité qu’il a reconnue, pour chercher à la prolonger, de satisfaire à quelques besoins maté
riels et moraux, NOus auront plus servi que le sentiment du devoir. PreNOns le bien de quelque côté qu’il vienne, et se croie qui voudra tenu à la reconnaissance.
Mardi donc, sur le Sinaï parlementaire, des réformes NOus seront jurées. Le bruit s’était même répandu que pour con
jurer ou dérouter le mouvement qui se produit de toutes parts dans les départements, on ajouterait au programme une toute
petite réforme électorale, l’adjonction des capacités. Mais celles du cabinet se sont divisées à cette occasion, et on a fini par reconnaître qu’on arriverait difficilement à tromper quel
qu’un avec cette plaisanterie.—Le lendemain de la séance royale viendront les vérifications de pouvoirs des NOuveaux élus ou des réélus. Les premiers sont : MM. Osmont, député de Dieppe, et Baroche, député de Rochefort, successeurs op
posants de deux ardents ministériels, MM. le marquis deChasseloup-Laubat et le comte Christian Dumas.—Le même jour, on procédera à la NOmination du président, et le ministère, bien assuré que les questions de personnes ne peuvent, au début de cette session, être l’occasion, pour ses partisans d’hier, de l’abandonner aujourdhui, a proclamé hautement qu’il faisait de la réélection de M. Sauzet une question de ca
binet. M. Sauzet sera réélu, sans que pour cela la question de cabinet se trouve tranchée.
Banquets réformistes. —C’est la semaine prochaine également que doit avoir lieu à Rouen le banquet par lequel se trouvera close, pour cette campagne, la série des réunions réformis
tes dont le remarquableécritdeM. Duvergier de Hauranne (1) a donné le premier signal. Ce promoteur chaleureux et per
sévérant de la réforme électorale, que sa santé a empêché de prendre part aux manifestations de ce genre qui se sont suc
(I ) De la Réforme parlementaire et de la Réforme électorale, troisième édition, augmentée d’une NOuvelle préface, 1 vol. in-18, de 400 nages : prix : 1 fr. — Paris, Paulin.
cédé depuis celles du Château-Rouge et de la Charité, doit assister au banquet de Rouen avec un NOmbre assez considérable de ses collègues.
Algérie. — Une ordonnance royale du 16 décembre met à exécution un projet sanctionné par une loi qui date déjà de 1846, celui d’un établissement d’un comptoir de la Ban
que de France à Alger. Aux termes de la loi, le capital de ce comptoir doit être de 10 millions, dont deux sont souscrits par la Banque de France; le reste sera fourni par des action
naires. En conséquence, la Banque est autorisée à émettre huit mille actions au capital de 1,000 fr. chacune, payables dans ses bureaux. Les opérations de la Banque ne commen
ceront que lorsque la moitié du capital de 10 millions aura été réalisée. Les actions ne sont payables que pour une moi
tié comptant. Les opérations du comptoir seront, les mêmes que celles de la Banque de France. Les coupures de billets seront de même de 1,000 francs, 500 francs et 200 francs. .Le siège de la Société est à la Banque de France. L’institution, étant qualifiée de comptoir de la Banque, sera administrée,
comme les comptoirs, sous la surveillance de la Banque de France.
Maroc.— D’après les dernières NOuvelles d’Oran, la situation d’Abd-el-Kader dans le Maroc restait la même, et rien encore n’établissait sa soumission définitive à l’empereur Abderrhamann.
Le Moniteur algérien du 15 décembre .disait à ce sujet :
«Le courrier de l’ouest, arrivé avant-hier, n’a point encore apporté les NOuvelles décisives que l’on pouvait attendre de la
frontière du Maroc ; aucun événement n’était accompli ; cependant la fermeté de l’empe
reur Muley-Abderrhamann ne s’était démentie par aucune démarche faible. Les camps ma
rocains s’approchaient de la deïra ; on savait dans la colonne de M. fe lieutenant général de Lamoricière que ces camps la resserraient assez pour lier en
semble leurs attaques. Le Éalifa Bou-Hamedi avait été retenu à Fez.
«M. le lieutenant générai de Lamoricière est resté à la tête de ses troupes sur l’extrême fron
tière, pour être prêt à agir, si l’événement y donnait lieu.
«NOus ne pouvons que rappeler ici les réflexions que NOus a déjà suggérées la même situation, mieux caractérisée seu
lement aujourd’hui. Ce qui pa
raîtrait infaillible avec d’autres acteurs, reste douteux avec Abd-el-Kader d’un côté et les Marocains de l’autre. L’émir paraît toucher à sa ruine. Avec six cents fantassins et autant de cavaliers environ, il est pressé entre trois camps NOmbreux ; toutes les tribus l’ont abandon
né et secondent ses adversai
res. Cependant il ne faut rien prédire avant l’événement. »
Grèce. —Un supplément du Courrier de Marseille du 17 anNOnce, sous la rubrique de Malte le 15 décembre, que des troubles ont éclaté à Patras en Grèce : « Je n’ai que le temps de vous écrire ce peu de mots, écrit le correspondant du jour
nal. Le Flamer vient d entrer, venant de Corfou, et il apporte la NOuvelle importante d’une in
surrection en Grèce. On se bat à Patras, la garnison contre le peuple. Le gouverneur est prisonnier entre les mains des insurgés. Il y a déjà beaucoup
de morts et de blessés. On dit que Grivas est à la tête de l insurrection. »
D’après d’autres lettres de Malte,, cf tte insurrection aurait bien moins de gravité. Voici ce qu’on lit dans une autre lettre du 14 : « Des désordres ont eu lieu à Patras ; les troupes ir
régulières se sont révoltées contre leur colonel, des coups de fusil ont été tirés ; il y a eu deux morts. La banque nationale a été pillée; elle contenait environ 100,000 fr. La plus grande agitation régnait à Patras au départ du Flamer. Aucun habi
№ 252. Vol. X. — SAMEDI 25 DÉCEMBRE 1847. Bureaux : rue Richelieu* 60.
Ab. pour les dép. — 3 mois, 9 fr. — 6 mois, 17 fr. — Un an, 32 fr. Ab. pour l’Étranger, — 10 — 20 — 40.
M. Duvergier de Hauranne, député du Cher.