son produit d’élection est tout à fait spécial, à ce point que dans les ateliers on dit : voici une maquette qui est très concours, ou en voici une qui ne l’est pas. Il y a donc le parfait concours qu’il convient de concevoir avec plus d’habileté que de franchise, et où le talent devient astucieux.
Chercher une maquette dans ces conditions, c’est à faire reculer un véritable artiste ; mais quand on suppute la somme de travail souvent colossale qui a été dépensée dans l’ensemble d’un concours, quand on songe à tous ces efforts gâchés, à tous les découra
gements et à toutes les misères aussi, hélas ! qui suivent la proclamation du lauréat, oh alors! c est à vous dégoûter d’ètre celui-là, si l’on est un homme de cœur !...
L’institution du concours reposesur un jury. Que vaut-il, ce jury? Remarquons que nos pouvoirs publics n’ontjamais essayé—pasplus qu’aucun comité privé—de provoquer un jugement populaire à propos d’un concours, au moyen d’un système de référendum facile à trouver. Notre démocratie s’inquiète moins du goût des foules qu’on ne
s’en souciait au temps de la vieille Athènes, sous « l’obscurantiste » moyen âge et sous la monarchie même, où souventes fois le peuple lut appelé à donner son choix sur les questions artistiques.
Loin de ces tendances, les jurys constitués sont plus empreints d’omnipotence officielle que jamais. C’est ainsi que maints artistes de l’Institut y sont appelés, sans qu’on sc rende compte que l’Institut qui n a pas de section d Art Décoratif, l’Institut qui se confine dans un « grand art » de Salons et de Musées, est tout à fait inapte à comprendre ce qu’est la décoration dans un surtout de table ou un monument public. Au surplus,
des ouvriers d’art ne figurent jamais dans un jury de concours, mais on y trouve par contre d’inquiétantes majorités de fonctionnaires qui jugent là en toute autorité, sans aucun scrupule. (Ah ! il ferait beau que les rôles soient changés et que des artistes se permettent un jour de décider de la valeur d’un fonctionnaire !) Et puis, ces jugements à huis clos sont tout à fait odieux, cependant que les concurrents guettent angoissés aux alentours, ou se morfondent dans leur atelier, énervés, déprimés par le surmenage des derniers jours en charrette — et les uns et les autres étreints par des doutes souvent trop légitimes sur la compétence et la moralité du jury.
Enfin, cette institution du concours est si peu respectée par les artistes eux-mêmes, que l’apparition de chaque nouveau programme est saluée par ces mots : Ça doit être donné d avance ! Injure qui malheureusement a été justifiée déjà en certains concours — ceux-ci n’ayant pas craint de cacher une commande préalablement faite en sous main à un artiste préféré, et de la légitimer sur le dos de concurrents appelés, dupés et quelquefois ruinés — mais qui faisaient toujours les frais d’une bonne réclame.
Ainsi, en principe, que reste-t-il du concours? 11 prétend provoquer la plus belle œuvre et on constate qu’il ne peut qu’influencer en mal les meilleurs rendus. Il prétend éviter tout favoritisme, et on se rend compte qu’il peut le dissimulerau contraire sous de coupables manœuvres.
Comme on le voit, l’offre et la demande delà production artistique sont limitées ici entre deux actions mauvaises: d’un côté il y a la commande que n importe qui peut taire à n importe qui, et dont l’immoralité est évidente; d’autre part, il y a le système du concours-concurrence dont l immoralité vient d’être exposée.
Chercher une maquette dans ces conditions, c’est à faire reculer un véritable artiste ; mais quand on suppute la somme de travail souvent colossale qui a été dépensée dans l’ensemble d’un concours, quand on songe à tous ces efforts gâchés, à tous les découra
gements et à toutes les misères aussi, hélas ! qui suivent la proclamation du lauréat, oh alors! c est à vous dégoûter d’ètre celui-là, si l’on est un homme de cœur !...
L’institution du concours reposesur un jury. Que vaut-il, ce jury? Remarquons que nos pouvoirs publics n’ontjamais essayé—pasplus qu’aucun comité privé—de provoquer un jugement populaire à propos d’un concours, au moyen d’un système de référendum facile à trouver. Notre démocratie s’inquiète moins du goût des foules qu’on ne
s’en souciait au temps de la vieille Athènes, sous « l’obscurantiste » moyen âge et sous la monarchie même, où souventes fois le peuple lut appelé à donner son choix sur les questions artistiques.
Loin de ces tendances, les jurys constitués sont plus empreints d’omnipotence officielle que jamais. C’est ainsi que maints artistes de l’Institut y sont appelés, sans qu’on sc rende compte que l’Institut qui n a pas de section d Art Décoratif, l’Institut qui se confine dans un « grand art » de Salons et de Musées, est tout à fait inapte à comprendre ce qu’est la décoration dans un surtout de table ou un monument public. Au surplus,
des ouvriers d’art ne figurent jamais dans un jury de concours, mais on y trouve par contre d’inquiétantes majorités de fonctionnaires qui jugent là en toute autorité, sans aucun scrupule. (Ah ! il ferait beau que les rôles soient changés et que des artistes se permettent un jour de décider de la valeur d’un fonctionnaire !) Et puis, ces jugements à huis clos sont tout à fait odieux, cependant que les concurrents guettent angoissés aux alentours, ou se morfondent dans leur atelier, énervés, déprimés par le surmenage des derniers jours en charrette — et les uns et les autres étreints par des doutes souvent trop légitimes sur la compétence et la moralité du jury.
Enfin, cette institution du concours est si peu respectée par les artistes eux-mêmes, que l’apparition de chaque nouveau programme est saluée par ces mots : Ça doit être donné d avance ! Injure qui malheureusement a été justifiée déjà en certains concours — ceux-ci n’ayant pas craint de cacher une commande préalablement faite en sous main à un artiste préféré, et de la légitimer sur le dos de concurrents appelés, dupés et quelquefois ruinés — mais qui faisaient toujours les frais d’une bonne réclame.
Ainsi, en principe, que reste-t-il du concours? 11 prétend provoquer la plus belle œuvre et on constate qu’il ne peut qu’influencer en mal les meilleurs rendus. Il prétend éviter tout favoritisme, et on se rend compte qu’il peut le dissimulerau contraire sous de coupables manœuvres.
Comme on le voit, l’offre et la demande delà production artistique sont limitées ici entre deux actions mauvaises: d’un côté il y a la commande que n importe qui peut taire à n importe qui, et dont l’immoralité est évidente; d’autre part, il y a le système du concours-concurrence dont l immoralité vient d’être exposée.