LA MODE
Mai est le mois préféré des Parisiennes, car un grand nombre de réunions mondaines se trouvent à cette .époque et lui donnent une animation toute particulière. Les ver
nissages des deux Salons sont comptés parmi les plus brillantes; c’est presque à partir de ce jour que les der
nières nouveautés de la mode, pour la saison prochaine, sont adoptées ou refusées. La température est si variable depuis quelques semaines que bien des femmes se méfient de ces caprices du soleil et portent les plus co
quets vêtements de demi-saison que l’on puisse voir. Voici d’abord en première ligne : la veste Louis XV, avec pli Watteau, collet orné de dentelle, de pierreries, de rubans d une grande élégance. Quelques femmes préfèrent un genre plus correct, angloman, et portent la longue jaquette « cocher » croisée, en drap très clair «sel gris » ou mastic, avec d’énormes boutons de nacre. Cette jaquette est pré
férable à l horrible paletot-sac, droit, sans couture, qui n’est vraiment commode et bon à porter qu’en voyage ou pour excursions.
Toutes sortes de petits camails se jettent gracieusement sur les épaules, se composant d un, deux ou trois collets en soie, drap léger, velours; souvent ces’ vêtements sont assortis à la toilette.
La dernière forme de veste est la veste « garçon de café », « Eaton, » que l on baptise de n’importe quel nom fantaisiste. Ces petits fîgaros, sorte de veste de zouave, sont courts derrière, arrivant à peine à la taille ; les devants un peu.plus longs se terminent en pointe; ils se font d un seul morceau, avec une couture sur chaque épaule, et taillés de façon à bien envelopper la poi
trine, qui est cambrée par deux pinces. Presque toujours ces vestes sont assorties à la jupe, ou sinon en drap noir uni. Ouvertes avec de larges revers soyeux, elles laissent voir une chemise et une cravate d’homme, la ceinture est formée d un large galon tennis de diverses couleurs; mais il est plus co
quettement féminin de la porter, avec une chemisette bouffante en soie ornée de dentelle comme l’un de nos dessins la montre.
Les tissus à rayures continuent à avoir le plus grand succès ; en dehors des fonds noirs avec raies satinées de diverses couleurs, de minces tilets noirs sur n’importe quel ton pâle font très bon effet, ainsi que des rayures pensées sur fond vert d’eau, canaque sur ciel pâle, rouge très foncé sur paille.
Les écossais ont aussi une certaine vogue ; mais les écossais en popeline dé soie, en surali, avec de larges grands carreaux mauve, paille, rose, bleu pâle, coupés de rayures satinées noires, formant elles-même d autres carreaux.
Jamais les toilettes féminines n’ont eu plus de cachet, de chic, disons le mot, que dans ce moment, et pourtant jamais elles n’ont été plus simples.
Les jupes toutes plates; d’une rare perfection découpé, il est vrai, qui les moule sur le corps sans aucun pli ; toujours peu de garniture dans-le bas, de petits ruchés, des volants peu élevés, des franges de perles scintillantes.
La traîne essaye petit à petit de disparaître; elle commence à être un peu moins longue.
Les corsages sont tous à tailles rondes, avec corselet, haute ceinture, empiècement, arrangements de rubans croisés, noués de mille manières. On fait beaucoup de ceintures à coques japonaises très longues, fixées droites, avec de mignonnes épingles contre la poitrine ou le dos suivant que le nœud est devant ou derrière.
La charmante toilette de notre dessin a deux nœuds faits de cette manière sur le devant de son corsage de guipure. La jupe est en velours russe « cinnamome » et « meunier ». Ses rayures placées en travers lui donnent un velouté plus charmant. Poignets et corsage tout en guipure d’Irlande avec gros ballons de velours. Les coques japonaises et le collier sont en velours violet-iris d un ton ancien charmant, que les mignons portaient à leur pourpoint à la cour des Valois.
Ce violet sera la vogue de la saison, en compagnie des verts, des jaunes d or, et des roses rouges anciens.
Les berthes collerettes de dentelle font toujours de bien jolies garnitures, mais commencent à être un peu trop vues partout ; elles ne seront bientôt plus permises qu en vraie dentelle pour sortir de l’ordinaire ; on fait pour tous ces jolis chiffonnages des volants de mousseline de soie dans les teintes claires, brodés d une bordure noire, si Une qu’elle semble une application de dentelle Chantilly.
Presque tous les chapeaux sont ornés de longues antennes noires, prises au plumage de quelque oiseau rare, ou faites en fines paillettes scintillantes qui donnent à toutes les femmes un faux air de Méphisto. Les chapeaux ronds sont garnis très en avant, au bord de lapasse,avec de larges coques de ruban, à double face de deux couleurs, posées en ailes de moulin.
Ces ailes sont la fureur du jour ; elles se font en mousseline de soie plissée, en dentelle pailletée, en guipure, maintenues par une line armature de laiton; du milieu de ces ailes, s’élèvent toujours de légères antennes.
Avec les chapeaux un mot des voilettes, on en porte de toutes sortes, en tulle quadrillé, losangé, rayé, mais très transparent, n’atténuant en rien l’éclat du regard ; on voit de ravissantes voilettes en tulle rose, blanc, bleu ciel ou mordoré, avec pois de chenille en relief et bordure très fine en dentelle réap
pliquée. Le tulle rose a des pois mordorés, le ciel des pois noirs, le bleu marin des pois même ton, tous ces pois gros et veloutés.La voilette « confetti » est la plus nouvelle, en tulle noir semé de Unes pastilles blanches ou maïs. Elle fera un effet très amusant sur les grands chapeaux, mieux que sur les
petites capotes, Fanfreluche.
Mai est le mois préféré des Parisiennes, car un grand nombre de réunions mondaines se trouvent à cette .époque et lui donnent une animation toute particulière. Les ver
nissages des deux Salons sont comptés parmi les plus brillantes; c’est presque à partir de ce jour que les der
nières nouveautés de la mode, pour la saison prochaine, sont adoptées ou refusées. La température est si variable depuis quelques semaines que bien des femmes se méfient de ces caprices du soleil et portent les plus co
quets vêtements de demi-saison que l’on puisse voir. Voici d’abord en première ligne : la veste Louis XV, avec pli Watteau, collet orné de dentelle, de pierreries, de rubans d une grande élégance. Quelques femmes préfèrent un genre plus correct, angloman, et portent la longue jaquette « cocher » croisée, en drap très clair «sel gris » ou mastic, avec d’énormes boutons de nacre. Cette jaquette est pré
férable à l horrible paletot-sac, droit, sans couture, qui n’est vraiment commode et bon à porter qu’en voyage ou pour excursions.
Toutes sortes de petits camails se jettent gracieusement sur les épaules, se composant d un, deux ou trois collets en soie, drap léger, velours; souvent ces’ vêtements sont assortis à la toilette.
La dernière forme de veste est la veste « garçon de café », « Eaton, » que l on baptise de n’importe quel nom fantaisiste. Ces petits fîgaros, sorte de veste de zouave, sont courts derrière, arrivant à peine à la taille ; les devants un peu.plus longs se terminent en pointe; ils se font d un seul morceau, avec une couture sur chaque épaule, et taillés de façon à bien envelopper la poi
trine, qui est cambrée par deux pinces. Presque toujours ces vestes sont assorties à la jupe, ou sinon en drap noir uni. Ouvertes avec de larges revers soyeux, elles laissent voir une chemise et une cravate d’homme, la ceinture est formée d un large galon tennis de diverses couleurs; mais il est plus co
quettement féminin de la porter, avec une chemisette bouffante en soie ornée de dentelle comme l’un de nos dessins la montre.
Les tissus à rayures continuent à avoir le plus grand succès ; en dehors des fonds noirs avec raies satinées de diverses couleurs, de minces tilets noirs sur n’importe quel ton pâle font très bon effet, ainsi que des rayures pensées sur fond vert d’eau, canaque sur ciel pâle, rouge très foncé sur paille.
Les écossais ont aussi une certaine vogue ; mais les écossais en popeline dé soie, en surali, avec de larges grands carreaux mauve, paille, rose, bleu pâle, coupés de rayures satinées noires, formant elles-même d autres carreaux.
Jamais les toilettes féminines n’ont eu plus de cachet, de chic, disons le mot, que dans ce moment, et pourtant jamais elles n’ont été plus simples.
Les jupes toutes plates; d’une rare perfection découpé, il est vrai, qui les moule sur le corps sans aucun pli ; toujours peu de garniture dans-le bas, de petits ruchés, des volants peu élevés, des franges de perles scintillantes.
La traîne essaye petit à petit de disparaître; elle commence à être un peu moins longue.
Les corsages sont tous à tailles rondes, avec corselet, haute ceinture, empiècement, arrangements de rubans croisés, noués de mille manières. On fait beaucoup de ceintures à coques japonaises très longues, fixées droites, avec de mignonnes épingles contre la poitrine ou le dos suivant que le nœud est devant ou derrière.
La charmante toilette de notre dessin a deux nœuds faits de cette manière sur le devant de son corsage de guipure. La jupe est en velours russe « cinnamome » et « meunier ». Ses rayures placées en travers lui donnent un velouté plus charmant. Poignets et corsage tout en guipure d’Irlande avec gros ballons de velours. Les coques japonaises et le collier sont en velours violet-iris d un ton ancien charmant, que les mignons portaient à leur pourpoint à la cour des Valois.
Ce violet sera la vogue de la saison, en compagnie des verts, des jaunes d or, et des roses rouges anciens.
Les berthes collerettes de dentelle font toujours de bien jolies garnitures, mais commencent à être un peu trop vues partout ; elles ne seront bientôt plus permises qu en vraie dentelle pour sortir de l’ordinaire ; on fait pour tous ces jolis chiffonnages des volants de mousseline de soie dans les teintes claires, brodés d une bordure noire, si Une qu’elle semble une application de dentelle Chantilly.
Presque tous les chapeaux sont ornés de longues antennes noires, prises au plumage de quelque oiseau rare, ou faites en fines paillettes scintillantes qui donnent à toutes les femmes un faux air de Méphisto. Les chapeaux ronds sont garnis très en avant, au bord de lapasse,avec de larges coques de ruban, à double face de deux couleurs, posées en ailes de moulin.
Ces ailes sont la fureur du jour ; elles se font en mousseline de soie plissée, en dentelle pailletée, en guipure, maintenues par une line armature de laiton; du milieu de ces ailes, s’élèvent toujours de légères antennes.
Avec les chapeaux un mot des voilettes, on en porte de toutes sortes, en tulle quadrillé, losangé, rayé, mais très transparent, n’atténuant en rien l’éclat du regard ; on voit de ravissantes voilettes en tulle rose, blanc, bleu ciel ou mordoré, avec pois de chenille en relief et bordure très fine en dentelle réap
pliquée. Le tulle rose a des pois mordorés, le ciel des pois noirs, le bleu marin des pois même ton, tous ces pois gros et veloutés.La voilette « confetti » est la plus nouvelle, en tulle noir semé de Unes pastilles blanches ou maïs. Elle fera un effet très amusant sur les grands chapeaux, mieux que sur les
petites capotes, Fanfreluche.