quelles qu’elles soient, sont fort supérieures à nous.
Mais, pourrait-on dire, pourquoi ne commencentils pas eux-mêmes à essayer d’entrer en relation avec nous?
Il n’est point prouvé qu’ils ne le fassent pas.
Regardez les.cartes publiées par M. Scîiiaparelli de Milan (auquel la testatrice a également songé),
vous y verrez des triangulations géométriques qui font naître- très naturellement l’idée de ne pas les croire tout à fait étrangères à quelque desséin ra
tionnel. Déplus, on a parfois observé des points
lumineux qui paraissent placés bien régulièrement aussi. Que ces points représentent. des montagnes couvertes de.neige, c’est probable. Pourtant, si nos voisins voulaient nous adresser des signaux, ils ne pourraient guère mieux faire que de tracer des points de ce genre. L’imaginer est téméraire, je le veux.bien; ces cousins du ciel ne s’occupent sans doute pas plus de nous que nous ne nous occupons d eux; mais enfin, s ils le faisaient, c’est ainsi qu’ils pourraient procéder.
Pour nous, il nous sera toujours plus difficile de leur envoyer des signaux que d’en recevoir d’eux, à cause de notre position dans l’espace et de nos
phases. C’est l hémisphère terrestre nocturne qui est tourné vers la planète Mars aux meilleures époques de rapprochement où celle-ci nous présente en plein son hémisphère éclairé.
D ici nous pouvons apercevoir sur Mars des configurations de la dimension de la Sicile. En effet, les bons instruments permettent, de reconnaître ou des taches lumineuses sur fond obscur ou des lignes obscures sur fond lumineux mesurant seule
ment un quart de seconde, soit 68 kilomètres de largeur. On y reconnaît des configurations dont l’étendue ne surpasse pas celles de l Islande, de la
Sicile, de l’Italie, de l’Adriatique, de la mer Rouge, etc. Lorsque M. Asaph Hall, de l Observa
toire de Washington, eut découvert les satellites de Mars et mesuré autant que possible leur extrême petitesse, qui correspond au diamètre de Pa
ris et ne dépasse pas trois ou quatre centièmes de seconde (il est vrai que ce sont là des points bril
lants se détachant sur le fond obscur du met),.--il fit lui-même allusion au projet dont nous parlions plus haut d’essayer des communications avec la lune à l’aide de figures géométriques, et concluait par ces mots : « It is by no means a chimerical Project. «
Si les habitants de Mars peuvent nous observer à l aide de procédés donnant des résultats analogues aux nôtres, il nous faudrait donc tracer à la lumière électrique des figures géométriques d une assez grande étendue.
U ne serait pas très difficile de l essayer. Ce (serait quelques millions à jeter à la mer — au lieu de les jeter aux casernes. L Europe pourrait s’en
tendre pour un pareil essai. Mais le résultat à attendre, quelque sublime qu’il soit en lui-même, est tellement aléatoire, et serait tellement entravé par les conditions déplorables de notre propre at
mosphère (sur Mars il fait presque toujours beau), qu’il serait presque fantastique de se lancer dans une voie sans issue prochaine. Ce serait là ce qu’on appelait au dix-septième siècle un « amusement philosophique >>, mais aujourd’hui la vie passe trop vite et nous n’avons plus le temps d’essayer de résoudre des impossibilités.
N’oublions pas cependant que, dans l histoire du progrès, l’impossibilité d’hier est la réalité de demain.
Lé mode de communication interastral, si jamais on le trouve, ne ressemblera probablement à aucun de ceux auxquels nous pouvons penser maintenant. Le magnétisme interastral n’y jouera-t-il pas un rôle?
On connaît l’idée récente du grand inventeur américain Edison. En expérimentant naguère une ligne téléphonique de grande longueur munie d un circuit métallique complet, cet inventeur avait souvent re
cueilli dans les appareils des sons étranges qui-né pouvaient provenir que du magnétisme terrestre. Comme à cette époque les éruptions solai res etàient
fréquentes et de grande puissance, il n’avait pas hésité à rapprocher les deux ordres de fait. Plus tard, faisant des observations magnétiques près de la mine d’Ogden, sa propriété dans le New-Jersey, il constata, à diverses reprises, des déviations
brusques et relativement considérables de l’aiguille aimantée qui le confirmèrent dans son opinion pre
mière. D ailleurs, qu’une corrélation existe entre les phénomènes solaires et les perturbations terrestres, c-’est ce dont on ne peut plus douter aujourd’hui.
Dès le début, Edison avait résolu de poursuivre une étude à ce point de vue ; il a imaginé, pour y arriver, le moyen suivant dans lequel la mine d’Ogden joue le premier rôle. Cette mine est constituée
par un massif presque compact de fer magnétique de 1,600 mètres de longueur sur 120 de largeur qui s enfonce dans le sous-sol à une profondeur incon
nue; un conducteur reposant sur des poteaux en fera quinze fois le tour et les extrémités du fil de cette gigantesque bobine aboutiront à un observatoire téléphonique placé à une des extrémités du gisement. Le grand ingénieur est convaincu que son appareil permettra de constater les formidables
mouvements dont le soleil est le théâtre, de juger de leur intensité, et, ajoute l interviewer auquel il a donné ces détails, d’entendre le bruit qui doit -accompagner ces grandioses tempêtes solaires.
A première vue, une pareille assertion -semble extraordinaire. Il est, en effet, bien établi que le
son ne saurait se propager en l absence de tout, milieu matériel, solide, liquide ou gazeux, et il est non moins bien établi qu’entre la terre et le soleil,
au-delà de notre atmosphère, ce milieu n’existe pas; d’autre part, si le son .pouvait se propager du soleil à la terre, suivant les lois connues, il lui -faudrait au moins treize ans pour parcourir cette distance; on ne pourrait donc établir de comparai
son entre les sons perçus et. les tempêtes solaires qu en se reportant aux observations de celles-ci, faites treize ans auparavant.
Mais les bruits recueillis par Edison dans son téléphone sont dus, suivant toute apparence, aux perturbations magnétiques terrestres. Si l on ad
met que celles-ci ne Soient que la conséquence des phénomènes du même ordre dont le soleil est le théâtre, le son serait -transmis électriquement d une açon analogue à ce qui se passe sur nos lignes téléphoniques : l’impossibilité disparaît.
1! faut donc espérer que les dispositions prises à la mine Ogden nous préparent des révélations im
portantes. Faisons des vœux pour qu’il en soit ainsi et aussi pour qu’il se trouve un savant capable de les interpréter.
Les oscillations diurnes de l’aiguille aimantée, rintensitê magnétique, la déclinaison et l inclinai
son, le nombre et la grandeur dès aurores boréales, sont en relation avec les taches et les éruptions du soleil. Tout grand phénomène solaire a son contrecoup dans les manifestations du magnétisme ter
restre, malgré les 149 millions de kilomètres qui séparent la terre du soleil. Il y a là une indication qui ne doit pas être dédaignée du penseur. Or, nous ne savons rien de la nature du magnétisme astral. Nous entrons peut-être là dans une avenue im
mense et pleine de surprises. Ne fermons pas les yeux. La sphère de nos conceptions s agrandira avec le progrès des sciences.
Nous sommes assurément loin de pouvoir deviner maintenant de quelle façon le magnétisme planétaire et l électricité pourraient, être appliqués à des communications interastrales. La grenouille de Galvani était loin de l’ap-pareil Morse, et la télé
graphie avec fils n était pas moins éloignée de la télégraphie sans fils. Il y a tout un abîme du téléphone au photophone.
Mais mes lecteurs ne savent-ils pas déjà que des esprits ingénieux, tels que Graharn Bell, Cornu. Mercadier, etc., ont transmis des messages par de simples rayons de lumière-, en appliquant les cu
rieuses propriétés du sélénium? Va-t-on pas déjà imaginé plusieurs sortes de photophonès, -de photo-électrophones, de thermo-magnétophones, de radiophones de toute nature? Et ce n est là, évi
demment, que l’A B C d’un nouvel art, fondé sur une propriété du sélénium découverte en 1873, savoir que sa conductibilité . électrique varie dans des proportions considérables avec l’intensité des ra
diations qu il reçoit. En parlant derrière un miroir de mica qui réfléchit un puissant rayon de lumière sur une plaque de sélénium, les déformations du miroir de mica sous l’action des ondes sonores sont suffisantes pour faire varier d’une manière correspondante l’éclat, l’intensité du faisceau, et par conséquent le champ magnétique du circuit téléphoni
que placé derrière le sélénium. De sorte qu un auditeur placé là entend les paroles prononcées sur le miroir de mica, paroles transportées sans fils et par un simple rayon de lumière.
Très certainement, le problème d une ..communication inîerastrale ne sera pas résolu d aujourd hui, et bien des siècles, sans doute, s écouleront encore avant que l on puisse y penser. Mais il le sera peut-être quelque jour, par une découverte
nouvelle et inattendue. L idée,, même de découvrir la constitution chimique des astres .était déclarée absurde par Auguste .Comte et. par de très grands esprits, quelques années seulement avant que l analyse spectrale vint tout à coup faire tomber du ciel cette révélation splendide. Le verre est une merveille; avant.de le connaître on ne sè doutait de rien en astronomie ni ën micrographie. Là télé
graphie électrique est une autre merveille qui a transforme Te inonde. ‘Et ‘puis, ifëxîst emït-ü pas, entre les humanités planétaires, des liens psychiques que nous ignorions encore?
Il n’est pas démontré que la faculté de penser soit une fonction du cerveau et disparaisse avec lui. La physiologie psychologique n a pas encore expliqué comment la substance cérébrale pouvait produire des raisonnements. L’âme humaine peut être une force invisible, personnelle, transitoire
ment unie à la vie, survivant au corps et allant Habiter d’autres mondes. Une telle hypothèse n’a rien d absurde en elle-même, pas plus que l idée d une communication psychique possible entre deux habitants de deux mondes différents. Ce serait là assurément le meilleur des modes de communica
tions et d’entretiens. On commence seulement aussi à étudier les forces psychiques. ,
Nous ne sommes qu au vestibule de la-connaissauce de l univers. Ne croyons pas qu’il n y ait qu une utopie éternelle dans l’espérance, très sensée, d’aller un jour un peu plus loin! Excelsior!
Camille Flammarion.
NOTES ET IMPRESSIONS
Chaque race a son génie propre qui la guide, et il est rare qu une nation trouve son compte à emprunter la route du voisin.
Arvède Barine.
Il .va des gens qui ne vous pardonnent pas de n avoir pas besoin d’eux.
De Freycinet.
Ne jetez pas votre cœur au monde ; le monde est un chien mal dressé qui ne rapporte pas.
V. Cherbuliez. L’esprit de Paris déteint sur ses hôtes.
Jules Lemaître.
On a toujours le cœur pris aux choses que l on a semées.
René Bazin.
Quand les hommes auront appris aux femmes à penser, peut-être qu à leur tour les femmes l apprendront aux hommes. .
Paul Desjardins. Dieu a encore des services à rendre.
A. Leroy-Beaulieu.
Les ridicules sont les manifestations amusantes d une attristante réalité.
Les abus maintiennent les institutions, comme le lierre soutient un vieux mur après l’avoir, ruiné...
G.-M. Valtour.