Le Misogyne.
Conte. — Voir tome X, pages 263, 278, 294, 310, 326, 362, 378 et 394.
Millier diversa.....
SECONDE PARTIE.
CHAPITRE XVII (Suite).
« Ecoutez-moi, seigneur poëte, reprit-elle, parlant avec une sorte de gravité douce, écoutez-moi, et d’abord relevezvous... — (mais Odoacre voulait rester à genoux, et il y restait), —vous me rendrez vous-même le témoignage que
je n’ai jamais encouragé ni flatté les tendres espérances que vous me dites avoir conçues. Votre habitude chez moi, je
l’ai soufferte de bonne grâce comme une civilité assidue et empressée; vos poésies, composées en mon honneur, me semblaient une politesse galante de votre esprit, et les sentiments qu’elles exprimaient une tournure agréable de compli
ments et de madrigaux, tels que les femmes les inspirent dans toute société élégante. Je l’avoue, pourtant; peut-être eussé-je dû ne pas vous laisser ces privautés poétiques et ne pas consentir à ce que votre galanterie se familiarisât et sor
tît des limites de la banalité courtoise. Ici j’ai péché, je le veux bien, péché par légèreté; c’est mon défaut, vous avez pu le reconnaître ; mais sans doute il vous est arrivé à vous,
comme à d’autres déjà, de me juger sur l apparence de mon humeur folle... Ne m’interrompez pas; je sais qu’une femme a tort, lorsqu’elle encourt un reproche, même injuste; elle a toujours donné prise par quelque côté à cette injustice.
Ainsi, je vois, d’après les mots qui vous ont échappé tout à l’heure, je vois que cette petite comédie, que j’ai eu fantai
sie de jouer avec votre assistance, a pu faire naître en vous certaines pensées, ou plutôt certains doutes. Je regrette donc d’avoir cédé à mon caprice. Mais si vous me connaissiez mieux, vous m’eussiez fait grâce d’un soupçon. Je suis libre; aucun serment, aucune promesse ne me lient d’aucun côté; je recherche volontiers les agréments et les plaisirs du inonde;
je me dérobe poliment aux attaques que l’on veut faire contre ma libertéj; ignorant ces manèges de coquetterie qui séduisent les cœurs, je résiste sans scrupule ni remords; ne cherchant jamais les hommages, je puis refuser innocemment ceux qui me viennent et dont je ne veux pas. Après cela, que je sois vive et gaie, je ne pense pas que la roideur et la maussaderie soient les seuls titres au respect qu’une femme puisse avoir...
Si je vous dis tout cela,fseigneur poëte, c’est que je suis désolée de vous trouver à votre tour parmi ceux qui me font regret
ter de n’avoir pas l’hypocrisie, ou du moins la pruderie com
mune à beaucoup de femmes. Je croyais votre recherche tout amicale, comme si une femme pouvait avoir un ami; je voyais avec plaisir vos petits soins et vous payais des égards et des préférences que le monde autorise. J’aurais dû tout de suite m’effaroucher, élever entre vous et moi la barrière des con
venances. Vous n’eussiez pas été - pris à ce piège d’intimité,
piège que vous vous êtes à vous-même tendu, et vous ne seriez pas, à présent, agenouillé devant moi, malgré moi, me parlant d’un sentiment que je ne saurais accepter, puisque ma résolution est prise de garder toujours ma liberté. Pardonnez-moi, seigneur poëte, d’être si franche, mais un mé
nagement ici serait une tromperie, et de même que j’eusse mal agi, ce que je n’ai point à me reprocher, en excitant chez vous un amour que je ne pouvais couronner, de même je serais coupable de flatter maintenant votre cœur d’une espé
rance , quand je veux, au contraire, qu’il se décourage tout à fait. Ainsi, relevez-vous, monsieur, oublions ce qui vient de se passer entre nous, et reprenons, s’il vous plaît, notre bonne amitié où nous l’avions laissée... »
Fabrice, au fond du fourré, écoutait avec un plaisir singulier cette suite de paroles sincèrement et simplement dites.
« Voilà, pensa-t-il, ou j’y serais trompé, le langage d’une honnête femme. La chose a quelque nouveauté pour moi, et je suis redevable de la surprise à cet imbécile de poëte. »
Cependant Odoacre versait des pleurs, poussait de petits cris étouffés, se tordait les mains.,.
« non, non, gémissait-il, je ne me relèverai pas avant que vous ayez rétracté ces dures paroles. Madame, au nom du ciel, ne jetez pas un homme comme moi dans le désespoir, ne me faites pas mourir ici même en me refusant la douceur de croire qu’un jour, plus tard, dans un long avenir, vous vous désarmerez de tant de rigueur : laissez-moi le temps d’avoir conquis de nouveaux titres aux yeux de la postérité et aux vôtres... »
L’acharnement du poëte et ses lamentations obstinées rendaient la position de la déesse assez embarrassante. Fabrice,
trouvant désormais Odoacre horriblement importun, se dit que sa présence mettrait fin à cette scène fastidieuse ; il dé
boucha brusquement de la fouillée, comme un honnne qui se promène en courant. A sa vue,—le jour commençait à éclairer les allées, — Odoacre se redressa avec précipitation, et la déesse, qui craignait sans doute d’être trahie par le ressen
timent du poëte, aussitôt qu’elle aperçut Fabrice, fit tomber son masque.
« Par l’aurore aux doigts de rose, s’écria-t-eile d’une voix mutine et en éclatant de rire, amis, ,je suis Eric! Fi de la déesse des bois! ouvrez les yeux, Diane s’enfuit; voici de re
tour Eric, le cavalier. Evoé! mes seigneurs, dites si j’ai bien joué mon rôle comme je vous avais promis, dites si vous avez rencontré cette nuit une femme plus accomplie ! Je me suis moqué de vous, cher Fabrice, moqué jusqu’au sang, et puis je vous ai attendri jusqu’aux larmes ; j’ai d’abord épuisé l’é— pigramme pour vous abreuver ensuite de cette fade rosée qui tombe des étoiles, la sentimentalité... L’amant idéal, le cœur céleste, les immatérielles amours... Ah! ah! comme vous vous y êtes laissé prendre! Et ce pauvre poëte donc! ..— se tournant alors vers Odoacre, — la déesse le tenait en respect par son regard, et d’un signe menaçant, visible pour lui seul, semblait le mettre au défi de trahir le secret d’Eric. — Et ce pauvre poëte donc ! ne lui ai-je pas fait croire que j’étais la dame de ses pensées? Et n’ai-je pas eu la cruauté de lui dire
que je ne l’aimais pas ? Pauvre, pauvre Odoacre, qui me demandait si tendrement ma main!... Allons, désolé poëte,_ je vous la donne, pour me mener en compagnie de Fabrice dans votre pavillon au bord de la mer, où vous nous ferez servir quelque réconfort, après une nuit tout entière de douleurs et de jeûne... car je ne sais si vous autres avez pu par
ticiper aux bienfaits de la fête; mais, pour moi, je n’ai pas eu l’heur de parvenir jusqu’à la collation... »
Ce disant, avec une volubilité plaisante, Eric prit le bras d’Odoacre, invita du geste Fabrice à les suivre, et fit tout bas au poëte une terrible menace :
« Ne me trahissez pas, ou je ne vous reverrai de ma vie.»
XVIII.
PERPLEXITÉS BIZARRES DU SEIGNEUR FABRICE.
Il fallut d’abord que Fabrice ramassât ses gens au fond des bosquets. On arriva à temps pour dérober Ambroise à la fureur du bourgeois Myron, qui, ayant dépassé les limites honnêtes de la métamorphose, prétendait arracher de force sa guitare au pauvre valet, afin d’en pincer amoureusement lui-même aux pieds du domino blanc. Telle était même l’in
candescence du bourgeois qu’il n’est pas sûr que l’autorité de Fabrice eût pu lui faire lâcher prise, si le domino blanc n’a­
vait eu l’heureuse idée de disparaître, tandis qu’on se disputait. La fuite du joli masque mit fin à la querelle, sinon au ressen
timent des deux adversaires, et l’on partit tous ensemble pour le pavillon que le seigneur Odoacre avait au bord de la mer.
Cependant, Fabrice gardait un air rêveur, ayant l’esprit traversé par un doute très-étrange. « Quoi! se disait-il avec perplexité, quoi! tant de douceur dans la voix, tant de grâce dans le geste, tant de beauté sur toute sa personne et de charme dans sa pensée!... Quel secret merveilleux Eric pos
sède-t-il donc de contrefaire les choses du monde les plus inimitables? Comment expliquer que le poëte l’ait pris, aussi, lui, non-seulement pour une femme, mais pour celle qu’il aime? Qu’est-ce ensuite que cette tristesse que faisait voir Odoacre, lorsque, le masque d’Eric étant tombé, il aurait dû rire de cet excellent tour? Et quelle est cette comédie où la maîtresse d’Odoacre s’est engagée, de concert avec ce médiocre comédien? Et pourquoi enfin le poëte éprouve-t-il certaine jalousie du jeu que l’on joue?... »
Fabrice s’accablait ainsi de questions auxquelles il pe pouvait répondre. L’amour-propre offensé s’en mêlait. L’ennemi des dames ne se pardonnait pas, après une si longue rigueur tenue à tout le sexe, de s’être laissé émouvoir, presque flé
chir par un faux semblant féminin. Et aussi, disons-le, je ne sais quel gracieux regret se cachait au fond de son cœur... la nuit d’été, le ciel brillant de feux, l’harmonie lointaine, les airs embaumés, les voiles blancs de la déesse, les paroles cé
lestes, et les chastes délices de l’âme!... tout cela n’était plus qu’une moquerie, qu’une illusion comique. L’heure char
mante, à présent, sera l’heure bouffonne ; le divin plaisir de Fabrice ne lui laissera qu’un souvenir maussade et ridicule. Eric, si tu es Eric, pourquoi ton masque est-il tombé?...
Le pavillon d’Odoacre ouvrait ses fenêtres sur la mer, du côté de l’Orient. Le premier rayon du matin était sur le front d’Eric, qui avait pris place à table, en face du levant, et sa beauté recevait un doux éclat de cette lumière naissante. — L’anxiété de Fabrice devint extrême vraiment. « Est-ce Diane que je vois, se demandait-il, ou bien Eric? » Les cheveux, cachés dans un réseau à fils d’argent, selon la_ mode athé
nienne, les cheveux ne se trahissaient pas ; mais les tempes avaient une blancheur si vive, mais les yeux étaient si beaux, les lèvres si parfaites, le teint si pur et si délicat, mais cette draperie sur l’épaule se disposait avec une telle élégance, mais de toute la personne d’Eric s’exhalait comme un parfum de grâce si exquise, que Fabrice, l’âme troublée et charmée, ne pouvait détacher ses regards de l’objet qui les ravissait. Sa surprise croissait jusqu’à la confusion; pourtant il s’y joignait une émotion de plaisir, et aussi une angoisse singulière. Fuis, autre sujet d’étonnement et de perplexité, les yeux d’Odoa
cre ne quittaient pas Eric, qu’ils semblaient supplier langoureusement. On eût dit même qu’ils voulaient pleurer...
... Eric avait peur du silence. Il affectait de rire, montrait un bel appétit, rappelait gaiement l’imbroglio de la nuit Mais il fuyait les regards qui cherchaient les siens et tenait ses yeux, avec quelque embarras, fixés sur la mer. Parfois il lui arrivait de baisser ses blanches paupières. Fabrice ressentait alors comme un coup violent. Il se décida, je parle de Fa
brice, à dire quelques mots, je ne sais sur quoi; le savait-il lui-même? sa voix tremblait. Eric le regarda sans le vouloir.
Ce fut comme un éclair échangé entre leurs yeux. Fabrice pâlit; les joues d’Eric se teignirent d’une nuance rose.
« Ambroise, verse-nous à boire ! » s’écria la déesse rougissant. Elle rejetait cavalièrement sa draperie pn arrière et tendait son verre par-dessus son épaule, de l’air d’un bon convive qui meurt de soif : — « Amis, je vous vois tristes et mornes. Quel souci vous ronge, quand vos verres sont pleins, et que les premiers feux du jour étincèlent sur les flots ? Sen
tez-vous cette odeur délicieuse des eaux qui s’éveillent?...
Mais non, le sommeil secoue sur vos yeux ses lourds pavots. A moins que ce ne soit un reste de confusion qui vous appesantisse... vrai dieu ! je le crois bien, de votre vie vous n’a­
viez si bellement donné dans le piège... Allons, faites comme
moi, noyez-en le souvenir dans ce blond nectar qui nous vient de France, le plaisant pays. Vous faut-il un serment de générosité? Eh bien, je veux dépasser votre espoir; je vous jure non-seulement de me taire, mais d’oublier... Je ferai mieux que vous garder ce secret mortifiant, je l’effacerai de ma mémoire... »
La vivacité de sa voix et de son propos enhardissait Eric. Maintenant il soutenait les regards sans les braver, et ses gais éclats de rire mettaient en fuite son embarras. Il osait accuser Fabrice d’avoir montré, cette nuit, de la mollesse de cœur; il lui faisait honte de ses attendrissincteœ’était surtout Odoacre qu’il prenait la triste personne alimentait sa verve,
se tarir. Car les deux autres convives, très-peu enclins à la joie dans ce moment, ne desserraient les lèvres ni pour par
ler, ni pour manger; tout au plus feignaient-ils de boire,
si Eric leur reprochait leurs verres toujours pleins. Fabrice avait baissé la tête, dès qu’il avait vu se démentir la douceur des yeux de la déesse, et briller ses regards d’un leu hardi, trop hardi pour les regards de Diane. Mais il retrouvait au dedans de lui-même l’étrange vision de tout à l’heure; et entre elle et Eric, un regard, un son de voix, peut-être simu
lés, faisaient l’unique différence. Qui pourrait dire quels mou
vements alors, quels mouvements divers agitaient son cœur? — Quant au seigneur Odoacre, il gardait toujours une mine
désolée, qui s’accordait mal avec le riant pavillon dont il était le maître. Outre sa peine cruelle et, son infortune d’amour, le
poëte ne se défendait pas d’une jalousie atroce, en voyant que l’attention d’Eric se donnait plus souvent à Fabrice qu’à lui-même. S’il avait eu quelque finesse dans l’esprit, il aurait expliqué cette préférence par la simple raison qu’il sied mieux à des regards modestes de s’arrêter sur un front baissé que sur des yeux fixes et flamboyants. Le poëte ne raison
nait pas, il était furieux, et, au lieu de répondre aux épigrammes qu’Eric faisait pleuvoir sur les poètes de la Chersonèse Cimbrique, il roulait au dedans de lui de méchantes pensées, il souhaitait un mal infini à Fabrice, et tâchait d’i­
maginer un moyen de desservir auprès d’Eric celui qu’il considérait déjà comme son rival.
Ce moyen, il crut l’avoir trouvé, lorsqu’au moment où l’on apportait le dessert, une porte entr’ouverte lui laissa voir le bourgeois Myron, assis dans l’antichambre, et dévorant d’un air satisfait une croûte de pâté.
« Holà! s’écria-t-il aussitôt, holà! bourgeois Myron! »
Le bourgeois parut, la bouche pleine, le front beaucoup moins triste que d’habitude. — En vérité, le poëte Odoacre savait mettre quelque raffinement dans ses vengeances. Il avait observé l’émotion qui se peignait sur le visage de Fa
brice et qui n’échappait pas à Eric. Or, il appelait Myron, Myron la manie vivante, le ridicule incarné de Fabrice, My
ron, l’écho fastidieux de sa haine contre le sexe, Myron enfin cette sotte silhouette qu’il s’était à lui-même donnée. Ainsi, il offrait à Eric l’image de son rival dans ce grotesque miroir;
ainsi il ramenait la maussade réalité que chacun semblait oublier, remettait Fabrice dans son véritable jour, et rom
pait toute l’illusion, à la fois douce et cruelle, de l’heure présente.
« Bourgeois Myron, dit-il d’une voix dure, vous nous contiez tantôt l’histoire de vos troisièmes noces, veuillez maintenant nous donner celle de vos quatrièmes. »
Fabrice tressaillit et releva brusquement la tête.
« non, non, pas cette histoire, pas aujourd’hui. Choisissez tout autre, mais celle-là, non... je vous prie. »
Ses lèvres frémissaient, ses traits paraissaient altérés. Odoacre, triomphant d’avoir touché si juste, se mit à railler.
« Eh quoi ! seigneur Fabrice, trois fois vous m’avez fait entendre les histoires de ce bourgeois, quoique je rien .eusse guère envie; et à présent vous refusez à mon désir- la faveur dont vous étiez si prodigue, lorsqu’on ne la désirait pas!... De grâce, Eric, joignez-vous à moi, dans l’intérêt même du seigneur Fabrice; les émotions de la nuit, comme vous le disiez tout à l’heure, l’ont si bien amolli qu’il semble ne pou
voir plus déjà supporter ces belles histoires du bourgeois Myron, où son humeur féroce avait auparavant tant de plaisir à se retremper!...
Fabrice ne répondit pas] au poëte. Son regard s’adressait à Diane ; son regard exprimait une muette prière. Eric sousouriait finement, malicieusement. Fabrice se mordit les lè
vres, et II [(aussitôt signe au bourgeois de conter son histoire ; mais il se tourna vers la fenêtre, comme s’il voulait dérober l’impression que lui causerait le récit de Myron.
Celui-ci, le bourgeois, ne s’y était pas décidé de bonne grâce. Son aimable aventure de la nuit, changeant le cours de ses sentiments, lui rendait à présent très-amère sa fonction d’historien, et il lui déplaisait fort d’attrister ses nouvelles espérances par le souvenir de ses infortunes ancien
nes. Mais enfin, sur un second signe de Fabrice, il fit céder son déplaisir. Une expression mélancolique parut sur son visage ; puis, ainsi accommodé à la (pénible circonstance, le pauvre homme commença...
Odoacre se frottait les mains. Eric regardait Fabrice, Fabrice regardait la mer et l’horizon.
XIX.
HISTOIRE DES QUATRIÈMES NOCES DU BOURGEOIS MVRON.
«Je n’ai jamais eu, disait Myron, grande estime pour les beaux-arts, ni cru que le métier d’artiste fût une véritable profession. Mais lorsque je me trouvai veuf pour la troisième fois par le décès de madame Eponine, il m’arriva de faire la connaissance d’un peintre qui avait, d’aventure, du bien au soleil ; je me relâchai alors de mon antipathie contre cette race d’hommes, au point que j’épousai la fille de ce faiseur de tableaux. Elle était jeune, bien dotée, aussi sage que douce, et ressemblait, de l’avis de son père, à une vierge de Giovanni da Fiesole, ancien moine qui avait la manie de peindre à l’huile des figures de vierges...
— Bourgeois ! s’écria Odoacre très-aigrement, jusqu’ici je n’ai jamais interrompu vos narrations. Mais, sangdieu ! vous êtes un âne de parler des beaux-arts comme vous le faites.
Allez, cela soit dit entre nous, et continuez ; je suis muet dorénavant.
—Monsieur, répondit avec dignité Myron, l’histoire que je raconte est trop déplorable pour que je me détourne de mon récit et de l’affliction qu’il me cause. Sachez seulement que je parle des beaux-arts comme un homme sage doit en par
ler, c’est-à-dire avec peu défaveur, monsieur le poëte... 11 suffit, je reprends ma narration. — Ma nouvelle femme s’appe
lait Laure, nom que je n’aimais pas à cause de sa prétention à être poétique. C’était d’ailleurs la seule chose qui me déplût dans cette aimable personne. Elle avait plus de qualités