avec lin grand intérêt, deux tableaux célèbres de Géricault, appartenant au roi : le Cuirassier blessé (1814) et le Chasseur de la garde, ou guide de l’armée d’Italie appelant sa troupe; portrait de M. Dieudonné (1812). Cette peinture large et pleine de feu d un jeune homme de vingt ans, élève de Gué
rin, n’était pas seulement une révolte hardie, c’était une ré
volution. « D’où cela sort-il ? s’écria David ; je ne reconnais pas cette touclie-là. » — A côté de ce rude athlète on rencon rera un suave talent qui protestait depuis longtemps solitairement, par la grâce et par la poésie, contre l’aridité aca
démique des peintres de l’Empire. Une réduction faite par Prud’hon, pour M. de Forbin, du grand tableau le Zéphir de la collection Sommariva, est un petit bijou qui a été payé cent fois au poids de For. nous essayons de donner une idée de la composition représentant Paris recevant Hélène conduite par Vénus, mais rien ne peut donner idée de l’élégance ex
quise de ce dessin vaporeux. Un triste intérêt se portera sur un autre dessin appartenant à M. Carrier , et dans lequel on retrouvera la souriante ligure de mademoiselle Mayer, cette femme qui avait voue à Prudhon, dont elle était l’élève, une affection si vive et qu’une susceptibilité amère entraîna à se donner la mort.—Eu regard decetie ligure irrégulière, mettons les traits calmes d’une autre femme peintre, aimée aussi par son maître, mais qui devint sou épouse. Madame Guyard, épouse de Vincent, auteur du tableau de Mole au milieu des factieux, qui est à Champlâtreux, s’est représentée elle-même occupée à peindre et ayant derrière elle deux de ses élèves,
Madame Bervie et mademoiselle Capet (1785). Les élolfes sont habilement traitées, et les ajustements, fournis par la mode du temps, sont mis en œuvre d’une manière assez pittoresque,
—Au nombre des curiosités les plus remarquables de l’exposilion, il faut compter plusieurs tableaux de Chardin, le grand magicien, selon Diderot. Cebrutal réaliste, au temps de Greuze et de Boucher, sans aucun égard pour les scrupules de la mignardise, nous peint «we Femme qui tire de l eau à une fon
taine, le Garçon cabaretier, la Bécureuse; et dans la suprême indifférence de son pinceau, il termine la fontaine aussi bien qui la femme, et si sa partialité apparaît, c’est plutôt en fa
veur du broc qu’en faveur de la. figure du garçon cabaretier. Le procédé d’empâtement est uniforme jusqu’à la monotonie; il a un aspect grenu qui rappelle les effets que l’on ob
tient en frisant la toile avec le piat d’un pinceau chargé de couleur épaissie au copal. Ces tableaux ont une clarté, une simplicité et une tranquillité d’aspect qui plaisent de prime abord. Les Tours de cartes, charmant petit tableau malheu
reusement fatigué. Regardé, à travers une lorgnette renversée, cela serait un joli Meissonnier. Le Singe antiquaire est bien posé, mais c’est une chose trôs-làcbée. Decamps nous a ren
dus difficiles en fait de babouins. Quel que soit Fauteur du
Portrait présumé de madame Lenoir, femme du lieutenant de police, c’est une peinture excellente : la douceur intelligente de celte lête de femme exerce sur le spectateur l’attrait le plus sympathique, On sait du reste que Chardin, même à la veille ile sa mort, exposait encore a_u salon des portraits d’un excellent caractère. —Après Chardin, nommons cetautrepeintre réaliste de notre époque, M. Armand Lcleux, à l’énergi
que pinceau duquel nous empruntons, pour le reproduire ici, -le Cazador andalous, que nous reverrons encore dans quelque temps à l’exposition du Louvre.— Parmi plusieurs tableaux de Greuze, nous citerons un Portrait de Fabre d Eglantine. — Wateau, cet enchanteur, qui promène dans ses Etlens fan
tastiques, tant d’àmes heureuses en robes et en culottes de salin rose, safran ou vert-pomme, est représenté par trois petites toiles : F Indifférent, la Finette, la Famille. — Le Vœu à l Amour, de Fragonard, est le dernier mot de la grâce qui se subtilise; c’est la forme et la couleur passant à l’état de lluide impondérable. Au delà, il n’y a plus rien. — Pour nous remettre de ce vertige, prenons-nous à une vigoureuse réalité. Une Courtisane est attribuée à Rembrandt, peu im
parte; en tout cas, c’est une forte peinture, c’est l’œuvre d’un pinceau hardi. Cette Pbryné des bords de l’Amstel a passé d’une galerie de La Haye dans celle do M. Leroy d’Etiolles.— nous aurions encore à vous parler dos portraits de Rigaud, de Largillière, de Latour; de tableaux de Bonington, de Léo
pold Robert, de Robert-Fleury; des Funérailles de Titien, de M. Hesse ; (ïuh Moine malade, de M. Meissonnier, etc. ; mais nous nous contenterons, après avoir appelé votre attention sur ces. noms ainsi quesur une collection nombreuse de portraits intéressants, entre autres celui de Mirabeau, parBoze, de ci
ter encore les noms de Gros, de Girodet, d’Isabey père, de Ziegler, de Corot, de Thuillier et de Jolivard, et, parmi les dessins, de signaler ceux de MM. Maréchal, Vidal...
Toutes ces curiosités artistiques étaient éparpillées dansdes collections particulières de MM. Pourtalès, Delessert, Marcille, Collot, de Saint-Albin, Baroilhet, Leroy d’Etiolles, le comte de Mornay, le eomte d’Espagnac, Walferdin, Mos
seimann, etc... Que de démarches, de déplacements pour les aller trouver dans les divers endroits où elles étaient disséminées ! Le musée improvisé, où la Société des artistes les a réunies pour quelques jours, permet, avant qu’elles ne se dispersent de nouveau à tout jamais, de les voir et do les étu lier à son aise et sans perle de temps. C’est un service rendu à Fart et à ceux qui l’aiment. A. J. D.
La Société des artistes peintres donnera un bal, le samedi 12 février, au jardin d’Hiver, ce palais de cristal dont les fêtes semblent être des rêves des Mille et une Nuits.
Le Misogyne.
Conte. —Voit tome X, pages 263, 278, 294, 310 et 32G.
Mulier diversa.....
SECONDE PARTIE.
XI.
L’UNIVERS A CÉDÉ, CÉDONS, MON CHER FABRICE.
11 n’est pas inutile de dire, en commençant la seconde partie de ce conte, que le poète Odoacre ayant reconduit le sei
gneur Eric jusqu’à sa porte, celui-ci le tança vertement sur ses indiscrètes façons durant le souper de tout à l’heure. Fabrice n’était plus là pour gêner la sévérité de la dame, et la jolie veuve, irritée encore par la contrainte que lui avait imposée son déguisement cavalier, sévissait de la belle manière contre l’élégiaque Danois. Toute excuse ne valait rien. Madame Adrienne se servait avec douceur et politesse des mots les
plus cruels, si bien que le malheureux poêle, habitué dans sss vers à apostropher les dieux immortels, à commander aux éléments, à donner des lois aux étoiles, se trouvait en prose réduit à d’assez humbles et d’assez sottes proportions. — On ne voulut pas même lui confier dans quelle toilette on paraî
trait cette nuit au bal, et le pauvre académicien fut congédié avec l’ordre d’aller prendre Fabrice pour le présenter au gou
verneur qui donnait la fête. Il partit donc en refoulant ses soupirs.
Fabrice s’était habillé en gentilhomme romain : velours et satin noirs de la tête aux pieds, avec l’épée à poignée d’ar
gent, le collier d’or sur la poitrine et la plume Blanche sur la toque: sombre costume conforme à ses ennuis! Le bourgeois Myron, qui devait suivre son maître, était vêtu tout entier de jaune triste; il cachait sous un masque noir la disgrâce de sa physionomie. Quant au valet Ambroise, Fabrice voulait qu’il
gardât la maison pour expier ses péchés érotiques; mais ce jeune garçon, poursuivi par la pensée de Lisette, méditait une échappée.
Odoacre se présenta, l’air contrit, sous les lauriers symboliques dont il avait orné sa tête. On se mit en route aussitôt :
F’abrice et son suivant affligé, le bourgeois Myron, furent acceüillis avec distinction par le gouverneur, qui se félicita de leur présence à la fêle; puis ils se mêlèrent à la.foule parée, après avoir salué le seigneur poète, dont la compagnie leur
était à présent superflue. Mais Odoacre ne les perdit point de vue, attentif à toute dame qui yiendrait accoster Fabrice, et bien sûr, liélas ! qu’on ne l’accosterait pas lui-même.
Nuit charmante, digne des régions plus heureuses! Les pelouses étaient illuminées de mille feux; la foule y promenait ses riches couleurs, marchant doux sur les gazons, riant, causant, chuchotant au bruit d’une vive musique cachée der
rière les arbres ; on avait laissé dans l’ornbre les bosquets, par égard pour les amants de la nuit : là régnaient le silence, îe mystère, et les âmes délicates pouvaient, en ces retrai
tes charmantes, goûter de loin le reflet et les échos de la fête. Au ciel, les étoiles brillaient, — pour emprunter un des vers du poète Odoacre,— comme si le bon Dieu, les eût nou
vellement refourbies ; dans l’air courait un souffle tiède qui agitait les feuillages et les lumières.
Déjà Fabrice regrettait d’être venu à cette fêle. Adossé contre un massif, dans l’ombre, il regardait les masques pas
ser et repasser devant lui, il entendait le frôlement de la soie
sur le gazon, il respirait de douces odeurs et voyait briller des yeux comme des éclairs. Le charme de l’inconnu le pé
nétrait; un vague désir remuait son cœur; de tendres souvenirs, d’aimables pensées, qu’il croyait mortes en lui, sem
blaient tout près de s’éveiller. Il fit effort sur lui-même pour vaincre ces lâches impressions, et, s’arrachant à la rêverie funeste, il se rejeta dans la foule. Mais alors un sentiment étrange, amer, s’emparait de lui.
«Hélas! se disait-il, haine impuissante, vaine et stérile inimitié ! Je suis seul à détester celles que tous les autres aiment, et mon aversion ne leur ôte pas un grain de cet uni
versel amour ! Les voici sous mes yeux, heureuses, parées et riantes, -des fleurs en main ; c’est pour elles que toutes ces lumières versent leurs feux, pour elles que ces airs harmonieux charment le silence de la nuit, pour elles que ces par
terres exhalent leurs parfums. Mon cœur s’épuise en une vaine colère dont se riraient mes odieuses ennemies ! Que leur fait un ressentiment solitaire? idoles adorées, que leur importe un blasphème? Le reste du monde entier n’est-il pas à leurs genoux? Que j’attise ma haine et mon mépris; tous ces cavaliers, beaux et fiers, plus jeunes que je ne le suis et qui ont encore leurs âmes à donner, tous je les vois se presser ardemment sur la trace de celles que je fuis ; ils épient un regard, ils quêtent une parole, ils cherchent à Fenvi la douce servitude. L’heure et le lieu sont propices : c’est ici, sous ces ombrages éclairés, dans cette nuit de fête, que les cœurs s’allument ! Les visages féminins se sont couverts d’un
autre masque pour s’épargner la peine de feindre et le soin de rougir. On peut voir sans être vu ; on irrite le désir curieux, on flatte l’espérance aveugle. Quel triomphe et quelle joie! Le pouvoir féminin saurait-il mieux éclater? La souveraineté sur les cœurs, sur les esprits est-elle plus flagrante ja
mais!..Que fais-je donc en ce lieu qu’assister à la victoire de celles que ma haine croyait délier, et que morfondre sottement ma passien ennemie... »
Fabrice se tenait encore sur ce thème ingrat bien d’autres propos qui le rendaient désagréable à ses propres yeux : il ne savait pins s’il en voulait davantage aux antres de ne pas partager son aversion contre ie sexe, on à lui-même d’avoir di
vorcé avec les autres en prenant pour objet de sa haine celui de leur amour. Aussi cherchait-il de tous côtés Eric, l’ami de fraîche date, Eric, l’associé de ses sentiments intimes, et s’é­
tonnait-il de ne pas le trouver, juste au moment où il avait le plus grand besoin de sa complicité secourable. Eric ne pa
raissait point encore; Eric laissait son allié seul livré à luimême. Four tout reconfort, Fabrice n’avait auprès de lui que le bourgeois Myron, tristement immobile dans sa casaque jaune. Et même ce dernier appui allait-il lui être enlevé par le coup du sort le plus bizarre...
Un domino blanc vint saisir à Fimproviste le bras de l’infortuné bourgeois ; il lui dit je ne sais quels mots à l’oreille, puis l’entraina dans une allée très-obscure. Joseph Myron,
ainsi capturé, se laissait mener douloureusement. Quant à Fabrice, il demeurait stupéfait, ne pouvant croire à ce phé
nomène du bourgeois Myron entraîné dans les massifs par un domino blanc...
« Quelest ce masque? De quel côtéont—ils tourné? Dites-moi, n’est-ce pas par cette allée?» Fabrice, ainsi questionné coup
sur coup, au beau milieu (lésa stupéfaction, trouva devant hii planté le seigneur poète, hors d’haleine et plus perplexe qu’on ne saurait dire. Odoacre venait de quitter en courant son poste d’observation, dès qu’il avait vu le domino blanc s arrê
ter auprès de Fabrice. Mais il était déjà trop lard. Le masque avait disparu avec Myron, sa triste prise.
« Par ici, » répondit sèchement Fabrice, en désignant une allée au hasard. Tout aussitôt il céda la place au poète dont la société ne le tentait pas ; puis il s’enfonça, d’un autre côté, dans les massifs, avec l’espoir de retrouver le bourgeois Myron et de le dérober aux infortunes nouvelles qui sans doute le menaçaient sous les feuillages du Danemark.
XII.
LE CARQUOIS DE DIANE CHASSERESSE.
Après quelques détours, Fabrice aperçut se mouvoir dans l’obscurité des charmilles une forme blanche, svelte et gra
cieuse ; l’on eût dit une statue qui marchait, un marbre grec descendu de son piédestal, et courant, la nuit, sur la mousse des allées. C’était une Diane chasseresse, les cheveux relevés aux tempes, le front couronné de l’arc d’argent, le pied chaussé du cothurne : elle se drapait à l’antique dans ses voi
les blancs; sur son épaule sonnait le carquois classique. Chose étrange pourtant, et qui jurait un peu avec l’art de Phi
dias, Diane avait la main finement gantée; elle portait sur le visage un petit masque de velours noir.
Fabrice et la déesse s’arrêtèrent l’un vis à vis de l’autre. La surprise de notre héros redoubla lorsqu’il s’entendit interpeller en langue toscane :
« Eli! que cherches-tu sous ces ombrages barbares, fils de la divine Italie? »
Fabrice se sentit tout charmé de ces soudains accents de la patrie ; mais comme la fête l’avait rendu fort maussade, et qu’il n’était pas d’humeur à quêter l’aventure :
« Belle déesse, répondit-il peu galamment, je ne suis point Endymion; souffrez que je passe mon chemin. Je cherche dans ces bosquets un bourgeois de Mantoue, très-triste, nommé Myron.
— Ah ! reprit la Diane, j’avais bien ouï dire que tu élais l’ennemi des dames, mais j’imaginais que tes sentiments se
raient un peu plus doux envers les statues. Amollis-toi donc, patricien romain ; je ne suis qu’un marbre taillé. Viens, donne-moi ton bras. Don Juan invitait à souper la statue du commandeur; le seigneur Fabrice aura bien le courage de faire quelques tours d’allée avec la fille de Latone. »
Ce disant, d’une voix douce et traînante, affectée même en sa douceur, comme pour se déguiser, ia statue prit le bras du cavalier. — Ils marchèrent un instant sans rien dire. La statue fit un petit éclat de rire frais et charmant.
« Déesse, dit Fabrice, vous riez. Serais-je pour quelque chose dans votre gaieté ?
— Ecoute, reprit la statue ; je suis une bonne déesse, mais tu vois sur mon épaule ce carquois tout plein de flèches aiguës. Chasseresse, j’airne aussi faire la chasse humaine, et je rne plais à jeter mes traits dans une foule brillante, parée, chamarrée de broderies et de sottises. Tout à l’heure, là haut, sur la pelouse, je vous ai percé de part en part quelques fortvêtus de la finance danoise, pêcheurs de harengs, quelques fades amoureux, quelques coquettes, minaudières encore sous le masque. Mais ces gens-là me dégoûtent même des blessures que je leur fais. Veux-tu que je tourne à présent contre toi la pointe de mes flèches divines?
— L’enveloppe est dure, belle déesse, très-dure, je vous en avertis; lancez tous vos traits, s’il vous plaît de les lancer.
— Prenez garde, monseigneur l’invulnérable ! Achille luimême péchait par le lalon ; vous pourriez bien avoir, aussi vous, votre point sensible. Tenez, supposez, pour un instant, qu’au lieu d’être la vierge immortelle, je sois la douce Vénus qui règne sur les cœurs, et que vous soyez, vous, mon en
nemi personnel, à cause de cette inimitié farouche que vous marquez au beau sexe. Eli bien, dites-moi, n’aurais-je pas la partie belle contre vous ? Faut-il soulever un peu vos voi
les orgueilleux? Que de forfanterie, mon Dieu! que de vanité, d affectation et de méchante injustice! C’est la faute des
mots, s’ils sont durs ; ce n’est pas la mienne. Vous accusez nuit et jour la scélératesse féminine, vous parlez des dames comme d’autant de vipères. Mais quelle est donc votre inno
cence, je vous prie? A quinze ans, les mauvais livres vous avaient appris déjà, à vous comme aux autres, qu’un homme s’élève au-dessus du commun en faisant le perfide avec les femmes ; vous aviez lu, je gage, toutes les histoires de don Juan, votre jeunesse se regardant d’avance dans ce miroir des parjures et des fatuités, et, sur ies bancs de l’é­
tude, vous rêviez, avec une malice déshonnête, à la femme de votre maître, à la sœur de votre ami Fécolier. Voilà, n’est-eo pas, un cœur bien préparé pour être aimant et sin
cère ! Vienne l’heure de la liberté : l’enlant s’est fait homme ; il marche brillamment dans les voies de la vie. non, sei
gneur, non, vous n’avez point été vain et faux comme tous ces amants du plaisir ; non, vous n’avez jamais prononcé des vœux imposteurs, jamais prêté de mensonges à votre cœur;
non, non, meilleur que la plupart, vous ne vous êtes point fait un jeu de la tendresse d’une femme ; vous n’avez pas eu la lâcheté de trahir celle qui vous aimait; vous n’avez point envisagé d’un œil sec les larmes qu’elle versait ; fidèle, ga
lant et discret, vous ne vous êtes jamais diverti avec vos pairs des chagrins jaloux que vous causiez, des charmantes per
sonnes qui languissaient pour vous; et, dans une nuit de jeu, au milieu des flacons vides et des filles perdues, vous n’avez jamais conté l’histoire de vos premières amours, jamais jeté, à ces échos impurs, le nom, le nom sacré de celle qui vous avait donné son àme et confié son honneur ! Allons, vous êtes un saint: pas un péché véniel sur votre conscience, *pas une faute même légère envers ce sexe trouvé si criminel!... Et d’ailleurs, eussiez-vous mis vingt femmes au tombeau, eussiez-vous flétri les plus pures, déshonoré les plus honnê
tes, eussiez-vous, dix ans, donné asile dans votre cœur aux