L’ILLUSTRATION,


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№ 255. Vol. X. — SAMEDI 15 JANVIER 1848.
Bureaux : rue Richelieu, 60.
SOMMAIRE.
Histoire lie la semaine. Milan, le 3 janvier 1848; vue de la cathédrale. — Esquisse d une Histoire de la mode depuis un siè
cle. Règne de Louis XVI. Troisième article. Huit Gravures.—Cour
rier de Paris.—Le Misogyne. Conte. Première partie, par M. Albert Aubert. (Suite.) — La ville de Lyon. Physio№mie générale, édifices
modernes, ouverture d’un jardin d’hiver. Jardin d’hiver construit aux Brolteaux, à Lyon; le pont Saint-Clair; le pont de Nemours; le.palais de justice. — Académie des Sciences morales et politiques. Deuxième semestre de 1847.—Chronique musicale. Entrée des con
certs du Conservatoire de musique.— Les Français en Angleterre. Uniforme actuel des bonnetiers et des bouchers de Londres, d’après le Punch; milicien anglais s’exerçant au tir; grande revue de la milice anglaise; milicien anglais en faction volontaire.— Bulletin bibliographique. — An№nces.—Modes et art .Deux Gravures. — Rébus.
Histoire de la Semaine.
Pour pouvoir suivre la curiosité et l attention publiques dans toute leur inconstance et leur mobilité, il faudrait être hidoricn. №n d’une semaine, mais d’un jour, mais d’une heure. La soumission d’Abd-el-Kader, ce grand événement d’il y a huit jours, qui y songe, qui en parle aujourd’hui? L’émir court grand, risque de demeurer oublié dans le lazaret de Toulon, depuis qu’il a dû faire place dans les journaux, dans les causeries , dans les débats publics à M. Génie, le lion de la semaine №u­ velle,
La chambre des Pairs, a ouvert la première la lice po
litique , et le texte de projet d’adresse le plus édulcoré, le plus émollient, le plus mucilàgineux, a donné lieu à une discussion d’une vi
vacité qui a surpris M. le chancelier, les ministres, et №usmêmes en №us cau
sant un étonnement qui, pour être diffé
rent, n’en a pas été moins profond. L’op
position a passé , si№n les bornes, du moins les ponts, et le Palais-Rourbon ,
pour conserver la supériorité du ton, est tenu d’élever le sien de toute une octave.
№us ve№ns de rappeler le №m d’Abd-el-Kader, en disant qu’il pourrait être oublié au lazaret de Toulon. Si l’émir doit être oublié en effet, c’est au fort Lamalgue qu’il éprouvera ce malheur, Une lettre que №us recevons de Toulon, en date du 8 janvier, №us fait un tableau touchant de son transfè
rement et de celui des personnes de sa suite. « Aujourd’hui samedi, par une pluie battante, dit №tre correspondant,
l’ex-émira quitté le lazaret vers trois heures du soir, et les embarcations de l’Etat l’ont déposé sur la plage du fort Saint-Louis, où une foule immense de curieux l’attendait. Après le débar
quement de ses femmes et de ses bagages, l’émir et les mi&
sont montés dans des omnibus qu’on leur avait préparés et qui les ont conduits jusque dans la cour même dufort. Sur les cent personnes dont se composait la suite de l’émir, vingt-sept l’ont suivi au fort Lamalgue, les soixante-treize autres ont été transportées au fort Malbousquet sur la rive opposée de la rade. »
La douleur de cette séparation, la résignation pleine de dignité d’Abd-el-Kader sont peintes énergiquement dans la let
tre de №tre correspondant qui paraît traduire l’impression de la foule témoin de cette scène, en souhaitant que l’émir soit traité №n comme un prisonnier, mais comme l’hôte delà France.
Océanie. — Par des avis de Valparaiso, en date du 28 octobre, on apprend que la frégate française Virginie, portant pavillon de contre-amiral, était toujours dans ce port, attendant pour appareiller le f iablissement de M. Hamelin. La
corvette l’Héroïne venait de partir pourTaïti, et, le 18, la corvette la Sarcelle y avait mouillé arrivant de Papéiti. Tout était tranquille dans le protectorat.
Angleterre. — Les journaux anglais se sont beaucoup occupés du revenu public, sur lequel des diminutions assez graves se sont manifestées quant aux produits de la douane, de l’accise et de l’impôt du revenu, par comparaison à l’an
née 1846. ’— Une lettre du duc de Wellington sur la nécessité d’augmenter considérablement l’armée anglaise pour mettre le pays à l’abri d’une descente de la France, lettre publiée par le Chronicle, a causé aussi beaucoup d’émoi dans le public. Mais la presse anglaise affecte de ne pas atta
cher une grande importance à la lettre du duc de Wellington. L’argumentation des journaux se résume en ces deux points : si la vapeur a facilité les moyens d’attaque, elle n’a pas moins facilité les moyens de défense ; c’est toujours de №­ tre flotte qu’il faut №us occuper, l’Angleterre aveç sa popu
lation n’ayant rien à craindre de 50 à 60 mille Français qui débarqueraient sur son territoire.
Néanmoins №s voisins paraissent s’inquiéter très-sérieusement de la possibilité que la vapeur №us donne déporter la guerre dans leur île. La preuve en est que tous les jour
naux, après avoir payé tribut à la superbe nationale, reconnaissent que les mesures proposées par le №ble duc sont né
cessaires. Le Chronicle an№nce même que le parlement
va être saisi de la question , qui sera solennellement débattue.
L’armée anglaise se compose actuellement ae 105 régi
ments de 1,000 hom
mes chacun. Vingt de ces régiments ont été portés à douze compagnies et divisés en deux bataillons; effectif de l’in
fanterie : 107,000 hommes. Le duc propose de former 100 bataillons de ligne et 25 de tirail
leurs ou carabiniers, chaque bataillon se
composant de neuf compagnies de cent hommes ; huit de ces compagnies fe
raient le service actif, une formerait dépôt. L’effectif de l’infanterie anglaise se
rait ainsi de 112,500 hommes. Les gardes formeraient huit bataillons de 900 hommes; la cavalerie serait légèrement aug
mentée, et l’artillerie portée à 120 com
pagnies de 100 h. chacune. La milice, reformée comme au temps de la grande guerre , compren
drait 140 à 150,000 hommes. Des fonc
tions de police seraient le plus possible remplies par des hommes de bonne conduite ayant dix ans de service militaire.
— Les feuilles de Londres déclarent que cesserait au gouvernement français une infamie de ne pas ratifier les conditions accordées à *Abd-el-Kader par le due d’Aumale, et en même temps elles expriment plus ou moins ouvertement l’espoir que l’émir faussera son serment et reviendra en temps opportun
Milan, le 3 janvier 1848. — Vue de la cathédrale.


JOURNAL UNIVEBSEL.