bienfaits de la révolution de Juillet. Le Temps, un journal mort depuis longtemps (fâcheux présage !) fut, je crois, le premier qui lui donna la vie quotidienne, et l’introduisit régu
lièrement dans ses colonnes. L’innovation eut du succès :
modeste et réservé comme un nouveau-venu, le feuilleton fut dès l’abord instructif quelquefois, amusant tant qu’il put, sobre et surtout-très-varié. 11 dépassa rarement les six colon
nes des deux premières pages du journal; parfois il poussa jusqu’à neuf; mais ce furent ses colonnes d’Hercule. La critique, défunte aujourd’hui, y tenait peut-être alors en re
vanche une trop grande place. Il ne paraissait pas un simple in-octavo beurre-frais ou pistache qui n’obtint les honneurs d’un large compte rendu dans tous les organes de 1a presse, ni plus ni moins qu’un vaudeville. Le bon temps pour la li
brairie et les écrivains ! Mais que ce temps a passé vite! A part cette exagération d’une bonne qualité, le feuilleton n’a­
vait rien en soi de blâmable. Il se renfermait dans sa sphère et dans ses limites : il renouvelait sa substance et offrait tour à tour à l’honnête curiosité de ses lecteurs trop de.pages criti
ques, comme nous l avons dit ; mais à côté, eten revanche, des récits de voyage, des articles de mœurs, des fantaisies artis
tiques, des séances d’académies, des études semi-sérieuses, s uni-plaisantes sur la langue, témoin les beaux travaux de Charles nodier, etc., etc. Tout cela court, précis, épisodique, complet dans son petit cadre, n’empiétant pas sur le domaine du lendemain.
C était l’enfance de l’art, mais une enfance qui devait faire honte à la maturité.
Les choses en étaient là, quand la presse au rabais fit son apparition dans le monde. Le feuilleton en fut la base. La nouvelle ne tarda pas à s’y glisser, en une seule partie d’a­
bord, puis deux, puis trois. C’était fort bien ; c’était un élé
ment nouveau d’intérêt qui fut accueilli à merveille et qui devait l’être. Le conte est une forme éminemment française ; mais peu à peu les écrivains et les éditeurs de journaux ou
blièrent que les plus longs ne sont pas toujours les meilleurs. La nouvelle atteignit bientôt les proportions d’un volume. Du tome premier au tome deux il n’y a qu’une main de pa
pier. La nouvelle eut bien vite franchi cette barrière Dès lors la librairie passa dans le journal et vécut de réimpression. Il fallut traverser la presse pour arriver à l’éditeur. Quiconque n’eut pas assez de crédit pour conquérir ses grandes lettres
de naturalité dans ie journal et obtenir de voir son œuvre déchiquetée en feuilleton dut renoncer à la produire sous le format habituel. Hors du journal, point de salut.
La brèche faite, M. Sue ne tarda point à l’agrandir avec les six volumes d Arthur et les six volumes de Mathilde, son meilleur ouvrage, sans contredit, bien que l’hyperbole y soit poussée jusqu’à l’absurde, et l’odieux jusqu’au ridicule. Puis il reparut avec fracas dans la lice avec les dix interminables volu
mes des Mystères de Paris, auxquels allaient bientôt succéder les dix tomes du Juif errant. A, dater de ces deux publications, qui furent son apogée, le feuilleton ne connut plus ni frein, ni bornes. Frédéric Soulié, qui, tout grand travailleur qu’il était, n’avait pas de souille, et dont le talent littéraire pro
cédait en soudaines et inégales bouffées, essaya vainement de lutter, avec le Château des Pyrénées et quelques autres rapsodies, contre la formidable vogue de l ex-écrivain maritime; M. de Balzac se retira ou à peu près, car son talent d analyste
n’avait que faire en pareille orgie romanesque. Georges Sand voulut lutter; mais sa touche si large et si brillante ne jeta que de pâles lueurs dans ce tournoi d’empâtements et de peinture à la détrempe. Un seul homme avait les épaules assez larges et le poignet assez robuste pour disputer le scep
tre du”roman-feuilleton à l’heureux auteur des Mystères.
M. Dumas, piqué d honneur, riposta aux (feux fois dix tomes de M. Sue par les quatorze ou quinze volumes de Monte- Cristo; il en puisa trente ou quarante dans les mémoires apocryphes d’un mousquetaire de S. M. Louis XIII; il mit toute 1 histoire de France en feuilletons, comme Beuserade en rondeaux ; puis, maintenant, sous la couleur de Mémoires qui sont à peine à leur début, bien qu’ils durent depuis deux ans, il n’entreprend pas moins que ce qu’il faut nommer le roman à perpétuité.
Le siège de Troie n’avait duré que dix ans, et c’est une assez longue histoire. Homère toutefois nous l’avait racontée en vingt-quatre chants. M. Dumas,—qui veut simplement nous offrir l’épopée de la monarchie, de la révolution, de l’em
pire, de la restauration, de la révolution de juillet, et que sais-je encore? ce qui pourra venir ensuite,—a déjà con
sommé, en espace du moins, une demi-douzaine d’Iliades, et tourne encore autour de son point de départ, qui est le règne de Louis XV. C’est trop juste, puisqu’au théâtre, il faudra six soirées pour embrasser le, drame encyclique de Monte- Cristo. C’est une profession que celle de lecteur et spectateur de M. Dumas. Incessamment, la possession de ses œuvres constituera une propriété imposable. Un bibliographe en éva
luait dernièrement ie capital à la somme de 1,700 francs. Si M. Dumas vit encore vingt ou trente ans, ce que je souhaite à lui et à nous de grand cœur, la France ne sera positivement plus assez riche pour payer sa gloire.
C’est là, qu’on nous permette de le dire hautement, du délire, de la démence. Supposer qu’un pays tout entier vous suivra indéfiniment, au milieu des préoccupations de chaque jour et de perplexités croissantes, dans toutes les fantai
sies de votre plume,, dans tous les caprices de votre cerveau,
c’est présumer un peu trop de la constance humaine et du béotisme public. Le roman àperpétuité ne fera pas son temps, je puis le lui prédire : il y aura rupture de ban.
Quel est le mérite possible et réel de semblables œuvres? Ce n’est pas là la question. Un pareil examen m’entraînerait
trop loin, et je ne veux pas faire ici l’esthétique du romanfeuilleton. Qui dit esthétique, dit art, et, là où il n’y a rien, la critique, comme le roi.... Vous savez le resté. Je ne me préoccupe de cette littérature manufacturière ou manufactu
rée qu’au point de vue du journalisme. Laissons donc de côté le fond et voyons la forme. Il est clair qu’un tel mode de publication morcelée pouvait seul faire accepter et populariser
des ouvrages aussi ridiculement gigantesques, aussi visiblement informes, que ceux dont il s’agit ici. Quel lecteur, si richement ou si pauvrement doué qu’on le suppose des bien
faits de la fortune ou de l’esprit, pousserait la magnificence et la marotte littéraire jusqu’à meubler son intérieur des deux cents volumes, plus ou moins, que paraît devoir embrasser l’œuvre nouvelle de M. Dumas? Je vais plus loin : si tout l’ouvrage paraissait de front, s’offrirait-il, je ne dis pas un acheteur, mais un lecteur seulement, un honnête et simple lec
teur? J’en doute un peu. Dans tous les cas, cet excellent homme mériterait assurément une place à part dans la nation, et un prix, celui de la patience, de l’esprit de suites et de désœuvrement. Le moins que pourrait faire pour lui Monte- Cristo serait de lui donner une de ces sinécures que les princes absolus ont coutume d’accorder à leurs favoris qui sa
vent lire, quelque chose comme la place de M. Menneehet sous Louis XVIII et Charles X.
Mais, grâce à son alliance avec le journalisme, le phénomène, le géant, le monstre littéraire a pu non-seulement se faire supporter, mais attirer à lui la foule. En ne le montrant pas d’abord dans toute sa taille, mais en l’administrant peu à peu et par doses quotidiennes et graduées, on a pensé que l’on pourrait créer une sorte de sixième sens, introduire un nouveau besoin pour la plus grande joie de l’espèce, prendre le lecteur au biberon pour le conduire pas à pas jusqu’à la tombe sous le coup d’une narration décevante, rendre en un mot le Balsamo aussi nécessaire à la vie organique que l’air respirable, le pain, ou le sel, ce condiment de la fade existence humaine.
Voilà le but : it n’est pas moindre que cela. C’est pour lire M. Dumas, M. Dumas tout seul, que les jeunes Français, ré
cemment tirés de sevrage épèlent maintenant l’alphabet. Je ne parle pas de M. Süe ; car sa gloire s’est vite, et j’ai regret de le dire, complètement oblitérée dans l’auréole de son rival.
A l’appui de cette prolixité sans exemple chez aucun peuple et de son mode d’écoulement, le roman-feuilleton a allé
gué l’exemple de Richardson et de sa Clarisse Ilarlowe qui obtint, l’Anglelerre s’en souvient encore, un immense succès, bien que publiée par fragments dans une revue. Le précé
dent est mal choisi : la chaste amante de Lovelace n’a, que je sache, aucun lien de parenté avec le roman-feuilleton. Elle ne dut pas sa réussite au morcellement qui lui était on ne
peut moins favorable, mais à l’intérêt répandu par le cœur sur cette naïve et pudique création. Malgré le mérite éminent et classique, pour ainsi dire, de l’œuvre de Richardson, elle compte aujourd’hui peu de lecteurs. Le développement ex
cessif de la fable, malgré le talent supérieur qui s’y révèle, agit comme repoussoir et condamne ce chef-d’œuvre à une notoriété de convention, à une renommée de confiance. Cela est si vrai, qu’une plume française, éprise de la suave héroïne de l’épique romancier anglais, a dû, pour la vul
gariser dans notre langue, biffer aux trois quarts l’œuvre du vieux Richardson, et réduire pour nous Galatée aux proportions d’une statuette.
Puisque aussi bien le nom de M. Jules Janin, l’abréviateur de Clarisse Ilarlowe, se trouve ici sous notre plume, voyons comment aujourd’hui même, 7 février, il apprécie la souverai
neté,—c’est peu dire, — le despotisme littéraire de M. Alexan
dre Dumas. « Certes, personne plus que moi, dit-il avec une vérité dont nos lecteurs seront saisis ainsi que nous, ne s’in
cline devant la fécondité fabuleuse de ce poète conteur; mais cependant je n’aurais jamais cru qu’il pût songer à cette do
mination universelle sur l’attention, sur les lectures, sur les émotions du peuple français de 1848. Quoi donc! Quand les chefs-d’œuvre sont dédaignés, quand les maîtres de la lan
gue royale que parle la France ont tant de peine à revoir la clarté du jour ; quand l’enfant lui-même se trouve sevré des Fables de La Fontaine ; quand Racine éconduit cède la place à M. Latour de Saint-Ybars ; quand on sourit de pitié au seul titre de ces merveilles : Atala, René, Paul et Virginie, le Chevalier de Gramont, Manon Lescaut... des miracles de quelques pages, voici tin homme citez nous, en pleine paix, qui a fait lire cinq cents volumes au peuple français, et qui s’est fait lire avec tant de violence, avec une obstination si obstinée, qu’il faut d’un jour à l’autre que le public s’en souvienne, sous peine de ne plus aller au théâtre! . . . .
« Ce n’est pas ici une invention de notre esprit. Comptez, je vous prie, tout le temps que cet homme prend à cette na
tion, et vous verrez si jamais impôt plus lourd et plus facile
ment payé a été imposé au bon sens, à l’esprit et à l’attention d’un peuple. »
Et plus loin : « Bon, dit-il (M. Dumas), vous êtes à moi ! vous êtes mon bien! vous êtes ma proie! Je vous tiens, je vous tiens ! Laissez là tous vos livres pour me lire ! Laissez tous vos théâtres pour mon théâtre ! Moi seul, et c’est as
sez! » Ainsi il parle; et comme il parle, il agit, et, ma foi, il faut encore se féliciter qu’il nous accorde une heure pour gagner et manger notre pain de chaque jour. »
Tout ce que dit làM. Janin, nous le pensions, nous allions le dire, mais nous l’avons trouvé si bien dit que, ma foi, nous avons laissé parler le maître : le feuilleton seul pourra s’en plaindre.
Pour en finir avec Richardson, — ce père bien involontaire de tant de rejetons indignes qu’il n’eût certes pas reconnus,
ce grand esprit qui a créé deux types éternels,— si on ne lit plus son enfant chéri, sa chaste et idéale Clarisse ; que sera-ce
dans dix ans ; que dis-je? l’année prochaine ; que dis-je? après demain, demain, de l’œuvre deM. Dumas? M. le président Sauzet, qui a toute sa vie montré une grande vocation pour les jeux de mots, et excelle particulièrement dans le calembour, consulté un jour sur le mérite d’un ouvrage qu’il qualifiait as
sez dédaigneusement de brochure, etdontle père néanmoins avait prétendu faire un livre, répondit à cetle questionp. « Qu’appelez-vous une brochure? — J’appelle brochure, ré
pondit-il, tout ce qui ne se relit point. » — Qui pourra, non certes relire, mais relier M. Dumas?
Peu lui importe, dira-t-on, et c’est là son moindre souci ;
j’en douteffort; mais si cela est, je dis que jamais rien de plus affligeant pour l’esprit humain ne s’est produit dans aucun temps. Les journaux, qui n’ont pas de lendemain, sont, je le reconnais, fort peu intéressés dans la question. Us exploitent M. Dumas et réciproquement : c’est tort bien. Mais qu’un homme visant à résumer en lui la littérature d’une époque, à te
nir, en suspens le temps, l’activité, la curiosité d’une grande
nation, et y réussissant, que cet homme, dis-je, jette au vent ses pages a peine ébauchées avec l’insouciance inerte du manœuvre qui passe sa vie à retirer les feuilles noircies d’un cy
lindre, voilà ce qu’on ne peut admettre ; voilà ce qui est triste, navrant pour M. Dumas, pour le théâtre, pour les journaux et pour nous-mêmes.
Mais encore une fois, ce n’est point à M. Dumas qu’il s’en faut prendre de ce monopole criant, de cette absorption de toute une époque par un seul homme. Je ne le connais pas personnellement, et il n’a jamais blessé que ma raison. Il joue son jeu ; il est heureux ; il est habile; il a le vent en poupe ; la faveur le suit ou l’a suivi jusqu’à ce jour; il ex
ploite sa veine ; il l’épuise peut-être ; mais, grâce à sa pré
caution de l’injeeter.incessamment de sang nouveau, elle ne
tarira point encore. Rien de mieux. Il affame, il est vrai, ses confrères au profit de ses royales fantaisies ; mais c’est son droit : chacun pour soi, n’est-ce pas la devise du siècle? Donc je n’ai longuement insisté sur lui seul que parce qu’il est— hier j’eusse dit le principal — aujourd’hui je dirai le seul représentant de cette puissance incroyable qui règne et gouverne aujourd’hui sous le nom de feuilleton-roman. M. Eugène Süe, en effet, ne compte plus que pour mémoire. L’his
toire de Bamboche et de l’Enfant trouvé lui â porté un coup fatal, et je doute que ses Péchés le remettent en état de grâce. Après les crimes, les péchés, même capitaux, c’est-bien fade,
et j’ai l’espérance ou la crainte qu’il se repente- avant d’en être au septième. M. Dumas est donc bien seul, et, s’il nous tyrannise ainsi, la faute n’en est pas aux journaux seulement; elle est un peu à tout le monde.
Les journaux ont été, il en faut convenir, des spéculateurs âpres et aveugles. Ils ont joué à la hausse sur le Dumas et le Süe, comme le public capitaliste sur les actions des chemins de fer. Le Dumas et le Süe ont grandi en effet, mais à leur propre bénéfice. Ils ne rapportent pas ce qu’ils coûtent : de
mandez plutôt à M. Véron ou à M. Emile de Girardin. nous vivons dans un temps où, pires que les loups, les tigres et les ours... Nam sœvis inter se convenit ursis (Juvénal ) les
hommes semblent ne pouvoir subsister qu’à la condition de se manger les uns lés autres. Les journaux, dont chacun ne projetait rien moins que la ruine de ses confrères, ont érigé tout simplement la féodalité de lettres, et ont abouti à plier révérencieusement le genou devant S. M. Dumas Ier du nom,
lequel du reste nous léguera Dumas II fort probablement, à enjuger du moins par les belles espérances et les heureuses dispositions qui reluisent en la personne du jeune et agréable auteur d’un Perroquet et de quatre Dames.
Voilà où mènent la concurrence et le désir de manger autrui. Comment, au reste, les choses eussent-elles pu aller différemment, lorsque l’on songe aux ingénieuses ressources appli
quées à l’appui de cette étrange concurrence?—nous voici sur un champ de foire : il n’y a qu’un seul phénomène disponible pour le moment,—un homme-poisson,—si vous voulez, mon
sieur Suë,—ou un Alcide des Antilles (il n’y en a pas encore eu de cette partie du monde connu),—si vous le trouvez bon, monsieur Dumas. Au milieu de cette disette de sujets tératologi
ques, trois saltimbanques se présentent,—je prie très-instam
ment nies lecteurs de croire que je parle sans rapprochement injurieux, et n’emploie cette comparaison que pour mieux rendre ma pensée. — Que vont faire, selon vous, ces trois industriels du tableau et de la parade? Sans doute, ils vont faire battre les buissons, fouiller la ville et la campagne pour tâcher de trouver quelque bonne, grosse, vivante monstruo
sité à exhiber au peuplade Meaux et alentours. Peut-être, pressés par le temps, et vu le manque de sujets, vont-ils s’associer pour montrer en commun ledit phénomène? — Nullement; il est convenu que chacun des trois fera voir à son heure ce sujet unique, pour le môme prix, ( an; la même foire, au même public. Cela dit, chacun d’eux sc frotte les mains et rit dans sa barbe du tour qu’il va jouer à ses ri
vaux. — Qu’arrive-t-il? Le public entre indifféremment dans la baraque de l’un ou de l’autre. Il n’a, comme bien on le comprend, aucun motif de préférence. Les trois imprésa
rios font à peine leurs frais; puis ils ne les font plus du tout.
Le seul bénéficiaire est l’homme phénomène qui soutire tous leurs produits et se moque de tous les trois. — Et voilà comment les journaux, ces Tabarins intelligents, savent pratiquer la concurrence.
J’ai dit que les journaux ne sont pas seuls coupables de cette invasion du roman-feuilleton dans la société moderne. C’est ce qu’il me reste à prouver. Le défaut d’espace m’em
pêche de traiter à fond dans ce chapitre la complicité divpjiblic. Je ne l’effleurerai même pas. Ceci est une question gravé
et qui mérite d’être prise de haut et de loin. Ce sera l’objet d’un article dans la prochaine livraison. nos lecteurs, s’ils sont de bonne foi, jugeront qu’il valait la peine d’instruire ce nouveau procès sur une instance spéciale. En attendant,
et pour finir par un agréable trait de satire qui sera comme l’argument et l’avant-goût des vérités que nous nous proposons d’exposer au public, citons encore M. Janin :
«Eh ! quoi de plus nouveau, ô Athéniens, que cette nouveauté étrange, inouïe, incroyable d’un peuple bercé par le
roman, qui abandonnerait, pour écouter un roman, Démostbènes en personne provoquant toutes les forces de la patrie
hellénique contre l’ennemi commun? Quoi de plus nouveau que cet enchantement d’un récit menteur qui passionne, tout un peuple d’oisifs, plus que l’héroïsme, plus que la vérité? Yotre Iribuné se tait, vous vous réjouissez. —non, ditesvous, nous aurons demain un peu plus de Reine Margot ou de Monte-Cristo. Oh ! que vous êtes bien les mêmes, Athéniens d’Athènes, Athéniens de Paris!»
Un Utopiste,