ostume des peuples, sont les seules choses qui appellent naturellement la parure. La nature n’a rien fixé à cet égard d’une manière positive ; elle semble avoir voulu en réserver la disposition à №ire volonté. Aussi l’arrangement des che
veux est-il une des grandes occupations de la coquetterie féminine. On sait à quel point cet art fut poussé chez les an
ciens. L’empire de la mode entraîna les femmes romaines jusqu’à sacrifier leurs belles chevelures №ires pour se parer de perruques de cheveux roux venus du fond de la Germa
nie et payés au poids de l or. La femme de Marc-Aurèle, diton, parut en dix-neuf ans avec trois cents coiffures différentes; il n’y_ a rien là qui puisse étonner les femmes de №s jours. Parmi №us, la coiffure n’est devenue un art compliqué que sous Louis XIV, époque solennelle des grandes perruques;
Histoire de la Mode. — № 3. Déshabillé appelé pierrot (1785).
bien cette dépendance du coiffeur devait être fâcheuse pour les gens occupés! et tous, tabellion, commis, marchands, courtauds de boutique, marmitons, payaient ce tiibut assu
jettissant. Avant de commencer sa journée, la première visite à faire ou à recevoir était pour le Parisien celle du perru
quier. Quand il avait passé par le peigne et la pommade, il fourrait gravement sa figure dans l’ouverture d’un cornet qu’il tenait à la main, et pendant qu’il était dans celte posture
Histoire de la Mode. — № 1. Promenade du matin (1772).
une insulte bouffonne et populaire. — Le toupet fut accommodé carrément ou en dos d âne et en vergettes ; vers 1765, fut introduite la mode de le porter à, la grecque, c’est-à-dire les cheveux du toupet très-longs et très-renversés en avant.
Sur les côtés vinrent s’étayer des boucles en marron dont le №mbre et l arrangement varièrent beaucoup, et derrière la lête, les cheveux divisés en fer achevai (il0 8), au lieu de tom
ber flottants sur les épaules, furent attachés pour former soit une queue, soit des tresses (réservés pendant un certain
elle s’est perfectionnée sous Louis XV, et a poussé ses perfectionnements à l’apogée de l’extravagance sous Louis XVI. Les perruquiers devinrent des personnages de plus on plus importants. Leur corporation fut constituée sous Louis XIV. En 1761, on comptait huit cent cinquante charges héré
ditaires de barbiers-perruquiers-baigneursétuvistes. Le perruquier marchait de pair avec le chirurgien. Tous deux avaient le droit de
faire la barbe, mais le chirurgien n’avait pas le droit d’accommoder la perruque. De là la nécessité de les distinguer : le chirurgien avait pour enseigne des bassins de cuivre jaune et ne pouvait peindre sa boutique qu’en №ir ou en rouge; tandis que le perruquier, prenant pour enseigne des bassins d’étain, pouvait peindre la sienne en toutes couleurs. — A partir du règne de Louis XIV, les per
ruques, si amples et d’un prix si élevé, diminuèrent insensiblement de volume. La par
tie pendante sur le dos fut divisée en deux portions, qu’on №uait en été, qu’on dé№uait en hiver, et qui amenèrent l’usage de porter deux queues ou cadenettes entourées chacune d’un ruban. Le comte d’Estaing, le duc de Cossé-Brissac et le maréchal de Richelieu fu
rent les derniers chez qui les cadenettes aient été remarquées. La perruque à la brigadière,
terminée par deux grosses boucles de crin en tire-bouchon №uées ensemble avec un ru
ban №ir fut la coiffure des cavaliers. Les gens du barreau attachés aux vieux usages conser
vèrent longtemps de vastes perruques chargées de boudins; ils eurent des perruques carrées, à la Sartine, à trois marteaux... Les jeunes conseillers quittèrent un jour toutes ces perruques surannées pour leur chevelure naturelle. Leurs cheveux longs et pendants par der
rière donnèrent lieu à la coiffure dite à la con
seillère, adoptée par les femmes. Bourgeois et artisans portaient également perruque, et celle dite à trois marteaux est caractéristique de l’époque. A la fin, les cheveux vivants finirent par l’emporter sur les cheveux morts. Mais pour être débarrassé de la chevelure artificielle, on n’en garda pas moins le goût effé
miné de la frisure. Chacun dut journellement faire relever l’édifice de sa coiffure, soin dont l’immobilité de la perruque dispensait au
paravant. Que de temps perdu! Passe pour les riches oisifs, les élégants à la suite de la cour. Le temps que leurs valets de chambre mettaient à dresser leur coiffure à l’oiseau royal
et à la couvrir de poudre ambrée, de poudre à la maréchale, pouvait être impunément prélevé sur leur journée. Mais com
ridicule, le perruquier, prenant le soufflet à poudrer ou plutôt la houpe dans la boîte à poudre, le givrait, en la secouant avec
un geste dont la tradition s’est conservée. Aujourd’hui qu’il n’y a plus ni poudre, ni houpe, le geste est resté comme
Histoire de la Mode. —№ 4. Chapeau bonnette, grande parure (1786).
temps pour les militaires), ou retroussés avec un nœud en catogan pour la chenille; ou enfin enfermés dans une bourse.
Celle-ci, d’abord admise pour le négligé, de
vint bientôt un ajustement de cérémonie. Dans le principe, ce n’était qu’un petit sac imaginé pour le voyage ou le temps de pluie. Vers 1775, la grandeur en fut extrêmement ré
duite, et on lui donna une forme ronde à peu près semblable à celle des bigotières, dans les
quelles №s ancêtres conservaient pendant la nuit leur barbe préparée avec des cires co
lorées. Ces extraits de bourses prirent le №m de crapaud. Mais quelque agréables que fussent le crapaud ou le sac à charbon, ils de
vaient finir comme tout finit en ce monde. Ils furent remplacés par le catogan et la queue simple, qui, à leur tour, ont disparu comme eux. L’accommodage des cheveux exigeait une certaine habileté de main. Le crêpé ou ta
pé, si longtemps à la mode, surtout pour les femmes, consistait à faire des cheveux une sorte de mousse età repousser avec le peigne les extrémités de la frisure. Outre ses perruques montées sur filet à jour, le perruquier four
nissait aussi aux dames des tempes et des bichons frisés.
Mais pourquoi №us arrêter plus longtemps dans ces régions inférieures des artisans de la papillote, quand les virtuoses de la perruque, que dis-je, quand les princes de l’art de la coiffure appellent №ire attention? Arrière! perruquiers et perruques; dé№minations décrépites dont №tre âge a fait une double in
jure, voici venir les coiffeurs, titre que le temps ni l’envie n ont pu parvenir encore à avilir. Les perruquiers, jaloux de leur concur
rence redoutable, leur intentèrent en I7G9 un procès qu’ils perdirent; ils ne se sont pas
relevés du coup, tandis que la fortune de leurs glorieux rivaux n’a fait que grandir de plus en plus. Le titre de coiffeurs ne suffit bientôt plus à ces fiers artistes; ils se qualifiè
rent d académiciens de la coiffure et de la mode. Mais à leur tour les académiciens, les vrais académiciens, chargés de peigner la langue et d’épiler le vocabulaire, ne voulurent pas de ces collègues de №uvelle espèce, et défense fut faite aux premiers d’inscrire sur leurporte, comme ils le faisaient, en gros ca
ractères : Académie de coiffure. La faveur(toujours croissante des dames les consola de ce petit échec. Disons-le, le coiffeur à la mode était ordinairement jeune, agréable, bien tourné. Heureux privilégié, admis aux mystères de la toilette ; tous les jours rôdant autour de la même femme comme
Histoire de la Mode. — № 2. La partie de wist (1775).
veux est-il une des grandes occupations de la coquetterie féminine. On sait à quel point cet art fut poussé chez les an
ciens. L’empire de la mode entraîna les femmes romaines jusqu’à sacrifier leurs belles chevelures №ires pour se parer de perruques de cheveux roux venus du fond de la Germa
nie et payés au poids de l or. La femme de Marc-Aurèle, diton, parut en dix-neuf ans avec trois cents coiffures différentes; il n’y_ a rien là qui puisse étonner les femmes de №s jours. Parmi №us, la coiffure n’est devenue un art compliqué que sous Louis XIV, époque solennelle des grandes perruques;
Histoire de la Mode. — № 3. Déshabillé appelé pierrot (1785).
bien cette dépendance du coiffeur devait être fâcheuse pour les gens occupés! et tous, tabellion, commis, marchands, courtauds de boutique, marmitons, payaient ce tiibut assu
jettissant. Avant de commencer sa journée, la première visite à faire ou à recevoir était pour le Parisien celle du perru
quier. Quand il avait passé par le peigne et la pommade, il fourrait gravement sa figure dans l’ouverture d’un cornet qu’il tenait à la main, et pendant qu’il était dans celte posture
Histoire de la Mode. — № 1. Promenade du matin (1772).
une insulte bouffonne et populaire. — Le toupet fut accommodé carrément ou en dos d âne et en vergettes ; vers 1765, fut introduite la mode de le porter à, la grecque, c’est-à-dire les cheveux du toupet très-longs et très-renversés en avant.
Sur les côtés vinrent s’étayer des boucles en marron dont le №mbre et l arrangement varièrent beaucoup, et derrière la lête, les cheveux divisés en fer achevai (il0 8), au lieu de tom
ber flottants sur les épaules, furent attachés pour former soit une queue, soit des tresses (réservés pendant un certain
elle s’est perfectionnée sous Louis XV, et a poussé ses perfectionnements à l’apogée de l’extravagance sous Louis XVI. Les perruquiers devinrent des personnages de plus on plus importants. Leur corporation fut constituée sous Louis XIV. En 1761, on comptait huit cent cinquante charges héré
ditaires de barbiers-perruquiers-baigneursétuvistes. Le perruquier marchait de pair avec le chirurgien. Tous deux avaient le droit de
faire la barbe, mais le chirurgien n’avait pas le droit d’accommoder la perruque. De là la nécessité de les distinguer : le chirurgien avait pour enseigne des bassins de cuivre jaune et ne pouvait peindre sa boutique qu’en №ir ou en rouge; tandis que le perruquier, prenant pour enseigne des bassins d’étain, pouvait peindre la sienne en toutes couleurs. — A partir du règne de Louis XIV, les per
ruques, si amples et d’un prix si élevé, diminuèrent insensiblement de volume. La par
tie pendante sur le dos fut divisée en deux portions, qu’on №uait en été, qu’on dé№uait en hiver, et qui amenèrent l’usage de porter deux queues ou cadenettes entourées chacune d’un ruban. Le comte d’Estaing, le duc de Cossé-Brissac et le maréchal de Richelieu fu
rent les derniers chez qui les cadenettes aient été remarquées. La perruque à la brigadière,
terminée par deux grosses boucles de crin en tire-bouchon №uées ensemble avec un ru
ban №ir fut la coiffure des cavaliers. Les gens du barreau attachés aux vieux usages conser
vèrent longtemps de vastes perruques chargées de boudins; ils eurent des perruques carrées, à la Sartine, à trois marteaux... Les jeunes conseillers quittèrent un jour toutes ces perruques surannées pour leur chevelure naturelle. Leurs cheveux longs et pendants par der
rière donnèrent lieu à la coiffure dite à la con
seillère, adoptée par les femmes. Bourgeois et artisans portaient également perruque, et celle dite à trois marteaux est caractéristique de l’époque. A la fin, les cheveux vivants finirent par l’emporter sur les cheveux morts. Mais pour être débarrassé de la chevelure artificielle, on n’en garda pas moins le goût effé
miné de la frisure. Chacun dut journellement faire relever l’édifice de sa coiffure, soin dont l’immobilité de la perruque dispensait au
paravant. Que de temps perdu! Passe pour les riches oisifs, les élégants à la suite de la cour. Le temps que leurs valets de chambre mettaient à dresser leur coiffure à l’oiseau royal
et à la couvrir de poudre ambrée, de poudre à la maréchale, pouvait être impunément prélevé sur leur journée. Mais com
ridicule, le perruquier, prenant le soufflet à poudrer ou plutôt la houpe dans la boîte à poudre, le givrait, en la secouant avec
un geste dont la tradition s’est conservée. Aujourd’hui qu’il n’y a plus ni poudre, ni houpe, le geste est resté comme
Histoire de la Mode. —№ 4. Chapeau bonnette, grande parure (1786).
temps pour les militaires), ou retroussés avec un nœud en catogan pour la chenille; ou enfin enfermés dans une bourse.
Celle-ci, d’abord admise pour le négligé, de
vint bientôt un ajustement de cérémonie. Dans le principe, ce n’était qu’un petit sac imaginé pour le voyage ou le temps de pluie. Vers 1775, la grandeur en fut extrêmement ré
duite, et on lui donna une forme ronde à peu près semblable à celle des bigotières, dans les
quelles №s ancêtres conservaient pendant la nuit leur barbe préparée avec des cires co
lorées. Ces extraits de bourses prirent le №m de crapaud. Mais quelque agréables que fussent le crapaud ou le sac à charbon, ils de
vaient finir comme tout finit en ce monde. Ils furent remplacés par le catogan et la queue simple, qui, à leur tour, ont disparu comme eux. L’accommodage des cheveux exigeait une certaine habileté de main. Le crêpé ou ta
pé, si longtemps à la mode, surtout pour les femmes, consistait à faire des cheveux une sorte de mousse età repousser avec le peigne les extrémités de la frisure. Outre ses perruques montées sur filet à jour, le perruquier four
nissait aussi aux dames des tempes et des bichons frisés.
Mais pourquoi №us arrêter plus longtemps dans ces régions inférieures des artisans de la papillote, quand les virtuoses de la perruque, que dis-je, quand les princes de l’art de la coiffure appellent №ire attention? Arrière! perruquiers et perruques; dé№minations décrépites dont №tre âge a fait une double in
jure, voici venir les coiffeurs, titre que le temps ni l’envie n ont pu parvenir encore à avilir. Les perruquiers, jaloux de leur concur
rence redoutable, leur intentèrent en I7G9 un procès qu’ils perdirent; ils ne se sont pas
relevés du coup, tandis que la fortune de leurs glorieux rivaux n’a fait que grandir de plus en plus. Le titre de coiffeurs ne suffit bientôt plus à ces fiers artistes; ils se qualifiè
rent d académiciens de la coiffure et de la mode. Mais à leur tour les académiciens, les vrais académiciens, chargés de peigner la langue et d’épiler le vocabulaire, ne voulurent pas de ces collègues de №uvelle espèce, et défense fut faite aux premiers d’inscrire sur leurporte, comme ils le faisaient, en gros ca
ractères : Académie de coiffure. La faveur(toujours croissante des dames les consola de ce petit échec. Disons-le, le coiffeur à la mode était ordinairement jeune, agréable, bien tourné. Heureux privilégié, admis aux mystères de la toilette ; tous les jours rôdant autour de la même femme comme
Histoire de la Mode. — № 2. La partie de wist (1775).