bres que pourmieuxlromper leurs victimesquicertesn’auraient pour aucun prix, à la lumière du jour, consenti à se laisser si indignement torturer. Le chemin de fer voyage à toute heure, et l’apparence de ses wagons n’est pas trompeuse : l’intérieur en est aussi confortable que l’extérieur est bien
verni. Si un jour à venir, dans un de ces accès inexplicables de démence et de fureur qu’on ne saurait malheureusement ni prévoir ni prévenir, il brûle, noie ou guillotine, comme quelques-uns de ses collègues, les imprudents qui se seront confiés à lui, jamais du moins il ne les mettra à la question.
Jusqu’au moment fatal, où, incapable de se contenir, il les privera totalement de l’existence, il aura pour eux les égards les plus polis, les attentions les plus délicates il les asseoira sur de beaux et moelleux coussins, où tous leurs mouvements seront libres ; des glaces les garantiront de la pluie, et des ri
deaux de soie, du soleil; d’épais tapis aux couleurs éclatantes remplaceront la paille ou le foin, à l’odeur fétide ; dès qu’ils sentiront le plus léger froid aux pieds, il s’empressera de leur fournir les moyens de les réchauffer ; à toutes les stations, il leur tiendra prêt tout ce dont ils pourront avoir be
soin : café, thé, vin, légumes, pâtés, jambons, saucisses, fruits, potages, denrées du pays, etc., en assez grande quantité pour qu’ils puissent faire eux-mêmes leurs provi
sions; il les déposera dans tous les pays où ils voudront s’arrêter, et il viendra les y reprendre dès qu’ils auront satis
fait leur curiosité ou vaqué à leurs affaires ; enfin il leur fera dépenser moins de temps et moins d’argent. Puisse-t-il seuleme.Pne pas être affligé du vilain défaut qui déshonore ses semblables LPu SSe-1-ü ne pas trop adorer le dieu du siè
cle, être aimable et bon envers les pauvres comme envers les riches, et ne pas avoir l’odieu
se barbarie de faire expier par une foule de souffrances atroces, et parfois par la mort, aux indigents et aux ouvriers peu ai
sés qui sont forcés de songer à l’économie, le seul tort qu’il ait le droit de leur reprocher, celui de n’être pas nés mil
lionnaires, ou d’avoir été trop honnêtes ou trop malheureux pour sortir de la misérable condition où le hasard les avait jetés.
Le chemin de fer d’Avignon à Marseille a été inauguré, ainsi que nous l’avons annoncé, le dimanche 9 janvier. Sa bénédiction solennelle avait eu lieu la veille en présence d’une foule considérable. Aujourd’hui il est livré à la circulation
sur tout son parcours,- à l’exception des quelques kilomètres qui séparent Avignon de Rognonas. Aussi est-il temps que,
pour être fidèle à notre devise, l’actualité, nous montrions et décrivions en même temps à nos lecteurs ce qu’il a par lui
même ou ce qu’il voit de plus curieux et de plus beau. Toutefois, avant de nous mettre en route avec eux, qu’ils nous permettent de leur raconter aussi brièvement que possible son histoire législative et financière.
RÉSUMÉ HISTORIQUE.
De tout temps, depuis qu’on s’occupe en France de chemins de fer, l’attention des hommes politiques, des écono
mistes et des industriels, a été appelée sur l’impérieuse né
cessité de réunir Marseille à Avignon par une voie de com
munication perfectionnée. De Marseille, en effet, un de nos premiers ports de commerce, les marchandises doivent, pour arriver à Lyon, subir les chan
ces du cabotage dans un golfe où la navigation est difficile, se présenter à l’embouchure du Rhône, que les nouveaux pro
jets soumis aux enquêtes en ce moment pourront améliorer, mais qui, jusqu’à présentet en
core aujourd’hui, ofîrede graves obstacles ; remonter Je fleuve jusqu’à Avignon ou jusqu’à Ar
les, puis là être transbordées sur les bateaux du Rhône, et en
fin, remorquées péniblement,
arriver à Lyon longtemps après leur départ de Marseille. Aussi le chemin de Lyon à Marseille a-t-il une importance considé
rable. « Mais, ditM. le comte Daru dans un remarquable rap
port, de Lyon à Avignon le cours impétueux du Rhône se prêtant avec une facilité extrê
me à la descente des bateaux à vapeur, et l’art étant parvenu depuis quelques années à lut
ter avec succès contre les obstacles de la remonte, le gouvernement et les Chambres, faute de pouvoir tout entrepren
dre à la fois, ont ajourné, d’un commun accord, l’exécution de la partie du chemin de fer de l’Océan à la Méditerranée comprise entre ces deux villes. Mais au-dessous d’Avignon,
Chemin de fer d’Avignon à Marseille. — Calvaire d’Avignon.
Chemin de fer d Avignon à Marseille. — Viaduc de la Durance, situé entre Avignon et Beaucaire.
la navigation du Rhône subit des interruptions et des lenteurs qui rendent les arrivages précaires et incertains. Le chemin d’Avignon à Marseille forme donc le prolongement nécessaire de la navigation fluviale.
« Envisagé uniquement comme moyen de jonction de Lyon
et de Marseille, ce chemin aurait déjà une importance réelle. Mais il conduit en outre à la Méditerranée, à cette mer qui baigne les rivages do l’Espagne, de la France, de l’Italie, de la Grèce, do l’Egypte et de l’empire ottoman. nommer tous ces Etats, n’est-ce pas montrer, pour qui saura s’en servir,
l’avantage d’une influence prédominante à exercer dans ces parages ? De l’autre côté de nos rivages, à peu de distance de
nos côtes, se trouve une terre aujourd’hui française, et dont l’occupation nécessite un mouvement continuel d’hommes et de matériel de toute nature. Rapprocher de Paris notre prin
Chemin de fer d’Avignon à Marseille. — Avignon en amont.