PAUL ET VIRGINIE
Le roi est mort, vive le roi ! Akar — Kdgard pour les dames — s en est allé dans un monde meilleur, vivent Paul et Virginie ! Comme il ne saurait plus y avoir de naufrage pour traverser leur destinée, espérons que le gracieux patronage qui leur est octroyé leur portera bonheur. C’est à notre rude climat que Le vœu doit s adresser, car les deux nouveaux hôtes du Jardin des Plantes nous arrivent de nos antipodes, à peu près, de celte île de Bornéo si chaudement caressée par le soleil.
Quelques journaux les considèrent comme le don généreux d’un missionnaire. Mais nos renseignements ne sont pas sur ce point d’accord avec ceux de nos confrères; les deux orangs-outans seraient une acquisition du Muséum. Nous devons lui en savoir d autant plus de gré, que son administration est pauvre, très pauvre. y
Paul et Virginie ont été envoyés directement, de leur port de débarquement au Jardin des Plantes: ils y sont arrivés le mercredi 23 mars.
caution était sage, et c’est ainsi que Piéber, un brave Alsacien, gardien des singes et qui les soigne non pas avec dévouement mais avec une véritable tendresse, a dù me faire l’honneur de deux présentations au lieu d’une.
Paul est étendu sur son matelas sous une épaisse couverture de laine brune dont il parait apprécier l’efficacité, car il la ramène fort adroitement jusqu’à sa tète lorsque Piéber la soulève pour me permettre d’apprécier sa taille. Il semble effective
Expédiés dans une caisse garnie, de barreaux et placée dans lin wagon de marchandises, ils ont souffert du voyage qui s’opérait pendant la semaine où la température semblait revenir à toutes les rigueurs de l’hiver.
Le voyage ne leur a pas été salutaire, au male surtout. M. Sauvinet, administrateur de la ménagerie,
pense que l insuffisance de l’aération les aura suitout affectés. Peut-être aussi ont-ils été imparfaitement pro
tégés contre un refroidissement atmosphérique, auquel des voyageurs venus de si loin devaient être particulièrement sensibles. L’organisme des animaux ne s’ac
commode pas de transitions aussi radicales, que celui des végétaux exotiques comme eux ne supporte pas, davan
tage. Peut-être réussirait-on à en atténuer les effets en traitant les êtres nés dans le voisinage de l’équateur comme les horticulteurs traitent les plantes qui en pro
viennent; c’est-à-dire en ne leur laissant jamais subir le contact de l air quand il n est pas au-dessus d’un certain nombre de degrés.
Toujours est-il que Paul est indisposé et qu’il touche à peine à la jatte de lait qui fait son principal aliment. Il n’en a pas fallu d’avantage pour faire redouter à l ad
ministration du muséum l’invasion de la phtisie, cette terrible moissonneuse de quadrumanes, et surtout de leurs grandes espèces. On a décidé de le séparer de Virginie afin de soustraire celle-ci à la contagion dans le cas où le mal redouté viendrait à s’affirmer. La pré
Le roi est mort, vive le roi ! Akar — Kdgard pour les dames — s en est allé dans un monde meilleur, vivent Paul et Virginie ! Comme il ne saurait plus y avoir de naufrage pour traverser leur destinée, espérons que le gracieux patronage qui leur est octroyé leur portera bonheur. C’est à notre rude climat que Le vœu doit s adresser, car les deux nouveaux hôtes du Jardin des Plantes nous arrivent de nos antipodes, à peu près, de celte île de Bornéo si chaudement caressée par le soleil.
Quelques journaux les considèrent comme le don généreux d’un missionnaire. Mais nos renseignements ne sont pas sur ce point d’accord avec ceux de nos confrères; les deux orangs-outans seraient une acquisition du Muséum. Nous devons lui en savoir d autant plus de gré, que son administration est pauvre, très pauvre. y
Paul et Virginie ont été envoyés directement, de leur port de débarquement au Jardin des Plantes: ils y sont arrivés le mercredi 23 mars.
caution était sage, et c’est ainsi que Piéber, un brave Alsacien, gardien des singes et qui les soigne non pas avec dévouement mais avec une véritable tendresse, a dù me faire l’honneur de deux présentations au lieu d’une.
Paul est étendu sur son matelas sous une épaisse couverture de laine brune dont il parait apprécier l’efficacité, car il la ramène fort adroitement jusqu’à sa tète lorsque Piéber la soulève pour me permettre d’apprécier sa taille. Il semble effective
Expédiés dans une caisse garnie, de barreaux et placée dans lin wagon de marchandises, ils ont souffert du voyage qui s’opérait pendant la semaine où la température semblait revenir à toutes les rigueurs de l’hiver.
Le voyage ne leur a pas été salutaire, au male surtout. M. Sauvinet, administrateur de la ménagerie,
pense que l insuffisance de l’aération les aura suitout affectés. Peut-être aussi ont-ils été imparfaitement pro
tégés contre un refroidissement atmosphérique, auquel des voyageurs venus de si loin devaient être particulièrement sensibles. L’organisme des animaux ne s’ac
commode pas de transitions aussi radicales, que celui des végétaux exotiques comme eux ne supporte pas, davan
tage. Peut-être réussirait-on à en atténuer les effets en traitant les êtres nés dans le voisinage de l’équateur comme les horticulteurs traitent les plantes qui en pro
viennent; c’est-à-dire en ne leur laissant jamais subir le contact de l air quand il n est pas au-dessus d’un certain nombre de degrés.
Toujours est-il que Paul est indisposé et qu’il touche à peine à la jatte de lait qui fait son principal aliment. Il n’en a pas fallu d’avantage pour faire redouter à l ad
ministration du muséum l’invasion de la phtisie, cette terrible moissonneuse de quadrumanes, et surtout de leurs grandes espèces. On a décidé de le séparer de Virginie afin de soustraire celle-ci à la contagion dans le cas où le mal redouté viendrait à s’affirmer. La pré