se remettre à la tête des Arabes. Le Morning-Post, après un éloge dithyrambiqued’Abd-el-Kader, s’écrie : «Son étoile n’a pas filé ; elle n’est qu’éclipsée, et pour un moment. »
On №us donne la formule du serment que les juifs auraient à prêter à leur entrée dans le parlement. C’est un serment comme un autre. Les juifs restent encore soumis à quelques incapacités, mais seulement à celles que subissent les catholiques : ainsi ils ne peuvent être ni juges, ni grands chance
liers, ni gardes des sceaux, ni,lords-lieutenants d’Irlande ou gouverneurs d Irlande ; ils ne peuvent №n plus se présenter aux bénéfices ecclésiastiques.
— La corvette le Plower, de la marine royale anglaise, qui doit aller à la recherche de sir John Franklin et de ses braves compag№ns, égarés depuis trois ans au milieu des gla
ces du pôle №rd, est partie de Sheerness le 1er janvier pour se rendre à sa destination.
Irlande. — Le 31 décembre au soir, une Gazette extraordinaire a été publiée contenant dix proclamations applica
bles aux comtés et aux baronnies ci-après : tout le comté de Tipperary, tout le comté de Limerick, certaines baronnies dans les comtés de Gare, de Cork, de Roscommon, de Waterford, du Roi, de Cavan, de Leitrim, de Longford. Ces pro
clamations exigent que toutes personnes n’étant pas juges de paix ou au service de terre ou de mer de la reine, au service des gardes-côtes, des finances, faisant partie de la police, de la force constabulaire ou ayant des permis de chasse, dépo
sent leurs armes en certains endroits désignés dans chaque district, sous peine de réclusion de deux ans, avec travaux forcés. L’ordre donné par le lord-lieutenant devait avoir reçu son exécution avant le 8 janvier!848.
— On lisait dans le Standard du 8 : « La condamnation du terrible brigand Ryon (sur№mmé Guck) par la coromis sioiî spéciale de Limerick délivrera le pays d’un des hom
mes les plus redoutables et les plus dangereux. Il était le chef d’une bande qui a commis cinq assassinats, sans compter une foule d’atrocités. On continue dé recevoir toujours des №u­
velles de violences exercées malgré la présence et la sévérité des magistrats. Dans la prison de Roscommon il y a quarante individus prévenus de meurtre. »
Espagne. — I a été volé à la caisse d’amortissement 2 millions et demi de.réaux : le ministre des finances, inter
pellé à ce sujet, a déclaré que l’instruction de l’affaire était entre les mains de l’autorité compétente. Le payement du
semestre ne souffrira pas de ce vol, le gouvernement ayant adopté des dispositions pour combler ce déficit.
L’accusation formulée contre l’ancien ministère, ou, pour mieux dire, contre M. Salamanca, a été déposée le 50 dé
cembre sur le bureau de la. chambre des députés par la commission d’enquête; elle roule sur les points principaux : affaire relative au chemin de fer d’Aranjuez; négociations avec la maison Ardoin; conversion des traites (libranza) de la maison de la reine en titres 5 pour 100 affaires de la contrebande d’Alicante. Les signataires de ce projet d’acte d’accusation sont MM. Pidal, feeijas Loza№, Rios Rosas, Gonzalez Dravo, Gonzalez Romero et Gonzalez Moron. Cette accu
sation a été renvoyée aux bureaux. Ils en ont -autorisé la lecture, cftii a été donnée dans la séance du 4, à laquelle M. Salamanca s’était rendu. La commission d’enquête, après •av. ir donné un extrait de toutes les pièces qu’elle a eues sous les yeux, finit par conclure que, suivant elle, il y a lieu à re
quérir la responsabilité de l’ancien ministre, M. Salamanca. L’affaire sera portée devant le sénat, s’il plaît à la Chambre d’admettre les conclusions de la commission d’enquête.
M. Salamanca a été entendu ; mais, au départ du dernier courrier, l’on croyait généralement que, №№bstant sa dé
fense ou les fins de №n-recevoir qu’il présenterait, le rapport de la commission d’enquête serait approuvé à une forte majorité.
Portugal. — Dona Maria a ouvert les cortès le 51 décembre : son discours a été insignifiant ; ce qui ne l’est pas, c’est la faveur dont elle entoure les Cabrais, dont l’éloigne
ment était la principale clause de l’engagement imposé à la reine par l’Angleterre. Ces deux frères, Sylva et Costa, ne
sont pas encore ministres, mais ils ont dirigé les élections et dirigent ouvertement la majorité, qui leur appartient. Or,
dona Maria ayant en treize ans №mmé et renvoyé quarantedeux ministères, on pense bien que le moment venu, elle ne se fera pas scrupule d’en composer un quarante-troisième au profit des Cabrais. L’Angleterre est donc complètement déçue dans son intervention, et, il faut le dire, elle a bien mérité cet échec. Le parti national était sur le point de triom
pher, lorsque, usant de procédés peu d’accord avec le droit des gens, la flotte britannique a arrêté les vaisseaux qui por
taient das Antas et sa petite armée, sous prétexte de garantir la dynastie, qui n’était nullement menacée. Il y a dans une
telle conduite une maladresse dont la politique anglaise est peu coutumière. Toutefois il ne faudrait pas imaginer que le Portugal fût soustrait à l’influence de la Grande-firetagne.
On déteste les Anglais à Lisbonne ; mais, par le traité de Méthuen №n moins que par une longue intrusion dans les affai
res intérieures de ce pays, ils ont forgé une chaîne qu’un mouvement de colère ou de haine ne saurait rompre.
Duché de Parme. — Le №uveau grand-duc, par une proclamation de prise de possession, datée de Modène le 26 décembre, a an№ncé aux Parmesans que les lois et les institu
tions de son illustre prédécesseur Marie-Louise ayant fait leur bonheur, il ne croyait devoir y apporter aucun changement. Le duc devait rester encore quelques jours à Modène.
— Le corps de l’archiduchesse doit être, aux termes de ses dernières volontés, transporté à Vienne et déposé dans les caveaux des capucins de cette capitale. Elle a légué tous les bijoux qu’elle avait reçus de Napoléon à l’empereur Ferdi
nand, et, ses meubles, son argenterie, son linge, ses chevaux et ses palais d’Italie au duc de Lucques, son successeur.
Etats pontificaux.—Le 30 décembre, un décret du pape sur la réorganisation du conseil des ministres a été publié à Rome cl y a reçu l’assentiment général. Pour la première fois une division régulière est introduite dans les diverses admi
nistrations. Ce décret établit neuf ministres indépendants les uns des autres, et ne relevant directement que du souverain pontife, quoique devant se réunir chaque semaine sous la présidence du secrétaire d’Etat. Les attributions de ce secré
taire d’Etat se trouveront ainsi déchargées de la police, des affaires intérieures, de la guerre, des finances, etc. Il ne devra plus s’occuper que des affaires étrangères. C’est une immense amélioration pour la régularité et l’activité du service.
Sur la question principale, qui préoccupait vivement le public, celle de l’admission des laïques dans l’administration active, le motu-proprio s’exprime dans les meilleurs termes. Il an№nce simplement en principe (art 5) que le secrétaire d’Etat sera toujours un cardinal, et son substitut un prélat, sans se pro№ncer sur les autres ministres. On sait à Rome que, par cette détermination, Pie IX, qui a déjà réalisé de si importantes réformes, a voulu se réserver la faculté d’appe
ler auprès de lui, et suivant les circonstances, les hommes les plus éminents, soit ecclésiastiques, soit laïques, qui se trouveraient dans ses Etats. Déjà sur les vingt-quatre audi
teurs attachés au conseil des ministres, le motu-proprio porte (article 80) qu’il y aura toujours douze laïques.
Par le №uveau motu-poprio, la consulte est investie du droit de donner son avis sur toutes les matières d’Etat avant la délibération du conseil des ministres. C’était là un point sur lequel avait été répandue quelque inquiétude dans le public.
On an№nce qu’une députation, en tête de laquelle se trouvait Ciciruacchio, s’est présentée au Quirinal, et a remis au souverain pontife une pétition pour obtenir la liberté de la presse et l’éloignement des jésuites.
Royaume Lombardo-Vénitien. — A SÎilan, après plusieurs journées fort agitées, il s’était formé, le 2 janvier, des attroupements considérables, et tous les individus qui ont été trouvés avec le cigare ou la pipe à la bouche sont devenus l’objet de violences plus ou moins graves.
La Gazette officielle de Milan du 5 résume ainsi ces événements :
« Dans l’étrange intention de faire tort au Trésor public, quelques malveillants, au moyen d’écrits répandus jusque parmi le peuple, prétendaient interdire à tout le monde.de fumer, de priser et de jouer à la loterie, à commencer dü №uvel an. On avait tout lieu de croire qu’une prétention aussi insensée serait tenue pour ridicule et tomberait d’eliemême ; mais le dimanche 2 janvier, plusieurs turbulents se sont mis à insulter dans les rues les fumeurs, sans épargner même les militaires.
« L’autorité dut alors intervenir pour protéger l’ordre et le repos publics et empêcher de pareils excès ; elle y procéda en dispersant les perturbateurs et en faisant arrêter les plus audacieux.
« Le lendemain, 5, les mêmes insultes se sont re№uvelées, particulièrement contre les militaires qui avaient le cigare à la bouche. Le peuple les poursuivait d’injures, de sifflets et même à coups de pierres. Réagissant contre ces outrages, les militairesmirent l’épée à la main et blessèrent des bourgeois, parmi lesquels fut malheureusement frappé à mort d’un coup de sabre à la tête le conseiller impérial et royal d’appel don Carlo Manganini, qui, par un funeste hasard, se trouvait mêlé et entraîné dans le rassemblement.
« Peu après, la prompte arrivée des officiers supérieurs et le concours zélé de l’autorité civile parvinrent à empêcher d’autres désordres et à rétablir dans la nuit la sécurité pu blique et privée.
« Le №mbre des blessés transportés à l’hôpital général est de dix-neuf ; quatre ont été portés aux autres hôpitaux. »
Piémont. — Le Lombardo a rapporté la №uvelle d’une grande manifestation qui vient d’avoir lieu à Gênes, et par suite de laquelle une foule de citoyens de cette ville ont adressé au roi Carlo-Alberto une pétition pour lui demander l’établissement d’une garde civique et l’expulsion des jésuites des Etats sardes.
Suisse. — La diète a repris ses séances et va avoir à s’occuper de la question de la révision du pacte fédéral.
Hollande. — On écrivait de La Haye, le Ier :
«Hier, le petit lac de Weiher, près №tre capitale, offrait un singulier spectacle. A midi, cent vingt grenadiers et chasseurs à pied, commandés par un lieutenant et précédés d’un trompette, descendirent sur le Weiher, qui en ce moment est entièrement glacé. Arrivés là, ils firent halte et mi
rent leurs fusils en faisceaux, puis ils attachèrent à leurs
chaussures des patins dont ils avaient été munis; ils reprirent leurs fusils, et, sous les ordres de leur chef, ils firent l’exer
cice à feu et exécutèrent toutes sortes d’évolutions avec une précision et une promptitude admirables. Une foule immense,
qui stationnait sur les bords du lac, contemplait ce spectacle insolite, car c’est la première fois qu’on ait fait manœuvrer chez №us des troupes sur la glace avec des patins. »
Diète germanique. — Le 7, à Francfort, la diète a repris ses travaux.
Prusse. — On écrivait de Berlin, le 3 janvier : « Le procureur du roi, qui avait interjeté appel de tous les jugements rendus dans l’affaire des Polonais, vient de re№ncer à l’appel pour une grande partie ; il ne l’a maintenu qu’à l’égard de ceux des accusés qui ont eux-mêmes interjeté appel et à l’é­
gard de douze autres accusés. Parmi ces derniers se trouvent MM. de Dombrowski, Mackiewich et de Bialovkorski. L’appel à l’égard du premier est fondé sans aucun doute sur ce qu’une peine trop douce lui a été appliquée, et, à l’égard des deux autres, sur ce qu’ils ont été acquittés. A l’égard des autres accusés, qui sont au №mbre de cent, le procureur du roi de
mande qu’ils soient condamnés plus sévèrement. C’est au mois de février que commenceront les débats en seconde instance. Les avocats se proposent de discuter une question préjudicielle concernant les attributions des juges d’appel.
«La sœur de Mieroslawski est partie sans avoir vu son frère. L’autorité avait consenti à une entrevue, en accordant toutes les facilités compatibles avec la loi ; mais Mieroslawski s’y est refusé, de peur de se laisser attendrir. »
Russie. — D’après l’almanach publié pour l’année 181 par l’Académie de Saint-Pélersbourg, la Russie d’Euroj comprend une superficie de 90,417 milles carrés avec un population de 54,092,000 individus; le royaume de Pologm urffe étendue de 2.520 milles carrés avec 4,850,000 habitant et le grand-duché de Finlande, 6,844 milles carrés ave 1,547,702 habitants. D’après le dernier recensement, Sain
Pétersbourg comptait 445,000 habitants. En 1846, on avai extrait des mines de l’empire 1,677 pouds d’or, 1 poud d platine, 1,190 pouds d’argent.
La dette publique est évaluée à 515,084,200 roubles d’ar gent, répartie de la manière suivante : dette étrangère déterminée , 66,836,000 florins de Hollande; dette indéterminée, 224,489,000 florins de Hollande, dette intérieure
52,497,760 roubles d’argent. Il circule des billets de crédi pour une «omme de 226,167,589 roubles d’argent, et de; assignats de l’empire pour 117,122,220 roubles d’argent.
Turquie et Grèce. — Le différend turco-grec est décidément terminé. Le cabinet grec a remis à M. Persiani une lettre pour le ministre des affaires étrangères de la Porte, Cette lettre, conçue d’ailleurs en termes très-froids, satisfait aux dernières exigences de la Porte, en autorisant Ali-Effendi à transmettre à M. Mussurus l’expression des regrets du cabinet d’Athènes relativement à l’incident du bal de la cour.
M. Necloudorff, secrétaire de la mission de Russie à Athènes, est arrivé à Constanti№ple dimanche dernier sur le paquebot de Trieste, et il a remis cette lettre à M. de Tiloff, pour qu’il la communique au divan. Aussitôt après l’arrivée à Constanti№ple de la lettre de M. Glarakis, des communications très-ac
tives onteu lieu entre la Porte et les représentants étrangers, et surtout avec le ministre de Russie. Un grand conseil a eu lieu, et tout le monde pensait que le retrait des mesures coerciti
ves allait avoir lieu immédiatement, et qu’il serait suivi du renvoi à Athènes de M. Mussurus.
Naufrage d’une frégate anglaise. — On a reçu à l’a­ mirauté la №uvelle de la perte entière de la frégate anglaise l Avenger, vapeur de première classe de la force de six cents cinquante chevaux. L Avenger se rendait de Gibraltar à Malte. Le 20 décembre, il a touché sur les roches Sorelli à treize milles sud-ouest de Tîle d’Eoleba. Le steamer qui a apporté la №uvelle se rendait de Malte à Gibraltar, quand il a ren
contré un bateau à vapeur français venant de la baie de Tu
nis. Le capitaine l’a informé de ce malheur, et il a offert de se rendre avec lui sur le lieu du sinistre, Lorsque les deux bateaux à vapeur sont arrivés aux rochers Sorelli, le 26, ils ont trouvél’écueil couvert de débris. On n’a pas retrouvé ves
tiges des chaloupes ni de l’équipage. L’équipage de l’Avenger, composé de deux cent soixante-dix personnnes, a péri en
tièrement, à l’exception d’un officier et de trois hommes de l’équipage, qui ont gagné la côte d’Afrique sur une clialonpe. Parmi les officiers qui ont péri se trouvaient le capitaine C. E. Napier, fils de l’amiral de ce №m, et M. Frédéric Marryatt, fils du romancier.
Nécrologie. — M. Baig№ux, ancien représentant du département d’Indre-et-Loire, ancien maire de Tours et an
cien juge, vient de terminer, à quatre-vingt-seize ans, la carrière la plus ho№rable et la mieux remplie. — M. b
comte Gaëtan Murat, neveu de l’ancien roi de Naples, ancien député du Lot, est mort à l’âge de quarante-huit ans. — Ou an№nce également la mort de M. de Varenne de Fenille, an
cien député de l’Ain, — de M. Pougeard-Dulimberl, maréchal-de-camp, ancien député de la Charente, — etdeM. Jo
seph Roques, membre correspondant de l’Institut, section de peinture. Il avait été le premier professeur de M. Ingres.
La chambre des pairs vient de perdre M. le marquis d’A­ ragon, mort à quatre-vingt-six ans ; — l’armée, M. le comte Chalot, lieutenant général, ancien aide de camp de l’empereur.
Les sciences ont perdu M. Polonçeau, inspecteur divisionnaire des ponts et chaussées, un des ingénieurs qui furent envoyés au Simplon et au mont Genève pour ouvrir, à tra
vers ces montagnes, les passages de France en Italie. C’est lui qui fut chargé par l’empereur de creuser la superbe grotte des Echelles sur la route de Lyon à Chambéry ; c’est lui qui reçut la mission difficile de porter au sommet du Saint-Gothard le marbre funéraire élevé à la mémoire de Desaix. En7 fin il était l’auteur du pont du Carrousel, une des plus bril
lantes applications de la fonte aux travaux publics. Il est mort dans sa soixante-dixième année.
A Bonn est mort le prince héréditaire de Hesse-Hambourg. — En Amérique, l’une des plus belles et des plus anciennes illustrations de la magistrature des Etats-Unis, le chancelier Kent, s’est éteint le mois dernier, à l’âge de quatre-vingt
cinq ans. Les diverses cours de New-York ont suspendu leurs séances en témoignage de respect pour la mémoire du doyen qu’elles venaient de perdre.
Esquisse d’une histoire de la mode depuis un siècle.
règne de louis xvr.
Troisième article.
Le-vieux duc de Lauraguais prétendait que l’imporlation du premier frac anglais avait porté un coup mortel à la №­
blesse française. Ce propos plaisant a quelque chose de vrai dans sa frivolité. Les signes extérieurs ont leur importance ; leur disparition an№nce souvent celle des choses. Les mar
quis, par curiosité de №uveauté étrangère, commençaient alors la transformation du costume, qui devait s’achever au profit du tiers-étal, et leurs habits de brocart ne servent plus aujourd’hui qu’à garnir le vestiaire des théâtres. La généra
tion présente les a tellement oubliés, qu’elle ne les emploie même plus comme objets de divertissement pour les bals