BOULOGNE-SUR-MER. — Les vieux remparts du côté est.
Nous poursuivons, par Boulogne-sur-Mer, notre série d’études sur les spécimens d’architecture militaire que l’impitoyable déclassement vient d’atteindre.
De ces glorieuses cuirasses de pierre, désormais inutiles à la défense de la France, si les unes sont vouées à une destruction complète, d’autres, comme celle de Boulogne, risquent seulement de disparaître : l’Etat aliène les terrains qui les bordent, et de fort utiles mais mal gracieuses maisons de rapport pourraient bien, avant peu, masquer ces curieux vestiges du vieux temps.
Boulogne-sur-Mer!
Ce nom n’évoque-t-il pas en l’esprit la silhouette d’une coquette cité balnéaire, bien plutôt que celle d une forteresse’? Son front n’ap
paraît-il pas nimbé d’une guirlande d’algues marines et non delà massive couronne obsidionale? Ne vous récriez pas.
J’en sais qui ont pris leurs quartiers d’été à Boulogne et qui l’ont quitté sans avoir aperçu la ceinture de tours et de murailles qui enserre la Haute-Ville.
On s’acoquine si volontiers sur le frais ourlet de sable de la plage !
Et cependant, elle mérite d’être visitée cette vénérable enceinte rectangulaire, avec ses quatre? portes monumentales, symé
triquement percées sur chaque flanc, jointes deux à deux par une croisée de.rues transversales, et son château massif, à l’angle est de la place, le seul point que l’escarpement ne protégeait pas.
Détail curieux,, cette disposition est précisément celle d’un camp romain, apparemment celle du camp qu’établirent en cet endroit Sulpicius Rufus et Quintus Pedius, les lieutenants de César, quelque cinquante ans avant notre ère.
C’est sur les restes des redoutes édifiées par les légionnaires de Rome que le comte de Boulogne, Philippe Hurepel, fils du roi Philippe-Auguste, bâtiten 1231 l’ensemble d’ouvrages qui a été déclassé.
Bien que les tours aient été arasées jusqu’au niveau du parapet des murs, bien qu’il ne reste guère de traces des créneaux et des mâchicoulis qui en dentelaient les faîtes, les remparts de Boulogne gardent un air de grandeur, comme si les héroïques exploits dontils furent les témoins étaient encore inscrits sur leurs parements de pierres grises.
A leur abri, trois mille Français soutinrent, en 1544, un siège de deux mois contre une armée de trente mille Anglais commandée par le roi Henri VIII. Les canons du duc de Suffolk avaient éventré les murs en cinq brèches différentes. Sept fois les assiégés repoussèrent
Sur les remparts.
LES FORTIFICATIONS DE BOULOGNE
Nous poursuivons, par Boulogne-sur-Mer, notre série d’études sur les spécimens d’architecture militaire que l’impitoyable déclassement vient d’atteindre.
De ces glorieuses cuirasses de pierre, désormais inutiles à la défense de la France, si les unes sont vouées à une destruction complète, d’autres, comme celle de Boulogne, risquent seulement de disparaître : l’Etat aliène les terrains qui les bordent, et de fort utiles mais mal gracieuses maisons de rapport pourraient bien, avant peu, masquer ces curieux vestiges du vieux temps.
Boulogne-sur-Mer!
Ce nom n’évoque-t-il pas en l’esprit la silhouette d’une coquette cité balnéaire, bien plutôt que celle d une forteresse’? Son front n’ap
paraît-il pas nimbé d’une guirlande d’algues marines et non delà massive couronne obsidionale? Ne vous récriez pas.
J’en sais qui ont pris leurs quartiers d’été à Boulogne et qui l’ont quitté sans avoir aperçu la ceinture de tours et de murailles qui enserre la Haute-Ville.
On s’acoquine si volontiers sur le frais ourlet de sable de la plage !
Et cependant, elle mérite d’être visitée cette vénérable enceinte rectangulaire, avec ses quatre? portes monumentales, symé
triquement percées sur chaque flanc, jointes deux à deux par une croisée de.rues transversales, et son château massif, à l’angle est de la place, le seul point que l’escarpement ne protégeait pas.
Détail curieux,, cette disposition est précisément celle d’un camp romain, apparemment celle du camp qu’établirent en cet endroit Sulpicius Rufus et Quintus Pedius, les lieutenants de César, quelque cinquante ans avant notre ère.
C’est sur les restes des redoutes édifiées par les légionnaires de Rome que le comte de Boulogne, Philippe Hurepel, fils du roi Philippe-Auguste, bâtiten 1231 l’ensemble d’ouvrages qui a été déclassé.
Bien que les tours aient été arasées jusqu’au niveau du parapet des murs, bien qu’il ne reste guère de traces des créneaux et des mâchicoulis qui en dentelaient les faîtes, les remparts de Boulogne gardent un air de grandeur, comme si les héroïques exploits dontils furent les témoins étaient encore inscrits sur leurs parements de pierres grises.
A leur abri, trois mille Français soutinrent, en 1544, un siège de deux mois contre une armée de trente mille Anglais commandée par le roi Henri VIII. Les canons du duc de Suffolk avaient éventré les murs en cinq brèches différentes. Sept fois les assiégés repoussèrent
Sur les remparts.