L’ILLUSTRATION,
JOURNAL UNIVERSEL.
Ab. pour Paris, 3 mois, 8 ?r. —6 mois, 16 fr. — Un an, 30 fr. Prix de chaque № 75 c. — La collection mensuelle, br., 2 fr. 75.
№ 2S8. Vol. X. — SAMEDI 5 FÉVRIER 1848.
Bureaux : rue Richelieu, 80.
SOMMAIRE.
Histoire de la semaine. S. M. Christian VIII, roi de Danemark. — Souvenirs de Brides-les-Bains (Savoie). — Courrier de Parie. Aspect de la Seine le 28 janvier 1848.—Trophées du Sonderbund. Une Gravure. — Chronique musicale. Deux Gravures. — Etudes sur le journalisme. —.Exposition des ouvrages de peinture au profit de la caisse de secours de la Société des artistes. Une Caravane en Syrie ; Guide de Varmée d’Italie ; Portraits de ma
dame Guy ard-Vincent ; un Moulin à vent; Casavor andaloux ; la Rècureuse; Paris recevant Hélène conduite par Vénus. — Le Misogyne. Conte, par M. Albert Aubert. Seconde partie. (Suite.) — Es
quisse d’une Histoire de la mode depuis un siècle. Quatrième article. Huit Gravures. — Bulletin bibliographique. — Annon
ces — Agneau à double corps. — Une Gravure. — Principales publications de la semaine. — Rébus.
Histoire de la Semaine.
La discussion de l’adresse a rempli cette semaine, comme elle avait absorbé la dernière et une partie de la précé
dente. Jamais la Chambre, ou plutôt le public n’a prêté plus d’attention à la politique étrangère ; c’est que jamais aussi événements plus graves ne se succédèrent plus rapidement ; c est que jamais enfin la France, isolée depuis les mariages espagnols, n’aurait eu plus besoin, pour faire respecter ses principes et les droits de l’humanité, d’un gouvernement ferme et habile.
Abd-el-Kader. — On écrit de Toulon : « Depuis son arrivée au fort Lamalgue, M. le colonel Daumas a de fréquen
tes et longues conférences avec Abd-el-Kader. On ne sait pas encore quel est le résultat de ces entretiens. La nouvelle de sa soumission a produit une heureuse impression sur l’es
prit des Arabes détenus à l’île Sainte-Marguerite, où l’on ne compte pas moins de soixante à quatre-vingts chefs eu per
sonnages importants. Tous ont vu dans la reddition de leur ancien émir la fin. de leurs misères, et ils ont demandé que le colonel Daumas leur fît une visite. Ils se proposent de lui remettre leur soumission et de demander à entrer au service de la Fiance. On dit que le colonel Daumas a jugé opportun de ne pas se rendre tout de suite à cet appel, pour ne pas interrompre ses conférences avec l’émir.
« Le 22 janvier, ces prisonniers ont célébré par une fête l’arrivée en France d’Abd-el-Kader. On dit qu’ils ont tué ce jour-là cinq moutons, qu’ils ont consommé une grande quantité de couscoussou, et qu’ils se sont livrés à une joie
inaccoutumée pour fêter un événement qui peut amener leur délivrance. »
Algérie. — On lit dans 1 ’Akhbar :
« Un événement déplorable, qui rappelle sur une moindre échelle le désastre du Bou-Taleb, vient d’avoir lieu entre Ta
blât et Sak-Hamoudi, sur la route d’AJger à Aumale. Un convoi du train, parti d’Aumale le 8 janvier dernier, a été assailli le 11 de ce mois par une violente tempête de neige sur les hauteurs qui précèdent Sak-Hamoudi. Au tournant de cette périlleuse route en corniche, les mulets, même charés, ont été précipités dans de profonds ravins. Le froid était evenu si intense, qu’en moins d’un quart d’heure quatorze hommes sur quarante-quatre ont succombé à cette tempéra
ture rigoureuse. Ceux qui avaient pu s’échapper à cet horrible désastre se sont réfugiés dans la dachera de Tiffras.
« En même temps que le convoi parti d’Aumale éprouvait ce désastre, un autre convoi venu d’Alger perdait deux hommes entre Ouled-el-Had-el-Tablat.
«nousapprenons que Si-Mahi-ed-Din, aussitôt qu’il a été informé de ce désastre, a pris des mesures pour que des se
cours fussent portés à ces malheureux. Le 17 janvier, une douzaine des hommes du convoi sont arrivés à Alger. »
Angle terre. — On a reçu des nouvelles du cap de Bonne
Espérance jusqu’à la date du 26novembre. Cinq officiers anglais, tombés dans les mains des Cafres, ont été horriblement mutilés par ces sauvages et égorgés ensuite. Ils avaient im
prudemment quitté le camp au quartier général, sur le Komga. Chacun n’avait qu’un fusil à deux coups. Ils voulaient, du haut dTmo montagne, conlempler 1e, pays à quelques milles de distance. Leurs amis, ne les ayant pas vus revenir le soir, allèrent les chercher. Au point du jour, ils trouvèrent leurs
corps horriblement mutilés. Deux Cafres étaient étendus sur la terre à quelque distance.
Irlande. — Les exemples terribles faits dernièrement par la commission spéciale en Irlande ne paraissent pas encore avoir produit d’amélioration essentielle dans le pays. Les journaux de Limerick nous apprennent que dimanche der
nier, en plein jour, entre midi et une heure, et pendant que les juges étaient encore, dans la ville, un attentat audacieux a
été commis à Killouan, à une lieue de Limerick. Pendant que la famille d’unfermier respectable était à la messe, sa maison a été attaquée par trois hommes armés, dont les visages
étaient noircis. L’un d’eux étaitfresté en faction à la porte, pendant que les deux autres pénétraient dans l’intérieur.
Ces malfaiteurs commencèrent par décharger un fusil qui s’y trouvait, puis ils ordonnèrent au domestique et à un jeune fils du fermier de se coucher ventre à terre. Ils visitèrent ensuite tonte la maison, s’emparèrent de deux paires de pisto
lets, d’une corne à poudre et d’un petit sac de plomb, et ouvrirent toutes les armoires,et tous les tiroirs.
Au retour de la famille, la police, prévenue, se mit aussi
tôt à la poursuite des malfaiteurs, et, après quatre heures de recherches, elle réus
sit à les arrêter tous les trois. L’un d’eux estunaiiciën domes
tique de la ferme. Le même jour (diman
che dernier), quatre hommes armés, la figure noircie, tra
versèrent la paroisse deClonogh,etse présentèrent successi
vement chez plu
sieurs fermiers, où ils demandèrentavec menaces des contribulionspour la défen
se des prisonniers, ils obtinrent ainsi de trois fermiers une contribution d’une guinée par tête, et l’on croit qu’ils ont eu le même succès auprès de beaucoup
d’autres, qui n’ont pas osé avouer qu’ils s’étaient, laissé inti
mider par lesbandits,
Espagne. — Les ovations dont le gé
néral Espartero était l’objet n’ont pas tardé à exciter le déplaisir du gouverne
ment de Madrid, et,
par suite, à rendre le séjour de cette capitale désagréable au duc de la Victoi
re. lia donedemandé ses passe-ports pour se rendre à Logro
no : le gouvernement s’est empressé de les lui donner, et le général, encore retenu à Madrid par une légère indisposition, est à la veille d’aller dans sa nouvelle résidence mener une vie tout à fait retirée.
Royaume desDeux-Siciles. — Après un bombardement de quarante-huit heures et les mesures sanglantes à l’aide desquelles on s’était flatté de réduire les Siciliens, l’impossi
bilité de ce résultat ayant été reconnue, le roi Ferdinand s’est déterminé à faire des concessions, mais tardives el incomplètes.
Ces concessions ont été rejetées par la population de Pa
ïenne. Elle persiste à demander la constitution de 1812 et la S. M. Christian VIII, roi de Danemark, mort le 20 janvier 1848.
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