sage exemple, quelle heureuse vie je serais appelé à mener ! Servi par un valet aussi attentif que l homme d’Angleterre, le cochon n’aurait plus de vœux à former. »
A quoi la vache répondit :
« Quant à moi, voisin, je suis au comble du désespoir. Un monsieur Durand (que le lait de toutes les vaches de la terre lui soit le suc de la renoncule la plus scélérate !) vient de
publier dans un journal, la normandie agricole, une série d’articles où il demande que désormais on ne me laisse paître qu’attachée au piquet. Le Français ne se montre pas tendre pour la gent animale ; cependant, comme il est de nature ta
quine et qu’il recherche la discussion, il s’est présenté des avocats qui ont pris ma défense, moins par pitié pour moi, j’ensuis, hélas ! certaine, que pour le futile plaisir de plaider.
«Ils ont exposé que le pâturage au piquet était désavantageux pour les animaux. La vache à lait, le bœuf d’un âge mûr,
alors qu il tourne à une véritable obésité devant laquelle l’homme lui-même se sent pénétré d’admiration, boivent beaucoup et à tout moment, selon que la fantaisie leur en prend. Nécessairement ils souffriront alors qu’il ne leur per
mettra de boire que deux, trois ou au plus quatre fois par jour.
«Le croiriez-vous,mon voisin, vous qui recherchez l’eau et la bonne chère encore plus que moi, et qui passeriez les vingtquatre heures le nez plongé dans une auge bien garnie, un homme s’est levé, M. deKergorlav ; il porte, m’a-t-on assuré, un beau nom parmi les hommes, que ce nom soit en exécra
tion parmi la race bovine ! un homme s’est levé pour dire que je me porterais mieux en prenant mes repas à des heures régulières qu en mangeant et en ruminant gaiement, selon mon caprice, à l’heure où mon instinct m’y invite.
« Un de mes avocats a représenté que moi et mes compagnes nous trouvions quelque douceur pendant l’été à rechercher l’ombrage d’un bel arbre dans la prairie, à nous ras
sembler sous cet abri pour deviser langoureusement sur l’a- mabilitédu jeune taurillonqui nous a toutes rendues mères. »
« Sans nul doute l’ombre est agréable aux animaux pendant la grande chaleur; c’est un fait incontestable, a dû avouer le rude M. de Kergorlay ; mais il est évident qu’elle ne leur est pas indispensable, car il y a un très-grand nombre d’herbages, soit dans la vallée d Auge, soit dans le Cotentin, qui n’en peuvent donner, et dans lesquels les animaux profitent cependant très-bien.
« Mais, a repris un autre de mes avocats, les animaux aiment aussi à se grouper le long des haies au printemps et à l’automne, pour se garantir des mauvais vents du nord et de l’Est, qui soudent avec violence dans ces deux saisons. »
L’impitoyable M. de Kergorlay a souri en haussant les épaules. Comment les animaux, qui, chez le plus grand nombre des cultivateurs normands, passent l’hiver entier en plein air, sur un terrain durci où l’on va leur délivrer du foin pendant qu’il gèle et qu’il neige, ne seraient-ils pas en état de supporter la température du printemps et de l’automne qui, certes, est beaucoup moins rigoureuse !
«Devinez l’une des raisons qui poussent cethommeau cœur de rocher à se faire le complice de l’odieux M. Durand pour recommander l’usage du piquet? c’est qu’il faudra beaucoup moins de femmes et de jeunes filles pour nous servir. En vérité, l homme semble las de nous servir ; il semble prêt à méconnaître le devoir qui lui est imposé d’en haut.
«Dansla normandie, comme dans toute la France, le nombre des petits propriétaires et des petits fermiers est beau
coup plus considérable que celui des grands propriétaires et des grands fermiers, et, à entendre nos deux bourreaux, il est évident que, pour les petits propriétaires, le pâturage au piquet
ne leur coûtera le plus souvent rien du tout. Celui qui n’a qu’une vache, soignée aujourd’hui par la femme et les filles, celui qui en a trois ou quatre, soignées par une servante chargée de faire la cuisine et le ménage, pourra très-facile
ment, sans prendre de nouveaux serviteurs, faire dépouiller au piquet le verger voisin de sa maison, dans lequel les vaches, que la Providence lui a confiées, résident habituellement.
«Je reconnais que, souslerapportdu service, nous gagnerons quelque chose chez le grand cultivateur. Tel qui a cinquante vaches à lait et vingt ou vingt-cinq élèves, ou cent et même cent cinquante animaux de gros bétail, occupés à revêtir un noble embonpoint, les a abandonnés jusqu’à présent aux soins d’un seul serviteur mâle ou femelle. C’était un énorme scandale! Il est évident que du jour où il adoptera la mesure du piquet, il lui faudra prendre plusieurs valets de plus; car on s’accorde à reconnaître qu’il est difficile qu’une créature humaine serve plus de quarante animaux de race bovine soumis à ce régime. Mais, pour l’ordinaire, le grand cultiva
teur a déjà une maison où loge son garde, il lui en coûtera bien peu d’y loger, une ou deux personnes de plus, sans rien ajouter à la maison.
« Eneoreune raison déterminante pour ces hommesiniques: il y aura dorénavant, disent-ils, moins d’herbe perdue que par le passé. L’animal qui pâture en liberté, piétine et salit par son urine et sa fiente une herbe encore fraîche à laquelle sa dent n’a pas touché et dédaigne ensuite de toucher. Or, cette herbe ne doit pas être perdue. Dans le système de pâturage au piquet,
les animaux ne pourront déposer leurs excréments que sur la partie de l’herbage déjà dépouillée qu’ils laisseront derrière eux. En vérité, ne dirait-on pas que parce que la Providences créé l’homme pour cultiver cette herbe destinée à notre nour
riture, elle lui a donné le droit de nous la dispenser selon son caprice, et de nous forcer à manger celle qui ne nous plaît pas? Homme stupide ! tyran peu logicien ! L’herbe a été don
née à la vache et au bœuf, et non pas à toi. Je n’en yeux pour preuve que ton estomac débile et si incomplet, mis en comparaison avec notre quadruple estomac : rumen, réseau, feuillet, caillette, tout le splendide appareil de digestion ré
servé aux races privilégiées, que les desseins secrets de la Providence appellent à l’éminente fonction de ruminer !_ — L’homme pense, dit-il; qu’est-ce cela? La vache rumine.
«Mais la raison la plus forte à leurs yeux,raison bizarre et sur laquelle j’ai chaque jour ruminé sans la comprendre, c’est
le prix que l’homme attache à tous les excréments en général, aux vôtres comme aux miens, aux siens même. On m’a parlé d’un pays où tout le monde porte à son cou et enchâssé dans l’or, en guise de bijou, une portion des résultats de la di
gestion de l un d’entre eux. M. de Kergorlay professe, pour recueillir toute matière qui pourrait fournir à des joyaux de cette sorte, une passion vraiment effrénée. Il trouve un ac
cent, quiressemble presqu’à de l’indignation, pour blâmer les cultivateurs normands de ce qu’ils laissent sécher sur place les odorants produits que nous déposons dans les herbages.
Il tient surtout à leur parfum. Il se fait fort de démontrer que ces matières perdent, en se desséchant, plus des trois quarts de leur valeur. Combien regrettables, selon lui, les gaz qui s’en dégagent et les substances qui se dissipent dans l’air par la voie de l’évaporation ! Depuis plusieurs années, il fait recueillir scrupuleusement toutes les bouses de ses vaches, chaque jour, au fur et à mesure que l’herbe les a reçues.
«Un banneau, qui contient environ un mètre cube, est placé près de l’endroit où elles paissent, et chaque matin un homme consacre un quart de journée à cet étrange exercice.
« Si encore ce valet, à l’obéissance niaise, les portait dans l’appartement de son maître sans que j’en entendisse jamais plus parler! Je serais indulgente pour cette fantaisie d’un grand propriétaire qui a de l’argent et peut la payer; je ne verrais là qu’une aberration du sens de l’odorat. Mais vous ne l’ignorez pas, mon voisin, après les avoir fait séjourner dans un cloaque où se dégorgent tous les canaux à immon
dices de sa ferme, cet homme maniaque donne l’ordre de les rapporter dans les herbages où je dois plus tard pâturer.
«Grâce à cet arrosage, prétend-il, il a pu triompher de la sécheresse qui a régné cette année, et quinze jours après avoir coupé des foins dans des prés très-secs, il a pu y mettre des vacjres, qui y ont trouvé une herbe jeune encore,
mais fraîche, et, calculez toute la portée de l’ironie ! une herbe des plus appétissantes. Le monstre ! je lui souhaiterais les naseaux et l’estomac d’une vache pour savoir ce qu’il penserait alors d’une herbe assaisonnée avec un tel condiment !
— Ma pauvre amie, regrogna le cochon, croyez-moi, émigrons; quittons la France pour l’Angleterre. J’ai hâte de voir mon nez débarrassé de l’intolérable anneau.
— L’Anglais, j’en conviendrai, a inventé, à l’usage de mes semblables, plusieurs mets délicieux : la pomme de terre, la betterave, le turneps, et tout récemment ces soupes qu’on voudrait ruminer pendant quarante-huit heures, ces soupes ex
quises à la graine de lin. Il ne cultive plus aujourd’hui le lin que pour cet usage ; et la Providence, assure-t-il, le récom
pense largement pour cette sage pensée. Mais, d’un autre côté, l’Anglais, plus encore que M. de Kergorlay, recherche avec avidité la chose que vous savez. C’est l’Anglais qui a le pre
mier imaginé, pour la recueillir et en moins perdre, de nous parquer tout le jour dans la cour d’une ferme, et ia nuit sous des hangars, au lieu de nous conduire aux champs comme par le passé. Lui aussi le parfum le séduit à l’excès. Pour l’empêcher de s’évaporer, pour mieux le concentrer, le fixer, comme il dit, n’a-t-il pas imaginé d’arroser la chose d’une certaine liqueur qu’il appelle acide sulfurique !
— Savez-vous quelle atroce mesure se discute aujourd’hui contre les animaux d’Angleterre? Il est question de les en
fermer dans des stalles qui seraient tout simplement autant do fosses où la malheureuse créature consumerait une existence solitaire sur quelques planches mal jointes qui la sépare
raient de ses excréments. Les trésors tant souhaités par l’homme s’entasseraient et se concentreraient au fond de la fosse sans qu’une parcelle risquât d’en être distraite. Ce serait une mesure empruntée à quelques contrées pauvres et sales de l’Allemagne. L’Anglais, qui est riche et qui pour l’ordi
naire aime ia propreté, devrait-il songer à l’adopter! Deux agronomes, moins cruels que leurs confrères, ils ont pour noms Wilkins et Towers, protestent contre ce qu’ils appel
lent avec raison notre inhumation anticipée. J’aime encore mieux subir en France le supplice du piquet et me savoir à l extrémité de ma queue M. de Kergorlay avec son banneau d’un métré cube, qu’aller en Angleterre pour y être condamnée à perpétuité, comme une malfaitrice, au système cellulaire sur une chaise percée ! »
Un mouton s’était approché, qui avait entendu la conversation.
« Ma chère, vous êtes par trop raffinée. Le cochon et moi nous comprenons mieux l’existence. A l’animal vraiment phi
losophe il n’y a ni couleur, ni odeur qui doive répugner. L’essentiel est d’avoir à manger : or, chez l’Anglais le mou
ton fait bombance. J’estime l’Anglais parce qu’il a compris que la prospérité d’un peuple se mesure au nombre et à la taille des animaux en général et des moutons en particulier, qu’il a mission d’entretenir sur cette terre. Le mouton, et ceci, mes amis, est imprimé dans le Farmer s magazine, est le baromètre delà richesse d’un Etat agricole. Tandis que le berger limousin accompagne avec un orgueil nonchalant dans les plus fertiles pâturages des moutons de la taille d’un cani
che ; tandis que le berger breton récite son chapelet à la face d’un troupeau de couleur noire, maigre autant que des lé
vriers, et que le berger du Morvan chante l’hymne républicain à des béliers jaunes de la grosseur d’un bon chat, les bergers de la Grande-Bretagne reçoivent matin et soir les bêlements
de reconnaissance de plus de quarante millions de dishleys à la carrure imposante, ou de vifs et robustes svuthdowns.
«Jusqu’aux colons anglais de l’Australie qui semontrent autant que les cultivateurs de la mère patrie imbus de la maxime fondamentale : Veillez à ce que le mouton croisse et multi
plie. Le port de Sydney et celui de Philippe expédiaient, en 1856, aux ports de la Grande-Bretagne trois millions sept cent mille livres de laine au plus ; eu 1846 les expéditions
ont dépassé trente millions. Ces aimables colons ont adopté particulièrement la race mérinos, si bien vêtue, envers la
quelle l’Espagne s’est indignement conduitej ainsi que la France, depuis le commencement de ce siècle, et la race
saxonne, cette noble émanation de la première. Les toisons espagnoles et grand-ducales ne présentent pas, assure-t-on, de lapine plus fine, plus tassée, que la laine des toisons australiennes.
« Jusqu’à cejour l’Anglais avait jugé utile à la santé du mouton la vie au grand air, même pendant la nuit. Il se conten
tait de planter, à l’usage des troupeaux, des lignes d’arbres disposées en étoile et flanquées de haies derrière lesquelles un animal brave fort bien la pluie, le vent et la neige, n’importe dans quelle direction ils viennent. Il lui plaît aujourd’hui de construire des bergeries. Comme je suis certain que chez l’Anglais je n’aurai jamais comme en France à manger rien que au foin de rebut, ou des racines gâtées, mais qu’il me nourrira aussi soigneusement pour le moins qu’il nourrit son gros bétail, en ma qualité de baromètre de la richesse natio
nale, j’entrerai avec empressement dans ses bergeries. Que s’il lui plaît de me mettre en cellule, sans même un cabinet particulier pour cabinet d’aisances, j’y souscrirai encore avec résignation. Que la volonté de l’Anglais soit toujours faite, car l’Anglais nourrit délicatement et nourrit largement. Croyez-moi, ma chère bonne, écoutez le cochon et moi, émigrons tous trois en Angleterre. »
Survient un âne, un petit barbon, tondu, pelé, peut-être même légèrement galeux, mais à la jambe sèche et nerveuse, à l’œil narquois, à l’oreille active. Il a vu naître la vache et
l’aime tendrement ; elle le consulta comme elle eût consulté l’auteur de ses jours, à supposer qu’il lui eût été facile de le retrouver. Les deux voisins se disposèrent à écouter le per
sonnage à la longue oreille et à la longue expérience, comme vous et moi nous écouterions un noble pair qui aurait blanchi dans les graves discussions.
« Certainement, mes amis, le cultivateur français manque à tous les égards dus à l’animalité. J’ai là-dessus.sujet de me plaindre plus que personne au monde. Quand on songe à ce que l’âne est devenu entre ses mains ! Oh ! s’il vous était donné de voir l’âne dans le pays qui fut le berceau de sa race, et aussi celui des patriarches ! Grand presque autant que le cheval, plus brillant de robe, cent fois plus spirituel et d’une galanterie irrésistible. On cite à peine quelques rares
succès du cheval auprès d’une de nos femelles, probablement délaissée par les baudets d’alentour, tandis que nous autres... Mais ne sortons pas de la question. Toutefois, avant de vous donner mon avis, que je vous raconte une bonne et toute récente folje agricolo-française.
« J’arrive de Paris; je passais près du pont des Arts, je vois une porte entrouverte; j’entre comme dans un moulin. Beaucoup d’hommes étaient assis en demi-cercle; mon as
pect ne produisit pas la moindre sensation. Ces messieurs s’entretenaient, de quoi? de la nécessité d’introduire une nouvelle race animale en France : le lama, l’alpaca, la vigogne, que sais-je?
« Une population de trente-cinq millions d’hommes, assez fainéante ou assez maladroite pour ne pas réussir à obtenir de ce vaste et beau territoire de France, sur lequel la Providence nous a fait naître,, et qui, par conséquent, nous appar
tient, la quantité de fourrages suffisante pour notre appétit;
une population de valets qui profite de ce que notre dignité personnelle nous interdit de travailler et exige que nous soyons servis, pour nous imposer de cruels jeûnes, parle d’appeler sur notre sol une nouvelle race tout entière ! Mais que lui metlras-tu sous la dent à ce lama, cet alpaca, cette vigogne, ignorant et besogneux cultivateur français, qui laisses les animaux indigènes dépérir, et qui ne sais même pas préserver toi et les tiens de la disette?
« Tu désires t’assurer la toison du lama? (le vêtement que le maître a porté est désiré par le valet, cela se conçoit), mais tu avais la toison du mouton, et du mouton mérinos ; tu l’as laissée se détériorer par ton incurie. Il en arriverait autant de celle du lama et de la vigogne.
« Tu veux l’aide d’un animal complaisant pour porter tes fardeaux, traîner tes voitures? Mais le lama, quand il consent à se laisser charger, fait de deux à trois lieues en un jour; pour l’ordinaire il se couche sous le fardeau et refusé de mar
cher. B te crachera à la figure et dévorera les feuilletons de ton journal, ce qui désolera ta femme. Mais tu avais, sous ce rapport, mieux que le lama pour la complaisance, la force et la rapidité; tu avais le cheval et moi, tu nous as laissés folle
ment dégénérer par suite de tes mauvais traitements. Que le lama débarque en France, et à la troisième génération le lama famélique ne sera parmi nous qu’un mouton de plus; les vieilles femmes de la Picardie refuseront d’acheter la laine de la vigogne pour se tricoter des bas !
« Laisse le lama prendre rang dans les étables d’Angleterre et de Hollande. Tu n’es pas digne que la Providence réunisse des animaux près de toi.
« J’avais ouvert la bouche, et je commençais à braire ces raisons au milieu de l’assemblée ; le président agita sa sonnette :
— Monsieur un tel, s’écria-t-il, (je n’ai pas retenu le nom), vous n’avez pas la parole. »
Ici le cochon grogna, le mouton bêla :
«D’après cela, vous donnez le conseil d’émigrer en Angleterre. H y a urgence. Le jour où le lama appelé en France y débarquera, le pays est affamé.
— Mes amis, je me résume. On est fort mal en France, mais enfin on y voit quelquefois certains animaux parvenir sinon à la vieillesse, du moins à un âge presque mûr. On m’a affirmé qu’en Angleterre on ne rencontre dans aucune éta
ble, bergerie ou porcherie, une créature de vos trois races qui compte plus de trois ans. Décidez-vous, d’après ce document. »
Le mouton bêla, le cochon grogna :
« Emigrons chez l’Anglais, qui fait aux animaux la vie courte, mais au moins qui la leqr fait bonne. »
Je dénonce aux cultivateurs de mon pays le complot formé par ces deux derniers animaux. La vache ne m’a pas semblé dé
cidée encore à y prendre part; mais elle est fort mécontente, elle beugle sourdement. SaiNt-Germain-LebEc,
A quoi la vache répondit :
« Quant à moi, voisin, je suis au comble du désespoir. Un monsieur Durand (que le lait de toutes les vaches de la terre lui soit le suc de la renoncule la plus scélérate !) vient de
publier dans un journal, la normandie agricole, une série d’articles où il demande que désormais on ne me laisse paître qu’attachée au piquet. Le Français ne se montre pas tendre pour la gent animale ; cependant, comme il est de nature ta
quine et qu’il recherche la discussion, il s’est présenté des avocats qui ont pris ma défense, moins par pitié pour moi, j’ensuis, hélas ! certaine, que pour le futile plaisir de plaider.
«Ils ont exposé que le pâturage au piquet était désavantageux pour les animaux. La vache à lait, le bœuf d’un âge mûr,
alors qu il tourne à une véritable obésité devant laquelle l’homme lui-même se sent pénétré d’admiration, boivent beaucoup et à tout moment, selon que la fantaisie leur en prend. Nécessairement ils souffriront alors qu’il ne leur per
mettra de boire que deux, trois ou au plus quatre fois par jour.
«Le croiriez-vous,mon voisin, vous qui recherchez l’eau et la bonne chère encore plus que moi, et qui passeriez les vingtquatre heures le nez plongé dans une auge bien garnie, un homme s’est levé, M. deKergorlav ; il porte, m’a-t-on assuré, un beau nom parmi les hommes, que ce nom soit en exécra
tion parmi la race bovine ! un homme s’est levé pour dire que je me porterais mieux en prenant mes repas à des heures régulières qu en mangeant et en ruminant gaiement, selon mon caprice, à l’heure où mon instinct m’y invite.
« Un de mes avocats a représenté que moi et mes compagnes nous trouvions quelque douceur pendant l’été à rechercher l’ombrage d’un bel arbre dans la prairie, à nous ras
sembler sous cet abri pour deviser langoureusement sur l’a- mabilitédu jeune taurillonqui nous a toutes rendues mères. »
« Sans nul doute l’ombre est agréable aux animaux pendant la grande chaleur; c’est un fait incontestable, a dû avouer le rude M. de Kergorlay ; mais il est évident qu’elle ne leur est pas indispensable, car il y a un très-grand nombre d’herbages, soit dans la vallée d Auge, soit dans le Cotentin, qui n’en peuvent donner, et dans lesquels les animaux profitent cependant très-bien.
« Mais, a repris un autre de mes avocats, les animaux aiment aussi à se grouper le long des haies au printemps et à l’automne, pour se garantir des mauvais vents du nord et de l’Est, qui soudent avec violence dans ces deux saisons. »
L’impitoyable M. de Kergorlay a souri en haussant les épaules. Comment les animaux, qui, chez le plus grand nombre des cultivateurs normands, passent l’hiver entier en plein air, sur un terrain durci où l’on va leur délivrer du foin pendant qu’il gèle et qu’il neige, ne seraient-ils pas en état de supporter la température du printemps et de l’automne qui, certes, est beaucoup moins rigoureuse !
«Devinez l’une des raisons qui poussent cethommeau cœur de rocher à se faire le complice de l’odieux M. Durand pour recommander l’usage du piquet? c’est qu’il faudra beaucoup moins de femmes et de jeunes filles pour nous servir. En vérité, l homme semble las de nous servir ; il semble prêt à méconnaître le devoir qui lui est imposé d’en haut.
«Dansla normandie, comme dans toute la France, le nombre des petits propriétaires et des petits fermiers est beau
coup plus considérable que celui des grands propriétaires et des grands fermiers, et, à entendre nos deux bourreaux, il est évident que, pour les petits propriétaires, le pâturage au piquet
ne leur coûtera le plus souvent rien du tout. Celui qui n’a qu’une vache, soignée aujourd’hui par la femme et les filles, celui qui en a trois ou quatre, soignées par une servante chargée de faire la cuisine et le ménage, pourra très-facile
ment, sans prendre de nouveaux serviteurs, faire dépouiller au piquet le verger voisin de sa maison, dans lequel les vaches, que la Providence lui a confiées, résident habituellement.
«Je reconnais que, souslerapportdu service, nous gagnerons quelque chose chez le grand cultivateur. Tel qui a cinquante vaches à lait et vingt ou vingt-cinq élèves, ou cent et même cent cinquante animaux de gros bétail, occupés à revêtir un noble embonpoint, les a abandonnés jusqu’à présent aux soins d’un seul serviteur mâle ou femelle. C’était un énorme scandale! Il est évident que du jour où il adoptera la mesure du piquet, il lui faudra prendre plusieurs valets de plus; car on s’accorde à reconnaître qu’il est difficile qu’une créature humaine serve plus de quarante animaux de race bovine soumis à ce régime. Mais, pour l’ordinaire, le grand cultiva
teur a déjà une maison où loge son garde, il lui en coûtera bien peu d’y loger, une ou deux personnes de plus, sans rien ajouter à la maison.
« Eneoreune raison déterminante pour ces hommesiniques: il y aura dorénavant, disent-ils, moins d’herbe perdue que par le passé. L’animal qui pâture en liberté, piétine et salit par son urine et sa fiente une herbe encore fraîche à laquelle sa dent n’a pas touché et dédaigne ensuite de toucher. Or, cette herbe ne doit pas être perdue. Dans le système de pâturage au piquet,
les animaux ne pourront déposer leurs excréments que sur la partie de l’herbage déjà dépouillée qu’ils laisseront derrière eux. En vérité, ne dirait-on pas que parce que la Providences créé l’homme pour cultiver cette herbe destinée à notre nour
riture, elle lui a donné le droit de nous la dispenser selon son caprice, et de nous forcer à manger celle qui ne nous plaît pas? Homme stupide ! tyran peu logicien ! L’herbe a été don
née à la vache et au bœuf, et non pas à toi. Je n’en yeux pour preuve que ton estomac débile et si incomplet, mis en comparaison avec notre quadruple estomac : rumen, réseau, feuillet, caillette, tout le splendide appareil de digestion ré
servé aux races privilégiées, que les desseins secrets de la Providence appellent à l’éminente fonction de ruminer !_ — L’homme pense, dit-il; qu’est-ce cela? La vache rumine.
«Mais la raison la plus forte à leurs yeux,raison bizarre et sur laquelle j’ai chaque jour ruminé sans la comprendre, c’est
le prix que l’homme attache à tous les excréments en général, aux vôtres comme aux miens, aux siens même. On m’a parlé d’un pays où tout le monde porte à son cou et enchâssé dans l’or, en guise de bijou, une portion des résultats de la di
gestion de l un d’entre eux. M. de Kergorlay professe, pour recueillir toute matière qui pourrait fournir à des joyaux de cette sorte, une passion vraiment effrénée. Il trouve un ac
cent, quiressemble presqu’à de l’indignation, pour blâmer les cultivateurs normands de ce qu’ils laissent sécher sur place les odorants produits que nous déposons dans les herbages.
Il tient surtout à leur parfum. Il se fait fort de démontrer que ces matières perdent, en se desséchant, plus des trois quarts de leur valeur. Combien regrettables, selon lui, les gaz qui s’en dégagent et les substances qui se dissipent dans l’air par la voie de l’évaporation ! Depuis plusieurs années, il fait recueillir scrupuleusement toutes les bouses de ses vaches, chaque jour, au fur et à mesure que l’herbe les a reçues.
«Un banneau, qui contient environ un mètre cube, est placé près de l’endroit où elles paissent, et chaque matin un homme consacre un quart de journée à cet étrange exercice.
« Si encore ce valet, à l’obéissance niaise, les portait dans l’appartement de son maître sans que j’en entendisse jamais plus parler! Je serais indulgente pour cette fantaisie d’un grand propriétaire qui a de l’argent et peut la payer; je ne verrais là qu’une aberration du sens de l’odorat. Mais vous ne l’ignorez pas, mon voisin, après les avoir fait séjourner dans un cloaque où se dégorgent tous les canaux à immon
dices de sa ferme, cet homme maniaque donne l’ordre de les rapporter dans les herbages où je dois plus tard pâturer.
«Grâce à cet arrosage, prétend-il, il a pu triompher de la sécheresse qui a régné cette année, et quinze jours après avoir coupé des foins dans des prés très-secs, il a pu y mettre des vacjres, qui y ont trouvé une herbe jeune encore,
mais fraîche, et, calculez toute la portée de l’ironie ! une herbe des plus appétissantes. Le monstre ! je lui souhaiterais les naseaux et l’estomac d’une vache pour savoir ce qu’il penserait alors d’une herbe assaisonnée avec un tel condiment !
— Ma pauvre amie, regrogna le cochon, croyez-moi, émigrons; quittons la France pour l’Angleterre. J’ai hâte de voir mon nez débarrassé de l’intolérable anneau.
— L’Anglais, j’en conviendrai, a inventé, à l’usage de mes semblables, plusieurs mets délicieux : la pomme de terre, la betterave, le turneps, et tout récemment ces soupes qu’on voudrait ruminer pendant quarante-huit heures, ces soupes ex
quises à la graine de lin. Il ne cultive plus aujourd’hui le lin que pour cet usage ; et la Providence, assure-t-il, le récom
pense largement pour cette sage pensée. Mais, d’un autre côté, l’Anglais, plus encore que M. de Kergorlay, recherche avec avidité la chose que vous savez. C’est l’Anglais qui a le pre
mier imaginé, pour la recueillir et en moins perdre, de nous parquer tout le jour dans la cour d’une ferme, et ia nuit sous des hangars, au lieu de nous conduire aux champs comme par le passé. Lui aussi le parfum le séduit à l’excès. Pour l’empêcher de s’évaporer, pour mieux le concentrer, le fixer, comme il dit, n’a-t-il pas imaginé d’arroser la chose d’une certaine liqueur qu’il appelle acide sulfurique !
— Savez-vous quelle atroce mesure se discute aujourd’hui contre les animaux d’Angleterre? Il est question de les en
fermer dans des stalles qui seraient tout simplement autant do fosses où la malheureuse créature consumerait une existence solitaire sur quelques planches mal jointes qui la sépare
raient de ses excréments. Les trésors tant souhaités par l’homme s’entasseraient et se concentreraient au fond de la fosse sans qu’une parcelle risquât d’en être distraite. Ce serait une mesure empruntée à quelques contrées pauvres et sales de l’Allemagne. L’Anglais, qui est riche et qui pour l’ordi
naire aime ia propreté, devrait-il songer à l’adopter! Deux agronomes, moins cruels que leurs confrères, ils ont pour noms Wilkins et Towers, protestent contre ce qu’ils appel
lent avec raison notre inhumation anticipée. J’aime encore mieux subir en France le supplice du piquet et me savoir à l extrémité de ma queue M. de Kergorlay avec son banneau d’un métré cube, qu’aller en Angleterre pour y être condamnée à perpétuité, comme une malfaitrice, au système cellulaire sur une chaise percée ! »
Un mouton s’était approché, qui avait entendu la conversation.
« Ma chère, vous êtes par trop raffinée. Le cochon et moi nous comprenons mieux l’existence. A l’animal vraiment phi
losophe il n’y a ni couleur, ni odeur qui doive répugner. L’essentiel est d’avoir à manger : or, chez l’Anglais le mou
ton fait bombance. J’estime l’Anglais parce qu’il a compris que la prospérité d’un peuple se mesure au nombre et à la taille des animaux en général et des moutons en particulier, qu’il a mission d’entretenir sur cette terre. Le mouton, et ceci, mes amis, est imprimé dans le Farmer s magazine, est le baromètre delà richesse d’un Etat agricole. Tandis que le berger limousin accompagne avec un orgueil nonchalant dans les plus fertiles pâturages des moutons de la taille d’un cani
che ; tandis que le berger breton récite son chapelet à la face d’un troupeau de couleur noire, maigre autant que des lé
vriers, et que le berger du Morvan chante l’hymne républicain à des béliers jaunes de la grosseur d’un bon chat, les bergers de la Grande-Bretagne reçoivent matin et soir les bêlements
de reconnaissance de plus de quarante millions de dishleys à la carrure imposante, ou de vifs et robustes svuthdowns.
«Jusqu’aux colons anglais de l’Australie qui semontrent autant que les cultivateurs de la mère patrie imbus de la maxime fondamentale : Veillez à ce que le mouton croisse et multi
plie. Le port de Sydney et celui de Philippe expédiaient, en 1856, aux ports de la Grande-Bretagne trois millions sept cent mille livres de laine au plus ; eu 1846 les expéditions
ont dépassé trente millions. Ces aimables colons ont adopté particulièrement la race mérinos, si bien vêtue, envers la
quelle l’Espagne s’est indignement conduitej ainsi que la France, depuis le commencement de ce siècle, et la race
saxonne, cette noble émanation de la première. Les toisons espagnoles et grand-ducales ne présentent pas, assure-t-on, de lapine plus fine, plus tassée, que la laine des toisons australiennes.
« Jusqu’à cejour l’Anglais avait jugé utile à la santé du mouton la vie au grand air, même pendant la nuit. Il se conten
tait de planter, à l’usage des troupeaux, des lignes d’arbres disposées en étoile et flanquées de haies derrière lesquelles un animal brave fort bien la pluie, le vent et la neige, n’importe dans quelle direction ils viennent. Il lui plaît aujourd’hui de construire des bergeries. Comme je suis certain que chez l’Anglais je n’aurai jamais comme en France à manger rien que au foin de rebut, ou des racines gâtées, mais qu’il me nourrira aussi soigneusement pour le moins qu’il nourrit son gros bétail, en ma qualité de baromètre de la richesse natio
nale, j’entrerai avec empressement dans ses bergeries. Que s’il lui plaît de me mettre en cellule, sans même un cabinet particulier pour cabinet d’aisances, j’y souscrirai encore avec résignation. Que la volonté de l’Anglais soit toujours faite, car l’Anglais nourrit délicatement et nourrit largement. Croyez-moi, ma chère bonne, écoutez le cochon et moi, émigrons tous trois en Angleterre. »
Survient un âne, un petit barbon, tondu, pelé, peut-être même légèrement galeux, mais à la jambe sèche et nerveuse, à l’œil narquois, à l’oreille active. Il a vu naître la vache et
l’aime tendrement ; elle le consulta comme elle eût consulté l’auteur de ses jours, à supposer qu’il lui eût été facile de le retrouver. Les deux voisins se disposèrent à écouter le per
sonnage à la longue oreille et à la longue expérience, comme vous et moi nous écouterions un noble pair qui aurait blanchi dans les graves discussions.
« Certainement, mes amis, le cultivateur français manque à tous les égards dus à l’animalité. J’ai là-dessus.sujet de me plaindre plus que personne au monde. Quand on songe à ce que l’âne est devenu entre ses mains ! Oh ! s’il vous était donné de voir l’âne dans le pays qui fut le berceau de sa race, et aussi celui des patriarches ! Grand presque autant que le cheval, plus brillant de robe, cent fois plus spirituel et d’une galanterie irrésistible. On cite à peine quelques rares
succès du cheval auprès d’une de nos femelles, probablement délaissée par les baudets d’alentour, tandis que nous autres... Mais ne sortons pas de la question. Toutefois, avant de vous donner mon avis, que je vous raconte une bonne et toute récente folje agricolo-française.
« J’arrive de Paris; je passais près du pont des Arts, je vois une porte entrouverte; j’entre comme dans un moulin. Beaucoup d’hommes étaient assis en demi-cercle; mon as
pect ne produisit pas la moindre sensation. Ces messieurs s’entretenaient, de quoi? de la nécessité d’introduire une nouvelle race animale en France : le lama, l’alpaca, la vigogne, que sais-je?
« Une population de trente-cinq millions d’hommes, assez fainéante ou assez maladroite pour ne pas réussir à obtenir de ce vaste et beau territoire de France, sur lequel la Providence nous a fait naître,, et qui, par conséquent, nous appar
tient, la quantité de fourrages suffisante pour notre appétit;
une population de valets qui profite de ce que notre dignité personnelle nous interdit de travailler et exige que nous soyons servis, pour nous imposer de cruels jeûnes, parle d’appeler sur notre sol une nouvelle race tout entière ! Mais que lui metlras-tu sous la dent à ce lama, cet alpaca, cette vigogne, ignorant et besogneux cultivateur français, qui laisses les animaux indigènes dépérir, et qui ne sais même pas préserver toi et les tiens de la disette?
« Tu désires t’assurer la toison du lama? (le vêtement que le maître a porté est désiré par le valet, cela se conçoit), mais tu avais la toison du mouton, et du mouton mérinos ; tu l’as laissée se détériorer par ton incurie. Il en arriverait autant de celle du lama et de la vigogne.
« Tu veux l’aide d’un animal complaisant pour porter tes fardeaux, traîner tes voitures? Mais le lama, quand il consent à se laisser charger, fait de deux à trois lieues en un jour; pour l’ordinaire il se couche sous le fardeau et refusé de mar
cher. B te crachera à la figure et dévorera les feuilletons de ton journal, ce qui désolera ta femme. Mais tu avais, sous ce rapport, mieux que le lama pour la complaisance, la force et la rapidité; tu avais le cheval et moi, tu nous as laissés folle
ment dégénérer par suite de tes mauvais traitements. Que le lama débarque en France, et à la troisième génération le lama famélique ne sera parmi nous qu’un mouton de plus; les vieilles femmes de la Picardie refuseront d’acheter la laine de la vigogne pour se tricoter des bas !
« Laisse le lama prendre rang dans les étables d’Angleterre et de Hollande. Tu n’es pas digne que la Providence réunisse des animaux près de toi.
« J’avais ouvert la bouche, et je commençais à braire ces raisons au milieu de l’assemblée ; le président agita sa sonnette :
— Monsieur un tel, s’écria-t-il, (je n’ai pas retenu le nom), vous n’avez pas la parole. »
Ici le cochon grogna, le mouton bêla :
«D’après cela, vous donnez le conseil d’émigrer en Angleterre. H y a urgence. Le jour où le lama appelé en France y débarquera, le pays est affamé.
— Mes amis, je me résume. On est fort mal en France, mais enfin on y voit quelquefois certains animaux parvenir sinon à la vieillesse, du moins à un âge presque mûr. On m’a affirmé qu’en Angleterre on ne rencontre dans aucune éta
ble, bergerie ou porcherie, une créature de vos trois races qui compte plus de trois ans. Décidez-vous, d’après ce document. »
Le mouton bêla, le cochon grogna :
« Emigrons chez l’Anglais, qui fait aux animaux la vie courte, mais au moins qui la leqr fait bonne. »
Je dénonce aux cultivateurs de mon pays le complot formé par ces deux derniers animaux. La vache ne m’a pas semblé dé
cidée encore à y prendre part; mais elle est fort mécontente, elle beugle sourdement. SaiNt-Germain-LebEc,