ARMAND POINT1 SIBYLLE DE CUMES
(ou plutôt mental) manifesté à travers les formes et les couleurs, ils ont renoncé au symbolisme des tons, sinon comme à un élément secondaire et insuffisant. La peinture est le moyen, et non le but, de leurs pensées: la ligne seule satisfait directement leurs désirs. Ils placent l’émotion intellectuelle au-dessus de l’émotion de sensibi
lité. Leur esthétique se contente mal de l’idéal impressionniste, qui est la notation des fugacités de la vie, et ils désirent maintenir la vieille no
tion du style en face de celle du caractère, qui hypnotise l’art réaliste. lisse relient étroitement
au passé par cette préoccupation du style qu’ils sont loin de chercher dans les mêmes voies que l’académisme et qu’ils concilient plutôt avec l’art décoratif. Ils considèrent que les sentiments de l’homme actuel sont infiniment complexes et
1 Nous remercions ici M. Karl Boès, directeur de La Plume, à la courtoisie de qui nous devons la communication des clichés représen
tant les œuvres d’Armand Point, sur lesquelles cette revue a publié une étude étendue. — J.
ne peuvent s’énoncer sans une contribution constante de la pensée proprement dite: ils ne sauraient se condamner à être « un œil et une main», se restreindre à la transcription directe des aspects. Ils aiment le mystère, le symbole,
la légende allégorique, et tout en reconnaissant que les transitions de la lumière à l’ombre sur n’importe quelle figure enclosent déjà en elles une idéalisation et un mystère dus à la nature, ils souhaitent dépasser cette poésie inconsciente. Pour eux, dans une époque de cérébralité, la peinture doit laisser à ceux qui la regardent un appoint intellectuel et non pas seulement une sensation. Ils admettent donc une peinture à su
jets où les sujets comptent autant et plus que l’exécution, mais ils rejettent aussi bien le sujet réaliste, place publique, thé ou scène de labour, que le sujet anecdotique classique, scène d’histoire ou de mythologie comprise anecdoti
quement. S’ils touchent à la mythologie, c’est pour en rajeunir les symboles et leur donner un sens proche de notre âme. L’abstrait transcrit par le visible, voilà leur idéal ; et non pas seule
ARMAND POINT
PORTRAIT