splendides tendresses a façonne son âme. Parmi nous, sans vouloir se l’avouer, il mène le regret des mille lacs, des fjords, des cascades, des aurores mystérieuses que contemplèrent ses yeux adolescents, l’obscure nostalgie de ces forêts, de ces steppes où rôdaient pendant les nuits glacées, impressionnants fantômes, la So
litude et le Silence. Autour de lui flotte toujours cette atmosphère tragique qui est celle des pays Scandinaves. Rappelez-vous la dramatique déclaration de Bjôrnson: «Il y a dans cette nature
quelque chose d’étrange qui réveille ce que nous avons d’étrange en nous. Tout y est démesuré. Il fait nuit presque tout l’hiver. Presque tout l’été il fait clair et le soleil reste jour et nuit à l’horizon. L’as-tu déjà vu la nuit? Sais-tu qu’à travers le brouillard il paraît trois fois,
souvent quatre fois plus grand qu’ailleurs ? Et comme il colore le ciel, les montagnes et la mer! C’est une variété de tons allant du rouge le plus intense au rose le plus tendre, le plus délicat. Et, sur le ciel d’hiver, ces nuances de
CONSOLATION (D APRÈS LE PLATRE)
l’aurore boréale! Plus discrètes, elles ont pourtant un dessin furieux et vibrant qui varie sans cesse à l’infini. Et que d’autres prodiges! Ces immenses nuées d’oiseaux, ces bancs de pois
sons, longs comme de Paris à Strasbourg ! Ces rochers sortant de la mer ! on n’en voit de pa
reils nulle part. Tout l’Atlantique vient se briser contre eux !... »
Un tel milieu, une telle ambiance exaltent la pensée et l’inclinent aux visions : « L’imagina
tion populaire s’est façonnée d’après cela. Elle ne connaît ni bornes, ni limites. Des pays en
tassés les uns sur les autres, des montagnes de glace polaire roulées par-dessus, voilà ses mythes et ses légendes !... » Mythes et légendes nous ont été conservés par le « Kalevala», épo
pée vertigineuse dont l’un des traducteurs, Leouzon Le Duc, a laissé cette description: « C’est un abîme d’où s’exhalent des nuages orageux qui vous enveloppent de leurs noires
litude et le Silence. Autour de lui flotte toujours cette atmosphère tragique qui est celle des pays Scandinaves. Rappelez-vous la dramatique déclaration de Bjôrnson: «Il y a dans cette nature
quelque chose d’étrange qui réveille ce que nous avons d’étrange en nous. Tout y est démesuré. Il fait nuit presque tout l’hiver. Presque tout l’été il fait clair et le soleil reste jour et nuit à l’horizon. L’as-tu déjà vu la nuit? Sais-tu qu’à travers le brouillard il paraît trois fois,
souvent quatre fois plus grand qu’ailleurs ? Et comme il colore le ciel, les montagnes et la mer! C’est une variété de tons allant du rouge le plus intense au rose le plus tendre, le plus délicat. Et, sur le ciel d’hiver, ces nuances de
CONSOLATION (D APRÈS LE PLATRE)
l’aurore boréale! Plus discrètes, elles ont pourtant un dessin furieux et vibrant qui varie sans cesse à l’infini. Et que d’autres prodiges! Ces immenses nuées d’oiseaux, ces bancs de pois
sons, longs comme de Paris à Strasbourg ! Ces rochers sortant de la mer ! on n’en voit de pa
reils nulle part. Tout l’Atlantique vient se briser contre eux !... »
Un tel milieu, une telle ambiance exaltent la pensée et l’inclinent aux visions : « L’imagina
tion populaire s’est façonnée d’après cela. Elle ne connaît ni bornes, ni limites. Des pays en
tassés les uns sur les autres, des montagnes de glace polaire roulées par-dessus, voilà ses mythes et ses légendes !... » Mythes et légendes nous ont été conservés par le « Kalevala», épo
pée vertigineuse dont l’un des traducteurs, Leouzon Le Duc, a laissé cette description: « C’est un abîme d’où s’exhalent des nuages orageux qui vous enveloppent de leurs noires