ment fort abattu, bien qu’il n ait pas de fièvre: il prête une bien médiocre attention à la présence d un étranger, c’est a peine s’il soulève sa paupière clignotante pour nous regarder. Son indifférence s’accuse encore mieux par le regard distrait qu il jette sur quelques vivres placés dans sa cage et que le gardien lui indique.
Paul est plus petit que n’était. Altar, il n a guère plus de 50 à 60 centimètres, ce qui est également la taille de Virginie; mais ils sont également beaucoup plus jeunes que leur prédécesseur, qui avait cinq ou six ans; les deux nouveaux Orangs n’ont que dix-liuit mois.
Virginie, moins éprouvée, est, en raison de son sexe, nécessairement plus intéressante que... disons son fiancé. Malheureusement nous avons mal choisi notre heure, qui est assez matinale. Elle veut dormir, dit Piéber, et effectivement, bien que l’œil soit brillant et la physionomie très éveillée, elle se pelotonne frileusement sous sa couverture. Un tiers vient à l’aide de Piéber sous la forme d un petit macaque que l’on a donné pour substi
tut intérimaire à la compagne du pauvre Paul. Les deux Orangs semblaient unis par une affection assez touchante. Vous en jugerez par plusieurs des
charmants dessins de notre collaborateur du crayon qui, plus heureux que nous, a eu la chance de voir les deux voyageurs avant leur séparation.
Cependant, en dépit de la tendresse dont il avait surpris les manifestations, cette séparation, la représentante . du sexe charmant la supportait avec une certains philosophie —une plume au vent, a dit François I . — Seu
lement elle s’ennuyait, et s’ennuyant elle passait tout son temps à dormir. Le petit macaque lui a été donné-pour la distraire, seulement peut-être la distrait-il un peu trop !
Toujours en mouvement, espiègle et taquin comme un fils des hommes, le garnement ne laisse pas un instant de repos à sa compagne. Lest en
vain qu elle relève sa couverture jusqu’à ses yeux, il saute sur son dos et s y trémousse. Agacée, Virginie lui envoie une taloche, il l esquive, s’éloigne,
ruais une minute après revient à la charge; cette fois il semble décide à lui arracher sa couverture. Alors la patience de la grande guenon est about; elle saisit le mauvais drôle dans ses bras puissants, je crois un instant quelle va lui infliger la correction traditionnelle, qu’il n aura certainement pas volée ; mais non, \irginie se contente de ie secouer connue une loque, le macaque pousse des cris d orfraie, il s échappe, mais la leçon n est pas perdue, il a compris qu’il ne fallait pas s y frotter, il gagne les hauteurs et s’installe sur le plus haut des barreaux. Oii ! ii ne tardera pas à recommencer, nous dit M. Piébert, il sait déjà que Virginie n est pas méchante, et puis, quand Virginie s étire, il 1 épluche et elle aime cela,
Je reviens à Paul; il s est éveillé, est assis devant sa cage dans une attitude qui nous fournit encore une ré
miniscence du chimpanzé dont, nous vous parlions tout à l’heure. Comme ce dernier, l’orang du Jardin des Plantes tient, ses-bras en l’air et les mains croisées audessus de sa tète. Le chimpanzé revenait sans cesse à cette posture et, même lorsque l’une de ses mains était occupée, il plaçait l’autre sur son crâne. En retrouvant cette habitude chez le nouvel liôtë du muséum, je me suis demandé-si la nudité du sinciput était malséante chez les grands singes comme chez les enfants d’Israël? Peut-être représente-t-elle le meilleur placement des membres dont la longueur est embarrassante. Lançon, qui fut’à la lois un dessinateur de grand talent et un observateur très perspicace, avait remarqué que, chez les orangs, les poils de l’avant-bras, au lieu de se coucher dans lé sens de la main, étaient plantés dans le sens opposé et de façon à ce que, lorsque l’animal se couvre la tète,..l’eau qui tombe glisse sur ces poils, et ne les pé
nètre pas. Le geste pourrait donc être la résultante d’une certaine sensibilité de la région crânienne.
Paul et Virginie sont nourris de mie de pain blanc, d’oranges, d’œufs à la coque, de lait très sucré; Akar, au contraire,, ne buvait pas de lait, mais du vin égale
ment sucré. On leur donne encore des carottes crues,
des pommes de terre cuites sous la cendre, du riz, des figues, des dattes, des amandes; ils font deux repas par jour. Après ses.repas, Virginie aime à s’allonger sur le dos et à détendre ses membres; elle n’est, pas gracieuse dans cette posture, en raison de. son ventre qui est énorme; c’est le moment que choisit le macaque pour lui rendre. les petits services qui, entre prisonniers, ne tirent pas à conséquence.
«Souhaitons--à -Paul un prompt rétablissomeirtc et au couple de donner longtemps le spectacle du touchant accord qui justifie les surnoms dont on les a gratifiés.
G. de Cherville.
Paul est plus petit que n’était. Altar, il n a guère plus de 50 à 60 centimètres, ce qui est également la taille de Virginie; mais ils sont également beaucoup plus jeunes que leur prédécesseur, qui avait cinq ou six ans; les deux nouveaux Orangs n’ont que dix-liuit mois.
Virginie, moins éprouvée, est, en raison de son sexe, nécessairement plus intéressante que... disons son fiancé. Malheureusement nous avons mal choisi notre heure, qui est assez matinale. Elle veut dormir, dit Piéber, et effectivement, bien que l’œil soit brillant et la physionomie très éveillée, elle se pelotonne frileusement sous sa couverture. Un tiers vient à l’aide de Piéber sous la forme d un petit macaque que l’on a donné pour substi
tut intérimaire à la compagne du pauvre Paul. Les deux Orangs semblaient unis par une affection assez touchante. Vous en jugerez par plusieurs des
charmants dessins de notre collaborateur du crayon qui, plus heureux que nous, a eu la chance de voir les deux voyageurs avant leur séparation.
Cependant, en dépit de la tendresse dont il avait surpris les manifestations, cette séparation, la représentante . du sexe charmant la supportait avec une certains philosophie —une plume au vent, a dit François I . — Seu
lement elle s’ennuyait, et s’ennuyant elle passait tout son temps à dormir. Le petit macaque lui a été donné-pour la distraire, seulement peut-être la distrait-il un peu trop !
Toujours en mouvement, espiègle et taquin comme un fils des hommes, le garnement ne laisse pas un instant de repos à sa compagne. Lest en
vain qu elle relève sa couverture jusqu’à ses yeux, il saute sur son dos et s y trémousse. Agacée, Virginie lui envoie une taloche, il l esquive, s’éloigne,
ruais une minute après revient à la charge; cette fois il semble décide à lui arracher sa couverture. Alors la patience de la grande guenon est about; elle saisit le mauvais drôle dans ses bras puissants, je crois un instant quelle va lui infliger la correction traditionnelle, qu’il n aura certainement pas volée ; mais non, \irginie se contente de ie secouer connue une loque, le macaque pousse des cris d orfraie, il s échappe, mais la leçon n est pas perdue, il a compris qu’il ne fallait pas s y frotter, il gagne les hauteurs et s’installe sur le plus haut des barreaux. Oii ! ii ne tardera pas à recommencer, nous dit M. Piébert, il sait déjà que Virginie n est pas méchante, et puis, quand Virginie s étire, il 1 épluche et elle aime cela,
Je reviens à Paul; il s est éveillé, est assis devant sa cage dans une attitude qui nous fournit encore une ré
miniscence du chimpanzé dont, nous vous parlions tout à l’heure. Comme ce dernier, l’orang du Jardin des Plantes tient, ses-bras en l’air et les mains croisées audessus de sa tète. Le chimpanzé revenait sans cesse à cette posture et, même lorsque l’une de ses mains était occupée, il plaçait l’autre sur son crâne. En retrouvant cette habitude chez le nouvel liôtë du muséum, je me suis demandé-si la nudité du sinciput était malséante chez les grands singes comme chez les enfants d’Israël? Peut-être représente-t-elle le meilleur placement des membres dont la longueur est embarrassante. Lançon, qui fut’à la lois un dessinateur de grand talent et un observateur très perspicace, avait remarqué que, chez les orangs, les poils de l’avant-bras, au lieu de se coucher dans lé sens de la main, étaient plantés dans le sens opposé et de façon à ce que, lorsque l’animal se couvre la tète,..l’eau qui tombe glisse sur ces poils, et ne les pé
nètre pas. Le geste pourrait donc être la résultante d’une certaine sensibilité de la région crânienne.
Paul et Virginie sont nourris de mie de pain blanc, d’oranges, d’œufs à la coque, de lait très sucré; Akar, au contraire,, ne buvait pas de lait, mais du vin égale
ment sucré. On leur donne encore des carottes crues,
des pommes de terre cuites sous la cendre, du riz, des figues, des dattes, des amandes; ils font deux repas par jour. Après ses.repas, Virginie aime à s’allonger sur le dos et à détendre ses membres; elle n’est, pas gracieuse dans cette posture, en raison de. son ventre qui est énorme; c’est le moment que choisit le macaque pour lui rendre. les petits services qui, entre prisonniers, ne tirent pas à conséquence.
«Souhaitons--à -Paul un prompt rétablissomeirtc et au couple de donner longtemps le spectacle du touchant accord qui justifie les surnoms dont on les a gratifiés.
G. de Cherville.