reille,que déjà des doutes s’élèvent sur la paternité du temple, tout comme s’il s’agissait de rechercher l’auteur du Parthénon, du Colysée ou d’une ruine ninivite. Certes, voilà qui est étrange; songez donc maintenant à écrire l histoire mo
numentale d’il y a vingt siècles ! La recherche de la pater - nité n’étant pas interdite, que je sache, en matière de Jardins d’hiver, nous essayerons de soulever un coin du voile qui recouvre ce nouveau mystère d’Isis. Un artiste de goût, M. Meynadier, de Flamalens, connu par ses travaux sur les embellissements de Paris, dont les plans et projets pour le Jardin d’hiver avaient été adoptés, nous dit-il, dans les
séances des. 5 juillet 1846 et 4 mars 1847, par l’assemblée générale de la société immobilière des Champs-Élysées, se plaint d avoir été mis depuis à l’écart, mais non ses projets, qui auraient été au contraire suivis par l administration ac
tuelle, et dont l’honneur serait attribué à un autre. A l’appui de cetle assertion, il produit une lettre de M, Cicéri, ainsi conçue :
« Monsieur,
« J ai été ces jours-ci au Jardin d’hiver, où l’administralionm’a fait appeler pour aviser à l’exécution d’un des grands
rideaux dont vous m’aviez parlé au mois de février dernier, lorsque je fis le lavis de la vue générale de cet édifice, dont vous aviez composé tous les plans.
« C’est avec franchise que je vous avoue qu’en entrant dans ce grand vaisseau j’ai été saisi en reconnaissant toutes les dispositions générales du projet dont vous aviez com
mencé la mise en œuvre, après les études si consciencieuses auxquelles je vous ai vu livré.
« C est votre œuvre réalisée, à part quelques détails qui ne changent rien au principe de votre grande et belle conception, dont l’aspect m’a péniblement ému, en pensant qu’on
Le nouveau Jardin d’hiver à Paris.
veut vous priver de l’honneur qui vous est si justement acquis.
« Agréez, etc.
« Signé Ernest Cicéri. »
Paris, 5 décembre 1847.
L’administration, en réponse à ce certificat si positif, émané d’upe autorité compétente, ne nie pas avoir suivi jusqu’à un certain point les inspirations de M. Meynadier; mais elle allègue qu’elle représente une société nou
velle (l’ancienne ayant dû se dissoudre) ; qu’elle a trouvé des constructions déjà fondées, d’après les vues de cet artiste, au moment où elle amis la main à l’œuvre; que dès lors il n’a
pas dépendu d’elle d’éviter dans les dispositions générales de l’édifice une certaine analogie avec les plans de M. Meyna
dier, qui du reste n’est point architecte, mais qu’il n’y a point identité; que cette ressemblance, qu’elle s’est efforcée d’éviter autant que possible, est un fait indépendant d’elle, que les circonstances précitées avaient rendue inévitable, et qu’en tout cas elle eût préféré de beaucoup suivre dans toutes les parties de l’édifice ses vues et ses plans personnels.
nous admeltons sans peine que l’administration eût pu faire autrement ; mais nous devons ajouter, dans son intérêt même et celui de la vérité, qu’il lui eût été difficile de faire mieux, et la foule paraît en juger comme nous. nous ne voulons point, au surplus, nous immiscer à ce débat,
qu’il nous suffit de signaler. nous sommes informé que M. Meynadier fait imprimer en ce moment un mémoire justificatif de sa revendication; l’administration sans doute ne manquera pas de lui répondre, et le public, quand ce procès artistique sera instruit, pourrajuger pièces en mains.
nous concevons au reste la vive douleur qui doit faire sainer le cœur d’un artiste alors qu’il se voit ou se croit spolié u fruit de ses travaux et du bénéfice moral d’une concep
tion remarquable. nous comprenons trop bien sa réclamation, et c’est ce qui nous détermine à l’accueillir dans nos colon
nes , bien que naturellement désireux de rester étranger, comme d’habitude, à une querelle privée.
Félix Mornand.