plies d’Apuai ; Derrière l alcôve et tant d’autres ; et Ancelot, qui avait inventé le vaudeville Louis XV, ce qu’on appelait le vaudeville en poudre, l aisait .jouer : Madame Duharry, Un divorce, le Régent, Richelieu à. 80 ans, Les liaison s dan
gereuses, Quille ou double, que sais-je? et à côté une pléiade d’écrivains, qui tous, élevés à la grande école de Scribe, apportaient au Vaudeville, chacun un tour particulier; on se rappelle encore : Un duel sous le cardinal cle Richelieu, Va déplus, l Honneur d une femme, les Deux maîtresses, et cet immortel Passé minuit de Lockroy père, quia l’ait pouffer de rire trois générations... j’en pourrais citer bien d autres; songez qu’en quinze ans de direction Arago a l ait jouer 375 pièces, soit une moyenne de 25 par an.
ht cependant un grave accident s’était jeté à la traverse des succès : le théâtre avait brûlé en 1839. La troupe se réfugia un an au boulevard Bonne- Nouvelle, puis alla s installer définitivement au théâtre des Nouveautés situé place de la Bourse, et lui imposa le nom de Vaudeville.
C est là ([ue nous 1 avons connu, et vous en pouvez voir la façade dans le dessin que vous en donne 1 Illustration. Brazier nous a conservé la physiomie du foyer des artistes en ce nouveau local. On y voyait Ballard, surnommé Ballard le Jovial, oublié aujourd hui; Lepeintre jeune, que j’ai vu en mon en
fance, si amusant avec son ventre énorme et sa voix grêle; Félix, le Desgenais que toute notre génération a connu, et qui débutait alors; Berton, devenu si célèbre depuis; Arnal, le chef du chœur; Arnaud, qui a été un ganache admirable; Taigny et sa femme, une actrice charmante, qui était adorée des Pari
siens; Mme Doche, qui vit encore, et son mari, le célèbre chef d orchestre à qui nous devons tant d airs passés ponts-neufs ; Mme Guillemin, la plus illustre des duègnes; Ravel et sa femme; Bardou, le compère d’Arnal; j en passe etdes meilleurs, comme disait l autre. C était là, à coup sûr, une troupe riche enta
Le Petit Panthéon : vue intérieure.
lents. Les vaudevillistes étaient tous à leur poste, et ceux que .j ai nommés, et d autres qui étaient venus les renforcer, tous pleins de talent et de zèle.
Avec tant d éléments de succès, le Vaudeville ne réussit point, je ne dis pas à attirer la foule; mais à la retenir place de la Bourse. Ce fut une période de guignon. On eut, des succès énormes, des succès sans lendemain. J ai vu les directeurs qui se succédaient a cette époque, Beaulort, I.ouis Burine, Marinant et d autres, se débattre contre une déveine noire. L emplacement x était-il pour quelque chose? Je le crois.
Mais la vraie raison, c est qu’une grande révolution s’était faite au theatre et dans les goûts du public, En 1850, on avait .joue te Dame aux Camélias, cette pièce où l auteur, pour rester fidèle aux traditions, axait intoiialé une chanson, avait inauguré un nouveau genre : c était, la comédie de mœurs et le drame qui faisaient invasion sur la scène du Vaudeville et en chassaient la comédie à couplets, l antique vaudeville; Dumas, Barrière, et après eux Sardou, qui allait, avec Nos Intimes, entrer triomphant au Vaudeville, habituaient le public à des œuvres plus amples et plus fortes. Quand l une d’elles réussissait , voilà qui était bien. On faisait de l argent, et beaucoup d argent ; puis, c étaient les steppes arides. J ai vu des pièces charmantes, et, par exemple, les Peti/s oiseaux, de Labiche, .joués par une troupe merveilleuse, où se trouvaient réunis Numa l excellent Numa, undes meilleurs diseurs de ce temps ; Saint-Ger
main le plus brillant disciple d’Arnal, un comédien hors ligne : Parade, et.
d autres encore ; on applaudissait le premier soir, le lendemain pas un chat dans la salle. Le Roman d un jeune homme pauvre, de Feuillet, emplissait le Vaudeville cent fois de suite avec Lafontaine ; Rédemption, du même auteur, qui maintenant bénéficierait de la vitesse acquise, trouvait un public recalci
trant et froid.
Le Vaudeville de la place de la Bourse.
C’est en 1869 que lut démolie cette salle malencontreuse pour livrer passage à la rue du 4-Septembre, et que le Vaudeville, déménageant pour la troisième fois, vint s installer dans la magnifique salle actuelle, bâtie par l’architecte Maga. Ici, je m arrête, et laisserai parler le dessinateur.
Il vous donne les portraits de Raymond Deslandes et d’Albert Carré. Que dirai-je de tous deux? J’ai été le grand ami de l un, qui était bien le plus honnête homme que j aie connu, un directeur habile et compétent comme per
sonne aux choses du théâtre; sa parole valait une signature. J’ai pour son successeur une estime particulière, et cette estime, s’accroît chaque jour des efforts qu’il l’ait pour maintenir la supériorité du Vaudeville, dans cette co
médie de genre où il a trouvé ses plus beaux succès, où Gondinet, Vala
brègne et Bisson ont donné des œuvres si charmantes, Bisson surtout, dont les trois dernières pièces ont été des triomphes.
Regardez maintenant tous ces portraits. Ne pensez-vous pas qu un Brazier, s il écrivait l histoire du Vaudeville — et qui sait? si Dieu me prête vie,
peut-être un .jour serai-je ce Braziez-là — ne pourrait pas faire un pendant a ce tableau qu il nous a peint du foyer , du Vaudeville en 1839? Et songez i[ue dans cette collection de portraits vous n’ayez pas toute la troupe. Vous n’avez que le dessus du panier, et encore pas au complet. Et pourrais-je
terminer cette histoire rapide sans accorder un souvenir à ce pauvre Jolly mort si malheureusement il y a trois ans, et qui sembla emporter ce jour-là avec lui la fortune du Vaudeville ? comment ne rappellerais-je pas encore le so-vvenir de ce Dupuis qui prêta un visage si sympathique ait-Nabab de Dau
det? Comment oublierais-je cette Fargueil, à qui Meilhac et Sardou ont dû quelques-uns de leurs plus beaux succès? Mais .je m arrête; ce serait un dénombrement homérique.
Ee Vaudeville, avec M. Albert Carré, a repris sa course vers des destinées nouvelles et encore obscures. Tout en restant fidèle au vaudeville, tel que 1 ont renouvelé en ces dernières années les Valabrègue et les Bisson, ii s’achemine vers un art dont .je ne veux rien dire parce qu il ne s est pas encore formulé dans une maîtresse œuvre.
Le VauftevilLe a toujours marché en tête et ouvert la route au progrès. C’est un rôle brillant qu il a tenu dans le passé avec honneur, et qu il gardera dans l avenir. Nous comptons sur les autours noux èàux, qui attendent pour entrer dans la carrière que leur aînés n y soient plus. .Et moi, vétéran des antiques batailles, assis sur mon tambour crevé, je regarde, non sans inquiétude, monter les aspirations nouvelles.
Francisque Sarcey.
YON BARRÉ, le fondateur du Vaudeville.
gereuses, Quille ou double, que sais-je? et à côté une pléiade d’écrivains, qui tous, élevés à la grande école de Scribe, apportaient au Vaudeville, chacun un tour particulier; on se rappelle encore : Un duel sous le cardinal cle Richelieu, Va déplus, l Honneur d une femme, les Deux maîtresses, et cet immortel Passé minuit de Lockroy père, quia l’ait pouffer de rire trois générations... j’en pourrais citer bien d autres; songez qu’en quinze ans de direction Arago a l ait jouer 375 pièces, soit une moyenne de 25 par an.
ht cependant un grave accident s’était jeté à la traverse des succès : le théâtre avait brûlé en 1839. La troupe se réfugia un an au boulevard Bonne- Nouvelle, puis alla s installer définitivement au théâtre des Nouveautés situé place de la Bourse, et lui imposa le nom de Vaudeville.
C est là ([ue nous 1 avons connu, et vous en pouvez voir la façade dans le dessin que vous en donne 1 Illustration. Brazier nous a conservé la physiomie du foyer des artistes en ce nouveau local. On y voyait Ballard, surnommé Ballard le Jovial, oublié aujourd hui; Lepeintre jeune, que j’ai vu en mon en
fance, si amusant avec son ventre énorme et sa voix grêle; Félix, le Desgenais que toute notre génération a connu, et qui débutait alors; Berton, devenu si célèbre depuis; Arnal, le chef du chœur; Arnaud, qui a été un ganache admirable; Taigny et sa femme, une actrice charmante, qui était adorée des Pari
siens; Mme Doche, qui vit encore, et son mari, le célèbre chef d orchestre à qui nous devons tant d airs passés ponts-neufs ; Mme Guillemin, la plus illustre des duègnes; Ravel et sa femme; Bardou, le compère d’Arnal; j en passe etdes meilleurs, comme disait l autre. C était là, à coup sûr, une troupe riche enta
Le Petit Panthéon : vue intérieure.
lents. Les vaudevillistes étaient tous à leur poste, et ceux que .j ai nommés, et d autres qui étaient venus les renforcer, tous pleins de talent et de zèle.
Avec tant d éléments de succès, le Vaudeville ne réussit point, je ne dis pas à attirer la foule; mais à la retenir place de la Bourse. Ce fut une période de guignon. On eut, des succès énormes, des succès sans lendemain. J ai vu les directeurs qui se succédaient a cette époque, Beaulort, I.ouis Burine, Marinant et d autres, se débattre contre une déveine noire. L emplacement x était-il pour quelque chose? Je le crois.
Mais la vraie raison, c est qu’une grande révolution s’était faite au theatre et dans les goûts du public, En 1850, on avait .joue te Dame aux Camélias, cette pièce où l auteur, pour rester fidèle aux traditions, axait intoiialé une chanson, avait inauguré un nouveau genre : c était, la comédie de mœurs et le drame qui faisaient invasion sur la scène du Vaudeville et en chassaient la comédie à couplets, l antique vaudeville; Dumas, Barrière, et après eux Sardou, qui allait, avec Nos Intimes, entrer triomphant au Vaudeville, habituaient le public à des œuvres plus amples et plus fortes. Quand l une d’elles réussissait , voilà qui était bien. On faisait de l argent, et beaucoup d argent ; puis, c étaient les steppes arides. J ai vu des pièces charmantes, et, par exemple, les Peti/s oiseaux, de Labiche, .joués par une troupe merveilleuse, où se trouvaient réunis Numa l excellent Numa, undes meilleurs diseurs de ce temps ; Saint-Ger
main le plus brillant disciple d’Arnal, un comédien hors ligne : Parade, et.
d autres encore ; on applaudissait le premier soir, le lendemain pas un chat dans la salle. Le Roman d un jeune homme pauvre, de Feuillet, emplissait le Vaudeville cent fois de suite avec Lafontaine ; Rédemption, du même auteur, qui maintenant bénéficierait de la vitesse acquise, trouvait un public recalci
trant et froid.
Le Vaudeville de la place de la Bourse.
C’est en 1869 que lut démolie cette salle malencontreuse pour livrer passage à la rue du 4-Septembre, et que le Vaudeville, déménageant pour la troisième fois, vint s installer dans la magnifique salle actuelle, bâtie par l’architecte Maga. Ici, je m arrête, et laisserai parler le dessinateur.
Il vous donne les portraits de Raymond Deslandes et d’Albert Carré. Que dirai-je de tous deux? J’ai été le grand ami de l un, qui était bien le plus honnête homme que j aie connu, un directeur habile et compétent comme per
sonne aux choses du théâtre; sa parole valait une signature. J’ai pour son successeur une estime particulière, et cette estime, s’accroît chaque jour des efforts qu’il l’ait pour maintenir la supériorité du Vaudeville, dans cette co
médie de genre où il a trouvé ses plus beaux succès, où Gondinet, Vala
brègne et Bisson ont donné des œuvres si charmantes, Bisson surtout, dont les trois dernières pièces ont été des triomphes.
Regardez maintenant tous ces portraits. Ne pensez-vous pas qu un Brazier, s il écrivait l histoire du Vaudeville — et qui sait? si Dieu me prête vie,
peut-être un .jour serai-je ce Braziez-là — ne pourrait pas faire un pendant a ce tableau qu il nous a peint du foyer , du Vaudeville en 1839? Et songez i[ue dans cette collection de portraits vous n’ayez pas toute la troupe. Vous n’avez que le dessus du panier, et encore pas au complet. Et pourrais-je
terminer cette histoire rapide sans accorder un souvenir à ce pauvre Jolly mort si malheureusement il y a trois ans, et qui sembla emporter ce jour-là avec lui la fortune du Vaudeville ? comment ne rappellerais-je pas encore le so-vvenir de ce Dupuis qui prêta un visage si sympathique ait-Nabab de Dau
det? Comment oublierais-je cette Fargueil, à qui Meilhac et Sardou ont dû quelques-uns de leurs plus beaux succès? Mais .je m arrête; ce serait un dénombrement homérique.
Ee Vaudeville, avec M. Albert Carré, a repris sa course vers des destinées nouvelles et encore obscures. Tout en restant fidèle au vaudeville, tel que 1 ont renouvelé en ces dernières années les Valabrègue et les Bisson, ii s’achemine vers un art dont .je ne veux rien dire parce qu il ne s est pas encore formulé dans une maîtresse œuvre.
Le VauftevilLe a toujours marché en tête et ouvert la route au progrès. C’est un rôle brillant qu il a tenu dans le passé avec honneur, et qu il gardera dans l avenir. Nous comptons sur les autours noux èàux, qui attendent pour entrer dans la carrière que leur aînés n y soient plus. .Et moi, vétéran des antiques batailles, assis sur mon tambour crevé, je regarde, non sans inquiétude, monter les aspirations nouvelles.
Francisque Sarcey.
YON BARRÉ, le fondateur du Vaudeville.