sauvages à l ornement de la société. Les deux plus jeunes sont des jumeaux. «Ils se ressemblent, disait-onà V., comme deux gouttes d’eau. — Vous voulez dire comme deux gouttes de laid, surtout l’aîné.
La justice correctionnelle qui chômait depuis quelque temps va se rattraper, et la police lui ménage des provi
sions. Les cages de ia Conciergerie regorgent de filous ; la rude saison qui nous afflige explique malheureusement cette abondance ; l’un de ces misérables, grand consommateur de dmersà trente-deux sous, que l’on arrêtait nanti d’une pièce d argenterie, a reconnu que depuis longtemps il ne vivait que du produit de sa chasse aux couverts. Ce Nemrod d’un nouveau genre, exerçant, à ce qu’il paraît, dans toute l’é­
tendue du terme, comprenait les chapeaux dans les objets de son industrie. La mise de quelques-uns de ces voleurs fait parfois un singulier contraste avec la valeur de l’objet sous
trait; on a vu de ces industriels en linge fin et la bourse bien garnie, disputer énergiquement aux agents chargés de les saisir la possession d’un objet de très-mince valeur qu’ils venaient d’enlever. Hier encore, l’un d’eux s’enfuyait avec un pain en guirlande, lorsqu’il fut arrêté ; sa résistance ayant été longue et opiniâtre, on lui en demanda le motif : « Il s’agissait d’une couronne! » répondit-il en riant.jOn sait que laplupart regardent le vol comme une profession quia ses lois et ses règles comme toute autre et à laquelle il ne manque guère que la patente ; c’est conformément à ces sentiments que le plus naïf des malfaiteurs jugés cette semaine termi
nait son allocution au tribunal par ces mots adressés à son avocat : « J ai fait mon métier, maintenant faites le vôtre. »
Passer d’un bandit à Giselle et Paquita, quel saut ! Mais enfin l affaire a fait assez de bruit pour qu’on la mentionne.
Carlotta Grisi, traduite à la barre d’un tribunal, s’est vue condamnée à payer à son directeur 10,000 francs de domma
ges-intérêts. Quelle danse! allez-vous dire; les sylphides ont donc parfois l’humeur aussi légère que le pied : vous les tenez aujourd’hui, et puis le lendemain le bel oiseau s’est en
volé; l’ombre a glissé entre vos doigts. On parcourt en vain lesbosquets de l’endroit, on appelle Giselle avec les suppli
cations les plus touchantes, mais elle a déjà franchi les monts et les mers, et l’on apprend un beau jour qu’elle con
tinue à battre des entrechats triples dans ia ville aux sept collines. « Mais, s’écrie la belle, effarouchée de la sentence, les Romains n’ont pas voulu me lâcher; ils ont dételé mes chevaux, et je me suis vue consignée à la porte du Peuple. » Cependant que voulez-vous que Terpsichore obtienne de Thémis? Lessourires, les séductions, les entrechats même et les pi
rouettes, rien n’y a fait, et Giselle payera les pots cassés, ni plus ni moins qu’une simple mortelle. Mais comme elle est bonne déesse et qu’elle plane au-dessus de toutes ces petites consi
dérations dont la justice s’embarrasse, Giselle n’a conservé nulle rancune, et la preuve, c’est que demain, ce soir peutêtre, elle paraîtra dans un ballet nouveau, les Cinq Sens.
Eu attendant, nous arrivons au Puff de M. Scribe. Au premier aspect, ce Puff vous a des allures de matamore, et l’on est tenté de prendre ceci pour une maîtresse comédie ; elle tranche dans le vif et n’y va pas de main morte ; elle dit son fait à tout le monde: l’homme d’Etat, l’écrivain, l’industriel, l’orateur, le financier et le magistrat passent à T envi sous ses fourches caudines. Vous croyez à l’habileté de ce parvenu, à la science de ce savant patenté, à la charité de ce philan
thrope, au cœur d’or de cette dame quêteuse et patronesse, allons donc, un puff! Le pulT, dit notre auteur, est l’art de semer et de faire éclore et mûrir à son profit un grain dont le germe n’existe pas ; c’est le mensonge passé à l’élat de spéculation, mis à la portée de tout le monde, et que chacun exploite à son gré et fait circuler pour les besoins et l’agré
ment de la société. Cette manière d’entendre le puff et de l’interpréter n’est-elle pas un peu biengéhérale , et que pen
ser de la vraisemblance d’une peinture qui enveloppe tous nos contemporains dans son anathème, et ne laisse à per
sonne la ressource de l’exception? Quoi! l’abnégation, le désintéressement, l’amour, l’amitié, tous les plus nobles sen
timents, toutes ces grandes énergies du cœur, autant de puffs !
notre pauvre bas-monde est bien nommé ; c’est la pairie du charlatanisme, la terre promise des intrigants et des fripons: loyauté, bonté, dévouement, autant d’apparences et de gri
maces dont il faut se défier : le puff est là-dessous. Ainsi le veut la morale de M. Scribe, qui n’est pas précisément celle de Candide; il est vrai qu’il s’agit d’une morale de comédie.
Si M. Scribe ne dissimule guère le peu de sympathie qu’il éprouve pour notre espèce, et le maigre cas qu’il en fait, il faut lui rendre néanmoins cette justice, que jamais sa répugnance ne monte jusqu’à l’indignation. En sa qualité d’auteur comi
que, le procédé qu’il affectionne et la grande veine qu’il exploite, c’est la raillerie. On sait aussi que, fidèle à cet es
prit de justice distributive dont il a donné plus d’une preuve, notamment dans Bertrand et Raton, il réserve ses traits les plus piquants pour les victimes; c’est contre les dupes qu il dirige son feu le plus vif, et que son artillerie tonne avec le plus de fracas ; on dirait qu il se plaît à hurler avec les loups,
et que ce qu’il y a de généreux parfois dans ses épigrammes n’y figure que pour le besoin de ia situation. Dans ces mo
ments-là, le spirituel écrivain fait son puff et sa réciamerie philosophique tout comme un autre.
Même dans cette nouvelle pièce, qui le prend d’abord sur un ton si haut avec notre temps, on s’aperçoit bien vite que M. Scribe n’a pas dérogé à ses vieilles habitudes: s’il gronde par-ci par-là dans le dialogue, il s’adoucit singulièrement dans l’action, et ses caractères ou machines à puff ne donnent lieu à aucun cas pendable. Le charlatanisme de ces per
sonnages est d une grande innocence, et ce sont des intrigants à la fleur d’orange. Irez-vous, par exemple, jeter la pierre à M. Pouffard, le libraire qui a acheté cent écus un manuscrit qu’il dit avoir payé 100,000 francs dans ses annonces ? Fau
dra-t-il mettre au ban de la société M. le conseiller Marignan, endosseur responsable d’un roman qu’il n’a point commis, et coupable de se fabriquer des titres... à l’Académie, au moyen de ce chef-d’œuvre? Quant au bonhomme Desgaudets,
il est atteint et convaincu d’un de ces puffs comme on n’en voit guère, comme on n’en voit pas. D autres ont des mil
lions et affichent une modeste aisance, Desgaudets est pauvre et s’est laissé passer pour millionnaire : les bénéfices de cette imposture, il se contente de les recueillir en sourires, en prévenances, en égards de toutes sortes. Le puff de mademoi
selle Corinne, sa fille, nous semble encore plus innocent. C’est un bas-bleu qui, faisant des vers, les trouve excellents
et les coule en réclames d’une enflure hyperbolique. Tels sont les graves scandales contemporains qui excitent la verve de M. Scribe et les coupables qu’il flagelle de ses épigrammes.
Mais voilà qu’un candide officier arrive tout exprès d’Afrique pour troubler le calme et la sécurité de ces l’abricateurs de puffs anodins. Apprenez que ce jeune M. Albert d’Anglemont est l’auteur du roman édité par Pouffard, et qui a fait à Marignan une réputation européenne; en outre, notre spahi
trouve unrival dans M. de Marignan : l’unet l’autre voudraient obtenir la main de mademoiselle Antonia de la Roche-Ber
nard; il résulte de cette situation toutes sortes de périls pour le puffiste; il n’y a que Corinne, le bas-bleu, dont cette arri
vée subite favorise les secrets sentiments : elle a jeté les yeux sur Oswald-Marignan, et pour l arracher complètement à l’hymen d’Antonia, elle lui confie qu’Antonia est ruinée. Toute
fois, le sans dot manque ici son effet accoutumé, et Marignan, qui soupçonne le stratagème, maintient alors la parole don
née, puis il la retire. Bref, il voudrait bien la rendre après un dernier éclaircissement; mais il est trop tard, et pour s’épar
gner la honte de voir ses puffs ébruités, ce grand homme est trop heureux d épouser Corinne.
Cette pièce est loin d’avoir obtenu le succès que présageaient la réputation et l’habileté deM. Scribe. La marche en est lente, l’intrigue embrouillée, la donnée triste, et le dénoûment des plus communs. L’agrément et l entrain de quelques détails n’ont, pas semblé suffisants pour animer la maussaderie foncière du sujet. La philosophie de l’auteur, si philosophie il y a, est aussi par trop amère et desséchante. M. Scribe rit rarement dans ses grandes comédies ; il ricane, et sa gaieté ne semble guère que du sarcasme. Comment expliquer aussi cette contradiction? le titre, le sujet, les premières scènes, tout annonçait d’abord un tableau d’une cru
dité satirique et la comédie de mœurs ; niais la peinture a tourné bien vite à la fantaisie, et à côté de l’invective lancée aux fripons et de la raillerie décochée aux dupes, nous avons eu l’apologie de cette chose que les hommes aiment si fort, mais dont une certaine pudeur arrête le nom sur leurs lèvres. Les pièces de M. Scribe ne parlent que d’argent; il n’y est question que de capital, de profits, de coups de bourse, de marchés, de dividendes, de dots et de dotations. Ses amou
reux ont toujours quelque compte à faire; ils procèdent en tout le carnet à ia main, et ils mènent la passion eu partie double. Une comédie qui sacrifie à ce point au veau d’or est bien près d’abdiquer.
Aux Variétés, mademoiselle Déjazet vient d’ajouter un charmant médaillon à cette galerie de portraits dont elle est l’auteur: Lauzun est bien digne de figurer à son tour dans
cette gentille famille de héros de boudoir dont Richelieu, Létorière et Gentil- Bernard n’ont pas épuisé le type. La race théîitrale de. ces enfants chéris des darnes ne finit pas plus que celle d’Agamemnon. A défaut de ces chérubins français,
on peut recourir à ceux de l’étranger, et mademoiselle Déjazet serait un délicieux gamin dans toutes les langues. Quant à notre Lauzun, ce n’est pas à la grande Mademoiselle qu il en veut pour le moment. Epris d’une inconnue qui né dit pas son nom et qu’on n’a guère vue, Lauzun veut absolument l’é­ pouser; mais, pour plaire à sa belle, il faut que M. le mar
quis gagne un procès et séduise trois juges alsaciens. Il y au
rait de quoi trembler pour le succès de l’entreprise si l’on ne savait que ces petits messieurs sont capables dé tout. Les trois perruques vous représentent : i° un savant en us qui
raffole d’Horace comme feu Louis XVIII, et le cite à tout propos ; 2° un chasseur endiablé, vrai Robin des Bois, par
lant vénerie comme Du Fouilloux ou M. Elzéar Blaze, et grand videur de bouteilles; 5° un conseiller goulu et très-ja
loux de sa moitié. A celui-ci, notre muguet fait mine de vouloir enlever madame Hilmengarde ; à l’autre, il célèbre Horace sur tous les tons, et il sonne du cor à outrance et se grise en compagnie du troisième. Ces différents moyens de séduction ne sont pas précisément neufs, et c’est là lin texte passablement usé ; mais il faut voir les enjolivements qu’y a mis mademoiselle Déjazet en manière de commentaire : ce rôle à travestissements a été fait à sa façon, et il est impossi
ble de représenter la niaiserie érudite, la hâblerie d’un Nem
rod et la simplicité d’un novice avec plus de nature), de verve et de finesse. Le talent que l’actrice a déployé dans ces trois bouts de rôle est devenu pour elle l’occasion d’un triomphe inusité; indépendamment des bravos du public, elle a reçu, en descendant de la scène, les félicitations empressées de ses camarades et autres admirateurs.
Voulez-vous maintenant une idée de la Fin du monde, comme l’entend le théâtre de la Porte-Saint-Martin? La (in du
monde est le commencement de beaucoup de choses : c’est d’abord un certain Bonnivard qui monte dans les astres à toute heure de la nuit par la voie aérienne de son télescope ; ia manie de ce lunatique donne aussitôt à son neveu l’idée de se travestir en nécromancien à l’effet de dénicher cent francs dans l’escarcelle du vieillard. Le neveu annonce à son oncle la fin du monde par dessus le marché : cesgortes de prédictisns se donnent toujours au plus vil prix. Le monde n’ayant plus que trois jours à vivre, Bonnivard se rend au Havre, où débarque au même instant la fameuse jonque chinoise; et aus
sitôt l’annonce française vient poser devant les magots sous les attitudes et apparences les plus gracieuses. On étale aux yeux de ces étrangers éblouis les admirables inventions de notre civilisation : les allumettes chimiques, le cho’ca, les habillements complets à quatre francs, le cidre servi par des bonnels à la cauchoise, les Hollandaises du boulevard Bonnenouvelle et leur pâte ferme, les pédicures, les embaumeurs, etc. De retour à Paris, après cette exhibition forcée,
Bonnivard est accosté par la nymphe de la fontaine-Molière; qui fait défiler devant lui tous les théâtres de la capitale, or
nés de leurs attributs caractéristiques : le Théâtre-Français, figuré par un vieux Romain aveugle et dirigé par un Suisse affligé de surdité ; l’Odéon râlant comme Une locomotive, le Théâtre-Historique distribuant perpétuellement la même part de galette à ses habitués, le Gymnase en livrée couleur de rose, le Cirque et son grenadier métamorphosé en Collin d’opéra comique, avec des guirlandes sur son bonnet à poil et ses chanteurs ornés de barbes de sapeur et dirigés par la canne d’un tambour-major. La revue terminée, la terre s’en
gourdit, son heure dernière va sonner, et Bonnivard, assis
au pied de l’obélisque, avale une pastille éthérisée et respire du chloroforme. Quelle métamorphose! l’enceinte de Paris est jonchée de pierres turnulaires ; leslnimaux sont les maîtres des hommes et disposent de leur sort; on voit des che
vaux en carrosse et des lièvres à la chasse du bipède ; c’est l’allégorie de Swift sous le costume d’une actualité. Le rêve est un peu long, et plus d’un spectateur bâillait pendant le sommeil de Bonnivard ; mais enfin cette âme bienheureuse s’est réveillée dans nos Champs-Elysées au milieu des enchan
tements du Jardin d’Hiver, si bien que cette fin du monde,
accomplie au bruit des bravos, en a encore probablement pour cent représentations.
Chemin de fer d’Avignon à Marseille.
DESSINS DE MM. CHAPUY EX CHAMPIN.
Il y a cent et quelques années, en 1759, le président Char
les de Brosses, allant faire en Italie ce voyage qui nous a valu de si charmantes lettres, meltait trois jours entiers pour des
cendre le Rhône de Lyon à Avignon par un « benoît coche. » C’était i’âge d’or des voyages d’après les. idées, assez généra
lement répandues à cette époque, du père Labat, l’ami du président ; « Que l’on ne doit jamais omettre ce qui se mange, et que les bons esprits qui lisent une relation s’atta
chent toujours plus volontiers à cet article qu’à d’autres. » On avait ie temps non-seulement de visiter en détail toutes les villes devant lesquelles on passait, mais de faire des pro
visions de toute espèce tout le long de sa route. « Vis à vis Tournon, dit le président, on voit la petite ville de Tain,
dominée par une montagne au-dessus de laquelle est un petit ermitage, dans l’enclos duquel croît le vin célèbre de ce nom. Comme je ne suis pas homme à perdre la tête sur ce qui concerne ies plaisirs de la table, je dépêchai un de nos gens en bateau, afin d’aller en faire une petite provision pour le voyage. »
Le trajet d’Avignon à Marseille n’exigeait pas moins de temps, c’est-à-dire trois jours. Le président de Brosses le fit dans une petite carriole traînée par deux mules, v éture qui, dit-il, est l’ennemi irréconciliable de l’os sacru;... et il ne pense pas que,
... De
Carrosse, quel qu’il soit, cahote mieux son homine.
Le premier jour il coucha à Larribesc, le deuxième jour à Aix, et le troisième à Marseille, ce qui lui parut un peu long, bien que, pour tromper les ennuis de la route, et s’alléger un peu, il se soit avisé d’un expédient moitié épicurien, moitié cynique dont les lecteurs curieux trouveront l’explication, in puris et naturalibus, à la page vingt-cinq du premier volume de l Italie il y a cent ans, car nous respectons trop nos abon
nés, et surtout nos abonnées, pour leur révéler quel fut le sin
gulier soulagement qui fit arriver plus patiemment à Orgon le spirituel auteur des Lettres familières.
Aujourd’hui, huit heures suffisent pour descendre le llliône de Lyon à Avignon; et si le chemin de fer d’Avignon à Mar
seille y mettait un peu de complaisance, il pourrait, sans trop se fatiguer et sans vous exposer au moindre danger, vous faire parcourir en deux heures les cent dix-neuf kilomètres qui sé
parent ces deux villes. Qu’est-ce qu’un kilomètre pour ce hardi coureur à la robuste poitrine qui n’a jamais de côte ni à monter ni à descendre, et qui peut galoper plus d’une heure sur sa plaine ferrée avant d’être obligé de s’arrêter pour re
prendre haleine? Quand il est bien animé, une minute ne lui suffit-elle pas pour le franchir? Toutefois, quoiqu’il ait une marche fort supérieure à celle des petites carrioles traînées par deux mules dont le croupion de M. le président de Brosses a eu tant à souffrir; bien qu’on puisse lui dire avec raison, comme Elmire à madame Pernelle,
Vous marchez d’un tel pas qu’ou a peine à vous suivre,
il n’a pas encore pris une vitesse moyenne telle qu’il ne vous laisse pas le temps d admirer en passant ses plus beaux travaux d’art et les principales curiosités qui le bordent. D’ailleurs, quels avantages inappréciables n a-t-il pas sur ces af
freuses voitures vertes, jaunes, oranges, etc., de si exécrable mémoire, qu’il vient enfin de remplacer, et qui, hier encore, vous cahotaient si douloureusement pendant près de douze heures dans leurs étroits compartiments, où vous ne pouviez,
— heureux ceux qui ne connaissent ce supplice que par oui dire ! — ni lever la tête, ni étendre les jambes, ni appuyer ie dos, ni remuer les bras, en un mot, ni faire autre chose que dé
ni and er, en gémissant, au ciel et aux ingénieurs de la compa gnie Talabot le prompt achèvement des travaux de trop ionguedurée du bienheureux chemin de fer destiné à soulager tant et de si grandes infortunes! Ces ignobles charrettes, — puissent-elles être à l’heure qu’il est, toutes brûlées au bénéfice des pauvres qui souffrent du froid,—ces ignobles charrettes, auxquelles les directeurs des messageries avignonaises et mar
seillaises avaient l’infamie de donner le nom de diligences,
— de vrais bourreaux!—étaient du moins tellement honteuses d’elles-mêmes, qu’elles ne se montraient jamais le jour. Elles partaient au crépuscule et elles arrivaient à l’aube; elles al
laient tout d’un trait d’une ville à l’autre entre le coucher et le lever du soleil. Peut-être ne méritent-elles même pas ce compliment; peut-être ne se cachaient-elles ainsi dans les ténè