L’ILLUSTRATION,


Àb.f pour Paris, 5 mois, 8 fr.:—6 mois, 6 fr. — Un an, 50.fr. Prix de chaque №, 75 c. — La collection mensuelle, br., 2 fr. 75.
SOMMAIRE.
Histoire de la semaine. Le marquis del Carretto. — Courrier de Paris.—Chronique musicale. Une Scène de la Nuit de noël.— Exposition de la statue en bronze du général d’Hautpoul, sur la place de l’église Salnt-Germain-rAuxerrois. Une Gra
vure. — Un Canonnier du Bomulus. Souvenir du 11 février 1814. Combat dû Üomulus. —Eludes sur le journalisme. IV. Le feuilleton-roman.,— Souvenirs de l’Amérique méridionale. La val
lée de Santa-Ana (£érou). Six Gravures.— Le Misogyne. Deuxième partie. Conte, par M. Albert Aübert. (Suite.)— Esquisse d’une His
toire de la mode depuis un siècle. Les femmes sous le règne de Louis XVI. Cinq Gravures. — Oraison funèbre de Daniel O’Con
par le R. P. Lacordaire, prononcée à notre-Dame de Paris. Une Gravure. — Académie des science*. — Bulletin bi
bliographique. — Correspondance. — Le bal de Pet t-Bourg au Jardin «l Hiver. Une Gravure. — Principales publications de la semaine. — Rébus.
Histoire de la Semaine.
Aux orages de la tribune, aux inflexibles harangues de la politique qu’un de ses adversaires a qualifiée d’irréconcilia
ble ; au coup de la majorité, à sa sentence contre la minorité ennemie ou aveugle, ont succédé une inquiétude générale, une agitation sourde, mais profonde. Ce paragraphe, dont le vote était demandé comme un appui, comme une force, est devenu la cause d’une situation dont tous les bons citoyens se préoccupent avec la plus vive anxiété.
La Chambre, après ces vingt et une séances si remplies, si passionnées, a commencé la semaine nouvelle par quelques détails qui d’abord rappelaient la lutte à peine terminée ; elle a eu à tirer au sort la grande députation chargée de présenter au roi l’adresse votée samedi dernier. Le petit nom
bre de membres de l’opposition que le sort a désignés ont décliné l’honneur d’aller porter aux Tuileries l’arrêt prononcé contre eux par leurs collègues. La Chambre a aussi fixé son ordre du jour. Après le projet de loi portant règlement définitif du budget de 1845, qui a été mis le premier en déli
bération, viendra le projet de loi sur l’instruction primaire ; puis une proposition concernant les servitudes militaires; le projet de loi sur l’instruction secondaire ; le projet sur le chapitre de Saint-Denis et le projet de loi sur les douanes.
La discussion de la loi sur le travail des enfants a commencé à la chambre des pairs. M. le ministre du commerce a cherché à faire valoir les motifs qui se sont opposés à l’applica
tion des dispositions de la loi de 1841, qui est demeurée inexécutéé. Des difficultés ont pu se rencontrer sans doute,
mais sept années se sont déjà écoulées depuis l’adoption du principe salutaire qui interdit de livrer des enfants à une odieuse exploitation. L’inaction du gouvernement, l’absence dès règléments d’administration publique, aussi bien de ceux qui, aux termes de l’article 7, pouvaient étendre les pres
criptions admises, que de ceux qui, aux termes de l’article 8, devaient en garantir l’application, sont des laits graves. Il faut espérer que les Chambres, instruites par cette expé
rience, prendront les mesures nécessaires pour que leurs vœux soient mieux remplis à l’avenir.
M. Del Carretto a Marseille. — Le ministre napolitain dont on connaît l’aventureuse odyssée, est débarqué à Marseille sur le Nettuno. Le Sémaphore du 1 1 annonce en ces termes son débarquement au lazaret de ce port :
« La présence de l’ex-ministre marquis del Carretto à Marseille a excité une fermentation assez vive parmi les Italiens qui ’se trouvent dans notre ville. Le Nettuno est ancré près du fort Saint-Jean, si bien que, des hauteurs voisines, des groupes nombreux de Siciliens et de Napolitains ont pu im
proviser une manifestation contre le seul passager de ce va
peur. Toutefois, bien que les esprits fussent exaltés, car parmi ceux qui faisaient partie des rassemblements plusieurs avaient été proscrits par l’ordre de l’ex-ministre, il ne s’est
rien passé de répréhensible dans cette démonstration que nous ayons à regretter pour la dignité des libéraux des Deux- Siciles et de l’Italie.
« 11 a sufü de l’intervention amicale de quelques person
nes influentes parmi ces étrangers pour calmer une efferves
cence momentanée et pour engager les groupes à se dissiper. Toutefois l’au
torité a cru devoir prendre des mesures de prudence, ne fûtce que pour rendre à l’avenir sans objet les rassemblements qui se formaient dans la journée autour de 1 ’ intendance sani - taire et sur la passe
relle du fort Saint- Jean, et l’encom
brement des bateaux chargés de curieux autour du Neltu - no.
«En premier lieu, l’intendance sanitaire a fait placer au
près de ce bâtiment deux embarcations portant pavillon jau
ne et montées par dès gardes de la santé, pour écarter le public. Le pavil
lon jaune, signe de la quarantaine, a été é- galement arboré sur le Nettuno. Puis deux commissaires de po
lice, revêtus de leur écharpe et accom
pagnés de plusieurs agents, se sont ap
prochés, dans deux bateaux, du bateau à vapeur napolitain, et, après avoir parlementé assez long
temps avec M. del Carretto, ont tini par le décider à aban
donner le navire pour se rendre au lazaret,
où il ne devait plus avoir ni danger à courir ni désagrément à» essuyer.
« M. del Carretto est descendu dans une embarcation du Nettuno, montée par six rameurs, et a- lors, protégé par les deux bateaux sur les
quels se trouvait la police et que pré
cédait celui de l’intendance sanitaire, il a été transporté au lazaret, où il trouvera sans doute un repos dont il doit avoir grand besoin après toutes les vicissitudes qu’il a traversées depuis son départ de Naples. »


JOURNAL UNIVERSEL.


№ 260. Vol. X. — SAMEDI 19 FÉVRIER 1848.
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Le marquis del Carretto.