ture, il faut, pour vivre, de l’ombre et de la fraîcheur. En un mot, que tous ceux qui ont le sentiment du beau s’unissent pour combattre, non-seulement les ignorants, mais encore, et surtout, ceux qui se parent du titre de civilisateurs et voudraient promener partout leurs alignements monotones
parvienne à obtenir des eaux potables et saines. Résultat qui serait immense pbur Venise!
Que toutes les observations que nous venons de faire soient prises en bonne part, elles nous sont dictées par notre amour pour Venise, que nous regardons comme une seconde patrie, tant cette ville et ses habitants nous sont chers.
Que les artistes, qui regardent comme leurs pays les pays qui sont beaux, s’unissent pour réclamer contre la barbarie partout; leur force morale est assez grande, s’ils veulent, pour que leurs voix réunies en chœur soient écoutées. C’est là le rôle que devrait prendre aujourd’hui la franc-maçonne
rie, qui ne ferait que remonter ainsi à son principe, à son but primitif,qui était toutartistique,
et qui a créé de si grandes choses. Si notre voix était assezhaute pour arriver jusqu’aux oreilles an grand poète artiste M. Victor Hugo, nous lui de
manderions, à lui, qui a tant fait pour l’architecture en France, de se mettre à la tête d’une franc - maçonnerie nouvelle.
Qu’il en soit le grand Orient,
le directeur suprême, et que. sa parole, parcourant l’espace,, aille, du midi au nord frapper d’anatheme les démolisseurs et les restaufàteurs inintelli
gents. Qu’elle les atteigne dans toutes ces villes reines, à Venise, à Constantinople, à Damas, à Ispahan, au Caire sur
tout, la plus belle parmi les bel
les, et où déjà les démolisseurs ont commencé l’œuvre barbare ;
à Lahore, où les Anglais vont sans doute aussi, comme dans le reste de l’Inde, élargir et
régulariser les rues, afin de s’y étaler dans leurs voitures, ne songeant qu’à eux, et oubliant .toujours que ces pays du so
leil ne sont pas comme leur triste pays de brouillard et de pluie ; et que pour la population qui n’a ni palanquin, ni voi
et spleenétiques, abattant pour élargir et régulariser, et ne comprenant l’architecture que comme une règle de mathé
matiques ; confondant toujours la régularité avec la symétrie, la symétrie qui est de la régularité pittoresque, au lieu d’être
de la régularité monotone. Voyez ces belles mosquées du Caire et de Constantinople, ces palais de l’AIcazar et de l’Al— hambra qui sont les chefs-d’œuvre de l’architecture pittores
que ; voyez même ces ruines des temples grecs, et dites ce qui fait la magnificence, l’élégance de leur ensemble? N’esta
ce pas la diversité des lignes qui n’empêche pas la symétrie, mais détruit la monoto
nie? N’est-ce pas aussi ces arbres, ces masses de verdure ui ôtent la tristesse des lignes roites et des tons; produisent de l’inattendu ; reposent l’œil;
causent dés effets d’ombre et de lumière, en un mot de la variété. Rien ne s harmonise mieux avec l’architecture que la végétation. La nature pour contraste au travail régulier des hommes! Que l’œil, en un mot, soit satisfait et re
posé en même temps. C’est là, si on y veut bien réfléchir, là vraie poésie de l’art archi
tectural, sans laquelle on reste froid devant le monument le plus parfait comme l’entendent nos architectes moder nés.
inousapplaudissons aux restaurations intelligentes, mais nous ne voulons pas que l’es
prit de commerce qui a taillé et aligné Trieste vienne passer son niveausurla ville des doges; Venise, malgré le tortqueluia fait la ville autrichienne, n’a jamais daigné se plaindre, et c’est, encore cette dernière qui jalouse sa rivale superbe. C’est que Venise est et sera toujours, si on la respecte, la ca
pitale quand même! C’est que là habitent tes grands souvenirs d’art, de gloire et de poésie ; et Trieste, vis-à-vis de Venise, joue le rôle de l’homme d’af
faires d’un grand seigneur enrichi aux dépens de son maître, qui daigne à peine s’en apercevoir.
non, quoique artiste et passionné pour cette ville sans pa
Venise. —Palais de la Ca’ d’Oro, appartenant au prince Alexandre Trubetskoï.
reille, je ne blâmerai ni la place Saint-Marc éclairée au gaz, ni le chemin de fer liant prosaïquement la poétique fille des ondes au continent, puisque les avantages l’emportent sur les inconvénients. D’ailleurs, ce n’est qu’un pont qui, avec ses deux cent vingt-deux arches élégantes, ne donne nullement
l’idée de la terre ferme. On en peut juger dans le panorama à vol d’oiseau que nous donnons ici. Ce pont, travail im
mense, commencé en 1840 et terminé maintenant, est dû aux soins de M. Meduna. Partant de Saint-Julien-des-Lagunes, petit village qui s’avance sur une pointe de la terre
ferme beaucoup plus que Mestre, il arrive à Santa-Lucia, extrémité du grand canal; sa longueur est de 5,683 mètres. Isolé comme il l’est, il n’ôte rien au caractère si particulier de la ville, et pour le voyageur qui monte en gondole au dé
barcadère, suit dans toute sa longueur le grand canal, et vient
Venise. — Palais Vendramin Caierghi, appartenant a madame lad. chesse de Berry.
parvienne à obtenir des eaux potables et saines. Résultat qui serait immense pbur Venise!
Que toutes les observations que nous venons de faire soient prises en bonne part, elles nous sont dictées par notre amour pour Venise, que nous regardons comme une seconde patrie, tant cette ville et ses habitants nous sont chers.
Que les artistes, qui regardent comme leurs pays les pays qui sont beaux, s’unissent pour réclamer contre la barbarie partout; leur force morale est assez grande, s’ils veulent, pour que leurs voix réunies en chœur soient écoutées. C’est là le rôle que devrait prendre aujourd’hui la franc-maçonne
rie, qui ne ferait que remonter ainsi à son principe, à son but primitif,qui était toutartistique,
et qui a créé de si grandes choses. Si notre voix était assezhaute pour arriver jusqu’aux oreilles an grand poète artiste M. Victor Hugo, nous lui de
manderions, à lui, qui a tant fait pour l’architecture en France, de se mettre à la tête d’une franc - maçonnerie nouvelle.
Qu’il en soit le grand Orient,
le directeur suprême, et que. sa parole, parcourant l’espace,, aille, du midi au nord frapper d’anatheme les démolisseurs et les restaufàteurs inintelli
gents. Qu’elle les atteigne dans toutes ces villes reines, à Venise, à Constantinople, à Damas, à Ispahan, au Caire sur
tout, la plus belle parmi les bel
les, et où déjà les démolisseurs ont commencé l’œuvre barbare ;
à Lahore, où les Anglais vont sans doute aussi, comme dans le reste de l’Inde, élargir et
régulariser les rues, afin de s’y étaler dans leurs voitures, ne songeant qu’à eux, et oubliant .toujours que ces pays du so
leil ne sont pas comme leur triste pays de brouillard et de pluie ; et que pour la population qui n’a ni palanquin, ni voi
et spleenétiques, abattant pour élargir et régulariser, et ne comprenant l’architecture que comme une règle de mathé
matiques ; confondant toujours la régularité avec la symétrie, la symétrie qui est de la régularité pittoresque, au lieu d’être
de la régularité monotone. Voyez ces belles mosquées du Caire et de Constantinople, ces palais de l’AIcazar et de l’Al— hambra qui sont les chefs-d’œuvre de l’architecture pittores
que ; voyez même ces ruines des temples grecs, et dites ce qui fait la magnificence, l’élégance de leur ensemble? N’esta
ce pas la diversité des lignes qui n’empêche pas la symétrie, mais détruit la monoto
nie? N’est-ce pas aussi ces arbres, ces masses de verdure ui ôtent la tristesse des lignes roites et des tons; produisent de l’inattendu ; reposent l’œil;
causent dés effets d’ombre et de lumière, en un mot de la variété. Rien ne s harmonise mieux avec l’architecture que la végétation. La nature pour contraste au travail régulier des hommes! Que l’œil, en un mot, soit satisfait et re
posé en même temps. C’est là, si on y veut bien réfléchir, là vraie poésie de l’art archi
tectural, sans laquelle on reste froid devant le monument le plus parfait comme l’entendent nos architectes moder nés.
inousapplaudissons aux restaurations intelligentes, mais nous ne voulons pas que l’es
prit de commerce qui a taillé et aligné Trieste vienne passer son niveausurla ville des doges; Venise, malgré le tortqueluia fait la ville autrichienne, n’a jamais daigné se plaindre, et c’est, encore cette dernière qui jalouse sa rivale superbe. C’est que Venise est et sera toujours, si on la respecte, la ca
pitale quand même! C’est que là habitent tes grands souvenirs d’art, de gloire et de poésie ; et Trieste, vis-à-vis de Venise, joue le rôle de l’homme d’af
faires d’un grand seigneur enrichi aux dépens de son maître, qui daigne à peine s’en apercevoir.
non, quoique artiste et passionné pour cette ville sans pa
Venise. —Palais de la Ca’ d’Oro, appartenant au prince Alexandre Trubetskoï.
reille, je ne blâmerai ni la place Saint-Marc éclairée au gaz, ni le chemin de fer liant prosaïquement la poétique fille des ondes au continent, puisque les avantages l’emportent sur les inconvénients. D’ailleurs, ce n’est qu’un pont qui, avec ses deux cent vingt-deux arches élégantes, ne donne nullement
l’idée de la terre ferme. On en peut juger dans le panorama à vol d’oiseau que nous donnons ici. Ce pont, travail im
mense, commencé en 1840 et terminé maintenant, est dû aux soins de M. Meduna. Partant de Saint-Julien-des-Lagunes, petit village qui s’avance sur une pointe de la terre
ferme beaucoup plus que Mestre, il arrive à Santa-Lucia, extrémité du grand canal; sa longueur est de 5,683 mètres. Isolé comme il l’est, il n’ôte rien au caractère si particulier de la ville, et pour le voyageur qui monte en gondole au dé
barcadère, suit dans toute sa longueur le grand canal, et vient
Venise. — Palais Vendramin Caierghi, appartenant a madame lad. chesse de Berry.