Ruë s’entrainant une dernière fois, dans la salle de l’Ecole d’escrime.
Dès lors, il n’est plus question des voisins; San Malato, n’est-ce pas toute l Italie?
On s’entrejmutonne à qui mieux mieux en famille, et personne, jamais, ne consent à s’avouer vaincu;
Garde et poignée de l’épée italienne.
puis le calme renaît après l’effervescence. Les moins victorieux s’étendent mollement sur la couche de lauriers imaginaires.
Cependant Laocoon veille, Laocoon avertit : les Italiens nous guettent. On n’y prend garde. Peccoraro, Masaniello Parise — deux épées romaines de première grandeur — sont venus, et l école fran
çaise leur a vaillamment tenu tête; le jeune Greço, Cantagalli, Rossi, Pessina, Guasti, autres guerriers de la phalange d escrime italienne, n’ont dévoré personne. Quelques hâbleurs ont même l’imprudence de sourire, l’école italienne est traitée légèrement ;
ce n’est, dit-on, qu’un jeu de tempérament, un jeu romantique, procédant des méthodes rudimentaires du seizième siècle.
Et voilà qu’en pleine sécurité resurgit un beau jour Pini, un petit professeur de la petite école navale de la petite ville de province Livourne. Pini ! Ce n’est rien ou presque rien, un diable qui bondit,
une sorte de jongleur abracadabrant. C’est un gars bien osé de venir tomber au milieu de nos maîtres d’armes ; son affaire sera vite régléè .
Pini n’avait fait en France qu’une courte apparition, il ne connaissait pas notre manière ; il avait tâté le jeu; il revient terrible, remporte contre dix de nos premiers tireurs succès sur succès. En qua
Deux positions de mains sur la poignée italienne.
rante-huit heures, elles se sont écroulées, toutes les coteries de salle à salle ; on regrette le temps perdu dans les délices des triomphes faciles; les gre
nouilles affolées demandent un roi, mais un vrai roi du fleuret. Devant l’ennemi commun les enne
mis s’unissent, proclament un chef qui défendra l’honneur de l’escrinie française. Mérignac avait abdiqué, il reprend le sceptre et oppose au terrible Italien un nec plus ultra dans une séance inscrite
aux fastes de l’escrime. Ruë, le premier gaucher de France, trouve admirable l’exploit de son collègue, et rêve la gloire d un combat pareil.
Il a une petite revanche à prendre : Pini Ta malmené ; un assaut de bienfaisance lui fournit l’occasion de provoquer le maître livournais, Celui-ci accepte.
Dans les salles, soudain, l’émoi èst vif. Pini est
Pini saluant l’assistance.
Dès lors, il n’est plus question des voisins; San Malato, n’est-ce pas toute l Italie?
On s’entrejmutonne à qui mieux mieux en famille, et personne, jamais, ne consent à s’avouer vaincu;
Garde et poignée de l’épée italienne.
puis le calme renaît après l’effervescence. Les moins victorieux s’étendent mollement sur la couche de lauriers imaginaires.
Cependant Laocoon veille, Laocoon avertit : les Italiens nous guettent. On n’y prend garde. Peccoraro, Masaniello Parise — deux épées romaines de première grandeur — sont venus, et l école fran
çaise leur a vaillamment tenu tête; le jeune Greço, Cantagalli, Rossi, Pessina, Guasti, autres guerriers de la phalange d escrime italienne, n’ont dévoré personne. Quelques hâbleurs ont même l’imprudence de sourire, l’école italienne est traitée légèrement ;
ce n’est, dit-on, qu’un jeu de tempérament, un jeu romantique, procédant des méthodes rudimentaires du seizième siècle.
Et voilà qu’en pleine sécurité resurgit un beau jour Pini, un petit professeur de la petite école navale de la petite ville de province Livourne. Pini ! Ce n’est rien ou presque rien, un diable qui bondit,
une sorte de jongleur abracadabrant. C’est un gars bien osé de venir tomber au milieu de nos maîtres d’armes ; son affaire sera vite régléè .
Pini n’avait fait en France qu’une courte apparition, il ne connaissait pas notre manière ; il avait tâté le jeu; il revient terrible, remporte contre dix de nos premiers tireurs succès sur succès. En qua
Deux positions de mains sur la poignée italienne.
rante-huit heures, elles se sont écroulées, toutes les coteries de salle à salle ; on regrette le temps perdu dans les délices des triomphes faciles; les gre
nouilles affolées demandent un roi, mais un vrai roi du fleuret. Devant l’ennemi commun les enne
mis s’unissent, proclament un chef qui défendra l’honneur de l’escrinie française. Mérignac avait abdiqué, il reprend le sceptre et oppose au terrible Italien un nec plus ultra dans une séance inscrite
aux fastes de l’escrime. Ruë, le premier gaucher de France, trouve admirable l’exploit de son collègue, et rêve la gloire d un combat pareil.
Il a une petite revanche à prendre : Pini Ta malmené ; un assaut de bienfaisance lui fournit l’occasion de provoquer le maître livournais, Celui-ci accepte.
Dans les salles, soudain, l’émoi èst vif. Pini est
Pini saluant l’assistance.