sonne n’a eu la moindre envie d’avoir la complaisance pour moi de les baisser. On voit arriver une inconnue, une gue
nille d’Angleterre, avec une petite coiffure basse, tout d’un coup toutes les princesses vont d’une extrémité à l’autre. »
De même que l’art était devenu théâtral en présence de la pompe de la monarchie, de même le costume prit, sous le grand roi, un caractère d’apparat. 11 sembla même s’immo
biliser pour quelque temps. A la fin de ce règne, les jeunes gens étaient vêtus comme l’avaient été leurs pères. Louis XV, appelé à cinq ans à jouer le rôle de roi, portait la culotte courte, la perruque, la canne et l’épée.
Monté sur le trône, Louis XV, à l’exemple de son bisaïeul, était homme à s’occuper de ces graves bagatelles, et à le faire
Le mousquetaire.
Le marquis.
lantes pour en rehausser l’effet, les femmes se mirent des
mouches sur la ligure pour lui donner une vivacité de plus en plus agaçante ! Ces mouches, déjà en usage du temps de Louis XIV, étaient, comme on sait, de petits morceaux de taffetas NOir gommé, ronds ou découpés, en croissant ou en étoile. On ne sortait pas sans sa boîte à mouches, dont le couvercle, muni à l’intérieur d’un petit miroir, permettait de rajuster les mouches détachées par accident. Le grand art con
sistait à savoir les placer de la manière la plus avantageuse.
Les rondes s’appelèrent des assassins. On NOmma celle placée au milieu du front la majestueuse ; au coin de l’œil, la pas
sionnée ; sur le nez, l’effrontée ; sur les lèvres, la coquette. Un bouton importun venait-il à poindre, vite il disparaissait sous
une mouche dite la receleuse. Que de ressources pour déguiser les petites imperfections de la peau, sans compter la fa
cilité de tromper les jaloux au moyen de ces signes divers for
mant une sorte de tachygraphie et la possibilité d’indiquer sur son visage comme sur une horloge l’heure précise d’un rendez-vous.
Quand on mettait tant de complaisance à faire mentir sa figure, on ne devait pas se gêner NOn plus pour faire mentir sa taille. Les chaussures armées d’un talon en bois, dont la hauteur était au moins de trois pouces, malgré les entorses dont elles menaçaient les femmes, restèrent à la mode depuis le temps de Louis XIV jusque sous Louis XVI. Mais la mode
la plus extravagante fut celle des paniers, ainsi NOmmés à cause de leur ressemblance avec les paniers ou cages à pou
let. De méchantes langues ont prétendu que cette mode fut inventée par certaines femmes intéressées à dissimuler des
L’abbé.
avec un sérieux qu’il était loin d’accorder aux affaires de l’Etat; témoin ce qu’il écrivait au maréchal de Kiclielieu : « Sa Majesté a décidé
l’affaire des parasols, et la décision a été que les. dames et les duchesses pourraient en avoir à la procession.» Quand un roi de France s’expri
mait si gravement au sujet de telles vétilles, doit-on s’étonner, dans ce siècle de frivolité, d’entendre dire à une marchande de modes, consultée par Marie-Antoinette, qu’elle avait
travaillé aveG Sa Majesté. La société française agite à cette époque tous les grelots de la folie. Les destinées de la France se décident dans un boudoir. C’est l’époque de Pompadour, dont le NOm est devenu une sorte d’é­
pithète caractéristique de la grâce mignarde, des jolis riens, des pompons et des colifichets.
C’est l’époque de la décadence du goût dans les arts; le temps des Vanloo, des Coypel, des .Natoire, des Parrocel, des Boucher et des Watteau. Ne suffit-il pas de voir ce qu’étaient alors les arts pour deviner ce que devait être la mode. Elle sème les dentelles, les rubans et les paillettes ; elle chiffonne agréablement les parures du vieux siècle. Elle devient folle, se jette dans les inventions bizarres, dans une débauche de goût qui ne finit qu’avec la mo
narchie, en 89. Le dix-neuvième siècle avec ses habits sombres et mesquins semble, jus
qu’à ce jour encore, porter le deuil et faire pénitence de ces ridicules et de ces saturnales.
Si les femmes cessent de porter les masques de velours NOir, encore en usage du temps de la régence, le fard dont elles se couvrent le visage est un autre moyen de se déguiser. L’é­ tiquette en a fait une loi. Il eût été indé
cent pour une femme de qualité de sortir sans rouge. Les femmes emploient aussi le blanc pour aviver une peau décolorée et jaunie, du lieu pour simuler la transparence des veines, du NOir pour se peindre le bord des paupières et s’allonger les cils. Leur visage est devenu un pastel. Une fois lancé dans ce système de peinture, on le poussa jusqu’à l’éblouissement.
De même que dans les tableaux on place adroi
tementee qu’on appelle des réveillons en terme d’atelier, c’est-à-dire des touches bril—
Un souper.
grossesses illégitimes. Quoi qu’il en soit, armées de cette étrange parure, qui donnait à leur corps l’apparence d’un battoir de blanchisseuse, les femmes occupant un espace tri
ple ou quadruple de celui qu’elles devaient occuper, étaient sans cesse obligées de se pré
senter de côté pour passer dans la foule, ou de ramener à deux mains devant elles leurs pa
niers pour traverser une porte, ou un passage étroit. Dans les chaises à porteur, dans les car
rosses elles étaient forcées de faire sortir par les portières les parties latérales de cet incom
mode ajustement, et à table de les étendre sur les geNOux de leurs voisins de droite et de gauche, heureux satellites perdus dans le tourbillon de leurs atours. Les paniers prirent di
vers NOms suivant la diversité de leur forme. Il y avait entre autres : le boute-en-train, le tatez-y, la culbute. Les poupottes, espèces de poches en crin, n’étaient portées que par les bourgeoises. Dans le commencement du règne de Louis XV, toutes les femmes, depuis celles de la cour jusqu’à la simple ouvrière, portaient des paniers. Abandonnés par la cour elle-même à la fin de son règne, ils redevinrent en faveur et prirent une ampleur démesurée sous Marie- Antoinette. Puis les femmes en diminuèrent le volume, et se contentèrent de poches qui leur donnaient des hanthes éNOrmes;‘puis un autre jour, outre l’embonpoint insolite dont elles s’étaient dotées à droite et à gauche, il leur prit fantaisie de paraître encore rebondies d’un autre côté : entrant en rivalité avec les beau
tés hottentotes, elles se pavanèrent avec des
paniers d’une NOuvelle espèce, appelés bêtises ou désignés par un autre NOm plus court et trop gaillard pour que la pruderie de NOtre âge permette de le répéter.Vers l’époque du ma
riage de Louis XV, les élégants prirent aussi de petits paniers ; des haleines placées dans les amples basques de leurs habits les maintenaientroides et étendues. Au théâtre, acleurset danseurs, Hébreux, Grecs, Scythes et Romains,
portaient également des paniers. Ilippolyte en justaucorps de taffetas rose à basques arrondies sur deux petits paniers appelés ton
nelets contait sa peine amoureuse à une Aride en robe à queue et coiffée à frimas ; Mi