compagne nos troupes fut à eux, et leur dit que Pomaré était furieuse, et que s’ils ne voulaient pas livrer les coupables, le tavana allait faire feu. Cette menace n’ayant pas eu l’effet que l’on en attendait, les insulaires de Barcley furent réunis et conduits à Taïti, où ils ont dû être jugés et punis. »
Angleterre. — Des scènes sanglantes ont eu lieu parmi les ouvriers qui travaillent au chemin de fer d’Aberdeen, il paraît que les ouvriers, ayant reçu leur salaire, commencè
rent à minuit à insulter quelques paysans qui célébraient la nuit de noël, selon la vieille coutume. Vers le matin, un assez grand nombre de maisons furent forcées, et il devint
évident qu’il y avait sous jeu quelque projet arrêté d’at a- que. Les constables parvinrent d’abord à contenir le désordre;
mais les hommes des Highlands étant armés de bâtons et montrant une vér itable férocité, la police fut bientôt obligée d’évacuer le terrain. Alors ces furieux entrèrent de force dans les maisons, pillèrent les boutiques des boulangers, des bouchers et des marchands de spiritueux, et maltraitèrent si cruellement un jeune homme du village, qu’il mourut dans la soirée du mercredi. Un assez grand nombre d’autres paysans ont été plus ou moins grièvement blessés, et l’on désespère même de la vie de quelques-uns d’entre eux. On dépê
cha à Aberdeen un exprès pour demander un détachement militaire. Deux compagnies furent dirigées immédiatement sur le théâtre des désordres, et arrivèrent à temps pour rétablir la tranquillité et arrêter les meneurs de l’émeute.
— 11 est arrivé des lettres à l’Amirauté du contre-amiral Lucius Curtis annonçant qu’il a inutilement fait rechercher les passagers qui auraient survécu au naufrage du vaisseau de Sa Majesté l Avenger. Ainsi l’Amirauté n’a plus l’espoir que des passagers aient échappé à la mort, à l’exception du lieutenant Rooke et de trois autres personnes qui ont débarqué sur la côte de Barbarie.
— Le bruit courait depuis longtemps que l’Anglelerre voulait s’emparer de la ville de Nicaragua et de la rivière de Saint-Jean. Ce bruit était fondé. Lesforces anglaises ont pris possession de ces deux points au nom duroi de Mosquitos, qui prétend avoir le droit de les leur céder. Le chargé d’affaires
des Etats de Nicaragua et de Honduras près des cours de France et des Pays-Bas vient d’adresser à lord Palmerston une protestation en forme contre cette usurpation.
Espagne. — Une scène très-orageuse a eu lieu le 5 janvier dans le congrès, espagnol, qui discutait la mise en accu
sation de M. Salamanca, ancien ministre des finances.
M. Pidal ayant dit, dans le cours de la discussion, que le bruit courait publiquement que M. Salamanca s’était appro
prié, dans l’affaire des traites de la maison de la reine, une somme de 23 millions de réaux, M. Salamanca lui a répondu par un démenti qui a amené des propos de plus en plus violents. M. Salamanca s’est trouvé mal. et a été obligé de sor
tir de la salle. — Le lendemain 6, M. Salamanca s est, trouvé hors d’état de reparaître à la chambre. La.séance n’a donc rien offert de dramatique, mais elle n’a pas été pour cela moins curieuse. Le ministère avait, de la manière la plus pressante, fait inviter la commission à renoncer à la proposition d’accusation en s’engageant à ordonner une en
quête administrative dont le résultat serait soumis aux cortès. M. Gonzalès Bravo avait été en même temps prié de re
noncer à la parole. M. Gonzalès Bravo. s’est rendu de bonnB grâce, mais la commission a décliné à l’unanimité l’invita
tion ministérielle. Restait â connaître par le vote combien le cabinet compte de partisans dans la Chambre : 128 membres ont voté pour la prise en considération de la proposition et 39 contre; majorité, 89. Le ministère a déclaré alors qu’il resterait neutre. Ceci a été considéré comme un vérilable échec pour le cabinet et comme le triomphe des exaltés. Aussileministère, pour en atténuer l’effet autant que possible, a fait tous ses efforts pour obtenir que la commission spéciale chargée de faire un rapport sur cette question lût contraire à l’acta d’accusation, et par cette combinaison prévenir de nouveaux scandales et peut-être de grands embar
ras. En effet, le choix des commissaires a été défavorable aux conclusions de l’accusation.
Le général Espartero est arrivé le 7 à Madrid avant le jour. Outre cette précaution, il avait eu le soin de faire prier ses amis de s’abstenir de toute démonstration. Pendant trois jours, il a été, de la part du peuple, l’objet d’une ovation si
lencieuse. La foule s’est portée en masse devant la maison de la rue de la Montera qu’il habite. Le jour même de son arri
vée, à cinq heures, il a été reçu par la reine et le roi. On ne dit pas qu’il ait vu encore ni Marie-Cbristine, ni les ministres. Le bonheur que l’ex-régent a dû éprouver de se retrou
ver dans sa patrie a été immédiatement altéré par la mort de son plus intime ami, le général Linage, son ancien aide de camp.
Etats pontificaux. — Les jésuites ne jouissent à Rome et dans toute l’Italie que d’une médiocre popularité. Le 51
décembre au soir, le pape s’était rendu chez les révérends pères, et la population romaine avait vu avec douleur cette dé
marche de Pie IX. Cependant, le lendemain, la foule se rendit au Quirinal souhaiter la nouvelle année au souverain ponlife.
Mais la grande porte du palais se ferme et la garde surise forme la haie en avant. Ce mouvement, cette porte fermée, étonnent la foule, qui grossissait de plus en plus. La porte se rouvre pour donner passage à vingt-cinq dragons à cheval qui s’avancent sur la place en manœuvrant de manière à la faire évacuer. Le peuple ne reculait pas. Une voix crie : « Leurs armes sont chargées et ils ont ordre de tirer. » Ce mot se passe de groupe en groupe. Cinq minutes après, le Quirinal était désert.
Le Saint-Père, souffrant, retiré dans son appartement, ignorait ce qui se passait. Le soir, dans les cafés, les théâtres, on disait partout : On aura fait croire à ce Pape comme à l autre que nous voulions l’assassiner.
Le lendemain, la municipalité, entrée en fonctions depuis vingt-quatre heures, envoya une députation au pape pour l’informer de l’état de l opinion. Le pape répondit : « Moi, croire qu’ils m’assassineront ? Oh ! non ; et je vais leur en
donner la preuve dans une heure, et avec une seule escorte d’honneur je vais parcourir les principales rues de la cité. » Sa Sainteté sortit en effet à trois heures, et fui partout saluée des plus vives acclamations.
Parme. —Le bruit s est répandu, et le journal la Concorde de Turin du 6 a annoncé que le duc de Parme a de
mandé la protection de Charles-Albert en offrant d’accéder à la ligue douanière. Le motif de cette démarche serait une querelle violente que Charles de Bourbon aurait eue avec le duc deModène au sujet de la ville de Guastalla, cédée à ce
lui-ci en 1844, moyennant un prêt de 4 millions. Le duc de Parme prétend que ce traité comporte un réméré, et qu’en remboursant les 4 millions il est libre de retenir Guastalla.
Parme a voulu s’assurer l’appui du Piémont. De là l’offre du duc d’adhérer à l’union douanière et d’entrer dans la voie des réformes, à l’exemple de Pie IX et de Charles-Albert.
Modène. — La position des troupes d’occupation n’est rien moins qu’agréable. A Modène, les dames n’admettent aucun officier dans leurs maisons ni dans leurs loges au théâtre. A Reggio, les jeunes gens ayant appris que les officiers allaient arriver au café Grande, occupèrent tous les sièges, en sorte qu’il n’y eut plus de place pour les officiers.
Royaume Lombardo-Vénitien. — Depuis les événements du 3, qui ont fait plus de victimes qu’on ne l’avait avoué d’a
bord , il n’y a pas eu de collision nouvelle à Milan. Le 9, la population a fait encore quelques démonstrations , mais l ordre n’a pas été un instant troublé. Les lieux habi
tuels de promenade, le Corso di Porta Orientale et le Corso Francesco, ont été abandonnés. C’est sur la dernière de ces promenades qu’a été tué le conseiller Maganini. Toute la po
pulation s’est portée en masse, en voilure et à pied, sur le Corso di Porta Romana, où tout le long on avait écrit le nom de Corso di Pio nono, que le peuple vient de donner à cette nouvelle promenade. Ce mouvement s’est fait avec tant de spontanéité que la police l’ignorait complètement, et avait, comme d’habitude, envoyé des troupes sur les anciennes pro
menades. — Depuis trois jours la population s’était abstenue unanimement d’aller au spectacle en signe de deuil. Le 9, elle y a reparu eu fouie, mais elle est restée tranquille, et la police n’a été nullement, obligée d’intervenir. Ce même jour, fe vice-roi avait fait afficher une proclamation, dont le ton et les promesses et protestations qu’elle renferme semblent indiquer qu’on reconnaît qu’il serait imprudent de ne pas
compter avec quelques-uns des vœux manifestés. — Bergame, Vérone, Brescia et Pavie ont adopté le même parti que Milan pour le tabac et la loterie.
— On écrivait de Vienne, le 6 janvier, à la Gazette universelle de Prusse :
k L’armée d’Italie se trouve, par suite des renforts qu’elle a successivement reçus, prête à tout événement. Elle compte mainlenant soixante-quinze mille hommes. Dans les temps ordinaires elle n’en compte quetrentè mille.»
Toscane. —Il y a eu le 6 une démonstration tumultueuse contre le général Sproni, gouverneur de Livourne. II s’agis
sait de vaincre la mauvaise volonté, vraie ou supposée, qu’on impute au gouvernement pour Karmemement des gardes civi
ques. Le gouverneui, cédant Un vœu du peuple, a déclaré qu’une commission serait nommée pour examiner la situation.
Le premier nom porté sur la liste des commissaires a été celui de l’avocat Guerrazzi, qui a toute la confiance des classes populaires. Guerrazzi a harangué la foule :« Suivant ce qu’on vient de m’annoncer, le gouvernement n’a ni armes ni ar
gent, a-t-il dit; mais,fallût-il aller à Florence pour soutenir vos droits, j’irai à votre tête. » — Mais le lendemain au soir, une commission, investie par le grand-dnc de pouvoirs ex
traordinaires et présidée par le marquis Bidolfi, ministre de l’intérieur, partait de Florence pour Livourne, où deux com
pagnies se rendaient également. En même temps, une proclam dion adressée par le grand-duc aux Toscans leur décla
rait qu’il n’y avait aucune attaque étrangère à craindre, qu’on
était en mesure de vaincre toutes les difficultés, et faisait appel aux gardes civiques, à qui le salut de la patrie est con
fié. Arrivée à Livourne, la commission extraordinaire a fait embarquer pour 111e d’Elbe l’avocat Guerrazzi et les membres les plus ardents de la commission populaire.
On lit dans un supplément extraordinaire de la Gazette officielle de Florence, publié le 9 janvier, différentes adresses présentées au grand-duc par les conseils municipaux des principales villes de la Toscane à l’occasion des troubles de Livourne. Cette même feuille rend compte d’une manifesta
tion de la garde civique de Florence qui a eu lieu dans les mêmes circonstances. Les officiers de 1 état-major, accompa
gnés de quarante-huit capitaines et de vingt-quatre simples soldats seulement de celte milice, se sont rendus auprès du grand-duc, qui les a parfaitement accueillis.
Piémont. — Des rassemblements ont eu lieu à Gênes dans la journée du 3janvier, à la suite d’une proclamation du conseil municipal qui annonçait la mise en activité de la nou
velle loi de police. On ne tarda pas à dresser des tables dans les rues où l’on recueillit plusieurs milliers de signalures. On fit la même chose au théâtre ; on présenta la pétition dans les maisons. Plusieurs citoyens notables de la ville s’offrirent pour être auprès du trône les interprètes du vœu po
pulaire, et une députation composée de neuf membres arriva en effet à Turin dans la journée du 7. Cette députalion ne fut point reçue par le roi. Elle eut une entrevue avec le ministre de l’intérieur et de la police, qui représenta à ces délégués que le roi, qui a assez prouvé sa ferme volonté d’accomplir les réformes promises, ne pouvait recevoir une députation sans mandai, légal, exprimant les vœux illégaux d’une assem
blée illégale. Le ministre reçut les députés poliment, mais en les engageant à prolonger leur séjour à Turin le moins possible. La députalion est repartie le 8 pour Gênes. Son retour et la nouvelle de son échec n’ont pas causé d’agitation.
Le Risorgimento, journal de Turin, dans sa feuille du 11, annonce qu’un ordre vient d’être publié pour appeler sous les armes vingt-cinq mille hommes des classes de 1843, 44, 43, et que, de plus, le contingent qui allait rentrer dans ses foyers,
par l’expiration de son temps de service, demeurera sous les drapeaux. Personne ne considère ces mesures de Charles- Albert comme une précaution prise contre ses sujets.
Suisse. — De tous les côtés, en Suisse, des délibérations se prennent pour exprimer au général en chef Dufour la re
connaissance du pays. La dièle, au nom de la confédération,
les grands conseils de Genève et de Berne, au nom de ces. cantons, ont déjà acquitté cette dette de gratitude. Le grand conseil d’Uri est saisi d’une proposition analogue.
La diète à laquelle a été remise une note par le nonce du pape pour protester au nom du souverain pontife contre l’ex
pulsion des jésuites, et certaines autres mesures, a passé outre à ses délibérations par un ordre du jour motivé.
Villes anséatiques. — La proposition d’admettre les Israélites dans le collège du commerce de Hambourg a été rejetée par une majorité de cent quatre-vingt-seize voix, bien qu’auparavant toutes les grandes maisons juives eussent pris publiquement l’engagement de renoncer à la loi qui les dis
pense d’accepter et de payer les lettres de change les samedis et les autres jours de fête de leur religion. Néanmoins le rejet de la mesure s’explique naturellement, parce que celle-ci fai
sait partie du projet d’un nouveau règlement de la Bourse, dont l un des articles contenait une disposition qui rencon
trait une répugnance générale, savoir, l’exclusion de la Bourse de tous les petits marchands. Or, comme d’après les statuts du collège du commerce il fallait voter sur l’ensemble du pro
jet, et que du reste toute discussion préalable est interdite dans le sein de cette compagnie, les partisans mêmes de l’admission des israéiifes dans le collège du commerce se sont vus obligés de repousser le projet, afin de ne pas spolier les petits marchands du droit qu’ils ont toujours eu de fréquenter la Bourse.
L’admission des israélites dans le collège du commerce sera prochainement proposée de nouveau et seule ; alors il est plus que probable que cette mesure aura toute chance l’être adoptée.
Grands-duchés de Mecklenbourg. — La session des élats pour les deux grands-duchés de Mecklenbourg-Sehwerin et Strélitz qui vient d’être close, bien qu’elle n’ait pas répondu à tout ce qu’on pouvait attendre d’elle, doit cepen
dant être regardée comme la plus importante de celles qui
l’ont précédée. Plusieurs résolutions de la diète, émanées du gouvernement lui-même, recevront bientôt sa sanction. Elles prouvent, dans tous les cas, que le Mecklenbourg, où les institutions et les mœurs du moyen âge se sont conservées en
core plus intactes que sur aucun autre point de l’Allemagne, se ressentent aussi quelque peu des tendances générales du moment.
Danemark. — Pendant l’année 1847, il a été commis à Copenhague cinquante-cinq suicides, ce qui, comparé à la population de cette ville, qui est d’environ quatre-vingt-dix mille personnes, fait un suicide par mille six cent trente habitanis,
Autriche.—La misère parmi la classe ouvrière de Vienne est si grande, que lous les fonds du Mont-de-Piélé se trouvent épuisés, et que cet établissement, afin de satisfaire aux prêts qu’un lui demande, s’est décidé à faire un emprunt de 1 million de florins (2,600, 00 fr.), en obligations de 23 florins portant 4 p. 100 d intérêts.
Accident. — Un déplorable accident est arrivé samedi soir à l’usine deM. Gavé, constructeur mécanicien, Faubonrg- Sainl-Denis. Au moment où quarante milliers de fonte métal
lique étaient en ébullition incandescente, une trouée s’est faite au bassin du fourneau de fusioâ, et la fonte s’est répan
due tout à l’entour comme d’un cratère volcanique. Huit ou
vriers qui n’ont pu se sauver assez rapidement ont eu les pieds atteints jusqu’à la chevil!e.“Ces malheureux sont dans un état affreux; on craint qu’il ne: soit nécessaire de leur faire l amputation des jambes.
Nécrologie.—M. Simon, ancien député de Seine-et- Marne, membre du conseil général de ce département, vient de mourir à l’âge de soixante-deux ans.
— On lisait dans le Globe du 12 janvier :
« L’amiral sir Robert Laurie et le contre-amiral Pringle- Studdart viennent de mourir. La morlalilé est très-grande depuis quelque temps parmi nos officiers supérieurs de ma
rine, ce qui du reste ne doit étonner personne, car sur cent cinquante officiers supérieurs, tous, terme moyen, ne sont pas âgés de moins de soixante-dix ans. Depuis la promotion
de 1846, il est mort vingt amiraux et trois contre-amiraux retirés. Depuis trois semaines, nous avons perdu neuf amiraux en activité de service. »
Courrier de Paris.
La question est décidée, Abd-ol-Kader ne viendra pas à Paris. L’hiver se passera sans cette nouvelle représentalion orientale. Néanmoins, l’apparition, toute lointaine qu’elle soit, de ce glorieux lis du désert sur nos rivages, occupe les imaginations féminines, et la mode ne saurait manquer de traduire ces impressions. Le beau sexe, qui a déjà adopté le bur
nous, voudra essayer aussi le kaïck. On annonce des coiffuresémir et des soupers au couscoussou. Je ne parle pas d’une nouvelle gigue, traduite de l’arabe, et dont les figures ori
ginales vont remplacer les volte-face et les coups de talons de toutes nos danses slaves ou hongroises.
En attendant, il est fort peu question des soirées données par nos Parisiens indigènes; j’accorde qu’il y en ait eu quel
que part une éclatante et officielle, mais c’était du genre maussade, et l’ennui obligeait bientôt l’amateur désappointé à l’aller finir ou recommencer ailleurs. C’est que la circons
tance n’est pas précisément favorable aux coureurs et sau
teurs de salon, elle autorise de tout autres chassés-croisés. Si les femmes se mettent en frais de toilette el de sourires, c’est pour les hommes poliliques. Les coureurs parlementaires se
voient aussi passablement recherchés. Ces législateurs in partibus colportent la nouvelle législalive et sèment l anecdote du jour. Ils vous diront dans quel athénée tel orateur en herbe va se fortifier sur la grammaire et la prononciation, et le nom
Angleterre. — Des scènes sanglantes ont eu lieu parmi les ouvriers qui travaillent au chemin de fer d’Aberdeen, il paraît que les ouvriers, ayant reçu leur salaire, commencè
rent à minuit à insulter quelques paysans qui célébraient la nuit de noël, selon la vieille coutume. Vers le matin, un assez grand nombre de maisons furent forcées, et il devint
évident qu’il y avait sous jeu quelque projet arrêté d’at a- que. Les constables parvinrent d’abord à contenir le désordre;
mais les hommes des Highlands étant armés de bâtons et montrant une vér itable férocité, la police fut bientôt obligée d’évacuer le terrain. Alors ces furieux entrèrent de force dans les maisons, pillèrent les boutiques des boulangers, des bouchers et des marchands de spiritueux, et maltraitèrent si cruellement un jeune homme du village, qu’il mourut dans la soirée du mercredi. Un assez grand nombre d’autres paysans ont été plus ou moins grièvement blessés, et l’on désespère même de la vie de quelques-uns d’entre eux. On dépê
cha à Aberdeen un exprès pour demander un détachement militaire. Deux compagnies furent dirigées immédiatement sur le théâtre des désordres, et arrivèrent à temps pour rétablir la tranquillité et arrêter les meneurs de l’émeute.
— 11 est arrivé des lettres à l’Amirauté du contre-amiral Lucius Curtis annonçant qu’il a inutilement fait rechercher les passagers qui auraient survécu au naufrage du vaisseau de Sa Majesté l Avenger. Ainsi l’Amirauté n’a plus l’espoir que des passagers aient échappé à la mort, à l’exception du lieutenant Rooke et de trois autres personnes qui ont débarqué sur la côte de Barbarie.
— Le bruit courait depuis longtemps que l’Anglelerre voulait s’emparer de la ville de Nicaragua et de la rivière de Saint-Jean. Ce bruit était fondé. Lesforces anglaises ont pris possession de ces deux points au nom duroi de Mosquitos, qui prétend avoir le droit de les leur céder. Le chargé d’affaires
des Etats de Nicaragua et de Honduras près des cours de France et des Pays-Bas vient d’adresser à lord Palmerston une protestation en forme contre cette usurpation.
Espagne. — Une scène très-orageuse a eu lieu le 5 janvier dans le congrès, espagnol, qui discutait la mise en accu
sation de M. Salamanca, ancien ministre des finances.
M. Pidal ayant dit, dans le cours de la discussion, que le bruit courait publiquement que M. Salamanca s’était appro
prié, dans l’affaire des traites de la maison de la reine, une somme de 23 millions de réaux, M. Salamanca lui a répondu par un démenti qui a amené des propos de plus en plus violents. M. Salamanca s’est trouvé mal. et a été obligé de sor
tir de la salle. — Le lendemain 6, M. Salamanca s est, trouvé hors d’état de reparaître à la chambre. La.séance n’a donc rien offert de dramatique, mais elle n’a pas été pour cela moins curieuse. Le ministère avait, de la manière la plus pressante, fait inviter la commission à renoncer à la proposition d’accusation en s’engageant à ordonner une en
quête administrative dont le résultat serait soumis aux cortès. M. Gonzalès Bravo avait été en même temps prié de re
noncer à la parole. M. Gonzalès Bravo. s’est rendu de bonnB grâce, mais la commission a décliné à l’unanimité l’invita
tion ministérielle. Restait â connaître par le vote combien le cabinet compte de partisans dans la Chambre : 128 membres ont voté pour la prise en considération de la proposition et 39 contre; majorité, 89. Le ministère a déclaré alors qu’il resterait neutre. Ceci a été considéré comme un vérilable échec pour le cabinet et comme le triomphe des exaltés. Aussileministère, pour en atténuer l’effet autant que possible, a fait tous ses efforts pour obtenir que la commission spéciale chargée de faire un rapport sur cette question lût contraire à l’acta d’accusation, et par cette combinaison prévenir de nouveaux scandales et peut-être de grands embar
ras. En effet, le choix des commissaires a été défavorable aux conclusions de l’accusation.
Le général Espartero est arrivé le 7 à Madrid avant le jour. Outre cette précaution, il avait eu le soin de faire prier ses amis de s’abstenir de toute démonstration. Pendant trois jours, il a été, de la part du peuple, l’objet d’une ovation si
lencieuse. La foule s’est portée en masse devant la maison de la rue de la Montera qu’il habite. Le jour même de son arri
vée, à cinq heures, il a été reçu par la reine et le roi. On ne dit pas qu’il ait vu encore ni Marie-Cbristine, ni les ministres. Le bonheur que l’ex-régent a dû éprouver de se retrou
ver dans sa patrie a été immédiatement altéré par la mort de son plus intime ami, le général Linage, son ancien aide de camp.
Etats pontificaux. — Les jésuites ne jouissent à Rome et dans toute l’Italie que d’une médiocre popularité. Le 51
décembre au soir, le pape s’était rendu chez les révérends pères, et la population romaine avait vu avec douleur cette dé
marche de Pie IX. Cependant, le lendemain, la foule se rendit au Quirinal souhaiter la nouvelle année au souverain ponlife.
Mais la grande porte du palais se ferme et la garde surise forme la haie en avant. Ce mouvement, cette porte fermée, étonnent la foule, qui grossissait de plus en plus. La porte se rouvre pour donner passage à vingt-cinq dragons à cheval qui s’avancent sur la place en manœuvrant de manière à la faire évacuer. Le peuple ne reculait pas. Une voix crie : « Leurs armes sont chargées et ils ont ordre de tirer. » Ce mot se passe de groupe en groupe. Cinq minutes après, le Quirinal était désert.
Le Saint-Père, souffrant, retiré dans son appartement, ignorait ce qui se passait. Le soir, dans les cafés, les théâtres, on disait partout : On aura fait croire à ce Pape comme à l autre que nous voulions l’assassiner.
Le lendemain, la municipalité, entrée en fonctions depuis vingt-quatre heures, envoya une députation au pape pour l’informer de l’état de l opinion. Le pape répondit : « Moi, croire qu’ils m’assassineront ? Oh ! non ; et je vais leur en
donner la preuve dans une heure, et avec une seule escorte d’honneur je vais parcourir les principales rues de la cité. » Sa Sainteté sortit en effet à trois heures, et fui partout saluée des plus vives acclamations.
Parme. —Le bruit s est répandu, et le journal la Concorde de Turin du 6 a annoncé que le duc de Parme a de
mandé la protection de Charles-Albert en offrant d’accéder à la ligue douanière. Le motif de cette démarche serait une querelle violente que Charles de Bourbon aurait eue avec le duc deModène au sujet de la ville de Guastalla, cédée à ce
lui-ci en 1844, moyennant un prêt de 4 millions. Le duc de Parme prétend que ce traité comporte un réméré, et qu’en remboursant les 4 millions il est libre de retenir Guastalla.
Parme a voulu s’assurer l’appui du Piémont. De là l’offre du duc d’adhérer à l’union douanière et d’entrer dans la voie des réformes, à l’exemple de Pie IX et de Charles-Albert.
Modène. — La position des troupes d’occupation n’est rien moins qu’agréable. A Modène, les dames n’admettent aucun officier dans leurs maisons ni dans leurs loges au théâtre. A Reggio, les jeunes gens ayant appris que les officiers allaient arriver au café Grande, occupèrent tous les sièges, en sorte qu’il n’y eut plus de place pour les officiers.
Royaume Lombardo-Vénitien. — Depuis les événements du 3, qui ont fait plus de victimes qu’on ne l’avait avoué d’a
bord , il n’y a pas eu de collision nouvelle à Milan. Le 9, la population a fait encore quelques démonstrations , mais l ordre n’a pas été un instant troublé. Les lieux habi
tuels de promenade, le Corso di Porta Orientale et le Corso Francesco, ont été abandonnés. C’est sur la dernière de ces promenades qu’a été tué le conseiller Maganini. Toute la po
pulation s’est portée en masse, en voilure et à pied, sur le Corso di Porta Romana, où tout le long on avait écrit le nom de Corso di Pio nono, que le peuple vient de donner à cette nouvelle promenade. Ce mouvement s’est fait avec tant de spontanéité que la police l’ignorait complètement, et avait, comme d’habitude, envoyé des troupes sur les anciennes pro
menades. — Depuis trois jours la population s’était abstenue unanimement d’aller au spectacle en signe de deuil. Le 9, elle y a reparu eu fouie, mais elle est restée tranquille, et la police n’a été nullement, obligée d’intervenir. Ce même jour, fe vice-roi avait fait afficher une proclamation, dont le ton et les promesses et protestations qu’elle renferme semblent indiquer qu’on reconnaît qu’il serait imprudent de ne pas
compter avec quelques-uns des vœux manifestés. — Bergame, Vérone, Brescia et Pavie ont adopté le même parti que Milan pour le tabac et la loterie.
— On écrivait de Vienne, le 6 janvier, à la Gazette universelle de Prusse :
k L’armée d’Italie se trouve, par suite des renforts qu’elle a successivement reçus, prête à tout événement. Elle compte mainlenant soixante-quinze mille hommes. Dans les temps ordinaires elle n’en compte quetrentè mille.»
Toscane. —Il y a eu le 6 une démonstration tumultueuse contre le général Sproni, gouverneur de Livourne. II s’agis
sait de vaincre la mauvaise volonté, vraie ou supposée, qu’on impute au gouvernement pour Karmemement des gardes civi
ques. Le gouverneui, cédant Un vœu du peuple, a déclaré qu’une commission serait nommée pour examiner la situation.
Le premier nom porté sur la liste des commissaires a été celui de l’avocat Guerrazzi, qui a toute la confiance des classes populaires. Guerrazzi a harangué la foule :« Suivant ce qu’on vient de m’annoncer, le gouvernement n’a ni armes ni ar
gent, a-t-il dit; mais,fallût-il aller à Florence pour soutenir vos droits, j’irai à votre tête. » — Mais le lendemain au soir, une commission, investie par le grand-dnc de pouvoirs ex
traordinaires et présidée par le marquis Bidolfi, ministre de l’intérieur, partait de Florence pour Livourne, où deux com
pagnies se rendaient également. En même temps, une proclam dion adressée par le grand-duc aux Toscans leur décla
rait qu’il n’y avait aucune attaque étrangère à craindre, qu’on
était en mesure de vaincre toutes les difficultés, et faisait appel aux gardes civiques, à qui le salut de la patrie est con
fié. Arrivée à Livourne, la commission extraordinaire a fait embarquer pour 111e d’Elbe l’avocat Guerrazzi et les membres les plus ardents de la commission populaire.
On lit dans un supplément extraordinaire de la Gazette officielle de Florence, publié le 9 janvier, différentes adresses présentées au grand-duc par les conseils municipaux des principales villes de la Toscane à l’occasion des troubles de Livourne. Cette même feuille rend compte d’une manifesta
tion de la garde civique de Florence qui a eu lieu dans les mêmes circonstances. Les officiers de 1 état-major, accompa
gnés de quarante-huit capitaines et de vingt-quatre simples soldats seulement de celte milice, se sont rendus auprès du grand-duc, qui les a parfaitement accueillis.
Piémont. — Des rassemblements ont eu lieu à Gênes dans la journée du 3janvier, à la suite d’une proclamation du conseil municipal qui annonçait la mise en activité de la nou
velle loi de police. On ne tarda pas à dresser des tables dans les rues où l’on recueillit plusieurs milliers de signalures. On fit la même chose au théâtre ; on présenta la pétition dans les maisons. Plusieurs citoyens notables de la ville s’offrirent pour être auprès du trône les interprètes du vœu po
pulaire, et une députation composée de neuf membres arriva en effet à Turin dans la journée du 7. Cette députalion ne fut point reçue par le roi. Elle eut une entrevue avec le ministre de l’intérieur et de la police, qui représenta à ces délégués que le roi, qui a assez prouvé sa ferme volonté d’accomplir les réformes promises, ne pouvait recevoir une députation sans mandai, légal, exprimant les vœux illégaux d’une assem
blée illégale. Le ministre reçut les députés poliment, mais en les engageant à prolonger leur séjour à Turin le moins possible. La députalion est repartie le 8 pour Gênes. Son retour et la nouvelle de son échec n’ont pas causé d’agitation.
Le Risorgimento, journal de Turin, dans sa feuille du 11, annonce qu’un ordre vient d’être publié pour appeler sous les armes vingt-cinq mille hommes des classes de 1843, 44, 43, et que, de plus, le contingent qui allait rentrer dans ses foyers,
par l’expiration de son temps de service, demeurera sous les drapeaux. Personne ne considère ces mesures de Charles- Albert comme une précaution prise contre ses sujets.
Suisse. — De tous les côtés, en Suisse, des délibérations se prennent pour exprimer au général en chef Dufour la re
connaissance du pays. La dièle, au nom de la confédération,
les grands conseils de Genève et de Berne, au nom de ces. cantons, ont déjà acquitté cette dette de gratitude. Le grand conseil d’Uri est saisi d’une proposition analogue.
La diète à laquelle a été remise une note par le nonce du pape pour protester au nom du souverain pontife contre l’ex
pulsion des jésuites, et certaines autres mesures, a passé outre à ses délibérations par un ordre du jour motivé.
Villes anséatiques. — La proposition d’admettre les Israélites dans le collège du commerce de Hambourg a été rejetée par une majorité de cent quatre-vingt-seize voix, bien qu’auparavant toutes les grandes maisons juives eussent pris publiquement l’engagement de renoncer à la loi qui les dis
pense d’accepter et de payer les lettres de change les samedis et les autres jours de fête de leur religion. Néanmoins le rejet de la mesure s’explique naturellement, parce que celle-ci fai
sait partie du projet d’un nouveau règlement de la Bourse, dont l un des articles contenait une disposition qui rencon
trait une répugnance générale, savoir, l’exclusion de la Bourse de tous les petits marchands. Or, comme d’après les statuts du collège du commerce il fallait voter sur l’ensemble du pro
jet, et que du reste toute discussion préalable est interdite dans le sein de cette compagnie, les partisans mêmes de l’admission des israéiifes dans le collège du commerce se sont vus obligés de repousser le projet, afin de ne pas spolier les petits marchands du droit qu’ils ont toujours eu de fréquenter la Bourse.
L’admission des israélites dans le collège du commerce sera prochainement proposée de nouveau et seule ; alors il est plus que probable que cette mesure aura toute chance l’être adoptée.
Grands-duchés de Mecklenbourg. — La session des élats pour les deux grands-duchés de Mecklenbourg-Sehwerin et Strélitz qui vient d’être close, bien qu’elle n’ait pas répondu à tout ce qu’on pouvait attendre d’elle, doit cepen
dant être regardée comme la plus importante de celles qui
l’ont précédée. Plusieurs résolutions de la diète, émanées du gouvernement lui-même, recevront bientôt sa sanction. Elles prouvent, dans tous les cas, que le Mecklenbourg, où les institutions et les mœurs du moyen âge se sont conservées en
core plus intactes que sur aucun autre point de l’Allemagne, se ressentent aussi quelque peu des tendances générales du moment.
Danemark. — Pendant l’année 1847, il a été commis à Copenhague cinquante-cinq suicides, ce qui, comparé à la population de cette ville, qui est d’environ quatre-vingt-dix mille personnes, fait un suicide par mille six cent trente habitanis,
Autriche.—La misère parmi la classe ouvrière de Vienne est si grande, que lous les fonds du Mont-de-Piélé se trouvent épuisés, et que cet établissement, afin de satisfaire aux prêts qu’un lui demande, s’est décidé à faire un emprunt de 1 million de florins (2,600, 00 fr.), en obligations de 23 florins portant 4 p. 100 d intérêts.
Accident. — Un déplorable accident est arrivé samedi soir à l’usine deM. Gavé, constructeur mécanicien, Faubonrg- Sainl-Denis. Au moment où quarante milliers de fonte métal
lique étaient en ébullition incandescente, une trouée s’est faite au bassin du fourneau de fusioâ, et la fonte s’est répan
due tout à l’entour comme d’un cratère volcanique. Huit ou
vriers qui n’ont pu se sauver assez rapidement ont eu les pieds atteints jusqu’à la chevil!e.“Ces malheureux sont dans un état affreux; on craint qu’il ne: soit nécessaire de leur faire l amputation des jambes.
Nécrologie.—M. Simon, ancien député de Seine-et- Marne, membre du conseil général de ce département, vient de mourir à l’âge de soixante-deux ans.
— On lisait dans le Globe du 12 janvier :
« L’amiral sir Robert Laurie et le contre-amiral Pringle- Studdart viennent de mourir. La morlalilé est très-grande depuis quelque temps parmi nos officiers supérieurs de ma
rine, ce qui du reste ne doit étonner personne, car sur cent cinquante officiers supérieurs, tous, terme moyen, ne sont pas âgés de moins de soixante-dix ans. Depuis la promotion
de 1846, il est mort vingt amiraux et trois contre-amiraux retirés. Depuis trois semaines, nous avons perdu neuf amiraux en activité de service. »
Courrier de Paris.
La question est décidée, Abd-ol-Kader ne viendra pas à Paris. L’hiver se passera sans cette nouvelle représentalion orientale. Néanmoins, l’apparition, toute lointaine qu’elle soit, de ce glorieux lis du désert sur nos rivages, occupe les imaginations féminines, et la mode ne saurait manquer de traduire ces impressions. Le beau sexe, qui a déjà adopté le bur
nous, voudra essayer aussi le kaïck. On annonce des coiffuresémir et des soupers au couscoussou. Je ne parle pas d’une nouvelle gigue, traduite de l’arabe, et dont les figures ori
ginales vont remplacer les volte-face et les coups de talons de toutes nos danses slaves ou hongroises.
En attendant, il est fort peu question des soirées données par nos Parisiens indigènes; j’accorde qu’il y en ait eu quel
que part une éclatante et officielle, mais c’était du genre maussade, et l’ennui obligeait bientôt l’amateur désappointé à l’aller finir ou recommencer ailleurs. C’est que la circons
tance n’est pas précisément favorable aux coureurs et sau
teurs de salon, elle autorise de tout autres chassés-croisés. Si les femmes se mettent en frais de toilette el de sourires, c’est pour les hommes poliliques. Les coureurs parlementaires se
voient aussi passablement recherchés. Ces législateurs in partibus colportent la nouvelle législalive et sèment l anecdote du jour. Ils vous diront dans quel athénée tel orateur en herbe va se fortifier sur la grammaire et la prononciation, et le nom