crochu qui représente encore, chez les Arabes, un signe de commandement, et que les chefs confient quelquefois aux in
dividus qu’ils veulent faire respecter. Ce même bâton, de forme identique, se voit dans les hiéroglyphes entre les mains des souverains. Quoiqu’il ne soit nullement question de la coiffure des Hébreux dans la Bible, on peut admettre cepen
dant qu’ils se couvraient la tête, puisqu’il est probable qu’une partie du peuple la portait rasée.
L’ange dit à la mère de Samson : « Voici, tu vas être enceinte, et tu enfanteras un fils, et le rasoir ne passera point sur sa tête parce que l’enfant sera Nazaréen de Dieu.
Le cafieh, tel qu’il est porté maintenant, se rapproche beaucoup de la coiffure qu’on re
marque presque généralement sur la tête des figures égyptiennes et des sphinx. Quant à
l’équipement du cheval, une bride et les ornements de poitrail, pris à Isly, se trouvent semblables à ceux qui - sont re
présentés dans les bas-reliefs de Ninive ; on peut d’ailleurs en juger parles deux objets dont je soumets la comparaison à l’appréciation de l’Académie (1). Comme j’ai eu l’hon
neur de le dire plus haut, ce n’est qu’à titre de spécimen ; je n’entrerai donc pas pour le moment dans de plus amples détails.
Je soumets sommairement ces premières idées qui sont pour moi une conviction, et je demande à l’Académie son
avis sur mon opiniou. Ce n’est d’ailleurs que le sentiment d’un homme qui a vu et cru, afin de ne point passer, si je donne suite à mes observations, pour un novateur qui se lance en avant sans s’être préalablement éclairé des avis de la classe des beaux-arts. Si l’Académie accepte ces premiers essais, ce sera un encouragement pour moi de lui soumettre plus tard les nombreuses notes que je réunis depuis quatorze ans, et ce sera avec joie que je satisferai ses désirs. Je ne termine
rai pas cependant sans dire quelques mots sur une objection qui me sera faite touc liant la nécessité de conserver le carac
tère religieux des tableaux d’église, que la foi a inspirés à tant de génies supérieurs, et dont la tradition doit être conservée à travers les combats que la philosophie lui livre depuis le dix-h uitième siècle. !
Il y a deux choses distinctes dans la pein
ture : l’une représente les faits de l’histoire,
Le bon Samaritain, tableau, par M. Horace Vernet (*).
(*) nous donnons aujourd’hui ce croquis comme pièce justificative; nous.publierons plus tard le tableau comme œuvre d’art.
Mors simple.Bâton égyptien. — Bâton arabe.
l’autre en interprète le sens. La première nous montre les faits par le vrai, le beau, la force de l’expression, et pour ainsi dire transmet à l’âme par les yeux ce que la poésie inspire à l imagination ; la seconde est symbolique, les cou
leurs, les rapports de convention, les paraboles en font toute
l intelligence ; l’art n’est qu’un moyen accessoire, et souvent n’v est pour rien : aussi a-t-il suffi, pour obtenir, des suc
cès en ce genre,, d’imiter, non la nature, mais les œuvres de quelques moines, de fanatiques, retourner en arrière de bien
des siècles, aux époques où l’art était plutôt un langage mystique, comme des hiéroglyphes, qu’un moyen de représenter à la vue les objets réels et d’imiter la nature par clés combinaisons savantes.
Sur ce point, je m arrête spontanément, ne devant traiter que Ja question artistique, sans toucher à celle du réalisme, du symbolisme, de-la raison et de la foi, question qui touche à tout, se mêle à tout, et rentre dans le domaine de la philo
sophie et de la théologie. Je ne veux faire constater qu’un fait matériel. Suis-je ou non dans le vrai? A cet égard ma conviction est entière, et je suis persuadé que plus on exami
nera les motifs de ma croyance, et plus elle fera de prosélytes.
Mors double.
Quant à ce qui me reste entre les mains, si l’Académie le juge à propos, comme j’ai eu déjà l honneur de le lui dire, je pourrai lui donner lieu d’examiner ultérieurement des documents plus nombreux et plus détaillés.
(1) La forme du mors, représenté dans le bas-relief de Ninive, n’est sans doute pas la même dont il est parlé dans le livre de Job.
(Description du Léviathan.)
Il est dit : Bible de la société protestante (1823, cliap. XLI,
vol. 4) : Et qui viendra avec un double m,ors pour s’en rendre maître ; Physique sacrée de Schemhger : Et qui se jettera entre les deux branches de son mors ; Bible traduite de l’hébreu et du grec par les pasteurs et professeurs de l’église et de l’Académie de Genève (chap. XLI, vol. 4) : Et lui mettra un double mors.
Balt Corder d’Anvers dit, au sujet du même chapitre et du même verset : Hebrœa armilla capistrum seu validum frenum exprimit, etc., etc. Ce mot hébreu de bracelet ou anneau signifie frein fort.
L’expression de mors double veut dire sans doute ayant deux
forces réunies, et on pourrait, cerne semble, arguer de cette définition que le mors actuel des Arabes est celui dont il est question. Je suis porté à le croire par différents motifs : 1° Que les indécisions qui existent dans les diverses interprétations du mot double mors du livre de Job peuvent provenir de ce que les commentateurs n’étaient sans doute pas cavaliers. 2» Qu’il est question des deux branches d’un mors dans la Physique sacrée.
5° Qu’il est écrit dans la Vulgate que ce double mors consiste dans un bracelet ou anneau.
H. VERNET.
Khorsabad (Ninive).
Isly (Maroc, 1845).
dividus qu’ils veulent faire respecter. Ce même bâton, de forme identique, se voit dans les hiéroglyphes entre les mains des souverains. Quoiqu’il ne soit nullement question de la coiffure des Hébreux dans la Bible, on peut admettre cepen
dant qu’ils se couvraient la tête, puisqu’il est probable qu’une partie du peuple la portait rasée.
L’ange dit à la mère de Samson : « Voici, tu vas être enceinte, et tu enfanteras un fils, et le rasoir ne passera point sur sa tête parce que l’enfant sera Nazaréen de Dieu.
Le cafieh, tel qu’il est porté maintenant, se rapproche beaucoup de la coiffure qu’on re
marque presque généralement sur la tête des figures égyptiennes et des sphinx. Quant à
l’équipement du cheval, une bride et les ornements de poitrail, pris à Isly, se trouvent semblables à ceux qui - sont re
présentés dans les bas-reliefs de Ninive ; on peut d’ailleurs en juger parles deux objets dont je soumets la comparaison à l’appréciation de l’Académie (1). Comme j’ai eu l’hon
neur de le dire plus haut, ce n’est qu’à titre de spécimen ; je n’entrerai donc pas pour le moment dans de plus amples détails.
Je soumets sommairement ces premières idées qui sont pour moi une conviction, et je demande à l’Académie son
avis sur mon opiniou. Ce n’est d’ailleurs que le sentiment d’un homme qui a vu et cru, afin de ne point passer, si je donne suite à mes observations, pour un novateur qui se lance en avant sans s’être préalablement éclairé des avis de la classe des beaux-arts. Si l’Académie accepte ces premiers essais, ce sera un encouragement pour moi de lui soumettre plus tard les nombreuses notes que je réunis depuis quatorze ans, et ce sera avec joie que je satisferai ses désirs. Je ne termine
rai pas cependant sans dire quelques mots sur une objection qui me sera faite touc liant la nécessité de conserver le carac
tère religieux des tableaux d’église, que la foi a inspirés à tant de génies supérieurs, et dont la tradition doit être conservée à travers les combats que la philosophie lui livre depuis le dix-h uitième siècle. !
Il y a deux choses distinctes dans la pein
ture : l’une représente les faits de l’histoire,
Le bon Samaritain, tableau, par M. Horace Vernet (*).
(*) nous donnons aujourd’hui ce croquis comme pièce justificative; nous.publierons plus tard le tableau comme œuvre d’art.
Mors simple.Bâton égyptien. — Bâton arabe.
l’autre en interprète le sens. La première nous montre les faits par le vrai, le beau, la force de l’expression, et pour ainsi dire transmet à l’âme par les yeux ce que la poésie inspire à l imagination ; la seconde est symbolique, les cou
leurs, les rapports de convention, les paraboles en font toute
l intelligence ; l’art n’est qu’un moyen accessoire, et souvent n’v est pour rien : aussi a-t-il suffi, pour obtenir, des suc
cès en ce genre,, d’imiter, non la nature, mais les œuvres de quelques moines, de fanatiques, retourner en arrière de bien
des siècles, aux époques où l’art était plutôt un langage mystique, comme des hiéroglyphes, qu’un moyen de représenter à la vue les objets réels et d’imiter la nature par clés combinaisons savantes.
Sur ce point, je m arrête spontanément, ne devant traiter que Ja question artistique, sans toucher à celle du réalisme, du symbolisme, de-la raison et de la foi, question qui touche à tout, se mêle à tout, et rentre dans le domaine de la philo
sophie et de la théologie. Je ne veux faire constater qu’un fait matériel. Suis-je ou non dans le vrai? A cet égard ma conviction est entière, et je suis persuadé que plus on exami
nera les motifs de ma croyance, et plus elle fera de prosélytes.
Mors double.
Quant à ce qui me reste entre les mains, si l’Académie le juge à propos, comme j’ai eu déjà l honneur de le lui dire, je pourrai lui donner lieu d’examiner ultérieurement des documents plus nombreux et plus détaillés.
(1) La forme du mors, représenté dans le bas-relief de Ninive, n’est sans doute pas la même dont il est parlé dans le livre de Job.
(Description du Léviathan.)
Il est dit : Bible de la société protestante (1823, cliap. XLI,
vol. 4) : Et qui viendra avec un double m,ors pour s’en rendre maître ; Physique sacrée de Schemhger : Et qui se jettera entre les deux branches de son mors ; Bible traduite de l’hébreu et du grec par les pasteurs et professeurs de l’église et de l’Académie de Genève (chap. XLI, vol. 4) : Et lui mettra un double mors.
Balt Corder d’Anvers dit, au sujet du même chapitre et du même verset : Hebrœa armilla capistrum seu validum frenum exprimit, etc., etc. Ce mot hébreu de bracelet ou anneau signifie frein fort.
L’expression de mors double veut dire sans doute ayant deux
forces réunies, et on pourrait, cerne semble, arguer de cette définition que le mors actuel des Arabes est celui dont il est question. Je suis porté à le croire par différents motifs : 1° Que les indécisions qui existent dans les diverses interprétations du mot double mors du livre de Job peuvent provenir de ce que les commentateurs n’étaient sans doute pas cavaliers. 2» Qu’il est question des deux branches d’un mors dans la Physique sacrée.
5° Qu’il est écrit dans la Vulgate que ce double mors consiste dans un bracelet ou anneau.
H. VERNET.
Khorsabad (Ninive).
Isly (Maroc, 1845).