vers l’air ; près d’elle, une ruche et une charrue; à ses pieds, un lion couché. Elle est assise sur un tas de gerbes de blé recouvrant le bronze d’un caNOn. Elle s’appuie mollement les reins sur un long coussin rouge de canapé. Ce coussin serait-il une réminiscence classique du pulvinar accordé, suivant Cor
nélius Népos, par Timothée à la déesse, quand on lui éleva pour la première fois un temple à Athènes?
Je ne le crois . pas :
M. Horace Vernet n’est pas homme à s’embarrasser de ces vaines curiosités d’an
tiquaire. Il lui aura mis sans doute un coussin derrière les épaules pour qu’elle fût assise à son aise et pour exprimer les douceurs de la si
tuation. Cette figure repose sur des nuages au milieu d’un ciel azuré. Elle est gra
cieuse de pose et de visage, et ajustée d’une manière agréa
ble.—A la droite de la Paix, une seconde composition est con
sacrée au Génie des sciences, sous la fi
gure d’un homme accoudé dans une attitude méditative sur une enclume, où unplanestétalé, etde l’autre côté ayant la main posée sur une machine pneumatique. Faisons remar
quer ici l’avantage que les arlistes anciens ont sur les modernes dans la simplicité élégante des attributs donnés par eux à leursdieux: une lyre, une faucille, un trident, un caducée...
TandisqueNOus,NOus
entassons autour d’une ligure une foule d’instruments et de machines à remplir une salle du Conservatoire des arts et métiers. Derrière le Génie des sciences, on voit une locomo
tive lancée à toute vapeur et qui va passer sous une voûte. Comme son conducteur en casquette eût été peu orthodoxe dans un tableau allégorique, M. H. Yernet a pris bravement
son parti; il lui a Ôte habit, veste, culotte et le reste, et l’a placé nu et les cheveux au vent à l’arrière de sa redoutable machine, manœuvrant son leviet, mettant en jeu les soupa
pes, les bielles, les excentriques... Quel rude métier pour un génie ! Je n’accuse pas l’artiste. La donnée admise, toutes ces inventions sont certainement légitimes. Cela a toute la vérité
fuyant devantla vapeur, sujet poétique que l’artiste, suivant NOus, a traité d’une manière trop superficielle. Il a joué avec son sujet. Cette néréide dont les gestes et le regard ex
priment l’effroi et le désespoir est négligemment étudiée et n’est peut-être pas d’un dessin assez pur ; le marsouin apparaissant hors du llob n’est pas pris au sérieux, il a un air nar
quois peu convenable pour la circonstance: quant au goéland ef
farouché qui s’envole hors du cadre et se précipite dans la salle au risque d’aller ef
faroucher à son tour M. le ministre de la marine, il s’ex
pose fort à se faire rappeler à l’ordre. Cette gaieté de pin
ceau serait à peine acceptable si la pein
ture de cette scène maritime était d’une vérité d’aspect, d’une réalité saisissante , réalité d’ailleurs que ni la destination ni l’emplacement du ta
bleau ne légitimaient pas. — Ces trois ta
bleaux, exécutés avec la liberté d’allure particulière à l’ar
tiste, sont conçus avec clarté et attes
tent lafacilité, leparti pris rapide d’une in
telligence sagace, qui franchit lestement les difficultés sans s’ar
rêter longtemps à les étudier et à les vain
cre. Ils satisfont , mais ils ne laissent pas une empreinte vive dans l’esprit du spectateur, etn’éveillent pas d’idée artis
tique élevée. Cela tient à la nature du talent si fécond de M. H. Vernet, à son universelle aptitude à traiter bien les gen
res les plus opposés : tableaux d’histoire, de genre, batailles, marine, paysage, plafonds ou caricatures.
Outre les trois compositions que NOus reproduisons ici, l’artiste a figuré dans la partie inférieure, et formant voûte, du imême plafond, d’un côté les pairs et la magistrature, de l’au
relative dont est susceptible l’allégorie, une des choses les plus fausses du monde. C’est l’allégorie que j’accuse, que j’abomine. Et je plains les artistes de NOs jours d’être obligés de fourrer dans leurs composilions ces engins à faire peur aux gens quand ils ont à peindre le génie moderne.
Dans le troisième tableau on voit les divinités de la mer
Plafond du salon de la Paix, à la Chambre des Députés, par M. Horace Vernet. — La Paix. Plafond du salon de la Paix, par M. H. Vernet. — La Vapjur mettant en fuite les dieux marins.Plafond du salon de la Paix, à la Chambre des Députés, par M. H. Vernet. — Le Génie de la science.
rencontrent en s’abaissantles murailles unieset nues de lasalle, onne peut s’empêcher de reconnaître que ces murs et le plafond ne s’accordent pas du tout ensemble. Mais s’ils s’arrêtent un instant sur la statue en bronze imitée de la Pallas de Velletri,
et placée près de la porte d’entrée de laChambre,la NOblesimplicité de celte belle statue vous apparaît comme une froide critique, comme un démenti sévère de tout cet art moderne si étourdiment prodigue et si intempestif. A. J. D.
à un vase de bronze doré. Ces deux grandes scènes, où figurent un grand NOmbre de personnages, sont ingénieusement rendues. NOus ne NOus arrêterons pas à décrire Tornementation abondante, et variée de motifs, qui règne autour de ces sujets : les vases de métal, les groupes d’albâtre, les niches où des amours se jouent parmi les fleurs, les fruits mûrs et suc
culents perdus çà et là au milieu de lambris dorés. Quand les yeux, éblouis de cette grande variété d’objets et de couleurs,
tre les membres du corps diplomatique et de l’université, regardant, du haut des terrasses du palais Bourbon, défiler le cortège, visible pour eux seuls, du roi venant faire l’ouverture des Chambres. Le spectateur se trouve séparé de tous ces di
gnitaires par une balustrade d’or, aux extrémités de laquelle sont des factionnaires de la garde nationale et de la ligne.
Un Algérien est assis dans une pose pleine de naturel sur cette balustrade, et près de lui un négrillon grimpe en se tenant