L’ILLUSTRATION,
Ab. pour Paris, 3 mois, 8 fr; —6 mois, 16 fr__Un an, 30 fr.
Prix de chaque №, 75 c. — La collection mensuelle, br., 2 fr, 75.
№ 259. Vol. X. — SAMEDI 12 FÉVRIER 1848. Bureaux : rue Richelieu, 60.
Ab. pour les dép. — 5 mois, 9 fr. — 6 mois, 17 fr. — Un an, 32 fr. Ab. pour l’Étranger, — 10 — 20 — 40.
SOMMAIRE.
Histoire de la semaine. Portrait de M. Tanneguy Duchàtel, ministre de l’intérieur. -— Des rapports qui existent entre le cos
tume des anciens Hébreux et celui des Arabes modernes. Six Gravures. — Courrier de Paris. L’île de Monte-Cristo ; une Sccne de Monte-Cristo. — Chronique musicale. — Revue agricole. — Souvenirs de Tahiti. 1844-1845. Dessins de M. Charles Gi
raud. Deuxième article. Affaire du plateau de Papenoo; insurgé tahitien allant auxvivres; Indien auxiliaire tirant un pierrier;.costumes des indigènes auxiliaires, réguliers et irréguliers; danse tahitienne. — Le Misogyne. Deuxième partie. Coûte, par M. Albert Aubert. (Suites- Correspondance. — Les Domestiques. Etudes de mœurs, par Cham. Vingt Gravures. — Bulletin bibliographique. — Annon
ces. — Beaux-Arts. Une Gravure. — Principales publications de la semaine. — Rébus.
Histoire de la Semaine.
La discussion de l’adresse a encore composé cette semaine l’ordre du jour de la chambre des députés. Il va sans dire que le projet de la commission a été voté par la majorité sans aucun amendement. L opposition a noblement parlé; mais le parti ministériel a voté comme un seul homme. M. Thiers a prononcé trois discours qui resteront comme la plus haute expression de l’éloquence appliquée à la discussion des ques
tions de finances et de politique générale ; M. Barrot a été, comme toujours, l’interprète bien inspiré de la dignité nationale, de la moralité publique et de la légalité constitution
nelle. M. Duvergier de Hauranne, et après lui, M. Léon de Maleville ont fièrement porté le drapeau de la réforme élec
torale et parlementaire; M. Marie, celuidesopinionsradicales,
et M. Crémieux, le sien. Du côté du ministère, on était si sûr des votes, qu’on n’a pas cru devoir se mettre en frais. D’ailleurs, M. Guizot, fatigué et malade, n’a pas eu la dispo
sition do tous ses moyens dans la partie de la discussion où il était plus spécialement intéressé. C’estM. Duchâtelqui a joué le premier rôle. M. Duchàtel d’ailleurs est le grand tacticien du ministère, et on ne peut nier l’habileté et la fermeté avec laquelle il a posé la question dans la discussion du paragraphe relatif aux banquets. C’était le grand intérêt de la discus
sion; c’était à ce moment que les grands coups devaient se porter. M. Duchàtel avait des adversaires intrépides, ardents, spirituels, sérieux et dignes; mais il avait les gros bataillons, et, il faut le dire aussi, les gros bataillons avaient un chef qui saurait lutter même avec des troupes moins obéissantes. La fin de la discussion a été bruyante et passionnée. M. le garde des sceaux, voulant justifier, au nom de la loi, ce que son collègue avait soutenu dans l’intérêt du parti dominant, a pro
voqué des interruptions violentes. M. Ledru-Rollin l’a réfuté avec un talent apprécié de toute la Chambre.
Algérie.—Le correspondant des Débats à Constantinople, dans une lettre du 17 janvier!, rend ainsi compte de l’effet causé , dans la capitale jde jl empire ottoman, par la red
dition de notre ennemi à nos troupes : « La prise d’Abd-el- Kader a produit ici une très-vive sensation; on est surtout frappé de la détermination prise par l’émir de sc rendre à des chrétiens, de préférence à ses co-religionnaires. La Porte a pris son parti de la perte de l’Algérie, et elle ne réserve la reconnaissance de ce fait accompli que comme une compensation diplomatique.
Un convoi avait été expédié d’Alger pour aller recueillir les malheureux surpris par la tempête aux environs de Tablat; des cacolets et tous les moyens nécessaires avaient été mis à la disposition d’un officier et du docteur Tabourey; ils ont rencontré le convoi au camp de Sougrel-Arba ; sur les cin
quante-quatre hommes partis d’Aumale, dix-sept avaient péri. Les Arabes des environs avaient dépouillé les morts; mais déjà notre kalifa Ben-Maliiddin s’était rendu sur les
lieux du sinistre, malgré un temps affreux; son zèle et son dévouement ne se sont pas démentis ; tous les effets volés ont été restitués, et nos infortunés compatriotes ont été in
humés avec convenance. Le kalifa se montre toujours digne des hautes fonctions qui lui sont départies. Son zèle et son dévouement sont incessants.
Angleterre. — Le parlement anglais a repris ses séances
le 5 février. Dans la chambre des communes, lord George Bentinck a demandé la formation d’un comité d’enquête sur la situation actuelle des Indes occidentales et sur les moyens de venir à leur secours. Le but de la motion que lord George Bentinck a développée très-longuement est au fond de faire revenir le parlement sur la loi de 1846 qui a diminué les droits sur le sucre. Le clfancelier de l’échiquier a dit qu’il ne s’opposerait pas à une enquête de laquelle pourraient sortir et une connaissance vraie des souffrances des colons et une appréciation des remèdes les plus efficaces ; mais il a déclaré qu’il combattrait énergiquement la demande de toute
élévation de droits, le retour aux tarifs en vigueuravant la proclamation de la liberté commerciale.
La séance de la chambre des lords a été fort courte. Le marquis de Lansdowne a déclaré, en réponse aune interpel
lation, que la question delà défense nationale devait d’abord être portée à l’autre chambre.
Espagne. — Le 27 janvier, le général Espartero est allé, accompagné du co
lonel Barcastegui, prendre congé de la reine, qui lui a fait,
dit-on, le meilleur accueil. Son départ pour Logrono se mo
tive par des intérêts de famille. Le 50,
néanmoins, l’ex-régeut, n’avait pas enco
re quitté la capitale, et malgré cette au
dience de congé, il assistait au baise
main royal qui a eu lieu à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de S. A. B. madame la du
chesse de Montpensier. On a remarqué que le gouvernement affecte de déployer une grande rigueur contre les fonction
naires quiontpuman quer d’égards envers le général Espartero, depuis son retour en Espagne. Le direc
teur des postes et le directeur des douanes de Saint-Sébas
tien viennent, dit-on, d’être destitués à cette occasion ; et le co
lonel du régiment de la Heine, en garnison dans la même place, a été puni par ses su
périeurs pour avoir négligé de se présen
ter à i’ex-régent lors de son passage.
Portugal. — Le commandant d’un des régiments de la garnison de Lisbon
ne, le colonel Salla, aéténommé ministre de la guerre. C’est un homme tout dévoué au maréchal Saldanlia. . . ,
—. La chambre des députés a décidé, au mépris des reglements antérieurs, que, puisqu’elle ne pouvait pas réunir de majorité (soixante-quatorze), elle fonctionnerait avec les soixante-cinq membres présents. — Plusieurs_districts élec
toraux du royaume ont adressé des protestations aux trois ambassadeurs des puissances signataires du protocole. — M. Drummond, ambassadeur du Brésil, a, dit-on , protesté contre la nomination de José Cabrai à l’ambassade de Rio- Janeiro. ?
M. Tanneguy Duchàtel, ministre de l intérieur.